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 Face à face

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Europe
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Europe


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MessageSujet: Face à face    Face à face  Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 23:50

[Précédent = Oh belle dame... que ta volonté s'accomplisse [II/II]]


Quiconque n’aurait pas connu l’expérience absolument hallucinante de la schizophrénie et ses conséquences non moins démentes autant sur le plan psychique que relationnel, ou tout autre de ses variantes, ne peut se représenter à juste titre ce que signifie l’expression «deux esprits dans un même corps». Europe elle, à ce moment là, en mesurait toute l’exacte valeur avec une précision mathématique qui l’effrayait plus à chaque heure, chaque minute. Tous ses gestes, ses états d’âmes, toutes ses pensées, ses actions, étaient déchirées dans un clivage terrible entre elle, la Prêtresse qui s’était habituée légitimement à ce que pendant 26 ans durant, son corps lui obéisse sans faire d’histoires, et Gabrielle de Mortelune, membre du Lys Noir, qui avait été châtiée de ce monde de la façon la plus injuste qui soit mais qui jouissait maintenant de sa vengeance, jouissait de sentir ce monde palpable et malléable même à travers les pores d’une peau qui n’était pas la sienne…

Dans la nuit qui tombait doucement, nimbant Forbach d’un halo céruléen, Europe sentait son humeur verser dans la profonde mélancolie. Un air neurasthénique, qu’on lui connaissait avant que toute cette histoire de fous ne débute, empreignait son beau visage, altérant ses traits ainsi qu’un vent lisse les contours d’une sculpture de sable; accoudée à une fenêtre de Frauenberg, pendant qu’une réception se déroulait dans son dos avec ses habituels bruits, rires, danses et lumières, elle observait le monde sombrer dans un étal d’aura noire, lamé des dernières couleurs cuivres du soleil couchant. Toutes ses pensées étaient focalisées sur les événements des derniers jours; la possession de Joan, sa tentative de meurtre, et surtout, surtout… le fait qu’à présent, une autre rentre en même temps dans sa maison, dorme dans son lit et entre dans ses rêves… Par sa faute, la jeune Apprentie d’Olrun avait fini derrière les barreaux et elle n’avait rien pu faire, assistant impuissante à cette scène de cauchemar en se demandant si ce qu’elle avait fait n’était pas la pire des trahisons possibles.

Perdue dans ses pensées et voguant on ne sait où, sans doute sur des horizons lointains dont les cieux auraient été plus clément et ou, peut-être, elle aurait pu vivre et aimer sans se soucier des conséquences, elle n’entendit pas un valet se glisser discrètement derrière elle; Europe sursauta en s’apercevant de sa présence, le remercia et observa l’enveloppe qu’il venait de lui remettre. Elle portait son nom et, au dos, le sceau de la famille d’Hasbaueur.

Citation :
Europe,

J'ai besoin de te voir immédiatement. Je serai ce soir à mon bureau.
Le début de la nuit sera sans doute le moment le plus propice.
J'ai laissé des ordres nous serons tranquilles.

Vicomte Adrien d'Hasbauer.

Au moment où elle lut le nom d’Adrien, la Sorcière sentit avec une terrible appréhension Gabrielle revenir à la charge, observant à travers ses propres yeux, s’infiltrant dans ses propres pensées. Europe sentait son amusement, ses sourires dissimulées derrière un écran de ténèbres redoutables; elle trouvait la situation plutôt intriguante et hilarante. Adrien… que pouvait-il, au fond, à toute cette histoire? S’imaginait-il être en capacité de comprendre le quart des événements qui se déroulaient en ce moment, et des forces qu’ils mettaient en scène? Croyait-il qu’il pouvait faire quoi que ce soit pour aider son amie Prêtresse? Non, décidément, Gabrielle se délectait de sa nouvelle position. Bien qu’elle regrettât la simplicité charmante de Joan, il y avait chez Europe des situations si clichées, niaises et ridicules, qu’elle ne pouvait s’empêcher de contempler cela comme on lit un roman gothique passé de mode avec délectation… c’est-à-dire en éclatant de rire devant l’incongruité de certaines scènes.

Effarée, Europe voulut ignorer l’invitation d’Adrien –elle ne voulait pas que Gabrielle s’approche du Vicomte, elle ne voulait pas le corrompre et le détruire à son tour, comme elle l’avait fait avec Louis. Mais le spectre lui fit remarquer avec une ironie acide, et à juste titre ce qui mortifia encore plus la Prêtresse, qu’elle n’avait pas besoin d’elle pour infecter les autres de cette façon, et qu’elle s’en sortait très bien tout seule. Battue, Europe dut reconnaître que c’était la vérité. A tenter de jouer et de miser gros sur tous les tableaux, elle avait fini par s’embourber dans le mensonge, avait abusé des autres et s’était vautrée dans le désir… et elle passerait le reste de sa vie à en avoir honte.
Peut-être qu’après tout, si elle voyait Adrien, et si elle profitait d’un moment de distraction de Gabrielle, elle pourrait lui dire. Lui faire part de son problème. Lui montrer qu’elle était « hantée »…

Telle un fantôme –ce qui était le cas de le dire-, Europe quitta sa fenêtre et traversa la salle joyeuse, bondée, bariolée, et s’étiolait en farandoles multicolores autour d’elle, tandis qu’une myriade de bruits venaient crépiter dans ses oreilles. Au milieu de ce déferlement de couleurs, elle aurait pu tout aussi bien être en nuances de gris. Ou plutôt, non. Elle n’était pas assez complexe pour ça. Elle aurait pu être en noir et blanc.
Quand elle atteignit les couloirs sombres et frais, elle se sentit mieux. La nuit était tombée depuis quelques minutes. Suivant les instructions, elle se rendit vers le bureau d'Adrien d’Hasbaueur, passa devant plusieurs domestiques et, après un soupir d’appréhension, frappa quelques coups secs à la porte.


