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 Qu'il faudrait sans leur Dieu...

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Europe
Fugitive
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Europe


Qu'il faudrait sans leur Dieu... Vide
MessageSujet: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeMer 13 Juin 2007 - 19:52

[Tout premier sujet rp ouvert à qui le veut bien^^ Désolée, j'ai pas pu résister xD]


L’air était froid alors qu’une soirée ventée s’allongeait aux alentours de l’Eglise de Zetting. Depuis quelques heures, il tombait sans discontinuer une petite pluie très fine, qui commençait à humidifier la terre, offrant un sol instable et mou sous les pas. De lourdes nues de ouates ternes s’amoncelaient dans l’éther infini, ne laissant deviner qu’une esquisse de soleil, une lumière vague et insuffisante amassée dans un coin de ciel. Un brouillard léger venait d’apparaître, étirant ses longues tentacules en zones opaques, presque palpables, où l’humidité s’infiltrait jusque sous les vêtements, ajoutant une note morbide à l’endroit…

Europe, Prêtresse du clan d’Olrun avançait d’une démarche mesurée dans ce paysage pieux, le bruit de ses pas résonnant sur le pavé mouillé. Elle jeta un regard sur son côté, voyant le cimetière de tombes grises, ceint d’un mur de pierres éteintes et surmonté d’un arbre mort, dépouillé de ses attraits. Son attention se reporta sur la massive porte de bois devant elle et, soulevant sa robe empire d’une main pour franchir la marche, elle pénétra dans l’Eglise.

Elle portait un vêtement complexe, assemblage de tissu cornaline et de galons carminés, qui se joignaient en un entrelacs attrayant sur son corset, formant une géographie hypnotique qui ne se rompait jamais ; elle dessinait des boucles, des courbes, des torsades, des arabesques havanes qui s‘enchevêtraient autour d’une dentelle, oscillant sous l’impression d’un vent inexistant. Un châle vaporeux et diaphane était noué autour de son cou fin, couvrant un tantinet sa nuque dégagée.
De ses lèvres vermeilles, Europe fredonnait une douce mélodie, qui vint bientôt retentir dans l’endroit comme un cantique religieux. Elle avançait lentement, ses longs doigts d’albâtre frôlant les murs de pierre et, d’un geste velléitaire, survolant l’ondoiement hyalin de l’eau qui reposait dans le bénitier…

La sorcière sentait sur elle les regards délétères des prunelles d’ivoire, de marbre et d’argent des statues enchâssées dans les murs et, levant les yeux, elle jeta aux angelots dénudés un regard concupiscent. Les chandelles répandaient une lumière tamisée et oppressante, rappelant les pratiques méphistophéliques des fidèles du Malin, et qui se posait sur elle comme une poudre d’or, laissant dans l’ombre les recoins les moins reluisants de l’Eglise. Elle passait sans mot dire devant les rangées de bancs alignés comme autant de fanatiques muets attendant avidement et en vain, un discours de sa part – le silence n’étant rompu seulement que par le bruit régulier de ses pas prosaïques sur le sol, qui résonnait au même rythme que son cœur…

Les séraphiques êtres de pierre se tenaient là debout, immobiles, tandis qu’elle s’approchait d’eux et, toujours en fredonnant doucement, respirait à pleins poumons l’odeur de la roche polie, ressentant pour une énième fois l’absence d'échos, de vestiges sincères et passionés dans les rocs...L’endroit était corrompu par la Sainte Inquisition jusque dans son cœur même…Prise d’un élan de pyrrhonisme, elle caressa délicatement les scabres seins de pierre, mue par un sentiment de neurasthénie aussi profond qu’inénarrable…Enfin Europe s’en désintéressa pour poursuivre sa marche et monter face à l’autel, recouvert d’un linge immaculé.

Sur celui-ci, le sang de Dieu avait maintes fois reposé, liquide ambré et rubescent, drogue des âmes en perdition qui venaient en ce lieu chercher la quiétude d’un pardon divin…Elle en sentait encore l’odeur et l’emprunte…Les yeux brillant d’un éclat fauve, la sorcière porta la main à sa chevelure et, d’un geste bref, délia le ruban qui la retenait en un chignon serré. Les ondulations grenat cascadèrent sur ses épaules nues, éparpillant dans l’air vide des paillettes d’un or moucheté tandis qu’elle secouait la tête, avec juste l’impression d’être libre et esseulée. Son regard ponceau, ourlé de magnifiques cils fuligineux, balayèrent une dernière fois la salle avant que ses pas ne contournent l’autel et ne l’amènent, tout au fond de l’Eglise, devant un vitrail immense…

Là, elle posa sa paume veloutée sur le verre froid, qui lui renvoyait des reflets tachetés d’automne, comme des lueurs qui dansaient sur ses paupières closes, brillant par intermittence. Europe releva la tête et contempla les orbes vides d’un buste de craie, qui l’observaient sans la voir. Et elle ne dit rien, se contentant de laisser s’échapper de ses lèvres, par flots doux et irréguliers, une musique qui résonnait dans l’air clair et désert de cette Eglise de Zetting, lieu de recueillement.


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Louis Institoris
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Qu'il faudrait sans leur Dieu... Vide
MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeVen 15 Juin 2007 - 23:36

[Je peux ? ^^]

Ce matin-là, le soleil éclaira toute la ville dès son lever. Sa lumière se réverbérait sur les vitres de chaque maison en même temps qu’elle les traversait. Alors, les gens qui étaient encore à l’intérieur se réveillaient dans le calme et la tranquillité tandis que ceux qui se trouvaient dehors avaient la vision quelque peu troublée par cette douce lumière orangée qui n’en était pas moins luisante. Les marchands étaient quasiment les seuls déjà éveillés à cette heure-ci. Ils préparaient, sur la place, leurs étalages. Et cette préparation n’étant pas silencieuse, on les entendait même à plusieurs dizaines de mètres. À l’approche de l’église, tout ce remue-ménage n’était plus qu’un simple ronflement sourd, presque inaudible. Louis Institoris le remarqua en arrivant à l’église, tôt, et en jugea la distance entre les deux endroits responsable. Le jeune homme venait demander avec politesse mais sans sympathie au Prêtre ce qu’avaient prédit les augures sur la journée qui s’entamait. En le remerciant, il disparut pour la journée…

En fin d’après-midi, il revint à l’église, sous un ciel nuageux.
Il était rassasié. Il avait aujourd’hui assisté à deux procès, l’un long et passionnant – ce qui était rare, sachant que les « Porteuses de Malheur » n’étaient quasiment pas jugées – , l’autre imprévu et rapide, tellement qu’il mena à une exécution instantanée. Il était rassasié.
Cela le reconduit à l’église de Zetting, où il alla prier, encore plus fidèlement qu’habituellement. Il remercia là-bas le Saint-esprit qui l’aidait dans sa mission, qui lui donnait cette jouissance sanguinaire que de voir mourir celles qui étaient responsable des malheurs de son monde, de sa ville, de sa famille…
Louis poussa les grandes portes de la bâtisse.

Les nuages assombrissaient le ciel et l’église était plongée dans une ombre effacée par endroit par les quelques chandelles allumées. Le soir était vite tombé et les bougies n’étaient pas toutes allumées. Le prêtre s’attachait à éclairer le sanctuaire. Froid, d’une parole grave, mais audible, Louis salua à nouveau l’homme qu’il avait vu ce matin.
Il avançait entre les bancs où, chaque dimanche, s’asseyaient maints fidèles dont il connaissait pour la plupart le visage. Bien qu’il sache que beaucoup se donnaient bonne conscience en venant, se croyant protégés par le Bienfaiteur rien qu’en faisant acte de présence, Louis savait que d’autres n’étaient là que pour s’éviter les foudres de l’Inquisition. Il savait que certaines femmes, venaient ici se défendre de l’accusation de pratiques occultes, charge dont beaucoup avaient fait les frais auparavant. Il n’y pensait pas. D’après lui, le jour où « elles » seraient découvertes, les unes après les autres, viendrait forcément, comme c’était arrivé à leurs prédécesseurs.

Une fois devant l’autel, Louis regarda le Messie et les scènes de sa vie qui se trouvaient peintes derrière lui. Le responsable de la Passion qu’avait vécu le Christ n’était autre que Lucifer et Louis s’était donné pour mission celle de son grand-père : débusquer toutes celles qu’il avait envoyé et venger le Christ, venger les fidèles, venger sa famille…
Après quelques secondes d’observation de ces décors qu’il connaissait de fond en comble, Louis s’installa sur le banc de la première rangée de gauche, sur la place la plus proche du couloir central. Il ferma les yeux et entra dans de secrètes oraisons…

Toutes ces méditations s’arrêtèrent après quelques minutes lorsqu’une perle froide et transparente vint rouvrir les yeux de Louis en se détruisant sur l’une de ses phalanges. Le jeune homme vit alors la goutte d’eau couler sur son majeur droit, encore pris entre l’index gauche et l’autre majeur. Il suivit de ses yeux le trajet qu’elle allait accomplir avant qu’elle ne le traverse et remarqua d’autres gouttes sur sa main, sur la manche noire de sa simple tunique. Louis se tourna vers la gauche et vit les vitraux sur lesquels coulaient milles de gouttelettes. Il pleuvait.
Le ciel l’avait bien annoncé…

En se relevant, il resserra sa fine ceinture de cuir clair et rajusta sa veste. L’ecclésiastique terminait d’allumer les cierges lorsque le jeune homme lui expliqua qu’il y avait une fuite dans le toit qui laissait échapper les gouttes de pluie et qu’un récipient devait être placé là pour éviter que l’eau ne s’infiltre dans le sol et n’alla détacher les pierres, en attendant la réparation de la toiture.
Les deux hommes ne s’entendaient pas très bien, en réalité. Louis était respecté simplement parce qu’il dirigeait l’inquisition, mais il n’était pas pour autant apprécié. Par conséquent, avec un regard ignoble, l’homme répondit d’un abject « là » en montrant du doigt un coin très sombre de l’église. Louis s’y rendit, sans un regard, sans un remerciement.

