The Witch Slay
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 La Libération

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Alicia Loewenstein
Meneuse
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Alicia Loewenstein


La Libération Vide
MessageSujet: La Libération   La Libération Icon_minitimeVen 6 Nov 2009 - 23:15

Le garde de la collégiale restait immobile dans la douceur d’un été dont la seule indication d’avancement était la date. Le soleil n’avait pas percé une seule fois les nébuleuses mystiques de Forbach où les fantômes sévissaient, encore et toujours. Parfois il semblait à Alicia qu’elle refaisait ses mauvais rêves, avec sa sœur et la meurtrière. Mais comme par enchantement elle parvenait à se réveiller sans douleur. Mina se trouvait à chaque fois, comme depuis quelques temps déjà, près de son lit à veiller sur son sommeil et à scander des paroles dans un langage hébraïque qu’Alicia ne comprenait pas, mais qui la rassurait. Elle se trouvait finalement bien épargnée face aux autres cas dont elle avait pu entendre parler ayant préféré se crever les yeux plutôt que de lire les messages de cendres dans la cheminée, couper la langue de leur conjoint pour qu’il arrête de proférer des jugements avec la voix d’une ancienne victime, se poignarder pour arrêter de sentir la présence d’un ancien ami trahi.

Le garde de la collégiale se tenait droit comme une statue de pierre veillant sur ses petites sœurs carrées, scrutant l’écran uniformément gris qui se dressait face à lui sur ce qu’il aurait pu nommer l’infini. Il avait l’habitude de passer ainsi son tour de garde sans mot dire ni paupière fermer, et ce durant toute la fin de soirée. Il veillait donc à ce que l’atmosphère s’assombrisse paisiblement, sans que la moindre présence ne vienne perturber le silence fixe qui caractérisait du bon travail. Le gaillard aurait pu avoir peur des esprits errants, et il était vrai qu’il entendait parfois des souffles inquiétants, mais il craignait avant tout la colère de son supérieur, Institoris. Aussi se contentait-il de rester fixe à l’affut du moindre bruit. Tiens là ! Un bruit… Un craquement… Il l’avait distinctement entendu il en était certain ! Pas un mouvement cependant. Il ne devait pas se déplacer. Aussi ne bougea-t-il pas, serrant plus fort la crosse de son pistolet et plissant les yeux.

Le garde de la collégiale se raidit. Il lui semblait voir apparaître une silhouette s’agrandissant dans la brume noircie du couvert nocturne. Sa pauvre torche n’éclairait malheureusement que lui dans cet épais brouillard. Il se risqua à demander d’une voix affirmée s’il y avait quelqu’un, et ajouta que si cette conjoncture était bonne, il fallait que cette personne passe son chemin au risque de se voir plomber le crâne. La forme cessa de grandir. Elle n’était qu’à quelques mètres de lui mais il ne distinguait toujours aucun détail. Le silence avait pris place dans cet univers trop obscur pour être rassurant et encore juste assez clair pour faire ressortir cette tâche ogivale menaçante. L’inquisiteur entendait son propre souffle, son propre cœur. Sa lèvre inférieure se mit à trembler compulsivement. Quoi de plus effrayant que l’inconnu… Il réitéra quelques menaces dont l’écho semblait être digéré par les brumes laiteuses. L’homme visa la forme avec son arme prête à l’emploi. Un murmure résonnant fut prononcé par l’ombre.

