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 Petites leçons et grandes questions

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David Geisler
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David Geisler


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MessageSujet: Petites leçons et grandes questions   Petites leçons et grandes questions Icon_minitimeLun 21 Mar 2011 - 0:21

Des jours et des jours qu’il attendait avec impatience de recevoir cette lettre, cet unique bout de parchemin qui sonnerait pour lui l’arrivée du jour prochain où il pourrait revoir Narcissa. Demeurer loin d’elle avait été beaucoup plus dur que David ne l’avait cru de prime abord, à cause de son état de santé: certes il l’avait laissée entre les mains de domestiques attentionnés et de médecins compétents, mais il ne pouvait s’empêcher de se remémorer son visage d’une pâleur blafarde, ses poches sous les yeux, son air fatigué à moitié dissimulé derrière un sourire de façade. Elle avait souffert de l’Agent du Diable, mais recouvrait sans doute petit à petit ses forces, bien à l’abri dans le confort de Frauenberg. Lui, fidèle à sa parole, l’avait guettée de loin, passant près du Château chaque fois qu’il en avait l’occasion, cherchant à l’apercevoir dans l’ombre des fenêtres, épiant ses sorties officielles. Le tout dans la plus grande discrétion, car nul n’aurait sans doute toléré qu’il s’approche de nouveau de la petite malade comme il l’avait fait le premier jour –en réalité, seul Arramon, le domestique et ami de Narcissa, avait vraiment pu leur octroyer cet entretien privilégié.

De ce que David avait constaté, sa frangine se remettait lentement mais sûrement des blessures et frayeurs subies. De son côté, le temps passait avec la monotonie habituelle –bien qu’un changement semblât se profiler à l’horizon. Le jeune homme entendait de plus en plus parler de ce poème, la Clé de Cendre, resté dans les placards de l’Inquisition pendant plus de quinze ans; alors que lui n’aurait eu aucun talent nécessaire pour déchiffrer la pseudo-énigme dissimulée dans ce vulgaire bout de papier, des personnes comme le père Ethan ou la mère de Narcissa y voyaient des révélations dignes d’intérêt, sur le point d’aboutir. C’était imminent et David attendait ce jour-là avec impatience, sans savoir ce qu’il lui réservait. En attendant, il ne voyait plus très souvent sa mère, Sarah Geisler, qui quand elle n’était pas absorbée par les affaires courantes se consacrait également à ce poème sibyllin qui avait dû être pour elle une source de tracas supplémentaire. David aurait aimé qu’entre eux, la situation s’arrange; mais l’ambiance était toujours la même depuis ce terrible soir où, dînant en tête à tête comme c’était de coutume tous les mois, leurs paroles avaient dépassé leurs pensées. Depuis, il n’osait ni aller la voir ni lui parler, encore moins avec les récents événements.

Lorsqu’il avait reçu la lettre de Narcissa, lui précisant qu’elle se sentait beaucoup mieux et qu’elle viendrait le voir, David avait tout préparé afin de réserver pour eux seuls une des petites cours de la Collégiale –un terrain petit mais dont ils auraient l’exclusivité durant quelques heures. Un peu avant l’arrivée de sa frangine, le jeune homme choisit quelques armes dont il prévoyait d’enseigner les rudiments à Narcissa, à savoir en priorité la dague. Personne ne devrait jamais sous-estimer l’utilité de savoir se défendre avec une arme; et il savait que la petite de Saint-Loup, malgré sa nature casse-cou (il n’y était pas pour rien dans cette histoire, d’ailleurs…) comprendrait l’importance de leur petite séance d’entraînement. Cela valait d’autant plus de son agression récente par le pire psychopathe que Forbach ait compté… ou plutôt, le deuxième pire avec l’Oracle –à croire que la cité était le lieu de tous les records les plus affreux.

Faisant tournoyer les petites lames dans sa main afin de passer le temps, David quitta ses amis avec lesquels il avait passé le début de cette matinée afin d’aller guetter Narcissa sur la route. Bien évidemment, des sifflements et des rires retentirent dans son dos au moment où il quitta la Collégiale; il ne savait pas trop comment ses amis étaient au courant, puisqu’il ne leur avait rien raconté, mais ils n’avaient de cesse de le charrier sans pitié depuis sa visite à sa frangine au château de Frauenberg, Sa crédibilité de chef de file de la jeune génération inquisitoriale prenait de sacrés coups en ce moment! et à son avis, cette histoire n’était pas encore terminée. Mais David s’en fichait; il fit sa sortie avec un sourire en coin et un petit air suffisant. Ces moqueries amicales n’étaient finalement rien de plus que de la jalousie –tout le monde n’avait pas la chance d’avoir la fille d’une Comtesse comme amie précieuse!

Quelques minutes plus tard, Narcissa arriva finalement. Il la vit venir de loin, perchée sur son grand trotteur sur lequel il l’avait surprise à traverser les rues de Forbach, quelques temps auparavant. La contempler de loin était une chose, la voir en face et lui parler une autre, toute différente au demeurant. Et à présent, il ne courrait plus le risque qu’elle s’évanouisse ou soit sujette aux vertiges, du moins en théorie. David regarda approcher sa frangine qui avait fière allure, ne sachant trop comment lui communiquer sa joie sans paraître ridicule ou mièvre. Il n’avait de toute façon jamais été très doué pour les excuses et les embrassades, c’est pourquoi il se contenta de lui adresser un sourire espiègle, ses yeux riant derrière sa frange de cheveux sombres.

"J’ai failli attendre" glissa-t-il malicieusement, croisant les bras en prenant l’air d’un professeur faussement offusqué du retard de son élève.
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Narcissa de Saint-Loup
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Narcissa de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Petites leçons et grandes questions   Petites leçons et grandes questions Icon_minitimeVen 1 Avr 2011 - 22:45

Tout aussi satisfaite que Mativa, elle contempla son reflet sur la psyché et fit semblant d’ignorer ses joues creusées par la fatigue. Pour cette occasion particulière, elle avait mis une nouvelle robe aux plis compliqués de cette couleur adorée de son frère : le cyan sombre. Ses cheveux savamment retenus par un chignon aux arabesques de boucles soyeuses et brillantes. Sans oublier son plus fidèle allié, une étoffe blanche retenue par une broche en argent et de perles. Sa peau étant de nouveau souple, elle se permit de faire un grand sourire et embrassa la joue de sa plus tendre servante.

Oui, elle semblait heureuse sur son satané trotteur quand elle traversa le village, le bras alourdi par un panier en osier, comme si elle avait appris à vivre avec cette angoisse qui la rongeait depuis cette nuit de décembre. Le chemin de la Collégiale fut long et la jeune fille déplora que le lieu du rendez-vous fût si peu discret. Même une dizaine de personnes sur un chemin long de quelques kilomètres lui sembla de trop tant, elle craignit que la vraie raison de sa venue soit découverte. C’était idiot, elle le savait, mais depuis quelque temps peu de ses pensées étaient rationnelles.

La vue de la petite cour privée lui ôta une grande partie de sa tristesse, Narcissa allait revoir la seule personne qu’elle comprenait et aimait sans y voir son reflet. Pour l’espace de quelques heures, elle serait de nouveau entière. David avait toujours eu ce pouvoir sur elle, celui de lui donner de la joie même dans les moments les plus difficiles. Cette force, plus forte, s’exerça quand elle le vit croisant les bras avec cet éternel air espiègle et rieur, pourtant cette petite boutade la vexa quelque peu. Si les événements ne s’étaient pas enchainés aussi rapidement… Ces cours auraient pu… Elle sauta de son cheval, regarda Arramon s’éloigner, respira un grand coup et se dirigea vers son frère. Incapables de lui mentir, les intonations de sa voix à la fois triste et comique sonnaient d’une façon toute particulière :


— Et c’est ainsi que je suis accueillie ? D’accord, j’ai quelques minutes de retard et alors ? J’ai une bonne excuse, monsieur. En avez-vous une pour me dire ce que vous venez de me dire ?

Les odeurs de fruits et de miels embaumaient l’air. Les deux pans de son panier furent ouverts comme les nœuds d’un chiffon : toutes ses pâtisseries favorites étaient présentes. Dodues sous leurs brillances sucrées annonçant de fabuleuses promesses.

— Voyez-vous ces merveilleuses, ces succulentes, ces délicieuses pâtisseries ? Je vais m’en délecter jusqu’à m’en lécher les doigts et vous n’en aurez pas un morceau, pas même une seule petite miette. Souffrez maintenant.

Elle souleva le tissu cachant des pots de miels, de confitures, un paquet de sucre, une bouteille d’eau florale et de petites pâtes d’amandes en forme de fruit. Triomphante, elle posa délicatement son doigt sur le nez de son frère et attendrie, murmura :

— Na.

Souriante, elle referma son panier et se dirigea vers son cheval avec une grâce maladroite et d’une extraordinaire mauvaise foi, elle bougonna tout en tentant de garder un minimum de dignité :

— Maudite robe ! Pffff ! Non, mais je te jure… Non, mais si je tire là… Aïe !

Elle tomba de tout son long sur une grande plaque de boue. Les badauds rirent grassement, de même que la jeune fille qui tapa le poing sur le sol à s’en éclabousser après s’être essuyé le visage et avoir enlevé une pince qui retenait son chignon de travers, ne serait-ce que pour ajouter quelques notes comiques. Puis, rayonnante, elle prit de la boue épaisse et cria :

— Qui m’aime me suit !

Elle la jeta sur la femme du Boulanger, dont cette dernière décida de se venger en jetant sur l’horloger et en quelques secondes ce forma deux rangées riantes à en perdre haleine. Qu’ils soient jeunes Inquisiteurs ou habitants, tous jouaient de bon cœur. Épargnée au milieu, Narcissa à quatre pattes alla à la fin de l’une d’entre elles et tapa des mains :

— Oh ! Le joli minois !