Tandis qu’il s’en alla chercher un contenant pour l’eau, Louis entendit la porte de l’église grincer. Ce n’était pas la première fois qu’il remarquait ce bruit et il s’était déjà plaint du mauvais entretien de cet endroit pourtant important, mais rien n’y faisait. Aussi jeune, il était respecté, mais pas encore assez réputé pour obtenir si facilement ce qu’il demandait, que ce soit à titre personnel ou au nom de tous.
La porte se referma et des pas régulier résonnaient dans l’église. Tandis que la personne avançait, on entendait un chant de plus en plus intense. Un chant qui rappelait à Louis une aubade qu’il avait chanté quelques années auparavant à une jeune femme. Une aubade qu’il n’avait plus entonnée ni entendue depuis sa prise de pouvoirs auprès de l’Inquisition. En réalité, cette chanson était enfouie plus profondément dans sa mémoire, mais il ne se souvenait plus vraiment de quand est-ce qu'il l'avait apprise...
Dans le noir complet, il avait fallu plus de temps au jeune homme pour trouver le récipient que s’il faisait entièrement jour. La personne qui venait d’entreravait donc eu le temps de s’avancer jusqu’au devant de l’église. Louis fut discret et, tout en observant la jeune femme sans qu’elle ne se tourne vers lui, il posa l’objet comme il le fallait pour que l’eau ne forme pas une flaque.

Il écoutait ce chant. Agréablement surpris, il reconnut une chevelure pourpre lâchée qu’il avait remarquée au Château plusieurs fois et depuis bien longtemps. La jeune femme vivait aussi là-bas et était connue sous le nom d’Europe. Toutefois, Louis n’en était pas sûr et évita donc de l’appeler par son nom en l’abordant. Il s’approcha donc d’elle et, à quelques mètres dans son dos, il écouta encore son champ quelques secondes, avant de la couper.


« Vous ne visitez pas souvent cet endroit… »

Hésitant une demie seconde à l’appellation qu’il allait donner à la jeune femme, il décida de privilégier l’amabilité et la galanterie, et ce bien qu’il su qu’il s’adressait à une demoiselle.

« Que nous vaut l’honneur de votre présence, madame ? »

[Désolé, le post n’est pas super, j’fais un peu mieux habituellement^^…]


Dernière édition par Louis Institoris le Mar 16 Sep 2008 - 20:22, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeSam 16 Juin 2007 - 2:22

[Il est parfait comm ça^^]


Absorbée dans sa contemplation méticuleuse du buste aux orbites creuses, Europe ne s’était pas retournée. Elle avait senti et entendu distinctement une présence derrière elle, mais elle ne voulait interrompre son moment de sérénité sous aucun prétexte ; et si c’était vraiment important, l’individu viendrait lui-même la trouver. Saisie d’une sorte de transe, dans laquelle son esprit épris de doux transports nageait dans un brouillard ouaté, elle ne distinguait plus que vaguement ce qui se passait autour d’elle. Son regard purpurin s’éleva tandis qu’elle arquait ses fins sourcils, disparaissant sous des mèches de cheveux rubicondes. Alors il croisa les prunelles de verre du bon Dieu, assis chichement sur son nuage auréolé de lumière, avec son air souriant et ses angelots grassouillets. Ou du moins, telle était sa vision, pensa t-elle en étouffant un petit rire avant de reprendre à voix plus basse, presque sourde, la mélodie qu’elle fredonnait.

Et alors qu’elle s’attardait dans les aigus, le rythme allant crescendo vers un zénith qu’elle n’eut le temps d’interpréter, une voix retentit dans son dos, masculine et posée. La sorcière se retourna lentement, une lueur fauve brillant dans son œil cramoisi ourlé de cils charbonneux, et en voyant en face son interlocuteur la pulpe amarante de ses lèvres s’étira en un sourire générique. Et elle rit intérieurement de la situation, car elle se trouvait en face, de la façon la plus innocente qui soit, de l’homme qui resterait probablement son pire ennemi toute sa vie, par principe…Le même homme qu’on lui avait ordonné de détester, et dont elle ne parvenait pas à comprendre le mépris.

Surprise, presque heureuse, Europe fixa un long instant la stature imposante de Louis Institoris, son visage, et ses cheveux bruns aux reflets de nuit qui cascadaient sur ses épaules, encadrant un visage distant et une paire d’yeux argentés, luisant faiblement à la lueur des chandelles. Elle reconnaissait parfaitement en cette personne l’Inquisiteur en chef, et peut-être aurait-elle même pu se permettre de l’apprécier, si tous ses devoirs de sorcière ne la tiraient pas en arrière, comme autant de petites mains invisibles, qui la vilipendaient sans cesse. D’où cette promenade à l’église de Zetting, où elle avait espéré trouver un peu de repos et un peu de charme, s’évadant pour quelques heures seulement des devoirs qui l’attendaient chez elle sous la forme d’une pile de papiers administratifs.

Avant même de l’identifier, elle savait que la nature de Louis l’inciterait à lui poser des questions, puisque telle était la spécialité de l’homme. Mais celle-ci fut si simple, empreinte d’une curiosité qui, pour une fois, ne semblait pas feinte, qu’elle répondit le plus sincèrement du monde :


"Il est vrai que je n’ai pas grande habitude d’aller en ce lieu…"

C’était la stricte vérité ; la fréquence des visites d’Europe à l’église n’excédaient pas le minimum vital, à savoir pour la messe du dimanche, le soir de noël ou les occasions rares, telles les mariages ou les enterrements. Si cela ne tenait qu’à elle, elle ne serait même pas venue du tout, mais comme on lui avait expliqué lors de son entrée dans le monde, il fallait convenir, comme le reste, à des visites en nombre décent. Cette absence de volonté résidait dans plusieurs facteurs ; principalement, car elle n’appréciait pas du tout les oraisons funèbres faites aux morts, celles-ci étant toujours exagérées. La jeune femme se souvenait encore parfaitement des obsèques de sa mère, décédée quelques temps auparavant. Il s’en était fallu de peu pour qu’elle se lève dans l’église, au milieu des pieux croyants et qu’elle crie à la menterie au discours du prêtre, qui chantait les louages de la vieille femme. « Généreuse, aimable et aimante pour tous ses proches » avait dit l’ecclésiastique de sa voix monocorde ; s’en était à ce point aberrant, qu’Europe avait envie de tout arrêter, et de dire à l’assemblée comment sa mère était vraiment : têtue, orgueilleuse et pingre, mais loyale et fidèle.

Oui, pensait-elle alors, les hommes d’Eglise aimaient à se complaire dans un cocon de félicité inexistant, aveuglés par l’amour de leur Dieu…et elle en était venue à penser, petit à petit, que la religion occasionnait l’étroitesse d’esprit, laquelle engendrait les guerres. En vivant dans le monde étriqué du christianisme, les hommes avaient oublié ce qui était véritablement important, et s’étaient mis à croire des rumeurs qui n’avaient pas lieu d’être. Les sorcières n’étaient pas plus des suppôts de Satan que les moines croupissant dans leurs abbayes, au fin fond des campagnes françaises.
Mais comme chacun sait, Europe n’était pas sur terre pour exhiber ses préjugés moraux, et pour l’heure, elle aurait bien eu tord de le faire. Louis Institoris, venait en effet de lui demander, de façon anodine, le motif de sa visite. Elle hésita une seconde puis décida, lassée des comédies, des mensonges et des rôles, de dire la vérité. Ou du moins, partiellement.


"Je crois que j’ai eu envie d’un peu de calme et d’évasion…Il n’y a que le travailleur qui peut comprendre le rêve, je crois que vous le savez…Comme il n’y a que le rêveur qui peut comprendre le vrai travail…Mais j’ai bien choisi l’endroit il me semble, non ? L’église de Zetting est absolument merveilleuse." Son regard s’envola vers les voûtes immenses puis revint vers son interlocuteur. "L’architecte qui l’a bâtie est un artiste. Autrefois, on m’a dit que si les toits des demeures du Seigneur étaient si hautes, c’était pour accueillir et conserver tous les secrets des gens…Cela donne envie de tout dévoiler. Quitte à venir ici, je vais en profiter pour aller à confesse."

Son visage au teint pâle se fendit d’un sourire. Peut-être que, malgré tout ce qui pouvait opposer les deux êtres, la compagnie d’un Inquisiteur et sa conversation seraient agréables. Leurs différends mis-à-part, ils n’en restaient pas moins des êtres humains, doués de conscience et d’intelligence, l’un comme l’autre.
La lumière déjà faible du soir étant encore amenuisée par l'orage, une semi-pénombre planait dans l'église qui n'était plus éclairée que par les chandelles, projetant des lueurs ambrées chimériques sur les deux individus.
La sorcière sembla soudainement se rappeler de quelque chose d’essentiel et, dans un plissement feutré de son vêtement qui la couvrait comme un sanglant suaire, elle s’inclina légèrement devant Louis Institoris.


"Mais je m'égare et manque à tous mes devoirs…je vous prie de me pardonner, je ne me suis pas présentée. Peut-être m’avez vous aperçue à la Cour de sa Majesté…je suis Europe Eléanora-Sun. Comment vous portez-vous en ces temps austères ?"


Dernière édition par le Dim 23 Sep 2007 - 0:23, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeLun 25 Juin 2007 - 19:30

[Encore toutes mes excuses pour le retard !]

Lorsque la jeune femme se retourna, l'Inquisiteur découvrit un visage dont il ignorait encore la ferme beauté. Il avait reconnu l'une des courtisanes, en effet, mais toutes ces femmes coulaient, dès le petit matin, accompagnées de leurs maris, dans le château telles un courrant agité retenu depuis plusieurs jous. C'était à celle qui croiserait le plus rapidement le regard du Seigneur, à celle qui s'offrirai à lui de façon humble et distinguée, mais avec malgré tout une amabilité touchante. Il en était de même pour les hommes, évidement, bien que ceux-ci soit généralement plus discrets. Louis ne faisait pas partie de ces intéressés et vivait là-bas seulement parce que son rang lui accordait ce confort. Il n'avait aucun compte à rendre à personne et, si on lui demandait de s'expliquer auprès du Seigneur - qu'il respectait d'ailleurs, mais envers qui il était plus hypocrite qu'autre chose - il quitterait les lieux sur le champs. Louis n'avait donc pas porté plus d'attention aux courtisanes qu'à la famine qui frappait bien souvent le peuple. Il fut donc évidement surpris de voir face à lui une femme à la silouhette élancée, mais surtout au visage charmant autant que charmeur. Sa peau à la pâleur lunaire ne faisait qu'emplifier la beauté flagrante qu'apportait sa gracieuse bouche à tout son visage. Elle agitait finement ses lèvres en parlant...

