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 La confiance, c’est précieux

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Europe
Fugitive
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Europe


La confiance, c’est précieux Vide
MessageSujet: La confiance, c’est précieux   La confiance, c’est précieux Icon_minitimeLun 1 Mar 2010 - 1:56

[Précédent = Un vieux brigand dans le monde raffiné]


De ternes rais de soleil tombaient du ciel anthracite, parvenant à peine à transpercer l’épaisseur des nues de ouate cendrée. Leur rayonnement glauque était la seule source de lumière qui filtrait dans le salon en cette après-midi de fin d’hiver. Une source bien peu suffisante donc, plongeant le grand salon du manoir de la famille Eléanora-Sun dans une pénombre morbide qui laissait dans le noir les recoins les moins reluisants de l’endroit, pourtant fort peu nombreux.

Europe était assise sur le divan, vêtue d’une robe en taffetas marron ornée de galons crème. De fines lunettes chaussées sur son nez mutin, elle lisait, ou plutôt tentait de lire, un manifeste rédigé en anglais qui traitait de la constitution renouvelée par Ferdinand en Bohême. Vraisemblablement, on tolérait de moins en moins les protestants et on admettait de moins en moins leurs tolérances; décemment, Europe ne pouvait prétendre que cette attitude ne lui rappelait pas quelque chose, ou plutôt quelqu’un… Lasse d’une société qui s’embourbait dans ses propres fautes et ne trouvait comme soin palliatif, que l’alternative de placer des incompétents aux postes dirigeants, elle ne pouvait pourtant se résoudre à cautionner un sentiment fin de siècle alors que l’on était encore qu’en 1629.

Plongée dans ses pensées, elle entendit à peine ses deux domestiques, Henrietta et Marie, qui faisaient irruption dans la pièce avec quelques murmures effarés.


"Mademoiselle Europe! Pourquoi n’avez-vous pas allumé le lustre? Vous allez vous abîmer les yeux…"

La concernée releva la tête, les prunelles effectivement usées; elle vit s’agiter les deux jeunes filles avec des briquets et des chandelles et, une minute plus tard, la lumière jaillit dans le salon, projetant des éclats vifs et jaunes sur sa feuille. La Grande Prêtresse jeta un coup d’œil à l’extérieur, par une des grandes fenêtres qui ornaient les murs de la pièce. Quel temps affreux dehors! Une véritable après-midi de mauvaise saison, nuageuse et menaçante de pluie. Les pelouses du jardin de devant, qu’elle apercevaient par la vitre, étaient encore humides de l’averse tombée la veille.
Après avoir salué, Marie et Henrietta repartirent vaquer à leurs occupations. Il régnait dans la demeure une effervescence peu commune, surtout depuis qu’Europe était tombée en dépression, au début de l’été précédent; et pour cause, la famille Eléanora-Sun se préparait à accueillir le lendemain un des plus importants clan noble de Forbach pour un dîner stratégique. Par conséquent, presque tous ses proches ainsi qu’une armée de domestiques étaient en train de fignoler les derniers détails dans l’aile ouest du bâtiment, lui laissant la complète jouissance du salon et du rez-de-chaussée. La Grande Prêtresse, qui avait oublié à quelle point une maison vivante et joyeuse était réconfortante, ne pouvait que s’en réjouir.

En réalité, elle attendait la venue de son amie Viviane Valdemar, Aguerrie d’Olrun, qui était sensée être imminente. Europe l’avait contactée quelques jours plus tôt, dans un courrier l’invitant fort poliment à prendre le thé chez elle, afin de s’entretenir d’affaire actuelles; elle pourrait même, précisait la dépêche, envoyer un fiacre à Mlle Valdemar si celle-ci le désirait. La Grande Prêtresse espérait que les disponibilités de sa consœur lui avaient permises de se libérer, ce qui n’était pas totalement acquis: après tout, cette jeune femme gérait seule le commerce de feu son père, avec brio il fallait dire.

Europe se leva du divan, prit le temps de se recoiffer devant un des grands miroirs de plein pied du salon et rangea son manifeste dans un tiroir du secrétaire qui contenait aussi foule d’autres choses; principalement des factures mais aussi des écrits personnels, des essais, des correspondances, les derniers livres en vogue et une tonne de paperasse administrative. Etant très fortunée, la famille Eléanora-Sun avait le bras long. Son influence lui permettait de s’immiscer peu à peu dans les strates du pouvoir, grâce à un entretien constant de la fortune familiale, des relations de celle-ci et d’une présence assidue au château. Mais rien n’était acquis lorsque l’on avait pas le charisme et les cachets de noblesse qui vont avec l’argent. Europe possédait l’un et l’autre, en plus d’une relation d’intimité avec le chef de l’Inquisition en personne; et, même si ce dernier fait avait contribué à la discréditer auprès de ses consœurs, elle pouvait désormais se servir de son influence croissante pour aider le plus grand nombre de gens.

La Sorcière fit mander Julien, un des domestiques en livrée et jabot de dentelle, pour qu’il guette l’arrivée de Viviane et l’accueille avec les égards qu’il convenait; en attendant, elle s’installa au bureau pour rédiger une dernière missive avant la venue de son amie.


Dernière édition par Europe le Lun 17 Mai 2010 - 14:31, édité 1 fois
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La confiance, c’est précieux Vide
MessageSujet: Re: La confiance, c’est précieux   La confiance, c’est précieux Icon_minitimeJeu 4 Mar 2010 - 1:29

Viviane marchait d’un pas vif sous les nuages menaçants. Pour la dixième fois depuis son départ, elle se maudissait d’avoir refusé l’offre d’Europe. Se sentant gênée par le privilège que cela représentait, elle avait refusé qu’un fiacre ne vienne la chercher chez elle, se disant que de toute façon, la marche lui ferait du bien. Et quelle marche ! Si elle arrivait au manoir avant la pluie, ce serait un miracle vu la couleur du ciel. Elle arriverait sans doute trempée, et ce malgré son lourd manteau fourré. C’était l’un de ses préférés, il était d’un bleu marine profond, avec une broche argentée pour le fermer, finement brodé sur les bords avec des dessins délicats de fleurs. Elle trouvait que ce vêtement lui donnait un air digne, faisant oublier un instant la longue chevelure rousse indomptée. Sachant qu'elle allait dans un manoir empli de gens nobles, elle avait pourtant pris soin d’attacher ses cheveux en un chignon serré avant de venir. Malgré l’amitié qui les unissait, Viviane ressentait toujours une appréhension à rejoindre Europe chez elle. Peut-être était-ce dû au fait que le manoir était immense ? Ou alors au fait qu’elle ne s’y sentait pas à l’aise, dans un monde qu’elle côtoyait peu et qui lui semblait toujours appartenir à une autre époque.

Elle se souvint de la missive qu’elle avait reçue quelques jours plus tôt. Europe lui proposait de venir boire le thé chez elle. Viviane était persuadée que la grande prêtresse avait une bonne raison de la faire venir chez elle, mais elle ne voyaitpas laquelle. Peut-être désirait-elle simplement passer un agréable moment avec une amie ? Cela faisait de nombreuses années maintenant qu’elles se connaissaient et s'entendaient bien. Europe n’avait que quelques années de moins et elles avaient passé de longs moments ensemble durant les différentes étapes de leur apprentissage respectif. Viviane la connaissait suffisamment bien pour savoir qu’en ce moment, son amie n’allait pas bien. Les récents événements devaient l’avoir affectée plus qu’elle ne voulait bien le laisser croire.