Et paf ! Voici un David tout couvert de boue ! Pas peu fière, elle lui fit un immense sourire et lui tira la langue. Na !
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David Geisler
Sergent
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David Geisler


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MessageSujet: Re: Petites leçons et grandes questions   Petites leçons et grandes questions Icon_minitimeSam 2 Avr 2011 - 23:34

Lorsqu’il avait vu la grande silhouette du trotteur se profiler sur la route, un sourire avait éclairé le visage de David. Il observa Narcissa sauter à bas de sa monture et en confier les reines à Arramon, le jeune homme adressant à celui-ci un signe de tête au passage. La petite semblait avoir particulièrement soigné sa tenue pour l’occasion et elle était aussi pimpante qu’une goélette avec des voiles neuves et de la peinture fraîche. Même si ce n’était peut-être qu’une façade, les tourments et douloureuses réminiscences liées à l’Agent du Diable semblaient s’être estompées, au moins momentanément.

David se demanda si le choix de la couleur de sa robe, d’un cyanusé foncé, était volontaire ou non, considérant que c’était là sa teinte préférée. Sans doute que oui… Sa frangine était le genre à prêter une immense attention à ce genre de détails. Et le rendu était splendide, la couleur sombre et bleutée jurant délicieusement avec le roux flamboyant de sa chevelure.

Tandis qu’elle venait à sa rencontre, David pensa qu’avoir autant de témoins autour d’eux n’était pas forcément une bonne chose, et qu’il avait peut-être mal choisi le lieu de leur rendez-vous. Mais les personnes de la Collégiale ainsi que les roturiers passant dans la rue ne frayaient pratiquement jamais avec les nobles. Le risque que quelqu’un aille prévenir la Comtesse de Saint-Loup, ou tout autre individu, que les deux jeunes gens s’étaient retrouvés, était en soi minime. De plus, David savait maintenant qu’ils pouvaient compter sur l’entière discrétion d’Arramon.

Dévoiler le contenu du panier de Narcissa mit David à la torture, et il eut le plus grand mal à contenir les féroces rugissements de son estomac. Sa frangine agita d’ailleurs cruellement les pâtisseries sous son nez, afin d’être sûre qu’il respire bien les odeurs de brioche, de vanille et de sucre à tomber par terre. C’était typiquement le genre de met auxquels il ne pourrait jamais prétendre du fait de son niveau de vie simple, voir miséreux en certaines périodes. Alors tandis qu’il tendait le cou pour humer les délicieuses effluves, la petite rouquine retira son panier et le nargua jusqu’à poser son doigt léger sur son nez. Un sourire espiègle étira les lèvres de David.

"Très bien, tu pourras manger toutes les pâtisseries que tu veux et devenir obèse si ça te chante. Mais personne ne touchera à la nourriture avant qu’on ai fini l’entraînement."

Hé oui, la nourriture, ça se méritait! Il fallait suer et faire des efforts pour l’obtenir.
Lorsque Narcissa s’étala de tout son long dans une flaque boueuse magistrale, David comme les autres éclata de rire. Adieu la robe cyan, sa frangine ressemblait désormais à un golem maigrichon qui se releva aussi sec et, chose ahurissante, n’hésita pas à ouvrir les hostilités sur les passants! Lesquels répliquèrent avec vivacité et en une poignée de secondes, ce fut une véritable bataille rangée à coup de jets de terre humide et d’éclats de rire qui opposa les badauds de Forbach. David perçut une sensation d’allégresse, quelque chose qu’il n’avait pas ressenti depuis bien longtemps, monter en lui tandis que des souvenirs d’enfance refaisaient surface, le mettant en scène Narcissa et lui lors de leurs plus mémorables bêtises. C’était CA, qu’il aimait chez Narcissa! Elle avait beau être noble, elle ne se sentait pas au-dessus des autres, passant devant eux avec un air hautain. Pas étonnant qu’elle ait su conquérir l’amour et la confiance de ses gens, en Rodez.

A peine avait-il eut cette pensée qu’une chose visqueuse, collante, s’écrasa en plein sur son visage, le faisait tituber de quelques pas en arrière. Un air choqué se peignit sur son visage –enfin, le truc marron et dégoulinant lui servant désormais de visage- tandis qu’il n’en croyait pas ses yeux. La petite peste! Elle avait osé!

"J’aurai ta peau, Narssaussisse" gronda-t-il et, retenant à grand peine un fou rire, se jeta sur sa frangine.

L’affrontement fut bref mais intense, David étant fermement décidé à ne pas lui faire de quartiers. Malgré toute son expérience, il devait admettre que la rouquine était une adversaire coriace, rapide et précise dans ses mouvements. Après quelques minutes à enchaîner offensives et esquives, ils roulèrent tous deux dans la boue tels des lutteurs, et le jeune homme parvint à se relever, immobilisant sa victime les bras le long du corps tandis qu’il se trouvait dans son dos.

"Braves gens!" cria-t-il et toutes les têtes se tournèrent vers eux, les combats de boue cessant pendant un instant. "Voici la responsable de tout ceci. C’est elle qu’il faut punir!"

Il y eut un instant de silence ou rien ne bougea, puis toutes les personnes présentes, de la boue dans les mains, armèrent leurs bras… et lancèrent leurs poignées de terre humide sur Narcissa dans un bel ensemble.
David se baissa instinctivement, protégé par le corps de sa frangine qu’il maintenait devant lui et qui lui servait de bouclier. Grâce à ça, il échappa à l’assaut; quand tout se calma enfin, il n’en pouvait plus tellement il riait.

"Tu es tellement belle" glissa-t-il en observant le visage de Narcissa, maculé et méconnaissable, tout en ayant le plus grand mal à garder son sérieux. "Tu ressembles à… (Il eut un air songeur). A un tas de mortier pas encore sec."

Tandis qu’il ne cherchait pas à dissimuler son fou rire, la voix de la raison retentit dans son esprit, désagréable au possible. C’est bien que tu prennes du bon temps, David. Pendant que Forbach se consume. Tu crois que c’est en lui lançant de la boue qu’elle parviendra à repousser l’Agent du Diable? En grimaçant, le jeune homme dut se rendre à la raison.
Quelques minutes plus tard, les choses étaient rentrées dans l’ordre dans la rue et les passants reprenaient leurs activités, sourire aux lèvres et ne tarissant pas d’anecdote sur le mémorable affrontement qui venait de se dérouler. David entraîna Narcissa à l’intérieur de la Collégiale, vers la cour pavée qu’il avait réservé pour eux. Sur un côté, il y avait un énorme bac d’eau de pluie où ils purent se rincer et se débarbouiller le visage, résistant tant bien que mal à se lancer dans une bataille d’eau. Finalement, le jeune homme se tourna vers sa frangine.

"J’ai pensé qu’on pourrait commencer par un petit exercice de lancer de couteaux. Tu es une bonne archère, tu dois sans doute bien viser. Et avant d’être sur toi, l’Agent du Diable devra bien parcourir la distance qui vous sépare… ce qui te donne autant de chances de lui régler son compte avant."

Afin d’illustrer son propos, il désigna les grandes cibles faites de paille rembourrées au fond de la cour, contre le mur de briques. Puis il sortit d’étuis à sa ceinture deux lames brutes sans garde ni poignée, spécialement conçues pour le lancer. Faisant jouer les muscles de ses bras, David montra à Narcissa comment procéder –non sans frimer un peu, cela va sans dire. Avec satisfaction, il vit la lame se ficher à proximité du centre de la cible; puis il entreprit de montrer à sa frangine comment faire. Lui expliquer comment placer ses pieds par rapport à son buste, lequel devait être face à la cible, afin que l’axe de tir soit optimal; les différentes façons de saisir le couteau, qui influaient sur sa vitesse de rotation; les erreurs à ne pas commettre, tous les débutants faisant atterrir un jour où l’autre leur couteau sur le manche…

"Aller, essaye."
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Narcissa de Saint-Loup
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MessageSujet: Re: Petites leçons et grandes questions   Petites leçons et grandes questions Icon_minitimeDim 3 Avr 2011 - 20:28

L’affrontement dura quelques minutes et Narcissa en profita à chaque esquive pour le taquiner sur son âge très avancé. Ce fut ignorer les ressources de son frère qui en profita pour analyser le moindre de ses gestes et au meilleur moment et au bout de quelques roulades dans la boue, réussit à l’immobiliser. La jeune fille en était admirative, mais comment avait-il réussi ce coup ? Mais, elle n’était pas dans une position normale, ohhhh, ce n’était pas bon ça. Elle tenta de se débattre tout en riant :

- Non, ce n’est pas juste ! C’est toujours toi qui gagnes !

David cria à tous les participants qu’il fallait punir la responsable. Narcissa avait beau dire « Non, non ! C’est lui ! C’est lui ! », que toute la petite foule en profita pour la couvrir de boue. Son réflexe fut de bouger pour que son frère soit éclaboussé, mais il avait trouvé l’astuce pour ne pas être touché. Le vilain, il avait gagné cette bataille ! Non, mais, cela n’allait pas se passer ainsi !
Quand il relâchât son étreinte, tout en la laissant tomber mollement, la jeune fille n’avait plus de force pour se venger tant elle prise d’un grand fou rire, de plus celui de David était si communicatif qu’il était difficile de se calmer. C’était ce qu’elle aimait chez lui, toujours partant pour toutes les aventures. Qu’est-ce qu’il l’avait manqué !


Pourtant, le compliment l’avait choqué. Tellement belle ? Elle s’essuya le visage, se pencha vers lui et fronça les sourcils. Puis, il continua en lui lançant une pique et d’un air malicieux, lui répondit :

- Je dois t’avouer que la boue te rendrait presque charmant. Il te manque… une barbe !

Avec la boue ramassée sur son visage, elle lui lança en pleine figure. Son seul regret fut qu’il eut le réflexe de l’éviter, mais tant pis, elle avait au moins tenté de se venger. Puis, écroulée de rire, elle se mit sur le dos et tint son ventre. Cela fit des années qu’elle n’avait pas ri de bon cœur, ainsi. Cela lui fit un bien fou !