Dernière édition par Europe le Sam 21 Nov 2009 - 18:54, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Face à face    Face à face  Icon_minitimeMar 10 Nov 2009 - 0:31

[HRP : C'est un détail, mais le bureau ne se situe pas dans les appartements des D'Hasbauer ]

Beaucoup de choses se bousculaient dans la tête du Vicomte, certaines plus que d'autres, mais il se passait des choses qu'il n'appréhendait pas, qu'il ne comprenait pas, ou tout simplement qu'il ne comprenait plus. Tant de choses s'étaient déroulées... Il n'avait finalement appris que par des rumeurs, des rumeurs qu'il avait faite vérifiée lui-même pour être sur qu'il ne se faisait pas embobiner, pour être convaincu par toutes les preuves rationnelles qu'il puisse exister en ce bas-monde, pour ne pas laisser une quelconque marge de manœuvre à des ragots médisants, après tout, les mensonges étaient souvent monnaie courante, et il ne fallait pas se laisser berner. Mais non, il avait tout vérifié, et aucune n'avait été infirmée, elles avaient toutes été confirmées ou corrélées par de nombreux témoins. Comment croire tout ce qui avait été dit ? Il avait eu beaucoup de mal à le digérer. Pour la première fois de sa vie, il avait eu besoin de s'asseoir sur sa chaise. Pour la première fois de sa vie, il avait douté, et pour la première fois de sa vie, il avait peut-être, l'espace d'un instant, perdu espoir.

Il n'y avait pas grand chose à faire ou dire. Il devait en parler. Il devait comprendre. Il devait pouvoir lever le doute. Il devait pouvoir reprendre espoir. Il ne pouvait pas se permettre de tout perdre maintenant, pas à ce moment, non, décidément, il devait faire un mauvais rêve, oui, ça ne pouvait être que ça... Un mauvais rêve. Pourtant il avait l'air bien réel... Et aujourd'hui encore, alors qu'il travaillait à la succession qui viendrait bientôt, il n'avait la tête qu'à ça. A chaque fois qu'il essayait de se concentrer, tout lui revenait en bloc, sans qu'il puisse lutter. Voilà pourquoi il avait fait quérir Europe. Peut-être aurait-il du en parler à sa femme avant, oui, peut-être, mais maintenant c'était trop tard, et il y avait des choses plus importantes qu'elle devait faire. Avait-elle déjà appris la nouvelle ? Comment réagirait-elle ? Il n'en savait que trop rien, mais il se rappela furtivement de la jeune femme qui avait été arrêtée sous ses yeux. Il se souvint de la manière dont elle avait été touchée, des mots qu'il avait employé pour la réconforter, pour lui expliquer que ce n'était pas sa faute, qu'elle n'avait rien à se reprocher. Bien sur, il savait que cet événement allait la bouleverser, mais pas qu'elle... Comment allait-il expliquer ça à d'autres ? Ils ne comprendraient pas... Pas maintenant, c'était trop tôt.

La nuit était tombée depuis quelques temps maintenant, le bureau était sombre et éclairé de la plus minimaliste des manières. Adrien était assi à son bureau, bouclant les derniers dossiers du jours, archivant quelques données et préparant les nouvelles feuilles de comptes et de recensement pour l'arrivée dudit Lorenzo Maestriani. Il ne connaissait rien de cette homme, mais comme quand il avait reçu la lettre, il s'en fichait. Son travail serait bientôt terminé. Et peut-être parviendrait-il à redresser la barre d'un navire qui allait peut-être bientôt s'échouer. Soudain quelques coups secs retentirent à la porte. Rangeant une ultime feuille, fermant un dernier dossier, et le posant sur le côté de son bureau, il répondit d'une voix grave :


« - Entrez. »

Il n'eut pas besoin de regarder la porte pour savoir de qui il s'agissait. Il avait laissé des ordres, et personne ne pourrait s'approcher à moins de vingt mètres du bureau sans sa permission. Et une seule personne, en cet instant, l'avait : Europe. Aussi, lorsqu'elle entra dans le bureau. Elle découvrit un Vicomte sombre, le visage fermé et les yeux posés sur son bureau. Enfin, c'est ce que laissait supposait la faible lumière qui l'éclairait. A vrai dire, il ne savait pas vraiment où commencer...
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MessageSujet: Re: Face à face    Face à face  Icon_minitimeMar 10 Nov 2009 - 1:10

[HRP: Oups ben sorry! :s J’ai modifié ça]

En entendant, à travers la cloison, la voix d’Adrien qui lui disait d’entrer, Europe se composa une mine de circonstance et obtempéra. Elle fit pivoter le battant, pénétrant dans une pièce dans laquelle elle n’était jamais encore entrée mais qui correspondait pourtant parfaitement à l’idée qu’elle s’en faisait: l’appartement d’Adrien. Un espace clair, meublé avec goût mais de façon très fonctionnelle. D’ailleurs, le Vicomte semblait être, avant qu’elle n’arrive, plongé dans une pléthore de dossiers qui s’accumulaient en paperasse sur le bureau aux chauds reflets boisés, comme cela semblait être souvent le cas. Tandis qu’Europe percevait clairement l’atmosphère de réconfort et même, de chaleur que pouvait dégager une telle pièce, sublimée encore par la présence d’Adrien qui pour elle, avait toujours été un ami qu’elle tenait en très haute estime, Gabrielle continuait de trouver tout cela très amusant… et plus encore en découvrant le visage grave du Vicomte.