Viviane avait beaucoup de travail en ce moment pour la tenue du commerce de son père, vieux, il avait décidé de se retirer totalement des affaires, la laissant tout gérer seule. Si elle aimait ce qu’elle faisait, elle avait beaucoup de soucis à cause de retard dans les livraisons, le mauvais temps rendant certains chemins impraticables. Les clients ne ronchonnaient pas encore, mais ça n’allait plus tarder si la soie qu’elle attendait depuis un mois déjà n’arrivait pas bientôt.
Les nuages devenaient de plus en plus menaçants et il était clair qu’un orage n’allait pas tarder à éclater. Elle resserra les pans de son manteau autour d’elle et accéléra encore un peu son allure. Heureusement, le manoir était en vue maintenant, et il lui tardait de revoir son amie, même si c’était pour entendre des mauvaises nouvelles. Elle avait à l’idée, si elle avait l’occasion de le faire au cours de la conversation se présentait, de lui demander si elle avait des informations sur sa sœur. Cassandra était un vide dans sa vie qu’elle entendait combler d’une manière ou d’une autre. Même si dix ans s’étaient écoulés depuis sa disparition, Viviane n’avait jamais perdu espoir. Elle savait que si Cassandra était morte, d'une manière ou d'une autre, elle le saurait.

L’imposante demeure n’était plus qu’à quelques dizaines de mètres maintenant, et elle ralentit pour ne pas arriver essoufflée. Elle était encore à quelques pas de l’entrée lorsque la porte s’ouvrit sur un domestique, apparemment envoyé pour guetter son arrivée. Heureuse de ne pas devoir frapper et attendre, elle entra dans le vestibule en se laissant débarrasser de son manteau.

La jeune sorcière fut bientôt conduite à travers de longs couloirs sombres avant d’entrer dans une salle de séjour où se trouvait Europe. Le domestique signala son arrivée avant de repartir discrètement. Le salon était magnifique, reflet de l’opulence des gens qui l’habitaient. Viviane ne put s’empêcher d’admirer au passage le magnifique tissus velours pourpre des tentures. Europe se tenait debout, près d’un fauteuil, elle semblait songeuse.

Viviane fendit son visage d’un sourire, décidée à ne pas se laisser gagner par la morosité en ces temps difficiles. Heureuse de retrouver son amie, elle la gratifia d’un bonjour amical tout en s'avançant dans le salon.

- Hé bien ! Je suis heureuse d'être arrivée avant la pluie ! D'ici peu, il ne va pas tarder à y avoir un bel orage à mon avis.

Elle accompagna ses paroles d'un regard vers la fenêtre. Au loin, le tonnerre gronda...
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MessageSujet: Re: La confiance, c’est précieux   La confiance, c’est précieux Icon_minitimeSam 6 Mar 2010 - 1:05

[HRP : voilà, j’ai eu le temps de le faire finalement, sorry pour la fausse alerte^^ et aussi pour avoir tué ton père par mégarde, j’ai édité :s et aussi pour la qualité qui n’est pas vraiment au rendez-vous… bon en bref tout est moyen, j’essayerais de me rattraper la prochaine fois !]

Sans même s’en apercevoir, Europe s’était replongée dans une profonde réflexion tandis qu’elle rédigeait un courrier d’un main fébrile et envolée. Concentrée sur sa tâche, elle finit plus tôt que prévu et, en attendant Viviane, rangea ses papiers, son encre et sa plume d’oie dans le secrétaire; après quoi elle se leva et laissa ses pensées vagabonder vers des horizons plus ou moins clairs, plus ou moins accueillants.
Des bruits de pas la sortirent de ses méditations et elle vit l’habit noir de Julien se matérialiser dans l’immense encadrement de la porte du salon. Le domestique annonça l’arrivée de Viviane et, après une courbette, repartir comme il était venue. Europe vit alors entrer son amie de sa démarche fière et s’avança vers elle, un grand sourire aux lèvres.

Viviane portait un beau manteau sobre et aux tons foncés, qui mettaient en valeur la profondeur de son regard viride et faisaient ressortir –comme presque tout ce qu’elle portait, d’ailleurs… comment faire autrement?- la magnificence de ses cheveux flamboyants et lustrés. Ainsi tirés en arrière, on aurait dit une vaine tentative d’enfermer un brasier dans un espace compact; le résultat était qu’il n’en brillait et brûlait que plus ardemment. Au moment où la jeune femme parla, le tonnerre retentit au loin, grondant sous le ciel noir; le sourire d’Europe s’atténua un peu, mais elle observa tout de même son amie avec une expression accueillante.


"Viviane! Bienvenue. Effectivement, tu y as réchappé de peu. Ne t’en fais pas pour la pluie, je demanderais à mon cocher de te raccompagner chez toi."

D’un geste, Europe convia l’Aguerrie d’Olrun à pénétrer plus avant dans le salon et s’installer sur les canapés, deux larges banquettes en cuir marron de la première qualité disposées de part et d’autres d’une table basse. Tandis qu’elle s’asseyait, Julien revint dans la pièce, s’inclina, et demanda aux deux jeunes femme quel arôme de thé elles souhaitaient. Il y en avait une bonne dizaine et Europe prenait toujours invariablement le même: une infusion verveine-menthe. La Grande Prêtresse laissa son amie choisir, le domestique s’éclipser, puis put enfin commencer la discussion.

"Merci d’être venue. Je suis navrée de te déranger en ce moment alors que tu as tant à faire… Comment se passe ta gestion de la boutique? J’essaye de te faire la meilleure publicité qui soit quand je réside au château; malheureusement, la concurrence y est rude."

Europe marqua une pause; dehors, un nouveau grondement de tonnerre retentit. L’orage semblait s’être rapproché: les nuages étaient parfaitement immobiles, dardant sur la terre leurs ventres lourds et menaçant. Puisse la pluie emporter les plaies et les peines de Forbach! Europe avait souvent fait cette prière, presque toujours en vain. Pourtant, les ondines existaient réellement, elles n’étaient pas qu’une pure invention mythologique. Mais dans le monde, rien n’était simple et presque rien ne fonctionnait jamais comme on le voulait.
Sinon, après tout, la vie ne serait pas ce qu’elle était.
Europe observa Viviane. C’était une personne qu’elle connaissait de longue date et respectait ainsi qu’appréciait beaucoup. Une personne jeune, jolie, sensée, courageuse et persévérante. Un être qui avait indéniablement de l’avenir au sein du clan, et un modèle pour quiconque prenait en considération les expériences traumatisantes qu’elle avait pu vivre durant son enfance. La Grande Prêtresse n’était pas sûre du tout d’avoir un tel courage. Au contraire, elle pensait que Viviane était bien plus mature qu’elle, la noble lunatique et capricieuse. D’ailleurs, la jeune femme était plus âgée qu’Europe, ce qui rendait le rapport d’autorité entre elle beaucoup moins évident; elles étaient amies et égales avant d’être hiérarchisées.
Mais surtout, surtout, Viviane ne semblait pas lui tenir rigueur de sa relation avec le chef de l’Inquisition. Ce n’était pas le cas de tout le monde, loin de là: bon nombre de Sorcières d’Olrun avaient vu d’un très mauvais œil et critiqué ouvertement (et légitimement!) son intimité cachée avec Louis Institoris. Après tout, il faisait partie du camp adverse et l’attitude d’Europe avait majoritairement passé pour une trahison au sein du clan. Peut-être Viviane pensait-elle également ainsi, après tout. Mais tout du moins, elle ne le montrait pas; ou alors elle ne lui en voulait pas au point de ne plus lui parler, ce qui réchauffait le cœur de la Grande Prêtresse.