Quelques minutes plus tard, David la prit par la main et la conduisit dans ce bâtiment tant redouté. La collégiale semblait austère, l’horreur avait marqué les murs. Ses pensées allèrent pour son frère et ami, car une grande tristesse l’envahit, ce n’était pas un endroit pour grandir et avoir un œil sain sur le monde. Il y avait tant de haine, les pierres en suintaient. Elle comprit alors pourquoi son seul parent l’avait envoyé quelques semaines par an à Rodez. Quand elle regarda David se laver le visage et se retenant de faire une bataille d’eau, elle fut soulagée. Oui son intuition ne pouvait qu’être vraie. Il ne pouvait être que quelqu’un de bien même s’il était, comme elle, un des descendants de l’Ordre à l’antipode de ses propres convictions. Elle sut qu’il n’avait pas eu le choix, ne le voyant pas faire du mal à qui que ce soit. Elle lui fit un immense sourire. Le souvenir de la révélation de l’identité de son unique parent, lui revint, elle n’en fut que plus admirative pour les sacrifices que Sarah à du faire pour l’éduquer. Sa mère devait être si fière de son fils !
Enfants, depuis ce jour où David lui avait donné ce secret si lourd sur sa naissance et avait renforcé d’une façon inattendue leurs liens, Narcissa avait mis presque sur un piédestal cette mère qui a su affronter le monde des hommes. Étant du sexe faible et ayant vécu de front ce monde sans femmes, elle n’en avait de jour en jour que plus de respect, alimentant le rêve de pouvoir la rencontrer pour lui dire toute son admiration. Puis dans un murmure :


- C’est donc ici que tu as grandi ? Ton père doit être fier de toi, moi, je le suis. Même avec le coup de tout à l’heure…

Elle caressa rapidement la main de son frère et regarda l’eau avec envie. Non, il ne fallait pas commencer une bataille d’eau. Elle fit une grimace étant ici aussi pour apprendre à se battre. Puis avec un soupir, dit :

- C’est triste, je t’aurai bien poussé dedans, c’était si tentant. Sommes-nous devenus sérieux ? Parce que là, c’est vraiment effrayant.

Elle fit une nouvelle grimace et continua à se frotter le visage. Cette période heureuse était bien révolue, mais pas totalement perdue, après tout cette bataille de boue était drôlement chouette.

Quand David décida à commencer le cours, Narcissa attentive constata qu’il était un peu trop fier. Il était maintenant son professeur et de le voir aussi heureux, lui fit un plaisir immense.
La première chose remarquée fut que le lancer de couteau n’était pas du tout comme le tir à l’arc, elle déglutit. Comment allait-elle tout retenir sans paraître ridicule ? Et puis après tout, il l’avait bien vu toute nue petite, courant dans tout le Château pour éviter le bain… Alors, manquer son premier lancer… Pourvu qu’il ne parle pas de son grain de beauté sur la fesse droite, là, elle risquerait de rater son coup.


- Mon tour ? D’accord. Mais ce n’est pas comme le tir à l’arc. On doit oublier son corps en fait, c’est comme une méditation… Tu oublies tout, même le temps… C’est vraiment magiq… Je dois oublier ce mot c’est vrai, il ne doit pas se dire, ici … Bref, il n’y a pas de mot.

Même en étant sorcière et ayant maintenant vu quelques miracles, son esprit n’arrivait pas à concevoir que tous ces phénomènes n’avaient pas d’explications rationnelles. Ce qu’elle adorait dans la poursuite de sa vocation était que tout cela dépassait ses connaissances (même si elles servaient de béquilles pour aller plus en profondeur dans ce chemin), repoussait sa vision du monde et révélait des parties d’elle-même jamais soupçonnées, pourtant il lui arrivait d’avoir un peu peur. Son bafouillage lui permit de dévoiler ses pensées et de lui poser la question, le tout en murmurant :

- Je n’arrive pas à m’habituer à toutes ces légendes. Mais si maman et toi êtes ici, c’est qu’il doit y avoir quelque chose, je vous crois, même si ce n’est pas évident de penser que choses irrationnelles puissent exister. Elles ne te font pas peur ? Juste un peu pour moi.

Elle se concentra, tenta de copier maladroitement les gestes de son frère et lança la lame. Il y eut une bonne et une mauvaise nouvelle : elle avait bien visé en touchant la lame de son frère, mais par le plat. Narcissa fronça les sourcils.

Le métal résonna dans la cour.


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David Geisler
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MessageSujet: Re: Petites leçons et grandes questions   Petites leçons et grandes questions Icon_minitimeMar 5 Avr 2011 - 21:36

Se débarbouiller le visage leur avait fait le plus grand bien, car la boue aurait fini par sécher sur leur peau pour finalement former un masque se craquelant à chaque mouvement. Ç’aurait été amusant aussi, surtout de voir Narcissa dans cet état! Un sourire encore fiché aux lèvres, David s’était rincé à grande eau, mouillant par là l’extrémité de ses longues mèches noires; il faudrait sous peu qu’il les coupe, car elles devenaient gênantes.

En voyant le regard de sa frangine, qui observait de tous côtés la cour nue et pauvre en terre battue de la collégiale, l’architecture austère du bâtiment et la froideur des pierres, le jeune homme se fit une nouvelle fois la réflexion qu’il n’avait peut-être pas très bien choisi leur lieu de rendez-vous. Il ne voulait pas effrayer Narcissa, mais il avait fait au plus pratique, car s’entraîner dans la forêt par exemple aurait été plus discret mais moins évident. Heureusement, la petite rouquine sembla finir par s’habituer et lui sourit, évoquant sans prévenir Sébastien Garin
David, qui puisait un filet d’eau au creux de sa main, stoppa brusquement son geste.

Son père… enfin, sa mère aux yeux de tous, sauf de lui et Narcissa qui connaissait son secret. Il avait suffi de seulement l’évoquer pour que remonte en lui le souvenir de cet épouvantable soir, au cours duquel Sarah Geisler l’avait… oui, il ne fallait pas avoir peur des mots… renié. Quel verbe aurait mieux convenu, puisqu’elle avait avoué être dégoûtée par lui, et préféré ne pas être sa mère? Certes, elle s’était ravisée aussitôt auprès, lui demandant pardon dans les larmes. Or il pouvait pardonner mais pas oublier; et il avait toujours l’impression de s’être fait piétiner par un troupeau de buffles en furie lorsqu’il se remémorait ces paroles. Fuyant délibérément le regard de sa frangine, David tenta de déglutir mais toute trace de salive avait disparu, laissant sa bouche plus sèche qu’un désert.

"Je ne sais pas… lui et moi, on ne se parle plus vraiment." Vite, changer de sujet, trouver autre chose. La petite rouquine le lui offrit sur un plateau en évoquant l’endroit où il avait grandi. David saisit la balle au vol, sautant du coq-à-l’âne sans finesse, en désignant les bâtiments alentours:

"Oui, il ne faut pas se fier à l’apparence. C’est plus chaleureux que ça en a l’air. (Il lui jeta un regard complice). Surtout quand les gens se mettent à faire de drôles de choses!"

Une bataille de boue… il n’y avait bien que Narcissa de Saint-Loup pour transformer une scène du quotidien, si peu barbante fut-elle, en un délire collectif bref mais intense où, pendant un instant, tous oubliaient que Forbach était le nid du malheur et de la souffrance… Quand les badauds avaient reflué, laissant derrière eux ce court moment d’allégresse, il avait fallu retourner à la réalité et s’apercevoir que tout ceci ne pouvait durer. Il aurait bien aimé, pourtant… il aurait aimé que cela dure autant de temps que nécessaire sans même se soucier des conséquences, exactement comme lorsqu’il était gosse et que Narcissa et lui rivalisaient d’ingéniosité pour se livrer à toutes les bêtises possibles et imaginables… penchés au dessus de l’eau qui mirait leurs portraits brouillés par les ondes, ils se parlaient doucement, laissant leurs mains pendre dans le liquide frais. Le « sommes nous devenus si sérieux ? » de sa frangine lui avait éteint le cœur.
Car oui, ils avaient grandis et c’était effrayant. Ce mémorable combat de boue ne serait désormais là que pour leur rappeler, plus cruellement à chaque fois, qu’ils ne pourraient plus s’adonner à ce genre de jeux comme étant petits. Ils avaient grandis et avaient chacun des responsabilités et des devoirs. Dont le principal, aux yeux de la société, serait de se tenir éloignés le plus loin possible l’un de l’autre…

Puis, Narcissa lui lança un sourire absolument éclatant, rayonnant telle un soleil miniature avec ses cheveux flamboyants.

David sentit ses joues s’embraser brusquement et s’éloigna à grands pas.

Après qu’il lui eut montré comment se placer, orienter les différentes parties de son corps et lancer son couteau, ce fut au tour de sa frangine de se mettre en place pour faire un essai. Effectivement, cela n’avait rien à voir avec le tir à l’arc, mais il savait que Narcissa visait très bien et c’était déjà en soi un atout. Professeur attentif, David se plaça à côté d’elle pour voir si elle suivait ses enseignements. Malgré quelques hésitations, la petite rouquine finit par mettre en application les consignes et lança sa lame… mais atterrit sur le plat, rebondit mollement sur la cible et tomba à terre avec un bruit métallique. Le jeune homme ne s’attarda pas le moins du monde sur cet échec; il était très fréquent que le premier lancer d’un débutant échoue, lui même n’ayant pas fait exception à la règle. En revanche, ce furent les paroles de Narcissa qui l’étonnèrent. Elle avait eu du flair de ne pas prononcer le mot « magie » ici, même si dans l’immédiat nul ne pouvait les entendre; il y avait des tabous qu’on ne violait pas, par principe. Dire ça entre les murs de la collégiale aurait été du plus mauvais effet... Tout en s’éloignant quelque peu pour aller ramasser les deux couteaux, David entreprit de répondre à sa petite sœur.