C’est alors que le gardien perçut furtivement à la lueur de sa torche un très léger déplacement des vapeurs en sa direction, comme si un objet immatériel avait été lancé sur lui, entraînant avec lui, dans un bref bruit de courant d’air, quelques tentacules éthérés. Le colosse ne réagit pas immédiatement, pas tout à fait certain de ce qui venait de se passer. Il inspira très fortement en observant le ciel, puis s’écroula par terre dans un bâillement. Alicia s’approcha du corps inerte, emmitouflée dans une lourde cape de fourrure sombre, elle rabattit sa large capuche en arrière et se plia pour écouter la respiration du garde. Il ronflait. Parfait ! Elle avait quelques minutes devant elle… La Comtesse penchée sur le corps endormi saisit la torche des mains du cerbère ainsi que le trousseau de clefs à sa ceinture. Un sourire tranquille s’afficha sur ses lèvres, cette expression d’assurance qui la caractérisait tant. Après des mois de fatigue et de gestation, elle reprenait enfin ses affaires en mains !


La noble sorcière aux allures d’ombre glissante s’insinua dans l’alcôve glacée où se trouvait dans l’obscurité une table entourée de chaises. Nul plan ni carte ne traînait négligemment sur ladite table. Elle reconnaissait bien là le précautionneux Louis Institoris… Ce n’était de toute façon pas ce qu’elle venait chercher ici. Alicia ne traîna pas, elle savait que le temps lui était compté. Elle se dirigea vers une petite porte de bois massif dont un hublot était égratigné de barreaux de fer croisés. Alicia prit le temps de souffler. C’était bien là ! Elle avait eu peur que les rumeurs à droite et à gauche ne soient que des fabulations populaires. Beaucoup de bruits circulaient à propos de l’inquisition, il fallait savoir faire la part des choses. Après avoir essayé une ou deux clefs incompatibles, la dame parvint à ouvrir la lourde porte du cachot. Elle descendit à pas feutrés les marches menant au sous-sol. Là s’étalait face à elle deux rangées de quelques cellules, plus glauques à chaque pas qu’elle faisait éclairant les intérieurs plus en détails. Des corps recroquevillés, affaiblis, inconscients.

La Comtesse évita de justesse une flaque sombre s’étendant sur la terre battue. Elle n’était guère plus émue que ça. Elle savait mieux que quiconque que la souffrance était parfois un prix nécessaire. Et elle savait surtout qu’aucune des siennes n’était retenue ici pour le moment. Elle était venue pour une autre. Une de sa tribu adverse dont elle avait entendu parler par une servante de la prêtresse d’Olrun, Europe. Apparemment la prêtresse aurait fait emprisonner une des siennes grâce au soutien de Louis Institoris car celle-ci s’était mise entre elle et ce dernier. La pauvre jeune femme eut beau prétendre être possédée personne ne l’aurait écoutée. Alicia voulait en savoir davantage. De plus, l’attitude d’Europe était tout à fait répugnante à ses yeux. Du fait qu’elle s’était faite alliée du chef de l’Inquisition, elle se croyait reine du comté. Et elle n’avait pas entièrement tort ! Ce qui inquiétait la Comtesse pardessus tout… Elle avait cependant abandonné une des siennes comme une chienne malade qu’on jette au fleuve. Et ça, Alicia n’en supportait pas l’idée ! C’était tout bonnement inacceptable. Aussi la sorcière du Lys avait une idée derrière la tête…

Elle arriva en quelques enjambées à une cellule au fond des cachots. Elle ralentit la cadence.
Alicia s’approcha de la jeune femme et s’accroupit pour être à sa hauteur. Elle l’observa avec un étrange sentiment de pitié. Un sentiment profond, comme un instinct maternel qui ne se réveille qu’en celles qui ont donné la vie.


« Joan… Mademoiselle Witham ? Alicia marqua une pause, vérifiant que l’attention de la jeune femme était portée sur elle. Je suis Alicia de Sarrebourg, Comtesse de Forbach et Meneuse du Lys Noir. Je ne suis pas venue pour vous affronter d’une quelconque manière, rassurez-vous je suis bien moins inhumaine que ce qu’on put vous dire vos sœurs. Nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous. Je suis ici pour vous aider, car j’ai bien peur que vous ne receviez aucun autre appui en ce comté… Alicia respira amplement avant de reprendre. Pour commencer, je voudrais savoir votre version des faits Joan. Que s’est-il réellement passé pour que vous vous retrouviez ici ? »
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Joan Witham
Mort(e)
Mort(e)