"Je t’ai faite venir, car j’aimerais m’entretenir avec toi sur divers sujets. Après tout, il se passe en ce moment des choses pour le moins inhabituelles et tu sais que je t’estime beaucoup: ton avis m’est précieux."

C’était la vérité. Europe s’était fixée, il y avait longtemps, le principe de ne jamais mentir aux personnes qu’elle appréciait et respectait. Cet élément n’était pas toujours facile et elle avait du faire quelques exceptions, dans de rares cas d’urgence. Comme par exemple lors de sa dernière entrevue avec Adrien. Le regard d’Europe se voila. Adrien… La situation changerait-elle un jour?
La Grande Prêtresse décida de commencer sans détour.


"As-tu rencontré l’Oracle? J’ai eu la chance d’être son tout premier exorcisme –elle m’a sauvé in extremis avant d’entreprendre de sauver tout Forbach. Malgré toutes les suspicions que j’ai pu entendre à son sujet, je ne peux m’empêcher de croire qu’elle est altruiste et généreuse. Un véritable héros. Ce que je veux, c’est bien-sûr le meilleur pour Olrun; et peut-être, peut-être, une fois que l’Oracle aura terminé sa mission purificatrice, alors les Inquisiteurs laisseront-ils enfin les Sorcières tranquilles. Mais en attendant, nous devons rester sur nos gardes. Je préfère avoir de l’espoir, mais je sais d’expérience que rien n’est acquis par avance. Dans cette optique, je ne peux accorder ma confiance entière qu’à un nombre réduit de personnes. Viviane, tu sais qu’il y a un poste vacant de Prêtresse à pourvoir… m’est avis, que la candidate favorite en titre est toute désignée!" fit Europe en appuyant ses paroles d’un sourire.
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MessageSujet: Re: La confiance, c’est précieux   La confiance, c’est précieux Icon_minitimeLun 8 Mar 2010 - 3:33

Europe semblait réellement heureuse de revoir Viviane, et cet enthousiasme ne pouvait qu’être contagieux. La jeune femme se réjouit de la proposition d’être reconduite en fiacre, d’autant que l’orage venait d’éclater, et qu’il semblait être de ceux qui duraient. Elle prit place sur la banquette en face d’Europe, éblouie par la qualité des meubles qu’elle avait sous ses yeux. La petite table basse entre elle devait coûter une fortune à elle seule. Viviane aimait les beaux meubles, mais l’entreprise ne rapportait pas assez que pour pouvoir se permettre ce genre de luxe. Cependant, les entrées d’argents étaient très régulières, et Viviane et son père ne manquaient de rien, vivant déjà dans une maison bien plus grande que ce dont ils avaient besoin.

Le domestique qui l’avait accueillie vint leur demander quel thé elles désiraient boire. Viviane opta pour un traditionnel Lady Grey, un thé noir aromatisé qu’elle aimait beaucoup. Sa senteur était particulièrement fine et agréable. Viviane appréciait beaucoup le thé, en quand elle faisait les comptes du commerce Valdemar, elle en avait toujours une tasse à son côté. Elle savourait aussi de temps à autre une tasse de Lapsang Souchong, mais ce thé était beaucoup plus rare et coûtait fort cher, donc elle n’en n’abusait pas.

La question d’Europe sur son commerce la sortit de ses pensées. Son inquiétude semblait sincère, et Viviane fut touchée par sa considération. Malgré le rang et la condition qui les séparaient, Europe l’avait toujours considérée comme une égale, et rien ne pouvait faire plus plaisir à Viviane. Aussi répondit-elle avec beaucoup de sincérité :

- Merci à toi de m’avoir invitée ! Le commerce ne se porte pas très bien en ce moment, mais c’est plutôt à cause des délais de livraisons que par un manque de commandes. Vois-tu, nous attendons une commande de soie qui a déjà un mois de retard, à cause du mauvais état des routes, et les gens n’aiment pas attendre. Je ne peux malheureusement pas faire grand-chose pour cela, tout ce que je peux faire, c’est prendre mon mal en patience, et calmer l’agitation des clients. Heureusement que nous avons une réputation déjà bien acquise, les gens nous font confiance…

La confiance, voilà donc quelque chose qui se faisait de plus en plus rare en ces temps troublés. Avec l’Inquisition et les récents événements, tout le monde se terrait chez soi, plus personne ne se parlait en rue, il régnait une atmosphère pesante de suspicion. Viviane avait confiance en Europe, et ce, depuis qu’elles se connaissaient. Malgré parfois quelques divergences d’opinion, elles avaient globalement la même vision de la vie et des décisions à prendre pour la Tribu. Le seul point sur lequel elles ne se comprenaient pas, c’était la relation qu’Europe entretenait avec Louis Institoris, le chef de l’Inquisition. Viviane ne lui en parlait jamais, sachant que son amie était suffisamment intelligente que pour savoir ce qu’elle faisait, et consciente des risques qu’elle prenait. Si l’Aguerrie ne comprenait pas l’attitude de la Grande Prêtresse, Viviane n’en tenait pas rigueur à Europe. Après tout, ce n’était pas ses affaires, et du moment qu’elle n’était pas forcée de côtoyer l’amant de son amie, elle n’en n’avait cure. Toutefois, elle évitait avec beaucoup de dextérité d’aborder le sujet.

Europe reprit la parole, et Viviane se dit qu’elles allaient aborder maintenant les raisons pour lesquelles Europe l’avait faite venir à son manoir. Le compliment de la Grande Prêtresse la toucha énormément, aussi la remercia-t-elle chaleureusement. Après tout, peu de nobles accordaient de l’importance à l’avis de simples bourgeois. Mais Europe reprit rapidement la parole, libérant un flot de paroles que Viviane mit un certain temps avant d’assimiler. Trouvant le sujet délicat, elle commença par répondre à Europe au sujet de l’Oracle.

- Je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer l’Oracle, mais j’espère que ça ne saurait tarder. J’aimerais beaucoup m’entretenir avec elle, sur un sujet en particulier. Mais avant tout, je voudrais en apprendre plus sur elle. J’en ai beaucoup entendu parler, on lui accorde beaucoup de crédit et de confiance, mais je ne peux pas m’empêcher de me méfier. Nous avons vécu tellement de choses difficiles ces derniers temps, j’ai peur d’un piège ! Cependant, je dois reconnaître qu’elle semble digne de confiance, ou en tout cas, plus digne que n’importe qui d’autre parmi les nombreux étrangers que nous avons vu passer par Forbach ces dernières années.