"Les choses irrationnelles peuvent parfaitement exister! Comme…" l’amour. Il s’était interrompu juste avant de le dire, tandis que le souvenir de Manon jaillissait dans une douloureuse étincelle. Oui, les choses irrationnelles existaient, il l’avait appris à ses dépends… Mais après cette mésaventure, il s'était juré d'en finir avec toutes ces conneries. David toussa bruyamment pour dissiper sa gêne, avant de changer de sujet.

"Quant à ces légendes, elles ne me font pas peur. Certaines sont vraies, et ne sont donc plus des légendes. D’autres sont fausses, et demeurent des contes à dormir debout pour effrayer les fillettes. (Il lui jeta un coup d’œil en biais). Ce qui marche, visiblement!" ricana-t-il gentiment devant l’aveu de la petite rouquine.

C’était bien sûr une moquerie amicale. De toute façon, elle était sans fondements. L’une des qualités extraordinaire des Saint-Loup n’était pas justement d’avoir peur de rien, mais d’affronter et de défier la peur avec un courage exemplaire lorsqu’elles les saisissait. Il avait entendu parler, au travers de rumeurs, du soir où l’Agent du Diable s’était introduit dans les appartements de Narcissa. Sa frangine ne lui avait jamais raconté cet événement de vive voix car il était encore trop douloureux pour elle, et David voyait mal Cassandra lui expliquant cette nuit-là dans les détails; mais les bruits de couloirs parlaient d’une rouquine et de sa mère qui ne s’étaient pas laissées démontées, combattant vaillament ce psychopathe alors que leurs vies étaient en péril. Mieux: la Comtesse de Rodez était allée jusqu’à lui tirer dessus et le défenestrer! Autant dire que comme d’habitude, elle ne prenait pas de gants.

David revint près de Narcissa et lui tendit le manche d’un des couteaux, lui lançant un regard signifiant qu’elle ne devait pas se décourager.

"Tu lances comme une fille" ronchonna-t-il en bon macho, "utilise plus ton épaule." Afin d’illustrer ses propos, le jeune homme entreprit de se placer derrière elle, dans son dos, et de saisir doucement son poignet pour lui montrer le bon mouvement. Il répéta son geste quelques fois, lentement, afin qu’elle le mémorise bien. Les longs cheveux de Narcissa lui chatouillaient le menton, répandant une douce effluve qui lui donnait envie de fermer les yeux et de s’abandonner à une étrange torpeur… Qu’était-ce que cela? Il ne faisait pas trop froid aujourd’hui, pourtant il sentait comme dans le contraste de l’hiver la chaleur dégagée par le corps de sa frangine, tout contre le sien. Chaleur qui le troublait plus que de raison. Et une étourdissante sensation bien connue remonta lentement en lui telle une vague… sa gorge se bloqua. Oh, qu’était-il en train de faire? La situation échappait à son contrôle! S’éloignant de Narcissa pour ne pas se trahir par un contact physique inopiné, il lui désigna vaguement la cible, plus du tout concentré sur le lancer.

"Et… et ta mère? Elle est d’accord avec tout ça?" marmonna-t-il en observant si sa frangine parvenait à lancer –cette fois-ci, il serait étonnant qu’elle n’y arrive pas, car elle était parfaitement placée.
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Narcissa de Saint-Loup
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MessageSujet: Re: Petites leçons et grandes questions   Petites leçons et grandes questions Icon_minitimeMer 6 Avr 2011 - 20:30

Elle l’entendit respirer l’odeur de ses cheveux, pourtant elle n’avait pas mis de parfum. Mais qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Les joues de la jeune fille devinrent aussi rouges qu’une pivoine, sans en comprendre la raison. Le souffle de David changea très légèrement aussi…Cela devenait désagréable, vraiment désagréable… Puis, il se retira comme si de rien n’était. Mais qu’est-ce qu’il avait aujourd’hui ? Perplexe et plus timide que jamais, Narcissa se concentra à refaire les bons gestes pour son prochain lancé. Il devait avoir de plus grands ennuis qu’elle ne le pensait, cela ne pouvait qu’être de la préoccupation, voilà tout. Il ne cherchait qu’à prendre du courage, bien bien. Beaucoup plus détendue, elle lui répondit au sujet de sa mère :

- Mais évidemment qu’elle m’a donné son autorisation ! Elle était heureuse de savoir que nous nous sommes retrouvés et a compris que j’avais besoin de mon frère et meilleur ami tout près de moi. En fait, je n’ai même pas eu besoin de la convaincre, peut-être parce que j’étais très enthousiaste et que je parlais de toi pendant des jours et jours…

Et des jours, et des jours, et des jours, et des jours…

- De plus, si j’avais su me battre, jamais l’Agent du Diable ne m’aurait étranglé ! Donc, cela évitera bien des choses quand il viendra me retrouver, tu sais ? Elle m’a même autorisé à porter un poignard et c’est grâce à toi ! Tu vois, elle a toujours eu confiance en toi. Vous êtes de la famille, tu sais !

Oui, il était vraiment temps de lui expliquer l’agression en résumé. Narcissa décida donc de quitter sa position idéale pour le tir afin de prendre une plus confortable :

- Nous sommes en guerre, maman et moi. Avant de se défenestrer, il a promis qu’il reviendrait pour nous. Je sais que sa vengeance sera terrible, David. Mais ne t’en fais pas, je ne fais pas ma têtue et je suis scrupuleusement toutes les consignes de prudence et de sécurité, et j’en invente même d’autres.

Et ce n’était pas au goût de tout le monde…

- Voilà ce qui s’est passé, rien de méchant, ne t’en fait pas. Il était sur le coffre pour me regarder dormir et quand il s’est ennuyé, il m’a réveillé avec un coup léger de botte sur mon pied. La surprise m’a fait très peur, surtout cette odeur d’excitation malsaine. Bref, quand j’ai retrouvé mes esprits, je me suis dit que j’avais l’occasion de lui tirer les vers du nez pour aider à le coincer. Et puis, je voulais aussi trouver un moyen de me défendre et j’avais besoin d’avoir sa confiance, pour gagner du temps. Le seul petit détail est quand il s’est approché de moi pour me caresser les cheveux, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu très peur.

Hors de question qu’il sache, qu’elle sait tout sur les devoirs conjugaux et les autres ! Sans compter qu’il a vu pratiquement nue !

- J’ai perdu mon sang froid et j’ai crié. Il m’a assommé, j’ai tenté de me débattre et après il a cherché un moyen pour me tuer et après quelques hésitations, il sortit une chaînette d’argent pour m’étrangler. Au moment où je pensais que j’allais mourir, maman est arrivée et j’ai pu sortir de ses griffes. Elle n’a pas hésité à lui tirer une balle presque en plein cœur. Elle a pensé l’avoir tué, tu sais. Mais j’ai toujours su que non. Mais elle croit que c’est un être démoniaque, je n’arrive pas à le croire… C’est pour cela que je t’ai posé la question sur les légendes… Ce n’est pas le mot, mais je ne veux pas y croire. J’ai très peur que maman dise vrai. C’est mon conte de petite-fille et j’ai mon méchant loup et j’ai peur de lui.

Cela fut plus dur de lui dire le fond de sa pensée, les choses avaient changé. Pourtant, elle avait surnommé son frère plus petite son « chasseur de monstres » et cherchait toujours à dormir tout près de lui… Il connaissait très bien sa peur du surnaturel et le plus étonnant, elle devint ce qu’elle craignait le plus. Mais sa foi en son frère lui soufflait qu’il ne pouvait lui faire du mal et tout son être s’enflamma. Leur relation était solide et forte, leur amour les guidait et ils avaient partagé tellement de choses qu’on ne pouvait pas agir ainsi… Il fallait qu’un jour, elle lui dise la vérité, mais comment ? La gorge de Narcissa se serra et elle chercha son panier pour boire un peu d’eau.

- Mais où est le panier ? Bon sang ! La rue !

Narcissa courut pour le chercher, stupéfaite de le voir intact, le ramena avec la même cadence et souriante, le posa tout près de son frère.

- On a eu de la chance. Bon, voyons voir, si je me souviens de tes conseils, professeur.

Avec une moue amusée, car avec ce surnom il venait de prendre dix ans de plus, elle regarda les marques au sol, rougit en reconnaissant celles de David et se mit en position. Elle ferma les yeux et son esprit l’interpella. Mais oui ! S’il ne s’entendait pas avec sa mère, c’est qu’ils ont dû se disputer ! Bon avec David, c’est une des choses les plus faciles à obtenir, étant si sensible, soucieux des autres et perfectionniste. Cela ne pouvait venir que de ça ! Et c’est donc pour cela qu’il avait cherché du courage auprès d’elle, elle avait posé la question douloureuse. Donc gestes tendres et respirations qui changeaient de rythme correspondaient à un événement douloureux dont il n’aimait pas en parler. Oui, mais c’était mal la connaître et elle savait qu’il ne se fâcherait pas si elle insistait fortement –peut-être jusqu'à devenir une jolie enquiquineuse- pour qu’il fasse l’effort de reparler avec Sarah.
Mais pour se disputer avec sa mère, il y avait dû avoir un événement grave dans sa vie, l’ayant déjà senti dés leurs retrouvailles. Même en le voyant heureux auprès d’elle, son intuition lui hurlait une tristesse en lui extrêmement profonde…Bon sang ! Elle n’était pas là à ses côtés pour le soutenir, non, au lieu de ça elle aidait ses gens avec Père Armel. Que devait-il penser d’elle maintenant ?
Ces pensées lui donnèrent la passion suffisante pour exécuter les bons gestes et elle le lança avec une force étonnante. La lame du couteau plus proche du centre de la cible, mais aussi de la lame de David, se planta profondément dans le morceau de bois. Narcissa cracha tout bas :


- Je me hais ! Je me hais ! Je me hais ! Tu as souffert et je n’ai rien tenté pour venir te rejoindre plus tôt. Pourquoi ai-je pensé à mes gens au moment où tu avais le plus besoin de moi ? Pourquoi à des étrangers ai-je apporté mon aide et pas à toi ? Tu vois CA ! C’est de la frustration !