Justement, Louis se détacha de ces regards indiscrets, dont personne ici n'oserait l'accuser, pas même ce malheureux prêtre qui, même s'il avait tout vu, serait bien trop effrayé par la corde qui lui serait attachée autour du cou, lorsque la jeune femme se mit à parler. Son regard se releva alors vers ses yeux bruns et il l'écouta lui répondre. Sans aucune précision, elle confirma les dires de Louis qui n'ajouta aucun mot. Malgré cette beauté qui lui donnait des airs gentillement mesquins, la jeune femme restait l'une de celles qui se dispensait de visites dans la Maison de Dieu, de celles qui se pensaient fidèles parce qu'elles assistaient à un mariage, à un enterrement, de temps à autres, simplement parce qu'elles y étaient conviés et qu'elles se sentaient obligées d'y aller pour faire bonne figure, soutenir leur orgeuilleux honneurs de nobles femmes.
Même si ses yeux confiants ne laissaient entrevoir aucune once de culpabilité, Louis n'avait aucun doute à propos de cette idée. Il ne lui en voulait pas, non. Elle avait l'air sympathique, mais peu lui importait sa venue à l'église. Son métier ne consistait pas à attirer et conserver les fidèles, ce métier-ci était celui de l'homme qui venait de terminer d'allumer les cierges. Louis Institoris avait pour but de découvrir les envoyées du Diable et de les faire exécuter, pour purifier ce monde du Mal.

Avec une calme sincérité bien visible dans sa façon d'énoncer les choses, elle continua la discution et avoua qu'elle était venue trouver du repos en ces lieux. Ces dires confirmaient la thèse de l'Inquisiteur : elle profitait de l'église, peut-être inconsciament, certes...
Elle ne venait-là que lorsqu'elle souhaitait trouver du bien-être, parce qu'elle se sentait mieux une fois passée par là ; elle pensait que Dieu ne l'avait pas abandonné, tout simplement parce qu'elle était venue lui rendre une visite.
Chacun avait sa façon de faire et de voir la religion chrétienne. Louis était persuadé que la sienne était la bonne et cette confiance en lui-même lui permettait de se dire qu'il irait au Paradis.

La dame venait de faire l'éloge de la beauté de cette église. Louis aimait cette bâtisse. Bien qu'on ne puis le remarquer, une joie extrême emplissait le jeune homme lorsqu'il se retrouvait là, protégé de celui dont il accomplissait la mission. Malheureusement, le temps l'avait un peu lassé de la beauté de cette bâtisse. Lorsqu'on y entrait chaque jour durant plusieurs années, lorsqu'on prend le temps d'admirer bien assez longtemps tous les détails qu'elle comporte, alors on s'ennuie un peu de la voir encore et encore, bien qu'on y vint chaque fois, sans relâche. Louis savait que son regard avait, avec le temps, subit comme un phénomène d'érosion, mais il comprenait l'admiration que portaient les autres à la beauté de la bâtisse, en essayant de se souvenir des regards ébahit de ses premières visites ou de l'étonnement qu'il avait eu en découvrant certains détails de la décoration, de ces détails subtiles qu'il faut examiner pour remarquer et comprendre pour enfin contempler le génie des artistes qui l'avaient mis en place. Il taisait donc son ennui et laissait place à des sourires un peu fiers, car l'église de Zetting était un peu la sienne.
La noble femme énonca en une phrase toutes les pensées de Louis : "L’architecte qui l’a bâtie est un artiste". Stupéfait, il détâcha son regard d'un vitrail pour venir lentement poser sa stupéfaction dans les yeux de son interlocutrice. C'était comme si le silence lui avait dévoilé ses pensées. Louis repris ses esprit tandis qu'elle parlait des secrets de tous que cachait l'église dans ses hautes toitures. Il hocha la tête, pensant encore toutefois au fait qu'elle avait deviné ses pensées...
Elle devait simplement penser comme lui. C'était la raison qu'il se donna pour arrêter de se faire de soucis et cela fonctionna comme il le fallait.

Evoquant le confessional, la jeune femme se tourna vers ce dernier pour offrir de nouvelles confidences aux toits de emplits de l'église. Louis sentit les courts bavardages se terminer, mais il se trompait. À peine retournée, elle revint dans sa position initiale pour ensuite s'incliner, le saluant. Il était quasi-sûr de son identité, mais le doute rester présent chez lui. De son côté, elle avait bien facilement deviné qu'elle s'adressait au Dirigeant de l'Inquisition. Elle se présenta ensuite pour confirmer ce que se demandait Louis depuis quelques minutes déjà. Europe Elenora-Sun.


« En effet, nos regards se sont probablement déjà croisés. Enchanté, madame Elenora-Sun. Relevez-vous, je vous en prie. Restons humbles... »

Il marqua une légère pause, la laissant se redresser.

« Malgré le temps qui refuse de nous laisser apprécier le début de la saison nouvelle, je n'ai pas à me plaindre... Mais les larmes du ciel restent un mauvais présage. »

Discrètement, Louis sourit de façon un peu narquoise, sans aucune raison. Il regarda une seconde à l'extérieur, puis revint fixer Europe.
Pour tenir la conversation, Louis cracha quelques questions hasardeuses :


« Et vous, comment allez-vous ? Les appartements que vous offrent la seigneurie vous conviennent-ils ? D'ailleurs, depuis combien de temps y créchez-vous ? »

[C'est déjà mieux que le premier post', j'trouve^^. Me trompe-je ?]


Dernière édition par Louis Institoris le Mar 16 Sep 2008 - 20:24, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeLun 25 Juin 2007 - 22:33

[Tous les deux sont très biens^^]


Malgré qu’elle ait en face d’elle un interlocuteur concerné, Europe ne pouvait empêcher son regard de dévier et de s’élever dans les hauteurs de l’église, survolant toute entière l’immense salle dallée, planant au dessus des rangs immobiles, dansant dans la lueur opportune du soleil qu’un vitrail rendait tour à tour bleue, verte, rouge. Ces jeux de lumière contribuaient encore à l’aspect mystique de l’endroit, et déposaient sur les murs de pierres éteintes un peu de vie, des éclats fauves, puis émeraudes, rubis, safran. Tout n’était en Zetting que magnificence et la jeune femme, qui venait si rarement en ce lieu, ne pouvait que le constater avec une sorte de fascination muette.
Quand le bâtiment était plein à craquer pour la messe, quand tous les fronts se baissaient pieusement devant l’autel et son évêque immaculé, ils oubliaient d’observer les alentours et d’apprécier la beauté de l’intérieur. Jamais, songea Europe, une maison de Dieu n’eut eu tant de charme, dans toutes celles qu’elle avait visité.

Ces pensées d’ailleurs, qu’elle avait exprimées en une phrase courte et concise, semblaient le reflet exact de celles de Louis Institoris à ce moment. Elle avait deviné juste, car celui-ci aussitôt après, lui jeta un regard stupéfait. Cela amusa Europe qui se contenta de sourire sans piper mot. En vérité, elle savait aussi bien d’autres choses, rien qu’en regardant le visage de l’homme en face d’elle, en analysant son attitude, scrupuleusement. Il y avait des sentiments que les sorcières sentaient, tout simplement. Ainsi elle sut que l’Inquisiteur en Chef l’avait cataloguée directement dans la catégorie des courtisanes qui passent leurs temps à courir après le Roy et la Reine en minaudant, oubliant par la même occasion leurs devoirs fondamentaux qui étaient de se rendre à l’église pour honorer leur véritable souverain, Dieu le Tout-Puissant. Europe ne le contredit pas, car en un sens, c’était vrai, et se contenta de l’écouter. A part le fait qu’elle était une sorcière, elle n’avait rien a cacher.

Louis lui donna des nouvelles de sa santé. Avec un hochement de tête, la jeune femme approuva. Oui, les larmes du ciel n’étaient jamais de bonne augure. Etant sorcière, elles les percevaient de manière différente que celle des ecclésiastiques mais au final, le résultat était le même. La pluie, lui avait-on enseigné, était partie intégrante de la nature, et il fallait la respecter. Les ondines fondant des nues se retrouvaient sur la terre pour noyer, emporter, avaler, laver les plaies et les peines du genre humain. Un acte bénéfique en somme, mais si le besoin s’en faisait ressentir, c’est qu’il y avait eu blessure ou conflit. Il pleuvait toujours après les grandes batailles.
Après quoi, l’Inquisiteur se mit à débiter une série de questions courtoises et superficielles. Europe écouta et hésita quelques instants. Elle aurait aimé répondre la vérité : que non, elle était éreintée par ses occupations de Prêtresse, que les appartements de sa Majesté, payants (au prix exorbitant de 81 livres par mois) et non offerts comme officiellement dit, étaient étroits et vétustes, mais cela aurait fait vraiment mauvaise figure.

Aussi se contenta t-elle de dire d’un air tout à fait dissimulé :


"Je vais très bien, je vous remercie." Elle se tut un instant, déjà lasse de cette conversation de façade qui s’annonçait emplie de mensonges…puis dit finalement, après un bref soupir : "En fait…pas tellement, non. La vie à la cour n’est pas si facile qu’il y paraît et les appartements de sa Majesté sont certes un peu étriqués. J’y suis depuis que j’ai été introduite en courtisane, c’est à dire 7 ans maintenant. Dans ces conditions, vous comprendrez sûrement pourquoi il m’arrive d’avoir envie d’une escapade telle que celle-ci…à la recherche d’un peu de quiétude…"

Pour une fois, ses paroles avaient été on ne peut plus sincères. Europe se tut un long moment, elle sentait que les formalités d’usages étaient maintenant finies, et elle n’aimait pas parler pour rien dire. En société, on vous apprenait à tenir une conversation autant de temps qu’il le fallait, à parler sans relâche, de la pluie, du beau temps, de la famille, de la mauvaise récolte ou encore de la robe de la Marquise au bal de la semaine précédente. Lassée de toute cela, la sorcière savait, dans les rares moment où elle en avait l’occasion, apprécier le calme reposant d’un long silence. Elle ne se sentait pas gênée. A la cour, tout était apparat –il n’y avait qu’en de rares moments, comme celui-ci ou quand elle retrouvait le clan d’Olrun – qu’elle pouvait être réellement elle-même.