La Libération Vide
MessageSujet: Re: La Libération   La Libération Icon_minitimeDim 8 Nov 2009 - 4:59

Les échos peu enchanteurs répercutés par les glacials murs de pierres étaient bien propres à la prison. Peu de gens pouvaient de vanter (si il s'agit bien du mot à employer) d'avoir passé entre ses murs pour en sortir sans aucune séquelle. Forbach était un comté aux horizons tristes et mornes, même quand le soleil daignait faire l'honneur de montrer un ou deux de ses rayons. Autrement, les visages étaient pâles, les couleurs disparaissaient derrière un voile gris, et nulle belle émotion ne pouvait raviver le rose des joues. Mais dans la prison, c'était bien pire. Dans la prison, il n'y avait même aucun espoir de voir apparaître une lueur de consolation, aucun chant d'oiseau ne parvenait jusque dans ses murs épais. La seule lumière était celle de la torche du gardien, ce qui paraissait pas forcément de bonne augure et ne donnait aucunement une bribe d'espérance. Les seuls chants étaient ceux, non sans douleur, des pauvres âmes torturées non loin du cachot. Ajoutés aux murmures incessants et incohérents des prisonniers ayant perdu la tête à force de ne voir que les quatre murs de leur cellule. Leur écho était devenu leur unique conversation. Ainsi, même si l'on y avait jamais mis les pieds, en se réveillant en ces lieux, on savait déjà où on se trouvait.

Joan Witham avait repris connaissance dans cet environnement hostile. Et elle n'avait pas eut besoin de se demander, recroquevillée dans un coin, telle une biche blessée, que se passait-il donc et où était-elle? Elle n'avait rien oublié des derniers événements. Gabrielle avait quitté son corps, mais pas avant qu'elle d'avoir tenté de mettre fin aux jours de Louis Institoris. Europe avait crié au meurtre. Joan n'avait donc pas besoin de se demander où elle se trouvait, d'autant qu'en ouvrant les yeux, la première chose qu'elle avait vu était un affreux rat pestiféré en train de manger on ne sait quoi sur le sol crasseux à l'aspect se rapprochant plus de la terre que de la pierre. Elle n'avait pourtant poussé aucun cri en apercevant le rongeur à quelques centimètres de son visage. Son cri était resté coincé dans sa gorge et elle s'était reculée à la hâte ne stoppant son élan que lorsqu'elle atteignit le mur du fond de sa cellule, qui se trouvant à une distance trop courte de la porte elle-même. Aucune fenêtre, la seule était sur la porte verrouillée. Elle était suffisament grande pour laisser paraître les yeux du geôlier lorsqu'il passait. Autrement, elle était fermée. Un bol d'eau à l'aspect salubre bien peu convaincant l'attendait tout près de la porte, ainsi qu'un morceau de pain rassi qui aurait laissé un oiseau sur sa faim et qui aurait dégoûté même le plus pauvre des pauvres.

Joan ne pleura pas. Elle ne détesta personne du fond de sa cellule, ni Gabrielle de Mortelune, ni Europe Éléanora-Sun, ni même Louis Instiroris. Elle ne savait tout simplement pas quoi penser de sa situation. Avec Gabrielle dans sa tête, Joan avait évidemment été prisonnière dans sa propre tête, bien avant d'être prisonnière entre quatre murs, mais elle avait pu voir une nouvelle perspective de Forbach. Alors depuis ces dernières semaines, Joan n'avait fait que penser et compter les journées en se demandant tout de même quand on viendrait la voir pour lui faire avouer ses crimes... Oui, la perspective de souffrir faisait peur, il n'en faisait aucun doute. Et la mort étant sa seule porte de sortir, alors il en serait ainsi. Dans le silence de son esprit, Joan avait demandé comme unique rédemption aux éléments, que son corps physique ne ressente aucune douleur, même si elle doutait de la réalisation de cette prière.