Europe ne l’avait, littéralement, jamais vu ainsi. Auparavant, il avait toujours dégagé cette impression de force tranquille, affrontant les événements sans se départir de son calme, les analysant avec sa logique et son empathie habituelle. Même quand sa fille avait été portée disparue, bien que doublés d’une étincelle d’angoisse on devinait encore dans ses yeux cette détermination paisible et cette ataraxie qui ne semblait jamais le quitter….
Alors que là, Adrien semblait perdre pied, ne plus rien comprendre à ce qui l’entourait. Et pour cause. Europe ne pouvait pas lui en vouloir; elle était également passée par ce stade et affirmait d’expérience qu’il n’y avait rien de plus déplaisant. Elle aurait aimé le lui dire. Lui dire que tout ce qui s’était passé n’était pas ce qu’il croyait. Que la personne devant elle n’était la Prêtresse d’Olrun qu’il connaissait mais une Sorcière du Lys Noir. Que si personne ne l’en empêchait, elle pourrait commettre des actes atroces.
Mais bien entendu, Gabrielle veillait au grain, et elle ne le pouvait pas.


"Bonsoir, Adrien."

Sa voix à elle était posée, calme, comme détachée du monde, bien qu’en étant attentif on pouvait y déceler une trace d’ironie. Ironie qui ne venait, bien sûr, pas d’Europe. Celle-ci bataillait pour faire part de ses états d’esprits au Vicomte, sans résultats.
Gabrielle quant à elle, ravie de son petit effet, s’amusait comme une folle. Adrien regardait la Prêtresse comme si elle était une étrangère, une femme qu’il n’avait pas connue. Et c’était exactement le but recherché. C’est pourquoi au lieu de prendre la parole de son propre chef et de tout expliquer, comme l'attendait visiblement le Vicomte, elle croisa les bras, s'appuya contre une chambranle et, jetant un coup d’œil circulaire à la pièce, déclara d’un ton désintéressé:


"Belle déco."


Un silence pesant s’installa dans la pièce, rendu encore plus lourd par l’atmosphère de nuit qui s’infiltrait par les fenêtres. Cette réflexion totalement déplacée ne manquerait pas de déstabiliser son interlocuteur, mais Gabrielle s’aperçut avec une pointe de déception qu’il lui faudrait arrêter de jouer si franc jeu. Si elle ne jouait pas son rôle de «Europe, Prêtresse modèle» à la perfection, le brillant esprit qu’était Adrien finirait pas s’apercevoir de la supercherie. Il fallait donc qu’elle se force un peu. Qu’elle paraisse comme l’était Europe, aussi bien en privé qu’en société: nunuche, hypocrite, théâtralement pathétique. Soupirant mentalement, elle se résigna à s’avancer de quelque pas, sa très long robe en taffetas brun effleurant le parquet avec un bruissement feutré, puis essaya de composer sur son visage un air de circonstance, ce qui fut plus difficile qu’elle ne le pensait. Mais même en se forçant à jouer ce rôle, ses concessions avaient des limites; elle n’était toujours pas décidée à aborder le sujet qui fâchait la première. Après tout, c’était Adrien qui l’avait faite quérir, pas l’inverse!

"Tu voulais me voir…"
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MessageSujet: Re: Face à face    Face à face  Icon_minitimeMar 10 Nov 2009 - 22:51

Quand elle le salua, il resta muet, peut-être n'avait-il pas entendu la jeune femme. Difficile à dire. Il semblait dans une transe muette. Quelque chose ne tournait pas rond, c'était évident. Mais il ne perdait pas pied, non, il savait pertinemment ce qui se passait, du moins, son esprit le savait, les faits étaient là ! Rien ne pouvaient être faux, autant de personnes ne pouvaient pas mentir en même temps, pas sur la même chose ! Mais comment pouvait-il le croire ? C'était impossible... Il aurait pu devenir fou si son esprit cartésien n'avait pas su faire la part des choses et comprendre que si les preuves étaient là, elles y étaient et qu'il n'y aurait rien à faire. La vérité était nue devant lui, et il devait se contenter de l'accepter. Mais comment ? Comment ingérer une telle vérité ? Comment ne pas sombrer dans le désespoir en se rendant compte de tout cela ? Des pans entiers de confiance, de relations bâties sur la durée venaient de s'effondrer en quelques minutes, au fur et à mesure qu'on lui rapportait les informations qu'il avait demandé. Jamais il ne se serait attendu à cela, jamais, et pourtant il devait y faire face à présent, en ce moment même.