Cette pensée lui arracha un sourire. Louis Institoris, en face d’elle, le redoutable Inquisiteur en Chef, celui qui avait fait frissonner bien des cœurs, celui qui avait fait brûler on ne savait plus combien d’hérétiques ; celui autour duquel il n’y eut jamais tant de sang et pourtant tant d’espoir, était là debout, immobile, à portée, ne soupçonnant rien de sa double vie, et conversant anodinement avec une des Prêtresses du plus nombreux clan de sorcières ayant existé…c’était à ce point ironique que s’en était risible, mais elle se tut. Pour l’instant, l’homme ne soupçonnait rien, non ; il se contentait de la regarder, avec une sorte de stupéfaction comme auparavant, à l’idée qu’elle pense exactement, au même moment que lui, la même chose. Le temps était venu d’en parler. Après un silence prolongé, seulement rompu par les bruits de pas du prêtre qui passait entre les rangées de bancs alignés, Europe sourit de nouveau et déclara :


"Je sais ce que vous pensez. Que je suis comme les autres courtisanes, ces femmes qui croient que l’Eglise va les accueillir à bras ouverts même si elles ne donnent rien en retour, ses femmes qui vivent aux pieds de sa Majesté en étant dressées comme les petits chiens royaux…Et bien, vous avez raison. Il faut bien vivre, n’est-ce pas ? Ai-je vraiment le choix ?"

Le regard d’Europe soudain se voilà. Elle fut prise d’un élan de légère tristesse, ou plutôt de mélancolie, qui la poussa à lever sa main laiteuse et la posée sur le grain terne d’une colonne de pierre qui s’élevait jusqu’à la voûte. Encore une fois elle leva son regard, qui se perdit dans les hauteurs. Existait-il quelque part une autre forme de vie en qui elle pourrait avoir entièrement confiance, et vivre sans méfiance à ses côtés ? Existait-il quelque part un lieu où elle puisse s’étendre et se reposer, sans jeter des coups d’œil fréquents derrière son épaule pour voir si on ne l’espionnait pas ? Après quelques secondes elle se retourna vers Louis, souriant certes, mais tristement ; sa voix ne fut plus qu’un murmure qui résonna lugubrement sur les parois de pierre.

"Moi…j’aurais voulu pouvoir vivre partout et nulle part à la fois…je crois que bien des fois, j’ai été amoureuse de cette nature si magnifique que Dieu a créée…Et que j’aurais voulu naître comme une herbe, une poussière…une goutte d’eau ou un caillou…au plus près de la verdure, de la faune et de la flore, de la mélodie de la terre et des eaux…est-ce un pêché, que de vouloir être le vent, la mer, les montagnes ? Vivre éternellement, comme le soleil…lui, qui est si grand…il ne parle pas beaucoup…mais ses rares sourires, sont merveilleusement bienfaisants… "
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MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeJeu 28 Juin 2007 - 3:49

Le sourire de Louis Institoris lorsqu'il parla de la pluie à son interlocutrice n'était en réalité pas sans raison.
La Place du Marché avaient été pleine dans la matinée, comme chaque matin, mais ce jour-là encore plus. Les exécutions publiques étaient aussi importantes pour certains que les venues à l'église. Régulièrement, les sorcières étaient exécutée de la manière la plus simple qui soit et ces actes n'étaient pas toujours publiques.
L' « honneur » qu'avaient certaines à être ainsi tuées publiquement, dans les flammes qui les ramèneraient à celles de leur source n'était, n'étaient accordé qu'à celles aux plus insolentes, comme celles qui, jusqu'à leur dernier souffle, soutenaient qu'elles étaient sorcières. Ces femmes étaient d'après Louis - et seulement d'après lui, d'ailleurs -, les plus influentes de la société des sorcières, car seul les dirigeants peuvent se permettre d'avoir une telle audace face à un tribunal comme celui qui juges les hérétiques. Mais Louis appréciait rencontrer ces caractères effrontés et aimait voir celles qui les possédaient brûler devant tous, car, forcément, lorsque l'on voit que son supérieur est nuisible, même avec tant de pouvoir et d'orgueil qu'il a toujours montré, on ne s'en sent que plus faible.
Voilà pourquoi Louis Institoris avait été heureux en voyant l'exécution du jour.
Voilà pourquoi Louis Institoris souriait en regardant à l'extérieur, s'imaginant que cette pluie qu'il avait dite annonciatrice de malheur était en train de nettoyer le bûcher sur lequel était morte ce jour l'une de ces « envoyées du diable » et que, demain peut-être, une nouvelle de ces hérétiques allait succomber là et effrayer ses soeurs, qui ne verraient qu'une seul échapatoire là : la mort.

En retournant la tête vers la jeune femme, il lui avait posé quelques questions sur son confort au château. Elle répondit rapidement qu'elle allait bien, mais, encore plus vite, elle se reprit, visiblement de façon beaucoup plus sincère. Europe affirma qu'elle ne se sentait qu'enfermée dans ces appartements et que la vie de courtisane n'était pas des plus simples. Elle justifia plus ou moins ouvertement par cela ses ballades à l'église... Et à bien d'autres endroits, d'après elle.
Louis sourit, intérieurement seulement, car il ne voulait pas paraître se moquer de cette sympathique personne. Sympathiques, certes, mais qui tentaient pour lui de se trouver des excuses.
Elle n'était pas croyante et peut-être avait-elle peur de l'annoncer face à un homme qui, pour beaucoup, poursuivait les mécréants. Ce n'était pas son travail, mais ça, peu le comprenaient et encore moins une personne aussi superficielle et dont le seul but était de plaire à ceux qui la logait et qui lui permet de vivre ainsi, simplement parce qu'elle fut noble.
Louis décida à nouveau de lui répondre une vérité autre que celle-ci : plutôt que de donner son avis, il expliquerait sa propre situation, simplement pour parler.


« La vie de noble n'est pas des plus simple. J'ai la chance d'être logé gratuitement, grâce à mon rôle dans l'Inquisition, voyez-vous... »

Une once de fierté se fit sentir dans sa façon de dire les choses. Il fit une pause avant de mettre un peu de compassion dans le ton de sa voix, bien qu'il resta toujours assez sûr de lui-même :

« ...Mais il faut avouer que nous vivons beaucoup mieux que certains pauvres gens. »

Louis se tut à nouveau. L'acoustique de l'église était telle que, lorsque le silence reignait dans la bâtisse, on pouvait entendre assez audiblement les moindres bruits. À ce moment précis, on pouvait entendre chaque cierge s'allumer à mesure que le prêtre s'en chargeait, chaque goûte d'eau tomber dans le récipient placé non loin du banc depuis lequel s'était levé Louis après ses prières. Cela était dû à la façon de construire l'église dans un style roman, peut-être aussi aux hauts toits, ces fameux gardeurs de secrets. Louis n'en savait trop rien, il n'avait pas étudié l'architecture et ne s'y intéressait pas tellement, à vrai dire.
Le jeune homme arrêta de penser aux minuscules sonorités présentes dans l'église réverbérées par ces murs lorsque l'une des phrases qui suivit dans le discours d'Europe le surpris à nouveau, beaucoup plus que la première fois. Elle avait là deviné l'une des pensées que le visage de Louis Institoris n'aurait jamais pu laisser entrevoir. À propos de l'architecture artistique de la bâtisse, ils auraient pu avoir le même avis, mais cette fois-là, elle avait énoncé quelquechose que Louis pensait à propos d'elle et qu'il n'avait jamais laissé dinstinguer. La courtisane avait expliqué qu'elle savait ce qu'il pensait d'elle, qu'il la prenait pour une courtisane profiteuse comme toutes les autres, qui croyaient pouvoir bénéficier des bienfaisances de Dieu lorsqu'elles en avaient envie et besoin, qui ne s'intéressaient qu'à pouvoir allégér le coût de leur vie en charmant le Comte et ainsi pouvoir se perfectionner en la matière de vivre oisivement. Toujours confus, mais essayant d'éviter de le laisser entrevoir, Louis remarqua que son interlocutrice défaillit un moment, comme triste et fatiguée, sans vraiment l'être. Elle était en quelques sortes accablé par la vie qu'elle menait et dont elle n'avait jamais vraiment rêvé. Elle se perdit ensuite dans les hauteurs de l'église, à nouveau.
Le silence prit place. Louis remarqua, malgré la déstabilisation, que seul le bruit sourd tronaît maintenant dans la pièce. On n'entendait plus les cierges s'allumer les uns après les autres à intervalles réguliers. C'était la dernière tâche du prêtre, le soir, avant son dîner. L'Inquisiteur le savait, pourtant, si l'homme avait terminé, il serait passé devant lui et Europe pour rejoindre ses appartements. Lorsque la jeune femme balladait encore ses yeux dans les hauteurs, Louis jeta un regard vers l'autre homme qui se trouvait dans la pièce. Il avait arrêté d'allumer les bougies et fixait les deux gens, du moins, jusqu'à ce qu'il vit que le Chef de l'Inquisition le regardait. Il reprit rapidement son travail, se pressant presque.
Louis retourna sa face, moins affectée par l'étonnement qu'il y a quelques secondes, vers son interlocturice qui baissa en même temps ses yeux et sourit. Doucement, elle dit quelques mots qui n'intéressèrent que très peu celui à qui elle s'adressait. Des paroles qui avaient l'air beaucoup moins sincères que les précédentes, bien que visiblement vraies et désenchantées. Malgré cela, Louis remarqua que la jeune femme parlait des "sourires" qu'avait le Soleil, ses rayons. Louis aurait facilement enchaîné en disant que bientôt, le Soleil offrirait ses rayons à Forbach, à nouveau, avec l'arrivée de l'été, mais il fut trop troublé.
Le prêtre quitta la pièce rapidement après avoir terminé sa besogne. Louis ne lui rendit pas son salut, il fixait juste les yeux d'Europe.
Elle aurait pu être l'une d'entre elles... Pourtant, elle ne se trahit pas. Il leva les yeux vers le crucifix qui dominait toute la pièce et que l'on ne pouvait rater quelque soit la position qu'on avait dans l'église. Il le questionnait en quelques sortes. Après quelques nouvelles secondes, il comprit qu'il se trompait, que ce n'était qu'un hasard : si l'une de ces personnes avait ne serai-ce que foulé le sol de cet église, elle aurait été foudroyé.
Pas entièrement rassuré, mais sans nul doute maintenant, et ce grâce à la foi, Louis reprit une conversation normale. Du moins, il tenta de le faire...