Ce jour-là, Joan dessinait dans le sable et la terre qui jonchaient le sol avec une brindille qu'elle avait trouvé dans un coin. Elle avait fait fi tout ce temps du gardien et ses remarques désobligeantes et vulgaires. Elle espérait même mourir avant qu'il n'ait l'idée d'entrer un soir dans sa cellule pour mettre ses paroles en pratique. Mais il y avait dans cet endroit pour écourter ses jours. Joan ne pensait pas à cette issue avec la mort dans l'âme et des idées noires dans l'esprit, ell semblait même plutôt sereine dans son attente qu'il se passe quelque chose. La peur a parfois de drôles de manières de montrer son visage.

Alors qu'elle était concentrée sur ses dessins bien innocents, mais qui remplissaient son esprit, la porte de son cachot s'ouvrit. Et ce ne fut pas le visage auquel elle s'attendait qui apparut dans son embrasure. À la place du visage bourru et grotesque du gardien, Joan vit apparaître les traits nobles et réguliers de la comtesse de Sarrebourg. La rouquine se serait attendu à voir une consoeur du clan d'Olrun bien avant elle. Mais il semblait bien que personne ne croyait en son innocence et la seule personne qui pouvait la discriminer était maintenant contrôlée par l'esprit de la lune morte, et celle-ci avait autre chose à penser que le pauvre petite Joan en prison.

La meneuse du Lys Noir s'avança vers Joan qui resta accroupit l'air perplexe. Lui parlant avec ce même ton maternaliste que Europe avait utilisé ces derniers temps. Mais ce qu'elle avait à dire était bien plus intéressant. La seule visite qu'elle recevait était de la part de la meneuse du Lys elle-même et elle lui offrait de l'aide, et encore plus que personne n'avait voulu entendre : ses explications.


«Il n'y a pas à dire, comtesse, je suis surprise de votre visite. Je ne vous mentirai pas, mes soeurs, ou en celles que je croyais être mes soeurs, ont dressé de vous un portrait peu flatteur. Ainsi pardonnez-moi de sembler surprise de même vous voir vous accroupir à mon niveau, dans cette prison crasseuse, alors que vous pourriez être dans votre somptueuse demeure.»

La comtesse lui avait bien dit de faire vite, et comme Joan craignait que cela pouvait bien être sa seule chance de survie, alors, elle enchaîna.

«Mais puisque vous êtes la seule personne à vouloir avoir ma version des faits, je veux bien vous parler.»

Ainsi, Joan brossa un portrait rapide des derniers mois : Gabrielle de Mortelune qui l'avait possédée, ses plans pour éliminer Louis Institoris, et Europe, l'amoureuse, maintenant sous l'emprise de l'esprit vengeur.

«En passant, votre défunte consoeur a été heureuse de constater votre maternité. Si elle n'avait pas été en quête de vengeance, je crois qu'elle vous aurait félicité.»

Oui, même Joan fut surprise de constater son ironie dans ses conditions. Il y avait si longtemps qu'elle avait parlé à quelqu'un...
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Alicia Loewenstein
Meneuse
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Alicia Loewenstein


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MessageSujet: Re: La Libération   La Libération Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 0:16

La jeune femme ne semblait pas trop mal-en-point. Alicia savait, pour en avoir déjà parlé à quelques inquisiteurs, que si l’accusée n’était pas encore amochée alors c’est qu’il y avait deux possibilités pour son avenir. La première était de la laisser croupir pendant des semaines afin de l’affaiblir suffisamment pou rendre ses paroles plus « limpides » - autrement dit, l’inciter fortement à fait concorder sa vérité à la leur-. La seconde était de la laisser là, au fond de son cachot jusqu’à ce que son nom apparaisse sur la liste des exécutions en place publique, auquel cas personne n’en avait rien à faire de sa vérité. Cette dernière possibilité était tristement fort probable. Le cachot était froid et humide. On pouvait entendre des plaintes, des clapotis inquiétants et des rongements frissonnants. L’apprentie n’avait aucune chance de s’en sortir seule. Alicia observa en ses yeux un éclat étrange, une lueur qui lui semblait effroyablement familière… Mais ce n’était pas le moment de s’intéresser à ça, le temps pressait !