Viviane prit le temps de rassembler ses idées avant de reprendre la parole. Elle ne voulait passer pour une défaitiste, mais elle ne voulait pas non plus qu’Europe se fasse des illusions sur leur avenir, surtout en ce qui concernait l’Inquisition.

- Je pense que pour le moment, elle a apporté beaucoup de bien, et j’espère que ça va continuer. Cependant, je ne crois pas que pour autant la situation avec l’Inquisition va s’améliorer. N’oublie pas que ces gens de l’Église n’ont montré aucune tolérance jusqu’à présent. Il ne faudrait pas baisser nos défenses au point de se laisser prendre. Je pense que la situation est plus calme pour le moment, mais peut-être est-ce simplement le calme avant une tempête. Je ne veux pas être un oiseau de mauvaise augure, je dis juste qu’il nous faut rester prudents.

Il était temps maintenant pour elle d’aborder la proposition d’Europe, celle de devenir candidate pour le poste de Prêtresse qui était vacant. Si la tâche l’intéressait, Viviane n’était pas sûre de pouvoir y faire face. Elle ne voulait pas abandonner son métier, et encore moins les recherches qu’elle menait pour retrouver Cassandra. Mais elle songea que justement, cette position lui permettrait peut-être d’avancer un peu, contrairement à ce qu’elle avait fait ces dix dernières années. La proposition d’Europe lui faisait sincèrement plaisir, aussi, après quelques minutes de réflexion, elle sourit à Europe avant de formuler à haute voix sa pensée.

- Je suis flattée sincèrement de la proposition que tu viens de me faire. Je ne sais pas si je serai à la hauteur de la tâche, mais si les autres suivent ton avis et me désignent, c’est avec joie que j’accepterai cette distinction. Je te remercie du fond du cœur de la confiance que tu m’accordes, et je voudrais que tu saches que cette confiance est réciproque ! Si d’aucun critiquent ta manière de diriger notre Tribu, moi je trouve qu’au vu des événements, tu t’en sors très bien. Je ne pense pas que qui que ce soit aurait pu faire mieux à ta place. Je t’admire beaucoup d’assumer une tâche aussi lourde, et je t’en remercie grandement.

Enfin, elle se tut, attendant la réaction d’Europe, espérant de tout cœur ne pas l’avoir froissée d’une quelconque manière dans ses propos.
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MessageSujet: Re: La confiance, c’est précieux   La confiance, c’est précieux Icon_minitimeLun 15 Mar 2010 - 1:16

C’est avec un sourire qu’Europe constata que les goûts de Viviane en matière de thé étaient des plus raffinés et justes qui soient; son choix ressemblait d’ailleurs à la jeune Aguerrie en elle-même, c’est-à-dire simple et élégant à la fois. La Grande Prêtresse aurait pu, si la situation s’y était prêtée, disserter pendant des heures sur les différents thés disponibles sur le continent ainsi que leur connotation selon les cours plus ou moins mondaines; mais à vrai dire, le contexte ne s’y prêtait pas vraiment. Le côté dandy d’Europe, qui se manifestait de plus en plus ces derniers temps, ne pouvait que se réjouir en voyant qu’il y avait encore des gens dans ce monde trop tordu et hostile qui savaient apprécier les plaisirs simples avec, elle devait l’avouer, un sens de l’esthétisme aussi spontané que rafraîchissant.

"Ne me remercie pas"
sourit Europe en avalant une gorgée de son infusion dont le goût mentholé lui procurait toujours un certain réconfort. "Tu es toujours la bienvenue ici. J’espère que les choses s’arrangeront pour ton commerce… comme tu le dis, ta réputation est précieuse puisqu’elle t’octroie la fidélité d’une certaine clientèle. C’est bien de bâtir sa renommée sur la qualité. A Versailles et à Paris, les gens préfèrent avoir beaucoup en payant peu, ce qui leur donne des marchandises de très mauvaise facture. Enfin, je suppose qu’une fois les beaux jours revenus, l’état des routes s’améliorera. Je l’espère sincèrement."

Oui, la confiance était précieuse. Mais au moment où elle pensait cela, Europe réalisa qu’elle s’était elle aussi fourvoyée. Jusqu’à une période très récente, elle n’envisageait la foi en quelqu’un que comme un acte unilatéral; elle savait qu’elle ne pouvait accorder sa confiance qu’à très peu de personnes… mais peut-être que c’était, tout simplement, parce que ces personnes n’avaient pas non plus confiance en elle. Et ne pas avoir foi en sa Grande Prêtresse, qui est tout de même la plus haute instance de la tribu d’Olrun, est un fait assez regrettable, tout le monde peut s’accorder là-dessus. Mais ce n’était pas la faute des membres de son clan. Non, c’était uniquement sa faute à elle, Europe Eléanora-Sun, traîtresse selon certains et déviante selon d’autres –quoi qu’il en soit, elle n’avait vraiment pas mérité d’être le porte-parole ainsi que la plénipotentiaire des Sorcières d’Olrun.

D’où la nécessité de s’entourer de plusieurs bras droits qui sauraient la seconder et la conseiller fidèlement. C’est dans cette optique qu’Europe avait pensé à Viviane, une personne sage et fiable, honnête et intègre, qui savait prendre les bonnes décisions au bon moment et surtout ne pas se laisser faire. Dans tous les événements qui avaient secoué et ravagé Forbach tels une tempête –le Ruissellement des Souvenirs, la Messe de Cendre, l’invasion des fantômes,…- l’Aguerrie s’en était toujours tirée avec brio.
Quand le sujet de l’Oracle fut abordé, ainsi que celui de l’Inquisition, Europe prit le temps de finir posément sa gorgée de thé, laquelle lui brûla presque la gorge –mais c’était une sensation bienfaisante. Au-dehors, la végétation était maintenant balayée par des torrents de pluie, des ondées violentes de fin d’hiver qui sifflaient au milieu de tourbillons venteux. Une tempête où l’on ne savait plus vraiment à quoi se raccrocher. Oui, l’Oracle allait sans doute réussir à débarrasser Forbach de sa gangrène ectoplasmique… leurs rêves de paix allaient enfin se concrétiser. Mais l’utopie et la réalité s’observaient en chien de faïence, et tout allait souvent de travers.


"Je te comprends, car j’ai exactement les mêmes réserves que toi. Après tout, l’Oracle aide les Sorcières en général, c’est-à-dire nous mais également le Lys Noir. Comment savoir de quel clan plébiscite-t-elle les actions? On a déjà eu affaire à tant de pièges. Je ne veux pas avoir une confiance aveugle qui me mènerait à notre perte. Nous l’avons dit: la confiance, c’est précieux, mais cette confiance doit être raisonnée. Malgré tout… j’ai envie d’y croire. J’ai envie de croire que quelqu’un vient pour enfin prendre les choses en main." Europe marqua une pause, l’air contrit. Elle venait de se dévoiler plus qu’elle ne le pensait et avait la sensation d’en avoir trop dit. Cependant, si Viviane devait être la prochaine Prêtresse, il ne fallait pas qu’il y ait de secrets de ce type entre elles. Et puis, Europe ne s’était-elle pas déjà carrément mise à nue en dévoilant sa relation avec Louis. Elle justifia donc ses paroles en observant fixement la couleur verdâtre de son thé, flottant au fond de la tasse.