L'élément déclencheur fut surement la petite phrase que la jeune femme lâcha à propos de la décoration. Mais quel intérêt y'avait-il à parler de la décoration de ce fichu bureau ? Semblait-elle ignorer les raisons de sa présence dans ce même bureau ? Visiblement non, ou alors elle préférait éviter le sujet, ou ne pas commencer à l'aborder. Et cela, il pouvait le comprendre, mais elle n'y couperait pas, non ça c'était impossible. Les yeux rivés sur le bureau, le Vicomte commençait à perdre patience, et pourtant il faisait tout pour se maîtriser, mais cela devenait de plus en plus difficile, et, à vrai dire, il ne trouvait aucune excuse, aucun argument pour continuer. Aussi lorsqu'elle s'approcha un peu, lui demandant, par une phrase plus suggestive ce qui l'avait amené à lui dire de venir, il répondit d'une voix très très basse, un murmure aurait pu passer pour un cri à côté, et elle ne l'entendis surement pas.


« - Comment as-tu pu ? »

Quelque chose venait de céder dans l'esprit d'Adrien. Il essayait encore en vain de contenir quoique ce soit, mais c'était surement trop tard.

« - Comment as-tu osé ? »

La voix était encore un faible murmure et il y eut de fortes chances qu'il ne parviennent pas aux oreilles d'Europe. Mais ce n'était qu'une question de temps... Car Adrien ne put lutter plus longtemps, le barrage qu'il avait élevé venait de s'effondrer et avec lui s'engouffrait tout ce qu'il avait tenté de refouler. D'un bond, il se releva, frappant de ses deux poings sur le bureau qui vibra d'une intensité grave.

« - COMMENT AS-TU OSE ? »


Sa voix était terrible, grave, une explosion de colère, de haine, de ressenti, de colère, de peur, et de détresse peut-être, mais on y ressentait surtout la force d'un homme en colère. Ses yeux vert-d'eau ne reflétait plus la force tranquille d'habitude, mais la colère, la haine, mais aussi l'incompréhension et la tristesse, mais c'était plus diffus, plus distinct.

« - COMMENT AS-TU PU LES LAISSER FAIRE ÇA ? COMMENT AS-TU PU REGARDER ET NE RIEN FAIRE ? COMMENT ??? COMMENT PEUX-TU ENCORE TE REGARDER EN FACE APRÈS ÇA ? »

Il était dans un état de colère noire, et personne, même sa femme, ne l'avait jamais vu dans cet état. Peut-être que même que personne ne pouvait se douter qu'il était capable d'une telle fureur. Adrien ne retenait plus rien, il laissait filer, il n'avait pas le choix. Jusqu'à ce que cela passe. Mais il ne comprenait pas, comment Europe avait pu faire ça... Comment tout cela avait pu arriver...
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MessageSujet: Re: Face à face    Face à face  Icon_minitimeMer 11 Nov 2009 - 2:46

Si Gabrielle n’avait pas voulu aborder la première le sujet sensible de la discussion, Adrien, lui, ne s’en priva pas et mit directement les pieds dans le plat. Cependant, l’entretien prit une toute autre tournure que ce qu’elle aurait pu imaginer, et ce n’était rien de le dire. Elle se serait attendue à tout –une froide et calme colère, un air lisse et neutre, une expression indifférente, un sourire de haine, des reproches dispensés d’une voix compréhensive- bref, tout ce qui ressemblait de près ou de loin au Vicomte Adrien d’Hasbaueur…
Mais pas à
ça.

Pas à cette explosion de colère, qui ne fut d’abord qu’un murmure à peine audible et s’amplifia jusqu’à un paroxysme presque effrayant, souligné par un violent geste des poings sur le bureau qui en trembla.
L’espace d’un instant, même Gabrielle pâlit devant la frustration, l’incompréhension et la colère d’Adrien; et celle-ci était d’autant plus impressionnante qu’elle était inédite. Personne, non, personne ne pouvait se targuer de l’avoir contemplé ainsi ou alors, le nombre de personnes concernées se comptaient sur les doigts d’une main. Malgré elle, Europe éprouva un sentiment d’intrigue profonde, presque à la limite de la curiosité scientifique; durant toutes ces années, elle avait été curieuse de voir où se situait le seuil maximal de tolérance, jusqu’où irait le calme tranquille et la tempérance proverbiale du Vicomte. Au fil du temps, à force de le voir posé et serein, elle avait fini par s’imaginer qu’il resterait ainsi éternellement et ne pourrait jamais laisser transparaître quoi que ce soit d’autre.
Pourtant là, dans ce bureau plongé dans une semi-pénombre, par une nuit vide et austère, et alors que sous eux se déroulaient une fête qui rendaient les cœurs pleins de liesses, Adrien laissait enfin transparaître ses émotions profondes, et Europe eut la sensation de le découvrir pour la première fois. Enfin il était spontané, sincère, émotif à souhait. Et elle ne se lassait pas de contempler ce tableau, oscillant entre déplorer les ravages causées par les événements de ces derniers mois, ou se réjouir des surprises comme celles-ci dont elle pouvait faire l’objet. Ces pensées étaient horribles, inhumaines, et elle le savait pertinemment; mais cela faisait bien longtemps maintenant qu’elle sortait ainsi des sentiers battus, et elle commençait par s’habituer à ne plus culpabiliser.

Gabrielle eut besoin de quelques secondes pour revenir à la réalité, tant la réaction d’Adrien l’avait surprise et affectée. Puis elle croisa de nouveau les bras et prit un air de gamine prise en faute, qui tente cependant de se disculper avec une fierté mal placée.


"Si par « laisser faire ça », tu sous-entends « laisser croupir en prison une traîtresse et une meurtrière qui s’apprêtait à assassiner Louis Institoris sous mes yeux », et bien que je répondrais que je l’ai pu très facilement… : en laissant parler mes instincts. Et j’avais raison. J’ai évité le pire… Il ne faut pas s’en plaindre."