« Madame, si je puis me permettre, une femme comme vous ne dois pas ainsi s'incomoder... »

Il marqua à nouveau une courte pause.
Après tout, il ne la connaissait pas vraiment... Mais il n'avait rien à perdre, de toutes façons. Il y alla plus calmement, un peu plus flatteur et galant.


« Vous êtes jeune, libre mais aussi chanceuse : votre réputation n'est pas salie et personne ne vous attribue aucune affaire soucieuse car vous êtes discrète et populaire à la fois. »

À nouveau, il s'arrêta et sourit tout en terminant.

« Une aussi belle femme ne doit pas se chagriner de ce genre de choses. »


Dernière édition par Louis Institoris le Mar 16 Sep 2008 - 20:25, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeMer 1 Aoû 2007 - 2:40

Elle avait vu juste, tout simplement, comme nombre de fois auparavant. Pour une sorcière, cela était chose courante ; mais dès son plus jeune âge on lui avait dit qu’elle faisait preuve d’une empathie extraordinaire. Et c’était bien utile, d’ailleurs…aux yeux des autres, ç’avait toujours été un don. Mais Europe, elle, faisait ça le plus naturellement du monde. Ainsi elle avait su, elle avait décrit avec exactitude les pensées de Louis Institoris lorsqu’il la contemplait : l’image d’une femme générique vivant sous la coupe constante du roi, profiteuse et oisive, s’adressant au souverain avec afféterie dans l’espoir d’obtenir des subventions. En fait, cela n’était pas très dur de deviner les pensées profondes des personnes en face de vous. Il suffisait de vous mettre à leur place.

Europe s’imagina un instant avec une toge et un voile sur la tête, en train de regarder une rousse brûler sur un tas de bois. Cela lui arracha un sourire. Il n’y avait pas 36 raisons pour lesquelles les hommes haïssaient l’art de la grammarie. Généralement, c’était une histoire personnelle : un proche qu’on considérait comme ensorcelé mourrait, déclenchant une haine viscérale et inénarrable envers les sorcières…mais parfois, il n’y avait pas ainsi d’élément perturbateur. La nature de l’homme l’avait fait ainsi ; tout l’idoine était vénéré, et tout ce qui était différent, non conforme aux bons usages, était rejeté. Et le rejet faisait la division, la division la faiblesse. C’était peut-être l’ordre naturel des choses. Europe savait qu’elle n’y pouvait rien.

Elle regarda Louis dans les yeux, longtemps, fixant les prunelles anthracites de l’Inquisiteur. Après son discours sur la nature, il lui avait dit simplement d’être raisonnable et de mesurer la chance qu’elle pouvait avoir. Oui, car après tout, en plus d’être humaine, elle aurait pu être miséreuse. La Nature en avait décidé autrement, il fallait en profiter. Peut-être qu’en mourant, ses atomes se dissocieraient, s’éparpilleraient partout dans le vent, et elle deviendrait alors partie intégrante de tout ce qui vivait, dans les torrents, le bois et la mousse, et dans le cœur des hommes, tant à être abandonnés…
Finalement, Europe sourit.


"Oui, vous avez raison. Dieu m’a offert une vie on ne peut plus confortable. M’en plaindre serait d’une ingratitude tout à fait affligeante."


Elle omit volontairement de préciser que c’était ce qu’elle venait de faire et son regard erra sur l’Eglise déserte. Le prêtre qui allumait les cierges un à un venait de quitter la pièce. Europe l’avait surpris depuis longtemps à écouter leur conversation, ce qu’elle ne jugea guère décent, mais après tout les hommes de paroisses n’étaient pas élevés de la même façon que les hommes de cour, et puis elle n’avait absolument rien à cacher. Dire qu’elle aimait la nature n’avait rien, en soi, de très compromettant. La nature…et les magnifiques chefs-d’œuvre de l’art aussi, pensa la sorcière en regardant les voûtes romanes s’élever au dessus de sa tête. Son regard glissa le long des colonnes, s’attardant sur les plinthes, puis sur les séraphins sclérosés dans le roc, un sourire grassouillet et bienheureux sur leurs lèvres de pierres. La nuit maintenant était tombée, les chandeliers répandaient autour d’eux un halo nimbé d’or, tandis que des vitraux entrait la nitescence bleutée de la nuit.

Une pléthore de sentiments envahit le cœur d’Europe. Ses yeux se posèrent sur le mur opposé, à l’endroit même où, quelque mètres à l’extérieur, se tenait le cimetière limitrophe à l’Eglise. Elle l’avait longé en venant. Un sanctuaire des morts, parcourut d’un sentier fallacieux qui serpentait entre les stèles comme pour s’y perdre. Puis ses yeux vermillons accrochèrent le bénitier où l’eau reposait avec calme, dans un mystique éclat céruléen. Les pupilles de la sorcières brillèrent et elle se tourna vers lui.


"Aussi…beaucoup de gens en parlent depuis de nombreux jours n’est-ce pas ? Vous êtes sûrement au courant…Un étrange symptôme s’est répandu avec l’eau…Une cascade de souvenirs…vous pensez que cela pourrait être l’œuvre des sorcières ? Ou bien…"

Europe esquissa quelques pas lents, dans un bruit feutré à peine perceptible, et se hissa sur la pointe des pieds pour approcher son visage de celui de Louis, à quelques centimètres seulement…Son odeur d’aphrodisiaque se répandit dans l’air stagnant tandis qu’elle humait une senteur musquée provenant de l’Inquisiteur…Les yeux pétillants elle murmura à son oreille:

"…l’œuvre de Dieu ?…"


La sorcière se recula enfin, baissant les yeux comme si elle était gênée de son acte, mais on voyait clairement qu’il n’y avait dans son regard aucune trace de remords, sur ses joues aucune trace de rouge…un sourire étirait même ses lèvres. Pour la première fois, elle quitta l’endroit où elle se trouvait, ses longs cheveux et les galons de sa robe voltigeant dans son sillage, pour se diriger vers le bénitier, à une distance raisonnable. Cependant, en regardant toujours Louis d’un air malicieux, Europe tandis une main au dessus de l’eau, son épiderme survolant le liquide cristallin de quelques centimètres seulement. Aussitôt elle ferma les yeux, ses narines se dilatèrent et elle expira tandis qu’une odeur de santal l’enivrait. Une clairière ensoleillée, elle venait d’être promue Prêtresse…Elle retira brusquement sa main et rouvrit les yeux.

"Je n’avais jamais vu ça auparavant…"
confia Europe d’une toute petite voix. "Un phénomène si étrange…dites-moi, Louis…est-ce une bonne, ou une mauvaise chose ?…Est-ce aussi un message ?…"
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MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeLun 17 Sep 2007 - 18:48

[Hey ! Désolé de retard... Bon, j'avoue que le post est pas tip-top, mais les idées principales que je veux faire passer y sont.]

En face de Louis se tenait Europe Éléanora-Sun, une noble parmi tant d’autres. Elle avait tout de ces femmes flâneuses et indolentes que l’on croisait chaque seconde par dizaines à la cour : une robe quasi-monumentale à la fabrication visiblement compliquée, et donc une robe coûteuse et tellement extravagante qu’on ne pouvait pas ne pas la trouver belle, une chevelure aux ondulations mirifiques qui, lâchée, et lorsque la demoiselle se déplaçait, donnaient la sensation de bercement à celui qui la regardait, et puis une démarche audacieuse qui donnait un peu plus de charisme à la jeune femme. Si l’on avait dit à Louis que le père de cette jeune fille était noble, il se serait rapidement fait le portrait de cet homme hypocrite et antipathique qui ne donnait d’importance qu’à ses supérieurs et dont la richesse ne servait qu’à gâter ses filles, pour qu’encore plus riche il ait l’air. Si on lui avait affirmé que mademoiselle Éléanora-Sun avait été anoblie en épousant un aristocrate, il aurait pensé que c’était encore l’une de ces femmes bourgeoise – car Louis ne l’aurait malgré tout jamais imaginée paysanne – qui se servaient de leur charme sans faille pour séduire l’une de ces proies faciles qu’étaient les jeunes nobles, riches et célibataires.
Du moins, il aurait pensé tout cela avant aujourd’hui…

Alors qu’il la croyait éduquée dans ce monde artificieux qu’était celui de la richesse où la seule importance est l’image qu’on donne de soi aux autres, il découvrit, au cœur même de cette église, une femme très perspicace qui, malgré son jeune âge, en savait beaucoup sur tout et rien, sur le monde qui l’entourait et qui rêvait de vivre ailleurs, autrement que dans le monde auguste qu’était celui de la noblesse. Bien que, quelques fois, l’Inquisiteur partageait le même rêve, il préférait le taire et rester froid, fier et distant. C’était sa façon d’être digne de ce qu’il était, car, après tout, qui aimerait voir un homme plein de rêves utopistes le protéger d’êtres démoniaques qui menaçaient la population entière… Il avait par conséquent affirmé à son interlocutrice qu’il n’était pas commode de se plaindre lorsque l’on avait tout pour soi et, à ce moment là, elle se mit à imposer à Louis Institoris un regard vide et plein de réflexion en même temps. Louis connaissait ce genre de regards, mais il n’avait pas vu beaucoup d’hommes, et encore moins de femmes, les lui porter. Cet œil était celui de quelqu’un d’intelligent et de réfléchit, de quelqu’un de calme et de posé… La jeune noble le surprenait de plus en plus. Il n’avait jamais imaginé aucune de ces femmes penser ainsi et pouvoir tenir une conversation qui ne reposait pas sur des choses triviales.
Europe sourit. Elle rejoint l’avis de Louis, sans vraiment y adhérer, en fait. En plus de dire qu’il n’était pas très aimable de se plaindre dans ce genre de cas alors que c’est ce qu’elle venait de faire, le sourire et le ton qu’elle mit en parlant ne parurent à Louis que partialement sincères, comme si elle préférait se ranger derrière ce qu’avait dit son interlocuteur pour éviter de converser longtemps à ce sujet, un sujet qu’elle voulait éviter, parce que finalement, les deux savaient qu’il n’aboutirait à rien, qu’ils étaient en train de causer de choses sans intérêt et sans aboutissement intéressant…