Narcissa s’approcha de David pour lui tenir délicatement les mains, le regarda droit dans les yeux et murmura :

- J’ai très mal, je sens que ton cœur souffre, tu es si triste. Je t’aime, David, je ferais tout pour que tu sois heureux, que tu ne souffres plus, ne plus voir tes larmes, je… Je ne sais pas comment faire. Je t’aime tant David, je t’aime. Tu es le deuxième homme de ma vie, on a eu peu de secrets l’un pour l’autre et maintenant, nos blessures nous empêchent de parler et de vivre notre amitié…

Elle mit sa main sur son ventre, sa douleur fut intense, lui coupant le souffle. Elle savait que ce n’était pas le corps qui en était en cause, mais tout ce qui la constituait. Même en ne connaissant pas la teneur des propos de cette terrible dispute, elle décida de donner simplement son expérience.

- Te souviens-tu de notre dernière dispute ? Je me souviens que j’avais hurlé mon regret d’être ta sœur, que tu étais lâche et que je te détestais. Te souviens-tu ce que tu m’as répondu ? On a tout de suite su qu’on se trompait tous les deux, nous avons été au-delà de notre douleur et nous nous sommes aperçus que tout cela était des paroles en l’air, lors de nos premières lettres. Te souviens-tu de nos retrouvailles ? C’est ce qui se passe quand on s’aime vraiment.

Elle caressa les mains de son frère craignant que ses paroles puissent le gêner. D’une voix encore plus douce, elle continua :

- La douleur que nous avons ressentie a été notre force pour aller au-delà des mots et des apparences, elle a permis d’ouvrir nos yeux et de comprendre que… Il est normal de souffrir quand on aime vraiment, David… Pour ton père cela doit être comme pour moi, plus les mots sont durs dans les disputes, moins ils comptent. On souffre et on l’exprime, sans réfléchir et cela dépasse nos pensées. David, tu es une très belle personne, forte, courageuse et honnête. J’ai toujours été fière de toi et je n’ai jamais su ce que tu as pu trouver de beau en moi, mais je me suis toujours sentie la plus chanceuse du monde d’être par mis ceux qui comptent pour toi. Et je sais qu’un parent, c’est bien plus fort ! Je sais que le premier pas est le plus dur, mais revois-le. J’ai besoin de toi, cela doit être plus fort encore pour ton père. Et je sais que l’une des choses les plus terribles à vivre pour moi fut ton silence. Alors, cela doit être la même chose pour lui.

Elle serra très doucement et tendrement son bras et poursuivit :

- Et une autre chose importante… Si je lance comme une fillette alors toi… Pouf ! Je n’ose même pas penser…

Et pour rire, elle prit la ceinture de sa robe pour la remontrer comme un homme et renifla bien fort. Et tout doucement, avec un petit sourire, elle poursuivit :

- J’suis une fille et heureuse de l’être. Et je te ferrais dire que la fois où nous avons pris les corsets de maman, pour faire notre course, tu n’avais pas fière allure ! Même pas trois fois le terrain de course sans demander de respirer… Hein ? P’tit gars ?

Oui bon d’accord, elle n’était pas mieux non plus dans cette histoire. Ils avaient tenté de courir sans respirer, mais en riant cela n’était pas évident. Alors, ils eurent l’idée d’emprunter deux corsets de Cassandra –sans lui demander sinon elle aurait refusé et cela aurait été triste- pour les serrer au maximum et de faire le terrain de course trois fois, sans s’arrêter. David était plus grand, donc la lingerie put être serrée un peu, mais Narcissa dut courir en la tenant et sans tomber, car tout baillait. Elle était tout aussi essoufflée que lui, tant elle fut prise d’un immense fou rire, tout en tentant de crier « T’ends moi Dada ! T’ends moi, p’tite jambe moi ! ». Par contre, les remontrances qui avaient suivi ont été aussi mémorables. Mais cela ne les avait pas empêchés de faire bien pire après…

Narcissa s’approcha de la cible et pour frimer un peu, voulu décrocher « son » couteau avec un grand élan. Hélas, il fut si bien accroché qu’elle faillit tomber et resta suspendue à lui. Pourquoi à chaque fois qu’elle voulait montrer à son frère à quel point elle était devenue une jeune femme forte, elle se couvrait de ridicule ? Mais cela ne l’empêcha pas de rire de bon cœur.


- Même avec l’épaule cela ne marche pas.

Et prise d’un nouveau fou rire, elle resta suspendue à son arme pendant un petit temps… Puis, elle respira un grand coup et regarda le couteau.

- Mais c’était tout simple !

Elle le bougea un peu et tout doucement, réussit à le sortir de son emprise ! Toute fière, elle lui répondit pour le taquiner :

- Tu vois que les trucs de fille, ça marche très bien ! Troisième essai et là, c’est le centre. Sinon, j’ai un gage !

Elle le rejoignit en le toisant un peu, repositionna son corps et en fermant un œil – histoire de bien le taquiner – lança le couteau…
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MessageSujet: Re: Petites leçons et grandes questions   Petites leçons et grandes questions Icon_minitimeSam 9 Avr 2011 - 1:40

Encore troublé par ce qu’il s’était passé lorsqu’il avait collé contre lui le dos de Narcissa, David eut du mal à reprendre ses esprits. Que lui était-il arrivé, au juste? Sans oser n’était-ce que la formuler, il connaissait déjà la réponse. C’étaient le genre de sensations éprouvées lorsqu’il allait faire un tour à la taverne, et qu’une appétissante fille de joie offrait à sa vue les gorges vertigineuses de son décolleté plongeant… typiquement le genre de sensations qu’il n’était PAS supposé ressentir en compagnie de sa frangine. Oui, le terme était là: sa frangine, et c’est tout. Tout à son trouble, le jeune homme n’avait pas remarqué que son attitude avait également interpellée Narcissa. Il n’entendit d’ailleurs que vaguement sa réponse, perdu dans des pensées sans cohérence, ne retenant qu’une chose essentielle des propos de la petite rouquine: Cassandra de Saint-Loup avait pleinement accepté, et même cautionné, le fait qu’ils se voient aujourd’hui. Ça, c’était vraiment une bonne nouvelle; autant avoir l’aval de l’autorité parentale que de se cacher!

"Ah, très bien" murmura-t-il du bout des lèvres. De la famille, vraiment? A n’en pas douter, ç’avait été vrai lors de ces inoubliables séjours en Rodez, où il avait partagé le quotidien de la famille de Saint-Loup d’une façon presque… intrinsèque. Ces gens l’avaient accueilli avec gentillesse, logé et nourri, il avait ri et vécu avec eux plusieurs mois au total. Au point que David avait fini par partager le secret de sa naissance et de sa filiation avec Narcissa, sa meilleure amie de gamine. Une vision fugitive s’imposa soudain à lui, mettant en scène une rouquine encore toute jeune qui courrait dans le plus simple appareil autour des couloirs de la demeure afin d’échapper au bain… Un sourire bête se peignit sur le visage du jeune homme mais il s’empressa de le chasser, car Narcissa était passée à un sujet beaucoup plus grave: celui de son agression par l’Agent du Diable.

David écouta avec un air solennel, s’apercevant que la scène était presque exactement conforme à ce qu’il avait imaginé. Ainsi donc, ce fou furieux avait bien essayé de violer Narcissa, du moins son comportement tendait à le prouver… même si sa frangine ne semblait pas en avoir conscience. C’était sans doute normal, car dû à son jeune âge. Après tout, grâce à sa maturité et aux années écoulées sans se voir il oubliait souvent qu’elle allait tout juste sur la quinzaine… une grande honte l’envahit. C’était une enfant! Comment avait-il pu être aveugle à ce point? Il pensait qu’elle souhaitait être rassurée surtout à cause de son caractère sensible et de son sexe féminin (un de ses nombreux clichés). Mais c’était juste, tout simplement, une adolescente encore jeune. Et elle avait besoin de savoir qu’elle pouvait compter sur quelqu’un de fiable et solide, de sérieux et d’attentionné. Alors certes, il ne remplissait pas vraiment le critère lorsqu’il s’agissait d’être sérieux, mais pour le reste, ça devrait aller.

"L’Agent du Diable est un humain, rassure-toi. Le pire des humains, mais un homme quand même, et nous l’arrêterons afin qu’il ne nuise plus à personne." Il s’était volontairement abstenu de dire qu’une fois arrêté, l’assassin serait copieusement torturé afin d’expier tous ses crimes; sans doutes de tels détails auraient-ils effaré sa frangine.

S’apercevant soudain de l’oubli du panier plein de victuailles, Narcissa courut le chercher sur le pavé et le ramena étonnement semblable. Personne ne paraissait y avoir touché, ce qui était en soi un petit miracle. David lui réserva une place privilégiée en haut d’un mur, où nul ne pourrait le renverser par accident ni même le voir fortuitement; et tandis que la petite rouquine semblait plus distraite qu’auparavant, elle lança le couteau avec une force et une dextérité étonnante. La lame se ficha dans la cible en sifflant au terme d’un courbe précise. Enthousiasmé, David revint vers Narcissa et lui souriait déjà quand les paroles de sa frangine le figèrent sur place.