Joan parla sans grande difficulté. La petite avait de la ressource et du moral à l’évidence ! Alicia en fut surprise et rassurée. Nombre de détenues ne devait pas rester longtemps connecté à la réalité entre ces murs avec pour seules visites des hommes aux desseins répugnants. Elle écouta la jeune femme. Elle ne fut ni étonnée, ni vexée que ses consœurs de la tribu d’Olrun l’aient totalement dépréciée aux yeux des nouvelles sorcières. Alicia avait depuis longtemps sa conscience pour elle ! Et en attendant ce n’était aucun d’entre eux qui avaient pris la peine de venir libérer cette innocente. La tribu d’Olrun et son éternel dynamique active ! Joan récita ses mésaventures des derniers mois. Alicia essaya d’écouter attentivement mais la plus grande partie de sa conscience s’était arrêtée dès les premières paroles de la rouquine. Lorsque cette dernière eut fini sa narration les yeux de la Comtesse se chargèrent discrètement de larmes qu’elle n’espérait pas trop visibles à la lumière de sa torche.

Cet éclat ! Cette lueur terrible qu’elle avait aperçue dans les yeux de Joan en entrant dans la cellule, c’était celle qu’elle avait vue dans les yeux de sa consœur et amie Gabrielle lors de son immolation à la Messe de Cendres. C’était la terne et finale lumière du condamné à mort. Alicia respira calmement pour ne pas succomber à l’émotion face aux paroles de Joan à propos de Gabrielle qui lui en avait fait voir de toutes les couleurs apparemment. Elles étaient pressées par le temps. Le gardien ne tarderait pas à se réveiller et Alicia n’avait pas véritablement prévu de plan de secours… Elle n’interrompit donc pas Joan, la laissant terminer en passant par l’amourette entre Europe et Louis – qui expliquait bien des choses vis-à-vis de leur comportement lors des dernières réunions mondaines – et en allant jusqu’à la tentative de meurtre et la translation de l’esprit enragé de Gabrielle en la Prêtresse d’Olrun.

Alicia pensa rapidement à l’effet que cela produirait : si Europe nourrissait déjà une passion pour Louis, d’une part il serait plus aisé pour Gabrielle de s’approcher physiquement de lui, mais d’autre part cette passion amoureuse pourrait être facilement réorientée par la possession vers une passion destructrice. Ce qui permettrait à Gabrielle d’avoir plus rapidement de l’ampleur sur la direction psychique d’Europe et donc de mener à bien son plan. La Meneuse pensa qu’il ne serait guère étonnant d’apprendre d’ici très peu qu’Europe Eléanora-Sun allait être condamnée pour le meurtre de Louis Institoris. Somme toute : une pierre, deux coups. Il n’y avait plus qu’à attendre. Alicia se reconcentra sur Joan qui termina par une allusion à Gabrielle des plus touchantes. La Comtesse sourit avant d’entreprendre une réponse.