"Oui, je sais que ces paroles sont très lâches pour une Grande Prêtresse… une dirigeante ne devrait pas espérer que quelqu’un « prenne les choses en main » pour elle. Ce poste nécessite d’avoir du sang-froid et de solides épaules. Or, je ne pense pas avoir totalement les qualités requises. J’en avais toujours rêvé, mais j’ai été bombardée Grande Prêtresse par la force des choses et cela me fait un peu peur. Adrien aurait été beaucoup plus qualifié que moi… Tu vois, Viviane: tu as devant toi la véritable Europe. Craintive et pas très fiable. Je suis désolée de me révéler à toi ainsi."

C’était comme de passer au confessionnal. Europe avait essayé de très rares fois mais chaque fois, cela s’était avéré bénéfique. Aucunement, cependant, grâce à l’intervention ni à la présence du prêtre. Mais la Sorcière avait remarqué, assez récemment d’ailleurs, qu’elle se livrait à un travail d’introspection beaucoup plus profond et perspicace quand elle était en face de quelqu’un, plutôt que quand elle était seule. Lorsque l’esprit vagabonde sans limites, on peut très vite s’imaginer des tas de choses et il est facile de basculer dans de faux raisonnements.
Cependant, la confiance de Viviane lui allait droit au cœur. Dans des moments de doute, il était angoissant de savoir que beaucoup de destins reposaient sur vous; mais de savoir que des gens vous estimaient et avaient votre confiance, était rassurant et motivant. Aussi Europe sourit-elle, touchée par les paroles de l’Aguerrie, heureuse d’être si bien secondée et surtout de savoir que Viviane semblait disposée à accepter la charge pourtant lourde que la Grande Prêtresse envisageait de lui déléguer.


"Merci… merci, ça me touche beaucoup. Je n’en ai pas encore parlé aux autres, mais ils approuveront forcément ma décision: m’est avis que c’est le meilleur choix qui soit. Je suis navrée de vouloir t’imposer tant de responsabilités… tu n’en as sûrement pas besoin, surtout en cette période. J’aurais parfaitement compris que tu refuses. Mais tu es vaillante et forte, Viviane, je suis tellement fière que tu fasses partie de la tribu d’Olrun. Si tu as le moindre problème ou quelque chose à me demander, surtout, n’hésite pas!"
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Viviane Valdemar
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MessageSujet: Re: La confiance, c’est précieux   La confiance, c’est précieux Icon_minitimeSam 20 Mar 2010 - 23:16

Dehors, l’orage avait réellement éclaté, et des éclairs zébraient le ciel à intervalles plus ou moins régulières. Viviane aimait l’orage, il lui rappelait Cassandra. D’aussi loin que remontaient ses souvenirs, elle ne savait pas pourquoi réellement, elle associait sa sœur à l’orage. Elle sentit renaître en elle un regain d’optimisme. Peut-être que tous ses malheurs finiraient par s’arranger… Oh, elle n’espérait plus trouver l’amour comme elle l’avait découvert dans les romans, et elle ne s’attendait pas à retrouver Cassandra du jour au lendemain, mais elle une nouvelle vague d’optimisme refluait en elle. Peut-être était-ce là une action de l’Oracle ? Ses pouvoirs étaient peut-être encore plus étendus que ceux qu’on lui attribuait déjà.

- J’espère sincèrement que tu as raison Europe, et que l’Oracle est vraiment là pour remettre de l’ordre par ici. Pour le moment en tout cas, elle ne nous a donné aucune raison de douter d’elle, alors tâchons de lui faire confiance, peut-être des choses positives en sortiront. Je n’ai pas peur du Lys Noir… Aussi paradoxal que cela puisse paraître, je ne pense pas qu’ils puissent tomber plus bas que ce qu’ils ont déjà fait. Je m’attends à tout de leur part, et je m’en méfie comme de la peste. Mais tant qu’ils restent loin de nous et ne se mêlent pas de nos affaires, je ne m’inquiète pas.

Une fois encore, la sincérité de paroles d’Europe toucha beaucoup Viviane. Cela avait un côté effrayant aussi, parce qu’elle n’était pas sûre de mériter la confiance que cette dernière lui portait. Après, qu’avait-elle fait pour mériter cela ? Elle n’en savait rien, mais peut-être que la réponse lui était égale. Il y avait là, devant elle, une jeune femme, une amie, en proie au désespoir qui lui demandait son aide. Et Viviane ne voyait pas comment lui refuser cela. Tout d’abord parce qu’elle était honorée de la demande, mais aussi, en prenant le temps d’y réfléchir, elle se rendait compte que cette proposition l’intéressait vraiment beaucoup. Elle aimait l’idée d’avoir plus de responsabilités. Au contraire de ce que disait Europe, elle ne se sentait pas forcée d’accepter, et cette tâche, bien que difficile, c’est avec joie qu’elle l’acceptait.

- Je tiens à ce que tu saches que si les autres sont d’accords avec toi, j’accepterai cette tâche que tu souhaites me confier sans l’ombre d’une hésitation. Ces responsabilités ne me pèsent pas, et si je peux t’aider d’une quelconque manière, c’est avec joie que je le ferai. Je te respecte énormément, pour tout ce que tu fais et as déjà fait pour nous tous, dans la Tribu. Quoique certains en disent, nous te devons beaucoup !

Viviane se dit pour la première fois depuis de nombreuses années que le moment était peut-être venu de parler à Europe de ce qui la tourmentait depuis de si nombreuses années. Elle n’avait jamais osé en parler à son amie parce qu’elle avait peur de ce qu’il pouvait ressortir de la conversation, et surtout, elle était convaincue que parler de ça ne serait pas forcément une bonne idée. Certains pourraient prendre mal le fait qu’elle veuille reprendre contact avec une bannie de la Tribu. Elle réfléchit quelques instants avant de reprendre la parole pour aborder le délicat sujet de Cassandra.

- J’ai justement un service à te demander. Je ne sais pas du tout si tu pourras m’aider, mais j’aimerais que tu me dises tout ce que tu sais à propos d’un sujet qui me tient vraiment à cœur. Je vais te rafraîchir la mémoire, parce certains des événements auxquels je vais faire allusion datent un peu, et nous étions encore jeunes à l’époque. Voilà, tu n’es pas sans savoir que j’ai une sœur. Elle s’appelle Cassandra, et a quatre ans de plus que moi…

Viviane songea un instant qu’elle avait de plus en plus de mal à parler de sa sœur au présent. Comme si une part d’elle commençait à se faire à l’idée qu’elle ne la reverrait plus jamais.