Trèves de bavardages inutiles. Après s’être à nouveau perdue dans la splendeur de la prestigieuse Église de Zetting, en se laissant aller à observer quelques secondes le mur qui séparait du bâtiment le cimetière circonvoisin, la jeune femme revient à un nouveau sujet de conversation, beaucoup plus intéressant cette fois-ci. Un propos circonstanciel, d’ailleurs, puisqu’il était récent et venait de toucher Forbach. En effet, depuis quelques temps, à celui qui approchait l’eau, des souvenirs abondait plus ou moins, selon la distance qu’on avait avec le liquide. La jeune femme se demandait si, d’après Louis Institoris, l’œuvre était celle des sorcières. Il ne vit aucun sous-entendu dans la question pour le moment. Après tout, il était normal de vouloir s’informer de ce que pensait l’Inquisition qui, il ne faut pas l’excepter, avait quasiment remplacé les gardes dans le domaine de la protection civile. De plus, tout le monde savait qu’à chaque drame sans explications, les sorcières seraient maintenant chargées et prendraient tous les torts. Cependant avant qu’il ne puit répondre à la question, Europe laissa entrevoir qu’une autre proposition lui venait à l’esprit. Intrigué, l’Inquisiteur ne prit pas la parole…
La jeune femme s’approcha doucement de lui, dans un silence que même les instants sans discussions de cette rencontre n’avaient pas eu, pour que les visages des deux personnages se côtoient, qu’ils se trouvent l’un en face de l’autre. Le regard perçant d’Europe pénétrait dans celui de Louis qui se rendait compte de la force d’esprit de celle qui se trouvait en face de lui. Il fut quelque peu intimidé, même s’il se le niait.
Elle s’approcha de l’oreille de Louis dans la quelle sa bouche déposa quelques mots, courts et simples, qui formaient la deuxième proposition qu’elle avait à faire à l’Inquisiteur : « l’œuvre de Dieu », suggérait-elle. En se retirant, la jeune femme effleura la joue de Louis et un frisson parcourut le corps de ce dernier.
En temps normal, il aurait contre argumenté rapidement pour assurer que seules les sorcières étaient responsables de ce qui se passait, puis il aurait sauté sur l’occasion pour défendre les préceptes de l’Église, mais là, il restait immobile, fixe, comme s’il faisait partie de l’ensemble de ces statues qui se trouvaient dans le bâtiment. Cette femme l’avait glacé, non pas avec des mots, mais avec sa façon de dire ce qu’elle souhaitait dire. L’homme est très fort, mais il a une unique faiblesse : la femme ; elle lui est fatale.

Louis ne dit rien. Au fond de lui, il cherchait à bouger, à s’exprimer, pour affirmer ses positions… Mais rien ne vint, comme si son assurance venait de voler en éclat et qu’il devait en réunir tous les morceaux pour retrouver son charisme. Il observa malgré tout la jeune femme, tout en reprenant ses esprits. Lorsqu’elle fut proche du bénitier qu’elle cherchait à atteindre, elle passa sa main par-dessus l’eau et, à vu d’œil, on pouvait voir qu’il lui arrivait quelque chose d’étrange : son attitude avait changé, comme si quelque chose venait de lui apparaître, quelque chose qui la hantait et dont elle ne pouvait pas se débarrasser.
Louis, qui avait s’était remis de la sensation étrange qu’il venait d’avoir, s’approcha à son tour du bénitier et d’Europe, comme pour essayer de voir ce qui se passait à l’intérieur de la jeune femme. À la vision du liquide, il crut entendre quelques notes au piano, ressemblantes à la chanson que fredonnait jeune femme tout à l’heure, et un sentiment de culpabilité l’aborda… Il recula d’un pas et cela se transforma en un peu de mélancolie. La musique se faisait lointaine, presque inaudible.

Lorsqu’Europe revint à elle, elle se tourna vers Louis et le questionna avec une petite voix dans laquelle l’homme crut sentir un peu d’inquiétude, une inquiétude qu’il partageait avec elle en constatant qu’il leur était arrivé la même chose, à un degré différent.
Il ne répondit pas, mais fixait étrangement la jeune femme. Il aperçut alors durant une fraction de seconde l’une d’entre « elles », comme si elle se moquait de lui, comme si elle était à l’origine de tout cela… Louis secoua la tête et tenta d’oublier cette idée, persuadé qu’il était impossible qu’Europe soit l’une de ces femmes. Elle aurait été immédiatement foudroyée, en entrant : c’est ce qu’il s’affirmait encore et toujours.
L’air malicieux de la jeune femme avait disparu, elle l’interrogeait maintenant rien que par le regard. Il tenta de lui répondre en camouflant sa légère crainte, ce qui donnait à ses paroles un ton quelque peu méfiant.


« Si c’est un message, je n’en ai aucune idée. Ce dont je suis sûr, c’est que si c’en est un, il n’est pas de bon augure… »

…Tout comme la pluie criblait les vitraux de gouttes et gouttelettes d’eau qui glissaient d’abord sur le mur de pierre, puis, pour les plus grosses d’entre elles, jusqu’au sol.

Louis tendit la main à la jeune femme, lui proposant d’un geste de la main de s’éloigner de cette eau qui troublait leurs pensées à tous deux. Se rassurant pour avoir l’air de maîtriser la situation – car il ne la maîtrisait plus complètement, en effet -, sa voix reprenait une intonation normale, bien que l’on sentit en l’entendant que quelque chose avait changé par rapport aux minutes précédentes où ils discutaient encore de la vie de noble…


« Que s’est-il passé ? Qu’avez-vous… »

Il hésita.

« … Vu ? »


Dernière édition par Louis Institoris le Mar 16 Sep 2008 - 20:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeLun 17 Sep 2007 - 23:33

[T'inquiète pas de soucis^^ Et ton post est parfait =D ]


Et en face d’Europe, se tenait Louis Institoris. L’expression populaire disait que « l’habit ne faisait pas le moine » et en un sens, c’était vrai. Pour les personnes ordinaires, bien qu’il était de notoriété publique que cet homme soit le chef des Inquisiteurs, il était difficile de s’imaginer que ces mains aux apparences délicates avaient causé tant de souffrance, que ce souffle s’était exalté aux moments où le bûcher s’embrasait, que ces yeux anthracites et fuligineux avaient vu défiler l’hémoglobine de centaines de femmes hurlant atrocement sous la torture, expiant un péché qu’elles n’avaient pas commis. Mais la jeune femme savait qu’il y avait autre chose, de bien plus profond et complexe, dans le cœur de cet homme là. Seul un fondateur est capable de comprendre pleinement les principes de la doctrine qu’il a créé puisqu’en un sens, elle est le reflet de son souhait. Mais même avec l’empathie extraordinaire dont Europe faisait preuve, on ne peut sonder l’âme d’un homme juste en conversant avec lui, comme ça, à des moments disparates. Il y avait quelque chose de bien différent que le simple Inquisiteur, elle ne savait quoi, mais peut-être un jour le découvrirait-elle…

Pour l’heure, Louis lui semblait troublé. Troublé par elle apparemment, par ses paroles et ses gestes ; une femme à la conversation sensée, au psychisme éthéré comme le sien, était-ce si rare ? La sorcière savait que Louis était plus qu’intrigué, et que son contact avec provoqué une réaction plus importante qu’elle ne l’avait imaginé. Leurs peaux s’étaient seulement effleurées, un contact tactile à peine esquissé, mais déjà l’Inquisiteur s’était figé, glacé, sans rien dire. Europe sentait qu’il aurait voulu se rendre maître de la situation et il ne l’était plus tout à fait. Elle sourit intérieurement. Une sorcière fourbe aurait sauté sur l’occasion pour profiter de la relative fragilité de ses songes afin de s’attaquer à ses défenses et de provoquer de sérieux dégâts. Pas Europe. Elle n’était pas ce genre d’individu qui attaquait un homme à terre ou dans le dos. Et puis après tout, elle ne voulait pas de mal à Louis. Au contraire, le voir entrouvrir, n’était-ce qu’une infime seconde, une partie de son âme, lui plut. Il avait, comme tout le monde, une sensibilité et les paroles ne restaient pas sans effet sur lui, ce qui ravissait la jeune femme. Plus que tout, elle aimait les êtres sachant écouter, à l’instar de la nature, et à l’opposé des brutes sans cervelles qui jonchaient parfois les rues de Forbach tels des immondices.

Quand l’homme lui tendit la main, l’invitant à s’éloigner de l’ondoiement du bénitier qui brillait d’un lapis étincelant sous la lumière des vitraux, elle accepta de bonne grâce et glissa sa paume dans celle de l’Inquisiteur, frémissant en sentant l’épiderme calleux contre le sien. Outre les yeux, dont on disait aussi qu’ils étaient le miroir de l’âme, les mains étaient un des éléments importants quand on voulait disposer d’informations sur les individus. Europe suivit Louis sur quelques pas, le temps pour eux de se retrouver dans l’allée centrale, leurs peaux prenant des coloris variés sous la lueur vacillante et ambrée des chandelles mêlée à celle, malachite, des vitraux de Zetting…Puis elle le regarda d’un air sincèrement surpris. Elle ne s’attendait pas du tout à ce que l’Inquisiteur lui pose une telle question : ce qu’elle avait vu ? La jeune femme sourit, ses lèvres cornaline se relevant pour dévoiler le feston d’ivoire de ses dents. Ce qu’elle avait vu…sa nomination de Prêtresse…

Elle s’en rappelait comme si c’était hier, bien que l’événement remontait déjà à plusieurs années auparavant. A cette époque, elle était encore une Aguerrie et la dernière Grande Prêtresse venait de décéder, léguant son trône à Abigael Asmaloth qui raflait du même coup la place sous le nez d’Alicia de Sarrebourg…Europe était ainsi devenue une des Trois Prêtresses d’Olrun. Cela fut pour elle, un des seuls moments de sa vie où elle se sentit pleinement comblée ; un des rares moments où elle n’était pas en train de plaindre sa situation, d’essuyer des échecs, de regarder ses parents décider de sa vie avec afféterie ; un des rares moments où il n’y eut jamais dans son cœur tant d’espoir, qu’il en dégorgeait de partout et qu’autour d’elle, on ne croyait plus au malheur. C’était une période faste et prospère, juste avant que le Clan ne se scinde en deux ; et puis on avait vu l’énorme potentiel magique d’Abigael obtenir le grand Pouvoir, promettant d’heureux jours en perspective…la mort était si belle alors, si magnifique dans son bûcher fumant, et elle cueillait des fruits si mûrs, qu’elle en était devenue comme attirante, et qu’on avait plus peur, du tout, de l’inconnu.