Interloqué par ce brusque changement de sujet, le jeune homme se demanda comment la petite rouquine pouvait bien être au courant de tout cela. Il n’avait jamais dit s’était disputé avec Sébastien Garin, et encore moins que cette dispute l’avait beaucoup affecté! Alors était-il si transparent? Voilà qui n’allait pas du tout, pensa-t-il en se renfrognant. « Tu as souffert »? « Tu es si triste »? « Au moment où tu avais le plus besoin de moi »? « Ne plus voir tes larmes »? Mais il n’avait pas dit qu’il était triste ou qu’il avait souffert… Pire, lui qui n’avait jamais rien dévoilé de ses états d’âme à personne sur ce sujet, avait l’impression qu’on lui faisait le récit d’un David faible et pleurnichard allant verser des sanglots mélodramatiques dans les jupons d’une fille, de six ans sa cadette. Ça n’était pas du tout la réalité! Jamais il n’aurait pleuré devant elle, plutôt mourir de honte. Sa fierté d’homme était très froissée, mais ce n’était même pas le plus surprenant. Comment Narcissa avait-elle pu procéder à toutes ces déductions de son côté, et deviner qu’il s’était violemment disputé avec Sarah Geisler, en l’espace de quelques minutes seulement et à partir d’une simple phrase : « on ne se parle plus vraiment »?

Dépassé par les événements, le jeune homme sentit l’agacement et la surprise céder brusquement le pas à une grande gêne lorsque Narcissa lui avoua son affection à travers un « je t’aime » particulièrement percutant. David savait la déclaration purement platonique, pourtant il ne put s’empêcher de se sentir très mal à l’aise, et ce fut plus encore le cas lorsqu’elle aborda en profondeur ce sujet si intime: sa dispute avec sa mère. De la même manière qu’elle avait tout deviné auparavant, elle cibla son discours sur les points sensibles qui empêchaient le jeune homme se réconcilier avec Sarah Geisler. C’était un sujet très privé et David fut un peu furieux qu’elle l’aborde, car il était obligé de se confronter à la dure réalité des choses, au lieu de fuir le problème comme il l’avait toujours fait. Très gêné, le jeune homme examinait ses pieds avec insistance comme si il les avait soudainement trouvés fascinants, évitant de croiser le regard de Narcissa avec un soin méticuleux. Il trouva bientôt une solution plus efficace et lui tourna carrément le dos le temps de faire le point, rompant le contact qu’elle avait établi en lui tenant les mains.

Les propos de la rouquine lui donnaient envie de pleurer, car ils étaient véridiques. Elle pointait le doigt sur tout ce qui empêchait David de retrouver une relation normale avec sa mère… ou plutôt non, c’était plus compliqué, plus profond que cela. Avec Sarah Geisler, il n’aurait jamais une relation normale, du moins telle que les mères et leurs enfants du monde entier concevaient d’ordinaire la normalité. Et pour cause: sa génitrice était une travestie secrète chef de l’Inquisition… malgré le temps écoulé, David s’aperçut que le sujet était encore très sensible et que l’évoquer lui avait mis les nerfs à fleur de peau. Combiné au discours lancinant de Narcissa, il n’aurait plus manqué que les violons pour parachever la déroutante et si honteuse intensité de la scène… en fait, il aurait même pu craquer pour moins que ça, mais ne s’y autorisait pas. Ça suffisait à la fin! Il n’était pas un gosse pleurnichard, et ce n’était pas à une enfant s’étant faite terriblement violenter par l’Agent du Diable de le consoler lui, le gaillard de 20 ans, parce qu’il s’était simplement disputé avec sa maman. Non, ç’aurait été le monde à l’envers! Narcissa devrait pouvoir compter sur lui sans se demander sans cesse si il souffrait ou avait besoin d’aide. Comment pourrait-il l’aider si il ne lui montrait pas une image de lui confiante et assurée, hein?

"Fous-moi la paix, je n’ai pas envie de parler de ça" grogna-t-il. Aussitôt après avoir prononcé ces paroles, David se rendit compte de sa bourde et sursauta presque. Mais quel abruti!!! Pourquoi lui avait-il parlé si durement alors qu’elle n’était pas en faute et, pire, essayait de l’aider? Pour le coup, les mots étaient sortis tous seuls –un comportement typique du jeune homme qui parlait souvent avant de réfléchir. Il tenta de se rattraper avant que la situation n’empire, mais ne réussit qu’à bredouiller stupidement:

"Ah, non, ce… ce n’est pas ce que je voulais dire…" David passa sa main dans sa tignasse noire pour se donner une contenance. Quelle honte, seigneur. Il aurait voulu disparaître sous une pierre. Voilà, c’était exactement de cela que sa frangine parlait: dire des mots qu’on ne pensait pas lors des disputes. Et il était cruellement amusant de constater comment quelques mots seulement de Narcissa, prononcés avec son attendrissante candeur, pouvaient suffire à vous faire culpabiliser à mort… il s’approcha d’elle et lui prit les mains, de son propre chef cette fois-ci, afin de lui fait comprendre qu’il s’excusait. Plus il fit de nouveau volte-face, car son cerveau était en ébullition. Trop de choses à penser.

En premier lieu, il fallait admettre qu’encore une fois, la petite rouquine avait tapé dans le mille. Oui, il se souvenait parfaitement de leurs disputes, même les pires étant heureusement effacées au bout de quelques journées passées ensemble. Et oui, ils s’étaient lancés des méchancetés qu’ils ne pensaient pas un instant, dans le simple but de faire réagir l’autre. Mais en réalité, David savait déjà plus ou moins tout ça. Après sa dispute avec Sarah Geisler, il avait cogité dans son coin un moment et ses propres déductions l’avaient amené au même raisonnement: sa mère ne pensait pas un mot des horreurs dites ce soir là. Cependant, une fois cela posé, le véritable problème demeurait toujours: comment se réconcilier avec sa génitrice au juste? La véritable difficulté de la chose restait irrésolue. Et ce n’était certainement pas lui qui allait faire le premier pas! Il imaginait déjà la scène, ridicule au possible: « Salut m’man, ça va? Au fait, tu m’as renié mais je ne t’en veux pas pour toutes les vacheries que tu m’as dites. On n’a qu’à aller boire un verre à la taverne pour oublier tout ça ». Non, définitivement non.

Et c’était son fardeau. Il ne voulait pas rajouter des soucis à Narcissa, elle qui en avait déjà tellement. Sa frangine avait besoin d’un individu qui la rassurait parce qu’il savait prendre en main les situations avec sérénité et efficacité. Une bouée en pleine tempête, quoi… Comme Cassandra. Dire qu’une simple dispute avec sa mère avait pris de telles proportions… mais pourquoi fallait-il toujours que les choses soient si compliquées?

"Ecoute, je ne sais pas ce que tu as imaginé ou ce qu’on t’as raconté… mais ce n’est rien, vraiment. Mon père et moi nous sommes disputés pour une broutille –une histoire de maintenance pour un stock d’armes… bref, c’était complètement puéril et ça sera sans doute arrangé dans quelques jours."

David s’étonnait lui-même, se découvrant des talents de menteur. A sa grande surprise d’ailleurs, sa voix était ferme et son mensonge assuré –un point pour lui. Il se sentait coupable de baratiner ainsi Narcissa, mais mieux valait occulter un peu la vérité et inventer des motifs triviaux à cette fameuse dispute, que de la voir de nouveau ainsi, sortant les mouchoirs, se rongeant les sangs pour lui... le jeune homme dut cependant sentir que son mensonge n'était pas à 100% convaincant car il ajouta, sincèrement cette fois-ci:

"Tu es gentille. Merci pour tout… mais je vais bien. Ne t’inquiète pas."

Parce qu’il était encore dans un état de trouble avancé, le rire de David s’étrangla un peu dans sa gorge lorsque sa frangine évoqua leur mythique course en corset. Effectivement à cette époque, ils s’étaient affrontés dans une course mémorable, et il revoyait sans peine Narcissa haute comme trois pommes, tentant de courir de toutes la force de ses petites jambes affublée d’un corset qui faisait pour le coup presque deux fois sa taille. La réminiscence était si comique qu’il ne put s’empêcher de rire de nouveau, parce que cela faisait du bien et pour oublier ce pesant mélodrame qui venait de se dérouler entre eux. La petite rouquine avait des mimiques hilarantes, surtout lorsqu’elle remonta sa ceinture en mimant un homme et resta pendue à son couteau sans pouvoir le décrocher. Finalement, ce fut la manière douce qui triompha. Une leçon de vie? Sans aucun doute; mais encore tout empêtré qu’il était dans ses réflexions, David ne le remarqua pas.

Il ne rata pas en revanche le troisième jet de Narcissa, et suivit des yeux la lame qui décrivait une courbe précise. Mais au terme d’un beau lancé, le couteau heurta cependant avec un bruit métallique celui de David encore fiché dans la cible, rebondit légèrement et chut sur le sol. Le jeune homme leva les mains en l’air.

"Ah! C’est de ma faute, j’aurais du enlever mon couteau d’abord. Tu ne t’auras pas de gage pour cette fois-ci. Par contre, si tu rates la prochaine fois…" réprimant un fou rire, il se baissa et saisit sans prévenir sa frangine par le dos et le derrière des genoux afin de la soulever comme on porte une princesse. Un comportement inattendu de sa part et qui dut surprendre la jeune fille, mais David avait surtout l’idée de la prendre dans ses bras pour l’immobiliser, car elle ne manquerait sans doute pas de crier, de rire et de se tortiller, pensa-t-il avec un sourire, quand elle découvrirait ce qu’il lui avait réservé… Narcissa était tellement légère, c’en était étonnant. En se déplaçant avec la petite rouquine dans les bras, il admira comment le mouvement de ses cheveux flamboyants traçait un sillage vaporeux. Il l’approcha du mur de la cour pavée et, sur les pierres grossièrement jointes par du mortier, lui montra sa trouvaille. Il s’agissait d’une grosse araignée des champs, aux fines pattes repoussantes et au corps d’un noir de jais.