« Joan, avant toute chose, je tiens à vous dire que Gabrielle fut une amie très chère et que son esprit revenant qui vous a possédé n’était pas entièrement représentatif de ce qu’elle était de son vivant. Les esprits revenants libérés dans notre monde ne sont concentrés que sur un et un seul objectif. Ils ne peuvent éprouver qu’une pincée de sentiments guidant leurs raisonnements leur permettant d’accéder à ce but ultime qui les libèrera définitivement. La facette que vous avez aperçue de Gabrielle était cruelle et vengeresse comme elle savait l’être, certes, mais croyez-moi, elle était bien plus que cela… Alicia s’était sentie obligée de préserver au mieux la mémoire de sa défunte sœur du Lys en justifiant ce que Joan savait sûrement déjà... Son visage resta grave mais moins compatissant, plus dur. Comme vous l’avez compris Gabrielle, ou plutôt son résidu vengeur, contrôle la passion d’Europe envers Louis. Elle utilise une base préexistante. Aussi vous ne pouvez en aucun cas espérer de soutien du peuple ou de l’inquisition qui vous croit meurtrière. Pas non plus de la part de la tribu d’Olrun, Europe est une prêtresse influente qui a déjà répandu sa propre vérité. Tous sont trop tourmentés par leurs propres démons. Adrien d’Hasbauer est en pleine recherche de sa fille et n’a de tête que pour ça. Même la Grande Prêtresse de la tribu d’Olrun s’est depuis bien longtemps enfermée chez elle en vous laissant tous languir dangereusement… Alicia avait ponctué son discours d’une sorte de schéma qu’elle avait dessiné inconsciemment (ou non) dans la terre devant Joan : pour chaque groupe cité, le peuple, l’inquisition et la tribu d’Olrun, elle avait gravé un trait, formant à la fin un carré dont il manquait un côté. La Comtesse refixa son regard dans les yeux de Joan, intensément. Joan, je veux te faire sortir d’ici. Je vais le faire. Mais ta tête serait mise à prix et sans mettre en cause tes capacités, je doute de ta longévité sans protection. C’est pourquoi je te propose d’intégrer les rangs du Lys Noir. Ca peut te paraître étrange, peut-être que ça éveille en toi de lourds soupçons mais réfléchis y bien et vite. Il en va de ta vie. »

Alicia restait fixement accroupie en attendant calmement la réponse de l’apprentie. Elle avait fini par tracer un dernier trait ne fermant pas le carré mais l’ouvrant comme une porte. Sa proposition était faite, mais elle n’avait pas tout à fait terminé…
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Joan Witham
Mort(e)
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MessageSujet: Re: La Libération   La Libération Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 3:26

Gabrielle n'était pas si méchante. Bien sûr, Joan le savait bien. Quitter ce monde dans d'aussi atroces souffrances pouvait sans aucun doute laisser une trace profonde dans l'âme de quelqu'un, trace que le trépas lui-même ne peut effacer. Évidemment, Joan pouvait se vanter, après avoir été possédée tout ce temps, de connaître Gabrielle différement. Elle aurait aimé l'avoir connue de son vivant. Sans doute aurait-elle fait partie des femmes qui auraient bénéficié de l'admiration secrete de la rouquine, de par son aisance en société et sa répartie vive. Mais la flambloyante Gabrielle de Mortelune était bien trépassée, et disons que la mort lui donnait un visage beaucoup sympathique. C'était une femme qui n'avait pas fini de vivre. Probable que la vie avait semblé un jeu pour elle, alors il était logique qu'elle réagisse comme un enfant qu'on prive de sa récréation. Tout cela était difficile à expliquer, mais Joan avait appris à connaître Gabrielle, et maintenant, elle la reconnaîtrait dans n'importe quel corps où elle se trouverait.