Gabrielle/Europe prit un air buté. Jamais, si la Prêtresse avait été maîtresse de son corps, on ne l’aurait vue revêtir une expression aussi fermée, obtuse, têtue et imperméable à toute suggestion. Mais il semblait qu’en ce soir si particulier, chacun dévoilait à l’autre une part profondément enfouie que nul ne soupçonnait auparavant.

C’est vrai, Adrien. Pourquoi ne m’as-tu jamais montré cette face là de ta personnalité? J’ai l’impression de ne plus te connaître. Comme toi vis-à-vis de moi en ce moment.

"Qu’aurais-tu voulu que je fasse? Que j’aide Joan à commettre un meurtre, pour ensuite moisir dans la même cellule qu’elle? Tu n’aimeras sûrement pas ce que je vais dire, Adrien, mais je crois sérieusement qu’il serait temps pour toi d’ouvrir les yeux… tu es naïf. Tu t’obstines à voir du bon en chacun de nous mais parfois chez certaines personnes, ce bon fond n’existe pas. N’accorde pas ta confiance à des gens qui peuvent te poignarder dans le dos… j’en sais quelque chose."


Gabrielle avait dit cela d’un ton lourd de sous-entendus, parlant autant pour Europe que pour elle-même. Les deux avaient eu dans ce domaine de très mauvaises expériences, qu’elles auraient souhaité oublier. Ou plutôt, s’en souvenir éternellement pour ne plus jamais commettre la même erreur. Oui, Europe avait trahi les siens alors qu’ils lui accordaient sa confiance, mais l’inverse s’était également produit. Alors pourquoi devrait-elle se sentir plus coupable que les autres?
Gabrielle prit un air déjà ennuyé de la tournure de la conversation, ayant hâte que tout cela se termine. Il était temps de remettre Adrien à sa place. Et de lui faire comprendre que, si il n’obtempérait pas, il pourrait un jour en avoir des regrets.


"Et puis pourquoi m’embêtes-tu sans cesse? Adrien, tout cela ne te concerne vraiment pas. Si tu te sens coupable de ne pas avoir été présent ce jour-là, tu n’as qu’à tout oublier! Et vivre en paix… avec tes chers enfants et ta chère épouse… qui t’aiment du plus profond de leur cœur…"

Gabrielle avait parlé comme si être aimée était une faute, et comme si vivre en paix était futile ou vicieux. Là se détachaient clairement les paroles de celle qui, à l’instar d’Europe, n’avait jamais connu le bonheur de vivre sa vie sans se soucier du lendemain.
Ses paroles auraient pu sonner comme une menace, mais en réalité ce n’en était pas une. Gabrielle avait parlé, mais Europe aurait pu très bien dire la même chose. Il fallait qu’Adrien s’écarte de tous ces événements terribles, avant qu’il ne soit trop tard. Si il ne se mêlait de rien, si il oubliait tout et se concentrait sur sa famille et son travail, alors peut-être serait-il épargné par ce vortex de conséquences terribles qui tourbillonnait autour d’elle. Oui, il fallait qu’elle l’éloigne d’elle, pour qu’il soit à l’abri de tout ça tant qu’il en était encore temps.
Même si pour cela, elle devait lui parler de manière blessante.
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MessageSujet: Re: Face à face    Face à face  Icon_minitimeMer 11 Nov 2009 - 22:50

[Je tiens à m'excuser pour le précédent post, lorsque je le relis, je le trouve vraiment nul, je vais essayer d'arranger ça]

Il l'avait vu se décontenancer, il l'avait vu hésiter. Il savait ce qu'elle avait pu ressentir lorsque sa colère avait explosée, car lui-même ne s'était pas reconnu. Peut-être que toutes ces années elles-mêmes, passées à se contenir, à ne rien montrer, à rester fort et calme pour jamais ne céder à la passion de la colère et de la haine, peut-être que toutes ces années avaient finis par avoir raison de son sang-froid. Il n'avait jamais élevé la voix pour exprimer sa colère et sa haine, et il fut surpris avec quelle « facilité » il parvint à le faire pour la première fois. La colère, la haine, tous ses sentiments avaient brisé et mis en pièce le barrage qu'il avait érigé, et s'étaient déversés sous forme de paroles en direction d'Europe. L'emprisonnement de Joan avait été une nouvelle terrible pour le Vicomte, et lorsqu'il en apprit les circonstances, il fut totalement désemparé. Il s'était arrangé pour connaître certains détails de la bouche de différentes personnes pour être sûr que personne ne mentait, qu'il n'y avait pas là dessous une vaine tentative de déstabilisation quelconque... Mais non, tous avaient détaillé la scène dans les mêmes détails, criant de vérité et tout avait été clair pour Adrien. Mais, l'homme intègre qu'il était ne pouvait pas juger sans entendre de vive voix ce que pouvait en dire la principale intéressée. Voilà pourquoi il avait fait venir Europe. Il aurait voulu en parler avec elle, comprendre, mais le hasard en avait voulu autrement... Les actions de la prêtresse d'Olrun avaient précipité une avalanche de sentiments, de ressentis et toutes les passions refoulées du Vicomte avaient alors saisi l'occasion pour rejoindre la dernière petite nouvelle et toutes ensembles avaient brisé sa résistance pour enfin pouvoir s'exprimer.