"Si tu rates, je te la jette dessus" fit-il en contractant ses abdominaux pour ne pas éclater de rire en anticipant la réaction de sa petite sœur. Les filles avaient toujours peur des insectes, et surtout des araignées. Il l’imaginait déjà, mi-hurlant mi-riant, avec David qui la poursuivait en brandissant l’arachnide au bout de son bras tendu. Et un souvenir d’enfance s’imposa à lui quand, dans leur exploration des granges inutilisées du domaine familial des Saint-Loup, ils tombaient parfois sur de grandes faucheuses que Narcissa lui suppliait d’écraser avant de pouvoir continuer… Un sourire espiègle se dessina sur son visage et il eut du mal à contenir un rire diabolique.

"A moins que je le fasse maintenant? Oh oui, quelle bonne idée…"
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MessageSujet: Re: Petites leçons et grandes questions   Petites leçons et grandes questions Icon_minitimeDim 10 Avr 2011 - 20:06

Toutes les réactions de son frère n’ont pas eu besoin d’être analysées pour être comprises. Narcissa savait qu’elle avait visé juste, enfin non, son amour l’avait guidé sur le bon chemin. Quand il se retourna pour cacher sa tristesse, sa soeur continua même si ses gestes furent plus tendres pour lui montrer qu’elle était avec lui, toujours. Puis, quand il eut des propos assez durs, la jeune fille ne le jugea pas et comprit rapidement que cela n’était pas pour lui faire mal, mais bien une preuve que cette blessure le fit souffrir. Et quand il tenta de se rattraper en lui tenant les mains, les joues de la jeune fille s’empourprèrent et sa timidité l’empêcha de bredouiller un mot. Ce qui ne fut pas un frein pour être choqué de voir en lui, une préférence pour la fuite plutôt que d’affronter la situation et ce mensonge avait tout d’un signal d’alarme. David devait comprendre que pardonner était l’une des choses les plus importantes, mais les plus difficiles à obtenir, car on touchait au domaine de la confiance. Et ça, c’était un trésor à conserver farouchement !
Le côté protecteur de la jeune fille se raviva, la guerre venait d’être déclarée, elle deviendrait une jolie enquiquineuse et s’il fallait le harceler jour et nuit pour qu’il entende raison, alors soit ! Mais pas tout de suite, il fallait que ses mots fassent son petit bonhomme de chemin. De plus, elle n’avait pas encore idées précises… Oh ! Mais Arramon ressemblait un peu à son frère, il serait sans doute de bons conseils.
Commençons donc par détendre l’atmosphère et puis, on oublie tout ça, on reviendra plus tard. Voilà, tout est calme, on respire.

Ainsi, la suite se passa d’un ton plus détendu avec quelques petites choses dont Narcissa aurait bien voulu ne pas avoir… Puis, elle relança son couteau pour la troisième fois et toucha la lame de son frère. David leva les mains en l’air et quand Narcissa voulut lui répondre, il la souleva du sol avec beaucoup de délicatesse, telle une princesse fragile. Chose fort étonnante, car habituellement, il la tenait comme un vulgaire sac de pommes sur son épaule. Pas méfiante, elle s’approcha de lui encore plus et tenta d’entendre ce battement de cœur qui lui avait donné le bien le plus précieux : un sentiment de sécurité. David s’arrêta net et obligea sa sœur à être moins rêveuse. Extrêmement fier de sa découverte, il la souleva pour lui montrer son gage ! Quand elle vit une immense araignée, son cœur fit un immense bon. Ses yeux s’allumèrent d’une lueur totalement inédite, ne cachant plus ce feu intérieur et cette sensibilité frémissante qui se propagèrent en quelques secondes dans ton son être. D’une voix plus suave, plus mûre comme sortie d’un esprit beaucoup plus âgé, elle expliqua :


- Une Tegenaria agrestis, la plus venimeuse de tous les Tegenaria. Elle n’hésite pas à attaquer quand elle se sent en danger, contrairement aux autres de son espèce. Ne la touche surtout pas, David ! Une simple morsure pourrait te coûter un doigt. C’est fascinant… Elle n’est jamais proche des hommes. Tu as vu les dessins de son sternum… Il faut absolument que je l’étudie ! Tu es adorable !

Emporté par sa découverte, elle lui fit un bisou sur la joue droite, puis un autre sur la gauche et un sur les lèvres ! Bonne idée pour échapper des bras de son frère, ce qui lui permit de courir vers son panier pour prendre un grand bocal vide à petits trous et un gant en cuir épais. Oh ! Et pour faire plaisir à David, elle pensa à jeter son couteau qui se planta tout près du centre.

- Depuis que tu m’as fait la réflexion sur ma peur des araignées, à ton dernier voyage, j’ai décidé de ne plus faire ma poule mouillée. Je les ai donc regardés longuement, même si au début j’avais un grand dégoût ! Et puis petit à petit, je m’y suis attachée et j’ai découvert une nouvelle passion ! L’entomologie, mais je dois t’avouer qu’avec le temps, je trouve les coléoptères bien plus fascinant. Mon cher, tu n’as fait qu’une blague qu’à toi-même. Je te rassure, l’étude ne durera quelques jours avant que je la relâche. Mais une telle créature dans un univers inhospitalier est vraiment fantastique !

Elle courut vers un tabouret tout mettant son gant, le prit et le positionna pour être tout près de l’araignée. Avec un calme olympien, elle ouvrit son bocal, prit délicatement l’araignée de plus de quinze centimètres par trois pattes et l’enferma dans sa nouvelle prison de verre. Elle se retourna et montra sa prise à son frère. Puis, en le voyant, ses joues devinrent toutes rouges. Comment avait-il osé la fuir ? Comment avait-il osé lui mentir ? Comment avait-il osé la prendre comme une chose fragile ? Et par-dessus tout pourquoi adorait-elle ça ? Non non non ! Cela ne devait pas se passer ainsi ! Avec un regard déterminé et une voix plus animée, elle lui lança :

- Je n’ai pas peur des insectes, ni des rats. J’aime les sports qu’on donne habituellement aux hommes. Je ne suis pas qu’une petite chose fragile, car on attribue cela aux personnes de mon sexe. Je suis certaine que je pourrais tenir l’alcool mieux que toi et jurer tout aussi bien. Je peux chanter l’alphabet en rotant, s’il le faut. Je n’ai pas peur du sang, ni de travailler. Je porte une robe et je sais faire autant de choses que toi. Je me moque de mon image comme de ma première paire de gants et s’il faut que je mette mes mains dans la merde, j’y vais. J’aime aider ceux qui en ont besoin et j’aime l’humanité, j’aime ce monde et même si parfois, je voudrais tellement mourir, j’aime tant la vie, que je ne me verrais pas la quitter. Je suis curieuse, curieuse, curieuse ! Je suis une fille et j’en suis fière. Je suis bornée, excentrique, passionnée et pour moi, on ne vit que par les tripes même si on en souffre. Mais bon sang, c’est une douleur tellement agréable ! Je suis déterminée et je ne lâche personne. Quand je donne mon amour et mon amitié, je ne la reprends jamais. Et la virilité ce n’est pas montrer qu’on n’a pas de sentiments ! Et je te ferais dire que la prochaine fois que tu tenteras de me mentir comme ça, je t’embrasse de nouveau et devant tes copains et si j’y connais rien, j’y prendrais tout mon temps. Et fait moi confiance que j’ai une grande imagination, oh que oui ! Même si je dois bien te dire que je suis comme toi, incapable de mentir, cela se voit tout de suite ! Et je dois bien te dire que j’adore cette qualité, j’aime les gens honnêtes. Bon d’accord, cela n’est pas entièrem… Non, mais ! TU M’AS MENTI ! Je te préviens que je ne lâcherai jamais cette histoire, quitte à devenir une belle enquiquineuse. De plus, c’est ton seul parent qui te reste et tu dois respecter ce que vous avez construit tous les deux. Bon sang c’est sacré ! Il faut que tu apprennes à te pardonner et à demander pardon à ceux que tu aimes ! C’est une force qui te rendra fort, un point c’est tout ! Et je suis…

Son visage pâlit et ses yeux exprimaient une certaine peur. Quelle idiote ! Elle venait de dévoiler son plus terrible et grand secret, celui dont jamais personne ne devait savoir dans ce village, ayant tellement souffert de cela dans son pays. D’une petite voix, en bégayant, en fuyant son regard, elle avoua :

- Sa-sa-sa-van… Sa-sa-vante. Ne-ne me juge pas, je ne su-suis pas un monstre.

L’araignée qui avait tenté de s’échapper commençait seulement à se calmer.

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MessageSujet: Re: Petites leçons et grandes questions   Petites leçons et grandes questions Icon_minitimeMer 13 Avr 2011 - 2:08

Narcissa dans ses bras. Narcissa tout contre lui, sa peau douce et chaude sporadiquement enduite de boue contre la sienne, ses cheveux une fois encore voltigeant sous son nez, les battements rapides et réguliers de son cœur. David aurait pu rester là des heures durant en écoutant seulement ce son, et en être satisfait; au lieu de quoi, il en fit volontairement abstraction et tenta de l’oublier. Il avait peur d’y prendre goût. Il n’était qu’un homme après tout…

Heureusement, les événements qui s’enchaînèrent à la suite l’empêchèrent de déraper. Car sa frangine n’eut pas du tout la réaction prévue. David connaissait bien sa peur des insectes, il l’avait charriée des milliers de fois au moins sur ce sujet lors de ses séjours en Rodez. Ses petits cris apeurés, son regard cherchant frénétiquement des bras dans lesquels se réfugier en sécurité… Oui, il revoyait clairement ces scènes, aux antipodes absolues de l’exclamation enthousiaste, des yeux étincelants, du grand sourire qu’elle venait d’avoir. Eberlué, il mit plusieurs secondes à comprendre.