Oui, ce jour là, Europe avait eu accès à beaucoup de chemins qu’elle n’avait jamais osé imaginer en tant que simple Aguerrie…Plénipotentiaire des âmes esseulées, sorcière sui generis parmi le tourbillons des adeptes de la grammarie, elle avait été, à la différence de ses semblables, l’élément consubstantiel de la nature, la fleur déhiscente, aidant les cœurs meurtris, tout son corps né au monde vibrant des pulsions arythmiques de la Terre en qui elle avait ses profondes et délicates racines, qui rattache plus fermement un individu à ses origines…Elle croyait aux herbes et aux cailloux, au ruisseau qui s’écoule, à la métempsycose ; et elle n’avait plus qu’une envie, s’allonger dans les fougères, sous un genévrier, pour que ces gens de Forbach et ces mères craintives, et ces hommes pudibonds, et ces moines méfiants s'en aillent, les laissent seules, elle et la nature magnifique, converser éternellement dans la solitude bienfaisante des berges diaphanes du lac argenté…Europe, après quelques secondes de silence, sortit enfin de ses pensées et sourit à Louis.


"J’ai vu…un moment très important, un moment crucial. Quelques semaines d’éternité qui marqueront ma vie à tout jamais. Vous êtes là et l’instant d’après, tout est différent…vous regardez autour de vous, et vous vous apercevez que tout a changé, jusqu’au regard que vous portiez sur vous le matin même, mais vous avez vécu depuis…Et surtout, vous vous apercevez de choses justes devant, là, mises en évidence, tellement près que vous ne leur aviez jamais prêté attention…Pourtant, Dieu sait combien elles sont importantes…C’est un moment…qui ne peut être ni bien, ni mal, juste ‘important’. On vous parle, on vous écoute, on vous répond, tout cela sans vous juger, ni vous critiquer, ni vous dénigrer. Quand vous repensez à la haine que vous avez eu contre un proche, toute une vie durant, vous vous apercevez soudain qu’elle s’est envolée. Devant vous, une forêt se dresse immense et éternelle ; et là où il n’y avait auparavant qu’un chemin qu’on vous a déjà tout tracé, il y a maintenant des dizaines de sentiers différents, qui partent dans toutes les directions, à contre courant. Vous vous rendez compte que jusqu’à présent, vous avez beaucoup généralisé, mais que chaque particule a maintenant un éclat différent, une spécificité. Vous sentez votre cœur se gonfler de fierté ; vous sentez que vous avez un rôle, que vous allez faire de grandes choses : ça y est, vous avez été Elu…"

Un silence profond tomba soudain sur la Chapelle. Même le bruissement de la nuit, au dehors, s’était atténué ; on entendait plus rien que leurs deux souffles bas, à peine audibles dans l’immensité des voûtes. Europe sembla soudain reprendre ses esprits et elle recula légèrement, d’un pas, posant une main délicate sur son poitrail tandis qu’une douce couleur rosacée couvrait peu à peu le teint opalin de ses joues.

"Pardonnez-moi, je suis…tout à fait ridicule…je dois vous ennuyer à raconter ma vie ainsi… "
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MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeDim 23 Sep 2007 - 15:23

Lorsque Louis tendit la main à la jeune femme qui se trouvait en fac de lui, il ne réfléchit pas vraiment. Il était vrai que, quelques minutes auparavant, lorsque leurs deux peaux avaient été en contact, il eut une sensation étrange, un intense frisson qui lui parcourut tout le cœur et qui le laissa de glace. On aurait pu croire qu’à nouveau, il aurait ressenti la même chose lorsque leurs mains se serrèrent l’une dans l’autre, mais il n’en fut rien. Du moins, il n’en fut rien la première seconde. En effet, Louis était trop préoccupé par ce qu’il venait d’éprouver, et surtout par ce qu’il venait d’entendre. Cette musique… Il ne se souvenait pas vraiment, mais il la connaissait, il en était persuadé. Il essaya de chercher au fin fond de sa mémoire d’où elle venait, mais il fut arrêté par un nouveau frisson, un frisson dont il n’était à la source cette fois-là.
Incontestablement, il venait d’Europe. Louis le perçut et, à son tour, il frémit. Alors, ses pensées se tournèrent vers une autre question : pourquoi est-ce qu’à chaque fois que sa peau entrait en contact avec celle de cette femme, cette femme qu’il ne connaissait vraiment que depuis une poignée de minutes, il ressentait cette étrange émotion, comme si elle l’avait envoûté. Il l’ignorait. Regarder la demoiselle dans les yeux, cela ne lui faisait rien. Il gardait toute sa présence tant qu’il ne la touchait pas. Lorsqu’alors son épiderme frôlait seulement celui de l’autre, il se sentait perdre toute cette force mentale qu’il avait. Juste à ce contact physique…

Pour tenter de reprendre les rennes de la discussion et de retrouver ce qu’il venait de perdre en prenant la lisse poignée de son interlocutrice, il posa la première question qui lui vint à l’esprit. Et visiblement pas la bonne… Lui demandait ce qu’il venait d’y arriver n’était pas très adroit, d’autant plus qu’il ne voulait pas vraiment lui dévoiler cette faiblesse s’était emparé de lui à la vision de l’eau, mais il n’avait pas réfléchit en posant la question. Lorsqu’il s’en rendit compte, il douta un peu : devait-il s’excuser et changer de sujet ? La question ne se posait pas, il ne devait pas avoir l’air de défaillir ou de craindre quoique ce soit, et puis ce qui était dit ne pouvait être effacé. Il appuya sa question, lui demandant si elle avait « vu » quelque chose. C’est en effet l’impression qu’il avait eu en la voyant durant cette fraction de seconde, ce moment de défaut, l’impression qu’elle avait eu une sorte de… vision. Etonnée quelques instants, Louis pensa qu’elle serait déstabilisée et exprimerait sans contestation ce qui venait de lui arriver - car, en effet, cela l’intéressait quelque peu -, mais il comprit vite lorsqu’elle sourit, un petit peu maligne, que ce ne serait pas là qu’elle s’exprimerait clairement.

Le silence s’installa à nouveau quelques secondes. Louis fixait la jeune femme qui semblait se perdre dans de lointaines pensées. C’était maintenant sûr : elle n’allait rien dire. Elle réfléchissait probablement à un subterfuge, une manière d’obvier la question ou de déguiser sa réponse. Lorsqu’elle revint à lui, rieuse, il en eut la confirmation. Il s’apprêtait donc à entendre des fabulations, sans vraiment les écouter.
« Un moment très important, un moment crucial. Quelques semaines d’éternité… »
Il ne s’était pas trompé. Europe laïussait avec des sortes de phrases passe-partout, qu’on aurait pu dire dans des dizaines de circonstances différentes, des phrases sans intérêt pour Louis qui ne les écoutait déjà plus.
Il réfléchissait à nouveau, toujours en vain, à ce qui lui était arrivé : d’où venait cette mélodie ?

Après quelques secondes de néant total en ce qui concernait la réponse à sa question, il s’en souvint très brusquement. En fait, c’était une barcarolle douce qu’il avait découverte aujourd’hui même, quelques secondes après être entré dans l’église. Oui, c’était la mélodie qu’avait fredonné Europe en entrant ici. L’Inquisiteur sourit très légèrement, en quelque sorte déchargé de ce questionnement qui lui tiraillait l’esprit. Malheureusement pour lui, un nouveau problème se posa à son esprit. Il ne se demanda pas vraiment pourquoi il avait réentendu cette chanson en s’approchant du bénitier, mais pourquoi avait-il ressenti de la responsabilité, du tort, tout en percevant la mélopée. Il en vint rapidement à se demander pourquoi il pouvait ressentir de la culpabilité envers Europe, car il était logique que cette mélodie le ramenait à elle.

« … Élue. »

Louis sortit abruptement de ses pensées lorsqu’il entendit ce mot. Il tenta de rappeler à son esprit la phrase qu’elle venait de prononcer, pour mieux la comprendre, mais il n’écoutait vraiment plus. L’Élue de quoi ?

Un silence s’installa sous les hautes et voluptueuses voûtes de l’Église de Zetting. Europe s’éloigna de l’homme et rougit. Elle était gênée, comme si elle était trahit, d’où le fait qu’elle ne prononça plus un mot durant quelques moments. Ce qui fit que le Chef de l’Inquisition ne dit plus rien, c’était justement cet embarras qu’avait présenté celle avec qui il bavardait. Si elle avait continué à bonimenter, Louis se serait posé la même question, tout en faisant mine de l’écouter encore, mais ce n’était pas le cas : elle s’était arrêté et le silence rendait encore plus lourde la conversation qui devait reprendre, qu’il devait reprendre. La jeune femme s’étant excusée de son « ridicule », très incommodée, c’était maintenant à Louis de tenter de la remettre à l’aise.