Non la comtesse n'était pas une femme froide et sans émotions. Peut-être menait-elle son clan d'une forte poigne, mais ce que Joan vit dans ses quand elle mentionna le nom de Gabrielle de Mortelune fut bien du regret et de la tristesse. Il semblait que Alicia de Sarrebourg était ce genre de personne loyale qui, lorsqu'elle aimait d'amour ou d'amitié, aimait sans bornes. Son enfant avait sans doute de la chance de l'avoir trouvée comme mère. Une femme loyale et aimante oui, mais aussi ambitieuse. Il ne pouvait en être autrement lorsque l'on se retrouvait à la tête d'un clan de sorcières puissantes. Elle était une personne calculatrice. Il fut aisé pour Joan de le voir alors qu'elle traçais un carré quasi parfait dans la terre pour illustrer son propos. Propos fort intéressant, il faut le dire. En effet, il s'offrait à la jeune apprentie d'Olrun une porte de sortie qui n'était pas celle donnant sur le bucher. Alicia la meneuse du Lys Noire offrait à Joan la modeste apprenti du clan rival, la liberté, ni plus ni moins. La meneuse avait bien mis en évidence le fait qu'il s'agissait là de la seule solution possible. Oui, le peuple n'attendait qu'un bicher de plus. Oui, les inquisiteurs étaient toujours enclin à en allumer un, d'autant que la prisonnière était accusée d'avoir attenté à la vie de leur chef. Et non, aucune sorcière d'Olrun n'était venue la voir, du fait qu'ils avaient sans doutes tous cru à la version d'Europe. Mais tout de même, elle se serait quand même attendu à ce que quelqu'un vienne entendre ce qu'elle avait à dire. Même les D'Hasbauer n'avaient pas fait mine de se montrer, alors qu'elle avait été la gouvernante de leurs enfants. Ça Joan l'avait saisi toute seule, et Alicia remettait à jour cette perspective.

Mais tout de même, cette offre généreuse était bien étrange. Le Lys aurait dû être heureux de cette bisbille au sein du clan d'Olrun. Si personne n'agissait, il y aurait bientôt deux sorcières de moins arborant les couleurs du clan ennemi. D'autant que Louis Institoris lui-même ne serait plus de ce monde. Mais Joan n'avait pas envie de mourir maintenant. Elle qui avait semblé manquer de couleur et de vivacité dans les derniers mois avait à nouveau envie de connaître le bonheur elle-aussi. Et sa rencontre avec Nicholas de Saintcroix n'était pas étranger à ce nouveau sentiment. Il était du Lys lui-aussi... Malgré le fait que Gabrielle l'en avait éloignée à cause de ses desseins, elle n'avait pas cesser de de penser à lui. Ce changement de cap pourrait peut-être les rapprocher.


«Vous voulez me faire sortir d'ici. Ma première réaction serait évidemment l'affirmative. Je ne veux pas mourir. Même je semble être prête pour cette éventualité, je ne veux pas mourir. Mais ma curiosité vous demande pourquoi vous prenez ce risque pour moi?»

Joan avait du mal à cacher son espoir revenu dans ses yeux. Cette proposition était une chance inespérée. Un moyen de recommencer à neuf, une vie qui lui plairait. Loin, elle l'espérait, des esprits vengeurs.

«Et comment pourriez-vous me protéger? En me cachant dans une cave? Disons que cela ne diffère pas beaucoup d'une prison.»
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Alicia Loewenstein
Meneuse
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Alicia Loewenstein


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MessageSujet: Re: La Libération   La Libération Icon_minitimeJeu 12 Nov 2009 - 1:28

La pauvre enfant semblait irradier à nouveau de vie, dans ses yeux comme dans sa voix. Mais elle se posait également des questions, chose naturelle mais qui demandait du temps, un temps qu’elles n’avaient pas vraiment. Le sortilège prendrait bientôt fin sur le gardien et la Comtesse n’avait pas prévu d’autre sortie que par la porte, c’était tout de même une grande dame ! La vérité est qu’elle n’espérait pas vraiment retrouver Joan dans cet état mais si blessée qu’elle accepterait la proposition d’Alicia sans plus de précisions. Mais il était légitime à Joan de vouloir décrypter les petites lettres en bas d’un contrat qui aurait pu être diabolique. Quelles étaient les intentions de la Meneuse ? Pourquoi un tel risque ? Les rumeurs sur le prix à payer pour un service d’Alicia ne sortaient pas tout à fait du néant, il fallait l’avouer ! Joan n’était pas dupe. Et sa détresse ne valait pas son âme à l’évidence… Au fond, Alicia y vit un bon trait de personnalité.