"Tegane…quoi? hein?" Proprement stupéfait, le jeune homme en resta comme deux ronds de flanc tandis que la petite rouquine prenait dans le panier un bocal vide afin de capturer l’arachnide qui demeurait placidement accrochée sur son mur –à grand renfort d’explications scientifiques et de noms latins qui le laissèrent pantois. Fascinante, cette horreur sur pattes? Beurk! Les lèvres de David s’entrouvrirent, formant silencieusement les mots « les dessins sur son sternum? » sans qu’aucun son ne sorte. Se moquait-elle de lui? Si c’était le cas, elle jouait diablement bien la comédie! Il voulut réagir mais fut encore plus cloué sur place par son lancé de couteau absolument parfait, précédé –il fallait le signaler- de trois embrassades dont une en plein sur les lèvres.

Un tel geste le laissa gourd, bêtement immobile. David secoua la tête pour empêcher le rouge de lui monter aux joues. Quel imbécile… il détestait avoir ce genre de réactions physiques incontrôlées d’adolescent immature et inexpérimenté, qui demeure les yeux ronds comme des billes sans savoir comment réagir. Parce que ce n’était pas lui, pas lui du tout. D’ordinaire, ce genre de démonstrations d’affection ne le troublait absolument pas; et en bon coureur de jupon, il avait déjà un bon tableau de chasse à son actif. Alors que se passait-il? Etait-ce parce que pour la deuxième fois de sa vie, il ressentait pour Narcissa ce qu’il ne ressentait pour personne d’autre, et surtout pas ces aventures d’un soir?

Tout à ses réflexions, il entendit vaguement les explications de sa frangine –mais pouvait-il encore la nommer ainsi?- concernant sa nouvelle passion pour l’entomologie, et la manière dont les propos moqueurs de David étant enfants l’avaient sortie de son dégoût. Ainsi, c’était donc lui qui était à l’origine de cette attitude scientifique pour le moins… déconcertante. Le jeune homme fut sur le point de lui demander quelles études elle comptait bien mener sur une horreur pareille, lorsque Narcissa se retourna vers lui, les joues enflammées et le regard flamboyant. Une vision très nette s’imposa à David, où une gamine d’au moins cinq ou six ans plus jeune l’observait ainsi, les lèvres pincées et les poings serrés, prête à faire un caprice. Il crut donc à une lubie, un enfantillage de plus, mais fut largement détrompé en entendant la diatribe de la petite rouquine.

L’embrasser devant ses copains? Sans s’en apercevoir, le jeune homme avait reculé d’un pas. Sa frangine avait tapé dans le mille, touchant son point sensible! Etait-elle au courant de quelque chose, alors? Des sentiments confus qu’il lui portait, n’ayant même pas encore réussi lui-même à faire le bilan et mettre un nom dessus? Oui, il lui avait menti et parce qu’ils se connaissaient très bien, longuement, intrinsèquement, aucun des mensonges de l’un n’aurait jamais d’effet sur l’autre, puisqu’ils découvriraient aussitôt mutuellement la vérité. Certes, ils ne savaient pas tout l’un de l’autre. Cette surprise sur l’entomologie en était la preuve. Mais leur connaissance de l’autre était largement suffisante pour pouvoir décrypter les paroles, l’expression faciale, le regard de l’interlocuteur.

N’importe qui se serait tassé, penaud, devant une tel réquisitoire enflammé. Mais pas David, qui malgré son âge demeurait un adulescent immature. Ce n’était pas méchant, ce n’était même pas contre Narcissa, mais un réflexe comportemental ancré en lui depuis des années l’empêchait de contrôler sa colère, son énervement à se voir ainsi molesté. Très susceptible, il se cabra sous de tels propos, d’autant plus agacé qu’il savait qu’il était en faute, et que sa frangine avait raison. Si bien qu’à la fin du discours de la petite rouquine furibonde, il mit ses mains sur ses hanches, eut un regard impérieux et lança, sarcastique:

"Savante?…Quelle horreur! Hors de ma vue."

Dévoiler son secret semblait lui avoir terriblement coûté, car son regard s’était fait apeuré et son visage avait pâli. Les paroles de David auraient donc pu la démolir mais une expression faciale de celui-ci, sur laquelle on ne pouvait mettre de nom, indiqua à Narcissa qu’il ne pensait encore une fois, aucun des mots qu’il venait de prononcer. Non, il avait lancé cette phrase comme une riposte, une contre-offensive à la brûlante diatribe dont il avait été l’objet. Et la colère continua d’enflammer ses veines. Sa frangine venait de lui marteler qu’elle n’était pas une petite chose fragile, qu’elle savait faire nombre de choses aussi bien qu’un homme, qu’elle n’hésitait jamais à se salir les mains, qu’elle pouvait l’égaler, que nul ne devait la sous-estimer, qu’elle avait des arguments de poids, qu’elle ne pouvait décemment pas se laisser rabaisser, que… l’effet boule de neige eut un effet considérable sur David qui cria à son tour:

"Ah oui? Alors prouve-le moi!!!" Il fit quelques brefs pas de côté, prit deux dagues d’un support fixé au mur et en lança une à Narcissa, bien droite, de manière à ce qu’elle puisse l’attraper sans se blesser. Aussitôt après, il se rua sur sa frangine et attaqua sans plus de manières.

Il méritait sans doute le peloton d’exécution pour un tel manque de galanterie mais à cet instant, ce genre de détails n’avait pour lui aucune importance. Car David se lança dans un assaut furieux, désordonné, précipité, chaque geste jouant le rôle d’un salvateur exutoire à sa colère. Bien sûr, Narcissa n’avait encore aucune connaissance en escrime et donc, possibilité de se défendre; mais il lui expliquerait tout les détails techniques après, quand cette entrée en matière serait finie, quand il aurait enfin passé ses nerfs, que la fureur l’aurait déserté… pour le moment il se contentait de frapper, ne la blessant jamais bien sûr, abattant juste sa lame sur la sienne avec brutalité pour que le son issu de l’impact soit impressionnant. Une exhibition, oui, voilà ce qu’il lui donnait, submergeant la petite rouquine, la contraignant à reculer sous les assauts, la déséquilibrant parfois sans aller jusqu’à la faire tomber, donnant des coups de lame jamais dangereux mais vindicatifs. Une démonstration valait mieux que cent mots; cela lui ferait voir à quel point un homme en colère peut ressembler à un taureau en pleine charge, et à quel point il était dur de s’interposer…

"Aller, défends-toi, prouve-le moi!" la provoqua-t-il en attaquant derechef, noyé dans un tourbillon de honte et de fureur. Une honte contre lui-même, car il assaillait comme un forcené une des personnes auxquelles il tenait le plus au monde. Pourtant à ce moment, rien n’aurait pu l’en empêcher, et encore moins cette colère qui l’habitait. Colère contre lui-même. Colère contre le monde entier. Colère de savoir que ce qu’il avait, cette après-midi même, à portée de main, lui serait retiré pour tous les autres jours à venir. A quoi servait donc tout ça, hein? Ce rendez-vous amical était juste là pour dissimuler une vérité trop cruelle, qu’ils se refusaient tous deux à avouer… Pourtant il fallait bien voir la vérité en face: tout cela était vain, voué au néant! Le monde sadique ne faisait que lui agiter sous le nez une sorte de trésor désirable qu’il était pertinemment conscient de n’avoir jamais la moindre chance de posséder. On le laissait goûter à une toute petite partie de quelque chose de merveilleux: voir, sentir, fréquenter Narcissa. La seconde d’après, on lui retirait tout ça avec ironie et la promesse que ce ne serait plus jamais le cas. C’était comme de promettre une pièce montée à un gosse crevant la faim, lui en laisser goûter une bouchée, puis tout lui enlever ensuite en riant sournoisement… Oui, il haïssait le monde entier en cet instant, ce monde qui s’évertuerait à les séparer encore et encore. Et dans tout ça, que trouvait-il de mieux à faire? Creuser sa propre tombe! Tendre le bâton pour se faire battre, à chaque fois qu’il ressentait ce trouble en humant les cheveux de Narcissa, en écoutant ses propos tendres, en laissant son regard glisser sur sa silhouette agile… il se serait foutu des baffes. Il était tellement en colère contre lui-même… tellement en colère qu’il se sentit soudain privé de toutes ses forces. Les assauts de David se firent plus mous, et il finit par arrêter de la harceler, découragé. Cependant au fond de lui, une flamme brillait encore.

"Je me fous complètement que tu sois savante, ou ignorante, ou bête comme tes pieds, tu entends? Je veux qu’on continue à se voir comme avant, qu’on fasse tout ce qu’on n’a pas fait, comme cet alphabet en rotant, ces leçons d’escrime, ces soirées beuveries!" Oui, il n’en avait strictement rien à faire. Encore une fois, les lois de leur époque étaient tellement bêtes, tellement machistes. Les femmes savantes, les précieuses comme on les nommait parfois, étaient souvent très mal vues; dans l’esprit des puritains féminisme ne rimait pas avec érudition, et certains allaient même jusqu’à prétendre que leur cerveau, n’étant pas fait pour ça, allait se déformer sous l’afflux de connaissances… quel baratin de merde! David ne portait aucun crédit à ce genre de dogmes qui étaient de toutes manières, souvent l’apanage des nobles et les gens riches, qui avaient au moins le choix financièrement parlant, de se payer ou non une instruction. Lui, roturier par excellence, ne se posait même pas la question. Si Narcissa avait une passion, autant qu’elle la vive!

Essoufflé, éprouvant un sentiment de vide, le jeune homme resta un instant immobile, découragé devant l’immensité de cette société qui, de tous points de vue, s’acharnerait à les contraindre. Après s’être montré aussi odieux avec sa frangine, il s’attendait à à peu près tout et n’importe quoi: des cris, des larmes, un déferlement de colère… et il l’aurait amplement mérité. Les yeux rivés au sol, il se prépara à recevoir le triple choc en retour, acceptant sciemment ce retour de bâton. Mais avant, il avait une dernière chose à dire.

"Je lui parlerai… je parlerai à mon père. Bientôt."
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