Le jeune homme avait été sûr de lui pendant de longues minutes tout à l’heure. Il n’avait jamais douté, il était resté froid et n’avait pas laissé entrevoir ce qu’il ne voulait pas qu’Europe sache. Mais, depuis plusieurs minutes déjà, encore plus longues que les précédentes, il n’était quasiment plus maître de rien, tentait de reprendre le contrôle de la discussion de temps en temps, mais n’y arrivait pas et s’éloignait du but plus qu’autre chose.
Louis ne savait plus quoi dire, ni même quoi penser, et savait que, s’il continuait la conversation dans le même sens, il n’arriverait pas à avoir la haute main dessus à nouveau.
Il tourna la tête vers les vitraux qui laissaient voir l’extérieur sombre, le ciel obscur parsemé des petites lueurs blanches des étoiles ajoutaient leur clarté à celle de l’astre de la nuit, quasi-plein ce soir-là. Reprenant le ton froid des premières paroles qu’il avait adressées ici à Europe, il l’interrogea, son regard toujours détaché du sien :


« À quelle heure comptez-vous rejoindre Frauenberg ? »


Dernière édition par Louis Institoris le Mar 16 Sep 2008 - 20:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeMar 25 Sep 2007 - 22:27

Lorsque Europe arriva au terme de son discours, après avoir dit avec sincérité tout ce qu’elle avait ressenti, ou « vu » dans ce bénitier comme l’avait si justement dit Louis, elle s’aperçut que l’Inquisiteur ne l’avait pas vraiment écoutée. Pire, il semblait maintenant égaré dans des pensées profondes, à l’instar de la sorcière qui avait entièrement replongé dans son passé quant elle l’avait évoqué, ressentant les moindres sentiments éprouvés à l’époque. Ses yeux cinabres dardèrent leur feu sur l’homme qui venait comme de s’éveiller d’un rêve, à l’entente du dernier mot qu’elle avait prononcé : « Elue ». La jeune femme fronça mentalement les sourcils. C’était bien sûr son passé qu’elle avait narré mais, à l’aide de ses phrases subjectives dont elle savait si bien faire usage, son discours aurait pu tout aussi bien s’appliquer à Louis. Oui, après tout…une promotion…une haine contre un proche…mais l’Inquisiteur ne semblait pas l’avoir compris. Puis Europe étouffa un rire, en se demandant de quoi avaient bien pu avoir l’air deux individus seuls dans une église, qui étaient sensés s’écouter mais qui au final ne parvenaient qu’à se fondre dans un inextricable enchevêtrement de songes.

En fait, elle était même à mille lieux de se douter que ce qui intriguait et préoccupait tant son interlocuteur, c’était la mélodie qu’elle avait fredonné quelques minutes plus tôt en pénétrant dans l’Eglise. Pour l’heure, la jeune femme était plutôt mal-à-l’aise, depuis la première fois de la discussion. En fait, c’était même un léger sentiment de frustration. C’était la toute première fois, dans son existence de Sorcière reconnue, qu’elle ne parvenait pas à mettre un individu en confiance, et une situation comme celle-ci, dans laquelle sa manœuvre psychologique n’aboutissait pas, constituait une sorte d’échec de sa part. Un petit rouge amarante avait recouvert la lactescence de ses joues rendues plus pâles encore qu’elles ne l’étaient naturellement par un fard classique. Un fard…encore une fois tout n’était qu’apparat, il le fallait bien, puisqu’elle était Sorcière, et Louis Inquisiteur en Chef…Mais un jour, Europe pressentait que les masques allaient tomber, que cette grande comédie théâtrale allait se terminer…


"Je ne vais pas tarder" répondit-elle avec une franchise déconcertante et une objectivité qu’on ne lui connaissait pas. "En fait, je vais même m’en retourner dès maintenant. Je vous remercie chaleureusement, Louis, j’ai beaucoup apprécié la conversation que nous avons eu ensemble."

C’était la stricte vérité. Car bien qu’elle ne soit pas parvenue entièrement à ses fins, Europe appréciait à leurs justes valeurs tous les enseignements qui pouvaient lui être offerts, quelque soit leur nature. Celui-ci lui avait au moins appris une chose, et pas des moindres : toujours être patient avec un Inquisiteur, et résonner dans le concret, le solide, l’absolu. La Sorcière sourit, étirant la pulpe charnue de ses lèvres en un sourire générique, et offrit à Louis une gracieuse révérence, les vrilles de ses cheveux sombres ourlés de carmin suivant son mouvement. Maintenant, il était temps pour elle de rejoindre le château de Frauenberg, la vie de noble, sa chambre minuscule, ses écrits et ses prétendants ; et son étiquette, et son morne ennui des jours qui passent sans qu’aucune instruction ne vienne en troubler la monotonie…Comme elle aurait aimé rester ainsi encore un peu, bien à l’abri dans Zetting, avec Louis Institoris ! Mais le devoir l’appelait, le devoir et les contraintes, sous la forme d’une pile de papiers administratifs.

"Je sais que mes propos vont ont parfois donné la sensation d’une sauce insipide…Je vous demande juste d’y réfléchir un peu. Je reviendrais dans cette église, elle est véritablement charmante et surtout, on y rencontre les seules âmes dans tout Forbach qui vaillent la peine d’en parler. Ce sera l’occasion d’une étude fort intéressante…"

Faisant se mouvoir ses volumineux cils charbonneux, Europe adressa un clin d’œil complice à Louis, et, avec un petit signe de la main, qui laissa dans l’air une traînée de son parfum à l’odeur d’aphrodisiaque, elle s’éloigna de l’Inquisiteur, le rythme régulier de ses pas sur la pierre froide résonnant dans toute l’Eglise. "Au revoir, Louis. Puissiez-vous avoir santé et prospérité en ces temps austères" lança t-elle sans se retourner, alors que le châle vaporeux accroché à son cou voltigeait dans le vent de sa marche, lui donnant un aspect fantasmagorique. Bientôt, elle avait atteint les très imposantes portes à double battant, qui s’ouvrirent dans un grincement significatif. Elle s’arrêta une dernière fois sur le parvis. L’ombre de sa silhouette se dessina sur le paysage du dehors, malmené par le torrent crépitant de la pluie, tandis qu’un éclair illuminait le cimetière d’une lueur glauque et que retentissait un lourd, grondant et long fracas de tonnerre.

[Suivant -> Nuit de sens]


Dernière édition par Europe le Mer 2 Sep 2009 - 21:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Qu'il faudrait sans leur Dieu...   Qu'il faudrait sans leur Dieu... Icon_minitimeDim 7 Oct 2007 - 18:06

Europe répondit clairement qu’elle allait rejoindre le château dès lors, puis remercia chaleureusement Louis de son accueil. À vrai dire, il ne savait pas vraiment pourquoi elle le remerciait. Il avait été distant - presque hautain - la plupart du temps qu’ils avaient passé ensemble.
De plus, c’était au prêtre qu'on devait accorder des éloges à propos de l’entretien ainsi cette église. Louis n’appréciait pas vraiment cet homme, mais il ne pouvait pas lui reprocher de mal tenir la seule maison de Dieu de Forbach, loin de là. À vrai dire, plusieurs fois, l’homme avait agacé au point de donner l’envie à ce dernier d’user de son pouvoir pour le faire quitter l’église. Mais Louis tenait à cette bâtisse comme à la prunelle de ses yeux et cet homme qu’il n’appréciait guère faisait beaucoup plus que de faire tenir debout l’Église de Zetting, il s’en occupait mieux que quiconque. Malheureusement pour lui, il n’en était pas bien souvent remercié, non seulement parce qu’il était discret, mais surtout parce que les gens s’adressaient plutôt à Louis qu’à lui. L’Inquisiteur ne cessait de leur dire qu’il ne se chargeait aucunement de l’entretien de l’Église, bien qu’il y prêtait attention, mais les croyants ne cessaient de venir le gratifier. Au fond, Louis en connaissait la vraie raison : les gens lui étaient reconnaissant de la lutte qu’il menait contre les hérétiques, ils l’appréciaient parce qu’il les défendait, mais ne le disaient pas ouvertement car le sujet de la sorcellerie était bien souvent tabou lorsqu’on n’était pas en train d’observer le spectacle d’un bûcher.

Louis ne répondit pas à Europe. Il ne détourna toujours pas son regard vers elle. Elle avait probablement eu la sensation qu’il l’avait entendu, mais qu’il n’avait rien de bien particulier à ajouter. Elle reprit donc la parole après une courte révérence, donnant en quelque sorte rendez-vous à Louis au même endroit, un jour. Elle disait ça parce qu’elle savait qu’elle n’aurait aucun mal à l’y trouver, il y allait chaque soir sans exception, parfois même une première fois le matin, lorsqu’il en avait le temps, c’est-à-dire quant il n’y avait ni procès, ni bûcher, ni réunion dans la Collégiale.
L’âme de Louis faisait donc partie des âmes qui valaient la peine de parler de l’Église de Zetting. En effet, Louis aimait cette bâtisse comme il n’avait jamais aimé aucun autre lieu, voire aucune autre personne. Lorsqu’il y entrait, il se sentait plus que jamais chez lui, près des siens, qui n’étaient là que symboliquement. Sa vraie famille, c’était la Religion et tous ce qui s’y rapportait…

Louis se retourna vers elle et esquissa un très léger sourire, un vrai. Il n’était plus d’humeur gaie, mais pas non plus d’humeur à le paraître. Ce soir, il ne serait pas faux. Ce sourire ne l’était donc pas, voilà ce qui expliquait sa faiblesse. L’important était qu’il venait du cœur de Louis - d’ailleurs, la jeune femme aurait presque pu le prendre comme un honneur. Il avait effectivement envie de revoir Europe. Mais pas pour le moment…
La jeune femme lui avait adressé un léger signe de la main, probablement en réponse à ce fameux sourire. Pourtant, c’est surtout ce clin d’œil qu’elle lui avait envoyé discrètement qui surprit Louis et, comme si ses réactions physiques s’accordaient à sa pensée, ce n’est que lorsque la jeune femme se retourna en lui adressant d'aimables paroles, qu’il rougit. À peine, bien évidement. Il ne la salua pas… Du moins, pas tant qu’elle fut encore dans la grande bâtisse. Lorsque la porte se referma, dans le même grincement que lorsque la jeune femme était entrée, Louis, le regard vide et les yeux plissés, prononça, grave et sans expression :


« Au revoir, madame. À très vite… »

Comme s’il redevenait lui-même, il releva alors la tête, parcourut brièvement l’Église de ses yeux bruns, puis s’en alla à son tour, l’écho de ses pas résonnant dans tout l’édifice. À son tour, il referma la grande porte qui grinça une dernière fois ce soir-là.

L’Église, illuminée de ses milles cierges, était maintenant baignée dans le silence complet, jusqu’au lendemain…


[Suivant : Les Somptueux Jardins - Sombre Promenade]
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