Le souffle court, encore haletant, le Vicomte se redressa de toute sa hauteur, passant un regard sur le bureau légèrement dévasté, avant de se retourner vers la fenêtre. Il faisait maintenant nuit dehors et la ville de Forbach luisait de quelques petites lueurs de ça de là. Il attendait la réponse d'Europe et cherchait, en même temps, le calme de l'environnement pour reprendre le dessus et surtout, son calme. Toutefois, la réponse de la prêtresse l'en empêcha. Comment pouvait-elle dire cela ? Joan, une traitresse, ça il ne pouvait pas le croire, mais lorsqu'elle lui avoua qu'elle avait évité le pire, Adrien se retourna et reprit violemment, son regard croisant à nouveau celui de la jeune femme.


« - PIRE ?! Comment voulais-tu que ce soit PIRE ? »

Il était extrêmement difficile pour le Vicomte de se calmer avec les propos que tenait la jeune femme. Elle prit alors la voie du plaidoyer qui supposait les conséquences d'un autre acte. Mais de toute façon, il était trop tard, tenter de se défendre par hypothèse ne marchait pas beaucoup avec Adrien. Il y avait surement eu un moyen de régler cette affaire, mais maintenant qui pouvait faire quoique ce soit ? La jeune Joan devait sans douter croupir dans un cachot trop humide et noir. Seule et abandonnée à quoi bon pouvait-elle penser ? Mais lorsqu' Europe le dépeignit comme naïf, ses yeux virent fixer ceux de la jeune prêtresse. Elle allait trop loin... Ou alors, elle avait peut-être raison...

« - Peut-être oui... Peut-être que j'ai eu tort de te faire confiance. »

Sa voix était encore rude mais plus calme, toutefois son regard lui transportait toute la fureur de la pire des tempêtes, du plus fougueux des ouragans... Et lorsqu'Europe lui demanda pourquoi il l'embêtait, ce fut à son tour d'être surpris. Oublier ?! Comment pouvait-il oublier Joan ? Comment pouvait-elle s'imaginer qu'il pouvait oublier quelqu'un dans un cachot, quelqu'un qu'il connaissait, quelqu'un qu'il appréciait.

« - Pourquoi je t'embête ? Pourquoi JE T'EMBÊTES ?.... »

Adrien prit une inspiration et reprit, plus posément :

« - Parce que je pensais être ton ami Europe. Je voulais comprendre... Mais je ne sais pas ce qui t'arrive, je ne sais pas pourquoi tu es comme ça... Mais... Bon Sang ! Comment peux-tu penser que je puisse oublier ce qui est arrivé et laisser Joan à son sort, là où elle est ? Vous faites tous partie de ma famille. Ma femme, mes enfants, Joan, toi... Je ne peux pas laisser quelqu'un sur le carreau. Bon dieu, mais même s'il fallait que j'aille au fin fond de l'Enfer pour chercher n'importe laquelle d'entre vous, je le ferai ! Depuis le temps que nous nous connaissions, je pensais que tu l'avais compris... »

C'était vrai. Il se serait damné pour n'importe laquelle de ses soeurs. Chacune d'elles était une personne importante à ses yeux, autant que sa femme, autant que ses enfants. Il les aimait, bien sur pas comme il aimait sa femme et ses enfants, mais avec la même intensité. Avec ses dernières phrases, Adrien avait baissé les yeux s'était retourné vers la fenêtre, scrutant à nouveau les profondeurs de la nuit.
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MessageSujet: Re: Face à face    Face à face  Icon_minitimeJeu 12 Nov 2009 - 2:08

Si la colère du Vicomte avait été très impressionnante la première fois, Gabrielle doutait fort qu’une si authentique et, à ses yeux, saine émotion ne se tarisse aussi brusquement qu’elle était venue. Et effectivement, c’est avec un prodigieux agacement non dissimulé qu’Adrien entendit ses paroles et entreprit de lui répondre, la voix vibrante de sentiments violents qu’il avait manifestement peine à contenir. La Sorcière comprenait cet état d’esprit, cet énervement, cette frustration de voir que, alors qu’il avait espéré de tout son cœur un discours rationnel dans lequel Europe lui exposerait des arguments cohérents et compréhensibles, il n’avait droit qu’à des aveux fuyants, des ébauches d’explications, des sous-entends, bref, rien qui ressemblât de près ou de loin à ce dont il s’attendait.

De ce point de vue là, la colère légitime d’Adrien n’était plus vraiment étonnante. Si il avait effectivement retenu ses affects pendant toutes ces années, il ne semblait plus très surprenant que ceux-ci jaillissent dans un déferlement violent et sans compromis. Ce qui l’était beaucoup plus en revanche, c’était le fait que le Vicomte aie pu réussir pendant si longtemps à garder ses transports un peu trop violents bien en sécurité à l’intérieur de lui. Avait-il eu peur de s’extérioriser, pour X raisons ? Et avait-ce un lien avec son altruisme et sa gentillesse omniprésente?
Ou peut-être n’était-il tout simplement, comme eux, qu’un être humain, et qu’à force elle avait eu tendance à l’oublier. Peut-être juste un être humain, le genre de ceux qui se donnent une image d’individu fort, mais qui se sentent perdus si on ne leur tient pas la main sur un chemin déjà tout tracé…

Gabrielle hésitait. Elle éprouvant une sensation mitigée. Les paroles d’Adrien, suintantes de réconfort et de gentillesse, ne venaient que lui confirmer avec plus de force encore ce qu’elle avait pressenti: il était naïf, cette générosité naturelle finirait par le perdre. Il n’y avait que les esprits faibles qui pouvaient ainsi donner sans compter et sans rien attendre en retour, et ceux-là finissaient invariablement par se faire avoir, car ils n’avaient rien compris à la vie… Mais cette lueur… cette lueur de détermination inébranlable qu’elle avait vu dans les yeux d’Adrien, brillant au centre d’un ouragan de colère, elle ne pouvait l’ignorer et au contraire, la respectait profondément… elle aimait les gens qui avaient des convictions. Les gens résolus et loyaux. Comme lui.
C’est pourquoi aujourd’hui, elle tenterait de le sauver, plutôt que de lui faire du mal.