- Après avoir raté plusieurs fois son initiation, et ayant voulu quitter la Tribu, elle a été bannie. Je ne l’ai plus jamais revue. J’aimerais savoir si tu sais quelque chose à son propos. Je n’ai jamais réussi à tirer quoique ce soit de mon père. Ma mère est morte sans rien me dire… Et ça me hante. J’aimerais savoir ce qu’elle est devenue. J’aimerais la retrouver… Je ne sais pas ce que tu pourrais faire pour moi, mais vois-tu, je ne sais vraiment plus vers qui me tourner. Tout ce que j’ai pu savoir, c’est qu’elle a été mise « en sécurité » par ma mère, mais j’ignore même le sens exact de cette phrase.

L’émotion à l’évocation de ces événements fit trembler la voix de Viviane. Elle était parfois plus faible qu’elle n’en avait l’air. Si elle avait bien géré les événements récents, c’est surtout parce qu’elle en avait vécu des pires avant. Jamais rien dans son esprit n’égalera le traumatisme qu’elle a vécu le jour où on a effacé la mémoire de sa sœur. Elle se sentait tendue, attendant avec impatience la réponse d’Europe. Elle ne croyait pas aux miracles, mais elle ne pouvait s’empêcher d’espérer que son amie pourrait lui dire quelque chose qu’elle ignorait.
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MessageSujet: Re: La confiance, c’est précieux   La confiance, c’est précieux Icon_minitimeMer 31 Mar 2010 - 17:11

Pour la première fois depuis très longtemps, Europe se sentait bien. Elle savait pertinemment qu’au dehors de ce salon douillet, où elle bavardait sereinement avec une amie chère, le monde était toujours en proie au chaos et à la souffrance, mais elle se sentait bien. Car tout autour d’elle était rassurant; confortablement installée dans son canapé, devisant avec Viviane en qui elle avait estime et confiance, à l’abri de la pluie, loin des fantômes de son passé… Aussi adulte et mature qu’elle puisse être, il arrivait forcément un moment où la peur supplantait les autres émotions, et où ses actions étaient dictées par l’angoisse; corrélativement, d’autres choses insignifiantes parvenaient à la rassurer comme une petite fille, tels les coussins moelleux dans son dos, le goût chaud de la verveine sur son palais.
En sirotant sa tasse à petites gorgées, la Grande Prêtresse écouta avec attention les paroles de son amie, qui concluait le sujet sur l’Oracle. Il ressortait, de son avis comme de celui d’Europe, une idée principale: « le temps nous le dira ». Il était encore trop tôt pour avancer un jugement. Mais… Mais la dernière fois qu’une phrase de ce genre avait franchi les lèvres d’Europe… Elle s’en rappelait parfaitement, c’était dans le salon du château de Frauenberg, en tête à tête avec Eleonor, près de deux ans auparavant. Et à cette époque là les deux Prêtresses, s’inquiétant des actions du Lys Noir, avaient également conclu que « le temps le leur dirait ». La suite était connue de tous: les milliers de fleurs empoisonnées avaient tué Elena… Europe sentit un grand frisson la faire frémir de la tête aux pieds. Cette discussion signait-elle elle aussi l’arrivée imminente d’une catastrophe de ce genre? Qui allait mourir cette fois? Elle admirait la vaillance de Viviane, qui déclarait ne pas avoir peur. Elle, en était absolument incapable.


"Puissent les esprits nous protéger de l’avidité et de la cruauté de ces femmes" conclut-elle finalement en soupirant, même si elle savait pertinemment qu’une simple prière ne résoudrait rien –d’ailleurs, le clan d’Olrun s’était contenté de seulement prier sans agir pendant beaucoup trop longtemps. Maintenant qu’elle était aux commandes, la Sorcière comptait bien faire changer cela.

Une fois encore, Viviane lui témoigna chaleur, confiance et gratitude. Cela réchauffa le cœur d’Europe qui ne savait plus où se mettre –elle n’avait absolument pas l’impression de mériter tous ces compliments. Pour faire bonne mesure, elle plongea le nez dans sa tasse et écouta un instant l’orage qui grondait. Derrière les vitres, le monde s’était noyé dans un spectre de couleurs grises lamées d’éclairs blancs, qui dégoulinaient à côté d’elles. Une rafale de vent plus forte que les autres amena une gerbe de pluie qui s’éclata contre les carreaux avec le son mat d’une ciglée de sang. Observant le phénomène, Europe mit quelques secondes à bien réaliser de quoi parlait Viviane –elle ne pensait pas que l’Aguerrie allait aborder ce sujet. Ce devait être plutôt dur et traumatisant d’en parler, même pour une personne sage et forte comme elle, car l’événement en question remontait à sa tendre enfance. Oui, Europe se souvenait parfaitement de cette histoire. Elle en avait entendu parler alors qu’elle était elle aussi très petite, et cela lui avait fait beaucoup de peine. La Sorcière avait fini par oublier quelque peu cette histoire, puis lorsqu’elle avait accédé au rang de Prêtresse, on l’avait mise au courant de certaines affaires –et elle avait pu également accéder aux archives du clan- relevant de sa toute nouvelle compétence. Etant maintenant au sommet de la hiérarchie, il lui appartenait même de légiférer de plein droit si une telle situation venait à se présenter de nouveau. Heureusement, ce n’était pas le cas –et elle espérait que ce ne le serait pas avant très longtemps.

Europe pris quelques secondes pour préparer sa réponse, s’apercevant dans ce laps de temps que la voix de Viviane avait tremblé et qu’elle semblait tout à coup beaucoup plus tendue. Comme prévu, évoquer ce souvenir d’enfance n’était pas sans conséquences… la Grande Prêtresse reposa sa tasse un moment et serra le bras de Viviane pour lui témoigner son soutien; puis elle prit la parole.

"Ce qui est arrivé cette année-là est tragique. Ce fut terrible pour toi et une grande peine pour le clan tout entier. Si les lois de la tribu sont plutôt dures, ce n’est jamais de gaieté de cœur que nous bannissons un membre d’Olrun. Comme tu le sais, nous prenons soin d’effacer la mémoire des personnes qui nous quittent, afin qu’elles ne révèlent pas notre secret au monde une fois parties. Je ne me souviens pas de tous les détails, car la dernière fois que j’ai lu le rapport sur l’affaire Valdemar remonte à plus de trois ans. Mais je sais qu’une fois la mémoire de ta sœur effacée, Cassandra a été amenée par ta mère au carmel le plus proche, où elle est entrée dans les ordres. Au bout de quelques années, elle a du obtenir une mutation, car nous avons perdu sa trace. Vois-tu, à chaque fois qu’une personne est bannie, nous prenons soin de la suivre discrètement, en filature, pendant les mois qui suivent, afin de voir si le sort a bien fonctionné et si la personne ne court aucun danger. Quand on constate qu’elle s’intègre bien dans le monde, la patrouille de surveillance se retire et nous laissons l’amnésique vivre sa nouvelle vie… voilà ce que signifie l’expression « en sûreté ». Je ne désires pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais je pense que tes parents ne voulaient pas t’en parler pour éviter tout danger –que tu tentes de la retrouver, que tu remue des souvenirs inaccessibles, que tu te fasses souffrir inutilement."