Car la vérité était qu’Alicia n’avait pas tout à fait prévu de retour sine qua non à cette libération. Non, pas tout à fait. Elle comptait libérer Joan pour la simple et bonne raison que sa situation était injuste et qu’Alicia s’était toujours battue pour que le monde réel corresponde au mieux à son monde idéal, dans les limites de son champ d’action. Cette action était avant tout pour sa morale. Car si beaucoup voulaient le faire oublier, la Comtesse avait une forte morale, parfois décalée peut-être… Mais certaines fins justifient les moyens. De plus cette opération ne se révélait théoriquement, et jusqu’ici même dans l’application, pas si complexe et risquée que ça. Alicia avait tâté le terrain : organisation de la surveillance de la collégiale, mesure de la longueur de la ronde du gardien, existence des cachots etc. Tout était depuis des nuits d’une régularité millimétrée. Elles auraient normalement le temps de sortir sans dommages…


« Si je prends ce risque… C’est parce que j’ai particulièrement été touchée par ce qui t’est arrivé et car j’abhorre l’injustice. Si je te libère c’est parce que tu es un être humain qui ne mérite pas ce qui lui était destiné. Au fond bien d’autres correspondaient à cette description, mais Alicia ne pouvait sauver tout le monde et c’était de Joan qu’elle avait entendu parler alors qu’elle était à nouveau libre d’agir. Si je te propose de rejoindre le Lys, c’est d’une part parce que je pense que si tu as été apprentie de la tribu d’Olrun, tu as probablement les capacités intellectuelles et spirituelles suffisantes pour être sorcière du Lys, et d’autre part parce que te donner ta liberté sans te donner refuge ou protection, cela reviendrait à te laisser ici. »

Joan posa cette question si judicieuse à laquelle Alicia n’avait pas de réponse absolue : d’une boîte en or comme en plomb, on ne voit pas la lumière.

« Joan, je t’avouerais que dans l’immédiat je ne t’offre pas toutes les libertés que tu avais dans ta vie d’autrefois. Je t’offre une vie sans visage au jour, une vie sans nom dans les rues, certes. Mais je t’offre une vie. Alicia soupira, elle-même affectée par ses mots. À présent, je te demande de me suivre, nous n’avons guère plus de temps. »

Alicia se releva avec fluidité tout en se penchant pour attraper la main de la petite sorcière. Il était temps qu’elles quittent cette antichambre de la Mort. Alicia passa devant après avoir consciencieusement refermé la porte du cachot à clef. Elle rabattit sa lourde capuche. La torche flamboyante de la Comtesse semblait rendre leur éclat aux cheveux rouges de Joan. Tout en marchant le long du couloir des cachots, Alicia se décida enfin à continuer :

« Joan, je n’ordonne rien en retour de ce service, je le fais pour ma conscience en majeure partie. Cependant… Alicia ne put retenir une hésitation. J’aurais à mon tour un service à te demander. La tribu d’Olrun est en pleine déchéance. Abigael ne fait que survivre pour elle, loin de tous, luttant contre sa propre conscience. Les prêtres sont tous hors-jeu, sans la moindre exception. La tribu meurt irrémédiablement. Mais c’était là son avenir tracé, c’était une tribu conservatrice dans une ère de Renaissance, elle ne pouvait survivre. Il y a malheureusement tout un savoir ancien qui risque d’être perdu alors que le Lys pourrait s’en servir pour avancer encore un peu. Joan… Alicia entrait la clef dans la porte des cachots donnant à la salle commune de la collégiale, elle se stoppa et regarda l’apprentie dans les yeux pour qu’elle sonde par elle-même les yeux de la Meneuse et qu’elle s’assure que ses mots étaient sincères et ses intentions honnêtes. Je voudrais que tu ailles chez Abigael, que tu me ramènes le Livre de Lumière, le Grimoire d’Olrun… »

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