"C’est ce que je viens de dire! Tu es trop gentil. Tu donnerais ta vie pour des personnes qui ne te rendraient même pas le dixième de la pareille. Un jour, tu finiras par te faire avoir. Des gens abuseront de ta gentillesse, de ta crédulité, et tu n’en souffriras qu’encore plus…" Elle marqua une pause de quelques secondes, choisissant soigneusement ses mots, tentant de donner à ses paroles un effet atténuant. "Ecoute… si cela peut te rassurer, je regrette vraiment que les choses se soient passées ainsi. Si j’avais pu l’éviter en limitant la casse, je l’aurais fait. Mais c’est facile de critiquer quant on est que spectateur… je ne suis pas persuadée que tu aurais pu résoudre le problème avec succès; et alors tu n’aurais pas apprécié qu’on vienne t’en blâmer."

Au fond d’elle-même, Europe assistait à la scène, ne sachant plus non plus que penser. Elle était émue. Emue qu’Adrien, malgré sa colère soudaine et surprenante, se montre finalement fidèle à lui-même. C’était pour ça qu’elle l’appréciait autant. Il était tant à l’écoute des autres, il l’avait sauvé plus d’une fois… Il lui avait tendu la main, au moment où elle en avait le plus besoin; et cela avait suffi à la rendre profondément heureuse… Alors maintenant, c’était à elle de prendre ces initiatives.
A elle de l’aider. De l’éloigner de tous ces conflits et cette violence, pour qu’il puisse vivre en paix et avoir enfin le bonheur qu’il méritait tant… Pour cela, elle devrait sans doute choir dans son estime, se montrer cruelle envers lui. Méchante. Inhumaine. Pour qu’il soit si dégoûté d’elle qu’il ne l’approche plus jamais. Rien qu’à l’idée de le perdre de cette manière, elle en avait les larmes aux yeux. Mais ça irait. Elle serait seule, mais tant pis. Cette fois-ci, c’était à son tour d’être heureux. Elle ne voulait pas que les gens profondément bons comme lui souffrent, ou qu’ils soient bléssés… en étant sans cesse harcelés, parasités par les gens comme elle. C’est pourquoi dès maintenant, elle n’interférerait plus dans sa vie.
Le seul moyen qu’il mène son existence en paix était de le mettre à l’écart. Europe s’y était résolue, peut importe les moyens. Cela ne la gênait pas si il ne la comprenait pas. Ce serait encore mieux si il la détestait. Au moins, elle aurait atteint son objectif.

A ce moment là, et sans qu’elle comprenne vraiment pourquoi, Gabrielle lui laissa les commandes. Sans doute car elle se disait que les moyens d’Europe, finalement, allaient servir sa propre finalité. La Prêtresse d’Olrun put enfin bouger, sentir et voir selon sa propre volonté. Un air doux se peignit sur son visage, et elle regarda le Vicomte comme pour la première fois.


"Ecoute, Adrien, je comprends ton trouble… Je sais que ce n’est pas ce que tu voulais entendre… Je suis désolée." Sa voix se raffermit, son regard se fit plus dur; elle prit une grande inspiration et se prépara à prononcer les paroles les plus difficiles de sa vie. "Mais ça suffit, maintenant. Tu as beau me considérer comme un membre de ta famille, tu n’es ni mon père, ni mon frère, ni mon tuteur. Je suis bien assez grande pour faire ce que je veux et je n’ai pas de compte à te rendre! Tu crois que parce que tu m’as consolée une fois, je vais me précipiter pour pleurer dans tes bras chaque fois que quelque chose ne va pas? Hé bien ce n’est pas le cas! Je n’ai plus besoin de toi, tu entends? A partir de maintenant, laisse-moi tranquille! Reste à l’écart de tout ça et ne te mêle pas de mes affaires. Je ne veux plus te voir… ne viens plus me voir. Et conseil d’amie, ne t’occupe pas non plus des affaires des autres.

Sur ces mots, Europe se recula et se prépara à quitter la pièce, espérant que ses paroles avaient été suffisamment blessantes pour mettre fin à la discussion.