Europe marqua une pause. Elle ne se souvenait pas bien elle-même de Cassandra Valdemar, s’en rappelant juste comme une aînée lointaine et taciturne qu’elle ne voyait pas souvent. Mais il n’en allait pas de même pour Viviane dont les propos étaient sans équivoque: elle souhaitait retrouver sa sœur. Et même si cela lui déchirait le cœur, la Grande Prêtresse allait devoir tenter de la convaincre d’y renoncer. Elle pouvait dévoiler des informations vieilles de plusieurs années sans aucun risque, mais ce n’était aucunement pour encourager son amie à de plus amples recherches. D’ailleurs, elle en avait sans doute déjà trop dit. Europe reprit sa tasse ainsi que son récit.

"Je comprends ta douleur… Ou plutôt, non, je ne pourrais jamais comprendre vraiment. Mais même si cela me fait de la peine, je dois te demander de renoncer à toute recherche, Viviane. Ce serait contraire à nos lois et à la plus élémentaire sécurité. Ta sœur ne t’est pas apparue dans les fantômes qui ont hanté Forbach, n’est-ce pas? Alors c’est qu’elle est en vie. Accroche-toi à cette idée et garde-là dans un coin de ton cœur. Même si tu parvenais à la retrouver un jour, elle ne se souviendrait pas de toi : le sort l’en empêche. Il existe, entre autres, deux sortes de mémoire: la mémoire procédurale (comment marcher, manier un outil, ce genre de choses) et la mémoire épisodique, celle de nos souvenirs. Le sort d’amnésie a posé un verrou sur cette dernière. Par conséquent, tout ce qui a eu trait à la vie de Cassandre avant le rituel a été scellé. Je suis vraiment navrée pour toi, crois-le bien. Mais il faut tourner la page."

Europe n’était pas de celles qui croyaient le sort d’amnésie irréversible. Il était même fortement probable qu’en fouillant dans les archives, elle pourrait retrouver des cas d’espèces dans lesquels la personne, confrontée aux lieux de son passé ou à d’autres forts éléments déclencheurs, recouvrait la mémoire. Mais elle ne voulait pas en faire part à Viviane, pas si cela pouvait donner de faux espoirs à son amie qui la feraient souffrir encore plus.
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MessageSujet: Re: La confiance, c’est précieux   La confiance, c’est précieux Icon_minitimeLun 5 Avr 2010 - 23:21

Viviane s’y attendait, pourtant, elle ne put s’empêcher de ressentir une immense déception. Si Europe lui avait donné des nouvelles informations qu’elle allait exploiter au plus tôt, la prêtresse lui avait également clairement signifié qu’il ne valait mieux pas s’éterniser sur ce terrain-là. Ainsi donc, Cassandra avait été déposée dans un couvent. Viviane eut envie de sourire… Cassandra, devenue carmélite ? L’ironie de la chose ne manqua pas de la frapper, celle qui avait toujours revendiqué avec force son indépendance se retrouvait maintenant comme faisant partie d’un groupe bien plus sévère que la Tribu d’Olrun. L’avantage, c’est que les Ordres avaient une administration bien plus poussée qu’une ville ou que les Tribus Sorcières, il serait donc beaucoup facile de trouver des traces de sa sœur. En fait, elle ne voulait pas s’immiscer dans sa vie, juste s’assurer qu’elle allait bien et se débrouillait correctement. Une part d’elle n’en avait aucun doute, après tout, comme l’avait dit Europe, aucun fantôme de Cassandra n’était venue la hanter quelques mois plus tôt, ce qui signifiait à coup sûr qu’elle était toujours en vie, et si sa personnalité était toujours la même, elle devait largement bien s’en sortir dans un couvent. Mais d’un autre côté, la vrai Cassandra, avec ses souvenirs n’aurait jamais envisagé d’entrer dans les ordres, et c’était un viol de sa personnalité qui l’avait conduite là, sans doute contre son gré.

Pour la première fois depuis la disparition de sa sœur, Viviane envisagea qu’elle pouvait être heureuse. Certes, connaissant son tempérament, il devait y avoir parfois des étincelles, mais avec une ambition comme la sienne, Cassandra s’était sûrement arrangée pour avoir le plus de pouvoir possible et le moins de compte à rendre.

- Je te remercie pour ces informations. Pour la première fois, je parviens à envisager que peut-être Cassandra est heureuse là où elle est. Mais je ne peux m’empêcher de me dire qu’elle n’aurait jamais voulu de ça si elle avait pu choisir ! Tu seras peut-être déçue, mais je ne peux pas te promettre de ne plus chercher après elle. Je ne veux pas de contact avec elle, parce que je sais que ça pourrait lui faire plus de tort qu’autre chose, tout comme à moi. J’aimerais cependant m’assurer qu’elle ne manque de rien. J’ai beaucoup d’argent, parce que le commerce marche bien, alors si je m’aperçois qu’elle ne vit pas bien, je pourrais toujours faire un don anonyme… Comme l’a sans doute fait ma mère à son départ je suppose.

Viviane but une gorgée de son thé désormais tiède avant de reprendre la parole, pesant ses mots, sachant qu’elle s’aventurait sur un terrain pour le moins glissant.

- Je ne désire pas désobéir délibérément à un ordre de la Grande Prêtresse, mais j’aimerais que tu fermes les yeux sur ce que je veux faire. Je suis consciente de te demander beaucoup, mais je ne le ferais pas si ce n’était pas important. Tu dois comprendre que cette disparition me hante depuis trop longtemps maintenant, et j’ai besoin de passer à autre chose. Pour cela, j’ai besoin de tirer un trait définitif sur mon passé, et je n’ai qu’un seul moyen d’y arriver, voir de mes propres yeux que ma sœur se porte bien. Ou tout du moins, qu’elle est bien là où elle est.

Viviane avait conscience que c’était là en demander beaucoup à Europe, et que leur amitié ne justifiait certainement pas une geste pareil de la part de son amie, mais elle n’avait pu s’empêcher de formuler sa demande. Pour qu’elle puisse aller mieux, et cesser de se lamenter sur les malheurs de sa vie, il fallait qu’elle fasse taire à jamais cette inquiétude qu’elle avait pour sa sœur. C’était une vois en elle, qui parlait sans cesse, se demandant ce que Cassandra aurait dit ou fait à tel ou tel moment, ce qui se serait passé si elle avait été là lors de tel autre événement. L’avis de sa sœur avait tellement compté pour elle étant plus jeune qu’elle ressentait son absence chaque jour qui passait. La jeune sorcière savait que ressasser sans cesse ces vieux souvenirs n’était pas bon pour elle, mais elle n’arrivait pas à s’en empêcher. Pour cette raison, elle était convaincue que si les craintes sur la vie de sa sœur étaient apaisées, elle pourrait enfin passer à autre chose.

Reprenant sa tasse et une autre gorgée de thé, Viviane jeta un coup d’œil par la fenêtre. L’orage semblait s’être un peu calmé, mais le soir ne tarderait plus à tomber maintenant.

- Je suis désolée de te demander ça. Et si tu ne peux agréer à ma demande, sache que tu devras me punir, parce que même si tu me donnes l’ordre de ne pas le faire, je partirai à sa recherche. Ne sois pas trop dure, s’il te plaît. Je ne fais pas ça contre toi ! Je le fais pour moi, et pour moi seule. J’ai besoin d’aller de l’avant. Je compte partir demain matin à ce couvent. De là, je verrai où elle est maintenant. En fonction des informations que j’obtiendrai, j’aviserai de la suite. Encore une fois, je m’excuse de faire pression ainsi sur toi, et si tu refusais désormais de faire de moi une Prêtresse, je comprendrais parfaitement !

Le cœur battant la chamade, parce qu’elle venait peut-être de perdre une amie, Viviane attendit avec une patience feinte la réponse d’Europe. Son avenir se jouerait ce que la Grande Prêtresse allait dire maintenant.
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MessageSujet: Re: La confiance, c’est précieux   La confiance, c’est précieux Icon_minitimeJeu 8 Avr 2010 - 20:15

Dans le silence qui suivit ses propos, Europe observa diverses expressions passer sur le visage de Viviane tandis que celle-ci analysait les informations qui lui avaient été transmises. Elle avait besoin d’un peu de temps pour assimiler tout ça et c’était très compréhensible. Après tout, elle n’avait plus eu de nouvelles de sa sœur depuis des années… la Grande Prêtresse s’était souvent demandé comment elle réagirait si il lui arrivait de perdre un parent de cette manière. Heureusement, la situation ne s’était jamais présentée, du moins pas telle quelle. En temps normal et à un membre lambda de la tribu, elle n’aurait sans révélé que le quart des informations transmises à Viviane. Mais comme elle l’avait dit, elle avait confiance en son amie.

Celle-ci sembla soulagée d’être enfin au courant des événements, et exprima sa gratitude ainsi que sa satisfaction de savoir Cassandra en vie et en bonne santé. Par contre, Europe sentit la discussion partir sur un terrain glissant quand Viviane annonça sa ferme résolution de la retrouver. Instantanément, la Grande Prêtresse se sentit coupable d’avoir remué de tels souvenirs. Elle s’en voulait; après tout, elle aurait dû se douter que Viviane mettrait immédiatement ces révélations à profit pour mener ses propres recherches… Elle ne pouvait en vouloir à son amie, car son désir était légitime. Cependant, l’opération n’était pas sans risques. Même les patrouilles de surveillance qui observaient la personne victime d’amnésie dans les quelques mois suivant le sort rituel étaient un groupe d’individus extrêmement qualifiés qui ne prenaient pas le moindre risque et n’avaient aucun lien direct avec le concerné. Pour éviter justement, toute émergence de souvenirs intempestive…

En tant que membre d’Olrun et Grande Prêtresse, Europe ne pouvait évidemment pas cautionner une telle initiative. Elle s’apprêtait d’ailleurs à le faire savoir à Viviane mais celle-ci était lancée, et défendait sa cause avec une détermination peu commune. Une force de volonté qui allait bien au-delà de la considération matérielle de l’insubordination: elle l’avait annoncé clairement, elle passerait outre les obstacles qui se dressaient sur sa route, quels qu’ils soient. Europe se sentit très mal. Si elle empêchait les familles de reprendre contact avec les personnes sujettes au sort d’amnésie, ce n’était jamais de gaieté de cœur. Et provoquer la souffrance par des interdictions ne lui procurait aucune joie.


"Viviane, écoute… C’est quelque chose de très grave que tu me demandes là. Tu réalises qu’il n’y a aucun précédent? Ce serait déroger à nos principes les plus anciens. En tant que Grande Prêtresse, j’ai le pouvoir de modifier ces principes comme je le souhaite; mais l’autorité de la coutume est parfois au-delà de la dirigeante. Il y a des traditions qui ne se changent pas."

Mais…
Mais d’un autre côté, Viviane était une amie, une amie très chère, en qui elle avait une entière confiance. Elle savait en outre que cette amie avait la tête sur les épaules et une détermination sans failles. De plus, elle l’avait bel et bien précisé: cette faveur s’exercerait à titre exceptionnel, et Viviane ne lui en aurait jamais fait part si cela n’était pas expressément important. Europe imaginait déjà les conséquences désastreuses qui en découleraient si jamais cela venait à se savoir un jour. Les dirigeantes n’avaient pas le droit de faire du favoritisme. C’était la porte ouverte à l’anarchie et elle serait bonne pour se retrouver au mieux avec une destitution, au pire avec une révolte sur les bras. Mais comme chacun sait, les dirigeants qui sont au sommet cèdent parfois à la tentation de la facilité. Et beaucoup (c’est ainsi que naissent les despotes) se dispensent souvent de respecter les propres règles qu’ils ont fixé.

"Très bien"
dit finalement la Sorcière en fermant brièvement les yeux, après un silence tendu qui se voulait réprobateur mais n’avait réussi qu’à paraître songeur. "Très bien, je vais fermer les yeux. Au nom de notre amitié et de l’estime que je te porte."

Ça commençait bien! A peine quelques semaines après sa nomination de Grande Prêtresse, Europe se rendait déjà coupable d’un acte de corruption. Elle s’en voulait terriblement de cette décision, mais c’était comme ça: elle ne pouvait pas tourner le dos à tous ses principes d’amitié et de tolérance sous prétexte de la hiérarchie et du respect des normes. C’est pourtant ce qu’on attendait d’elle en tant que dirigeante, mais c’était malheureusement hors de sa portée –d’où, selon elle, sa nomination injustifiée. Et puis ce qui était rassurant en revanche, c’était que Viviane avait affiché clairement son intention de ne pas reprendre contact avec Cassandra. Europe approuva du chef. C’était plus sage. Il valait mieux laisser les choses où elles en étaient à ce stade de leurs vies respectives. Des dons anonymes étaient la meilleure façon d’assurer un confort matériel à Cassandra sans raviver des souvenirs. Malgré elle, Europe admirait la maturité de Viviane qui parvenait à rester raisonnable malgré le flot intense de sentiments qui devait l’envahir.

"Mais à une condition. Enfin, disons plusieurs. Déjà, tu dois me promettre la plus grande prudence. On ne sait pas quelle sera la situation et tu dois t’attendre à toute éventualité, même dans le cas où tes émotions menaceraient de prendre le pas sur la raison. Ensuite, il est impératif de garder le plus grand secret autour de cette affaire, qui ne sera connue que de toi et moi seulement. Ton cas reste une exception tout à fait… exceptionnelle justement. En outre, je te demanderais un rapport oral quand tu seras revenue –surtout, procède avec discrétion. Et enfin, l’élément crucial: pas le moindre contact. Observe de loin, prend en note, mène ton enquête; bref, fais comme bon te semble, mais surtout évite le moindre contact, notamment si cela peut s’avérer dangereux pour toi comme pour Cassandra."

Europe jeta un coup d’œil au dehors. L’orage refluait lentement, laissant derrière lui un ciel encore gris mais épuré. Le soir tombait dans une atmosphère aqueuse et crépusculaire.

"Viens, je vais dire à Julien de faire préparer le fiacre."


[Suivant = La Fin des Ombres]
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