[Edit HRP: Non t'excuse pas! enfin moi j'ai rien remarqué lol xD Il n'était pas nul^^]
[Suivant = L'heure tant attendue]


Dernière édition par Europe le Sam 21 Nov 2009 - 18:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Face à face    Face à face  Icon_minitimeSam 21 Nov 2009 - 0:45

Si Adrien s’était emporté d’une manière très unique et surtout exceptionnelle, il n’en avait pas été moins franc et cet élan de sentimentalité, car, on devait bien l’admettre, libérer sa colère était un sentiment tout à fait humain, l’avait laissé étonnamment vulnérable, comme un nouveau né. Plus fragile encore moralement, il était décidément un peu perdu sur la conduite à tenir. A la fois confus et certain de ses raisons, il n’en revenait toujours pas d’avoir haussé le ton de cette manière. Si sa femme avait été présente, elle l’aurait surement compris mais il doutait qu’elle l’eut reconnu, mais qui l’aurait pu ? A vrai dire, cela n’était pas plus mal, il regrettait que cela ait eu lieu en la présence d’Europe, une femme qu’il estimait et qu’il appréciait beaucoup, mais actuellement, il se sentait comme soulagé, comme s’il venait d’évacuer des quantités de sentiments refoulés depuis des semaines, des responsabilités pesantes et surtout une détresse incalculable. Depuis la disparition de sa fille, le Vicomte n’avait pas vraiment pu s’afficher comme un homme abattu et ses responsabilités le forçaient à la retenue et à montrer une certaine indifférence. Il en avait bien sûr parlé à sa femme, dans l’intimité de leurs appartements, mais il était extrêmement difficile pour lui de se laisser aller.

Et, en cet instant, ou plutôt, il y a quelques instants, il n’avait pas pu s’en empêcher. Comme le flot invincible d’un gigantesque raz-de-marée, rien d’humain n’avait pu entraver le déversement inexorable des sentiments refoulés d’Adrien vers la sortie. Ses paroles s’étaient avérées gorgées d’une haine teintée d’amertume et d’impuissance, car oui, il était impuissant en ce moment. Impuissant pour sa fille Alexandrine, impuissant pour Joan… Etait-il seulement capable de faire une seule chose ici-bas ? N’était-il finalement bon que pour s’occuper de dossiers et de paperasse ? Pouvait-il seulement venir en aide aux personnes qu’il aimait ? Il commençait sérieusement à en douter et autant dire que ce n’était peut-être pas le moment pour lui…

Les paroles d’Europe résonnèrent dans le bureau plongé dans l’obscurité. Peut-être avait-elle finalement raison, mais comment pouvait-on être « trop gentil » ? La bonté était tellement rare en ce monde. Comment pouvait-on refuser d’être gentil pour ne céder qu’à la méchanceté qui habitait naturellement le cœur de tous les hommes ? Il ne pensait bien sur pas à la crédulité, car il était loin d’être crédule, mais comment ne pas vouloir aider les autres pour un humaniste comme lui ? Comment laisser une pauvre âme se faire embarquer dans l’hérésie d’un culte complètement sectariste et dépassé depuis le jour même de sa création ? Non… Au contraire, les gens comme lui auraient du être plus nombreux, mais dans sa propre utopie, tout le monde se complait. L’espace d’un instant, il se remémora la proposition d’Alicia… Cette manière qu’elle avait eu de lui faire comprendre son erreur. Peut-être avait-il eu tort finalement. Après tout, il n’était pas exempt d’erreur, comme tout être humain.


« - Tu as raison. Je suis désolé, je ne sais pas ce qu’il m’a prit. Je pense que le manque de sommeil et tous ces évènements y sont pour beaucoup, mais je n’ai pas à t’accabler… »

Il regardait Europe d’un air désolé, peut-être un peu perdu, mais on pouvait aisément le comprendre. Il avait en face de lui une des personnes qu’il appréciait peut-être le plus et il l’avait plus ou moins agressé pour une raison qui n’avait peut-être rien de valable. Il était vrai qu’il aurait du se mettre plus souvent à sa place pour comprendre qu’il n’y avait peut-être pas d’autre échappatoire possible. La pauvre Joan n’avait pas eu vraiment de choix, mais, à bien y réfléchir, il y avait peut-être encore un moyen de l’aider à s’en sortir, même s’il n’en était pas vraiment sur, il fallait qu’il y réfléchisse. Toutefois, il ne s’attendait pas à ce que la « discussion » prenne un tournant comme elle allait le prendre dans les secondes qui suivirent. Il écouta Europe avec attention, et au fur et à mesure, avec un degré d’effarement augmentant avec le nombre de mots qui venaient percuter son esprit vulnérable et au combien affaibli. Difficile de dire véritablement ce qu’il éprouvait à ce moment-là, mais ces paroles l’avaient blessé au plus haut point, si elle avait voulu le blesser intentionnellement, elle n’aurait pas pu mieux choisir ses mots. Mais alors qu’elle s’en allait, il rajouta, le regard posé sur elle, ou plutôt son dos à présent.

« - Si tu penses vraiment ce que tu dis, alors soit, je respecterais ta volonté. Toutefois, je me permettrai un conseil, en tant que quelqu’un qui pensait être ton ami. Tu ferais mieux de savoir si son amour est plus important que sa carrière, car je doute que tu puisses lui mentir éternellement. Sinon soit heureuse, c’est tout ce que je peux te souhaiter. »

Il marqua une brève pause alors qu’elle s’engouffrait dans le couloir. Il rajouta suffisamment fort pour qu’elle l’entende :

« - Adieu Europe. »

Ses paroles avaient été prononcées sur un ton presque neutre, mais Adrien était sincèrement ébranlé, et même si ses paroles avaient été sincères, prononcer cet adieu n’avait pas été facile. Le regard à présent tourné vers l’obscurité, il se demandait si en cette heure, Olrun ne venait pas simplement de tomber définitivement dans l’obscurité.

-FIN-
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