The Witch Slay
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 Tout le monde a besoin d'un ami

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Francis
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Francis


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MessageSujet: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeVen 10 Sep 2010 - 3:49

La soirée avait été remplie. Francis était tout de même en demande. Le dernier ce soir était passé vite fait, en coup de vent. Plutôt jeune cette fois. Tout au plus 28 ans. Un futur prêtre si on en croyait ce qu’il racontait, il était en étude… Il avait beau parler de religion et de rhétorique au jeune prostitué, ce dernier n’en avait rien à battre, tant qu’il payait. Mais pour qu’il continue à payer, il devait se montrer charmant et intéressé. Bien qu’il doutât que le futur prêtre ne revienne entre ses draps. Il semblait être de ce type qui ne s’assume qu’une fois. Une fois avant d’entrer en religion. Bref, cela avait quand donné à Francis une pause des vieux bedonnants trompant leurs femmes. Elles devaient savoir qu’il y avait quelqu’un d’autre et souvent, elles en remerciaient le ciel, mais elles ne se seraient peut-être pas douté qu’il s’agissait d’un garçon. Comme à l’habitude, le client avait quitté la chambre quelques minutes avant que Francis ne descendent s’enfiler une ou deux chopine. Comme ça, l’honneur était presque sauf. La tenancière de l’établissement, elle, fermait allègrement les yeux sur les activités du jeune homme, en autant qu’il payait la chambre et ses consommations. Ils étaient faits pour s’entendre, ils pensaient de la même manière. Ainsi, depuis près de cinq minutes, le client avait quitté l’établissement. Francis avait pris ce temps pour se rhabiller, replacer une mèche ou deux et était descendu à son tour. Il s’était assis au comptoir et avait demandé sa chopine, faisant les yeux doux à l’aubergiste comme à l’accoutumée. Elle fit mine d’être choquée, mais le prostitué savait bien qu’elle aimait qu’un jeune homme la regarde comme une vraie femme et pas comme une simple servante. Ce que son mari et les clients de l’endroit devaient faire souvent. L’aubergiste servi le jeune rapidement et il paya immédiatement.

Empoignant la chopine, Francis se retourna sur son tabouret, s’appuyant maintenant sur le rebord du comptoir à l’aide de son coude. Il balaya du regard la pièce de forme carrée. Il y avait des petites rondes un peu partout. Un peu tranquille ce soir, il n’y avait qu’une poignée de clients éparpillés sur maximum trois tables. Des rustres. Rien à se mettre sous la dent. Peu importe, Francis était fatigué. En fait, il espérait surtout que son ami Adal allait passer ce soir. Ils se retrouvaient souvent à cet endroit où ils s’étaient connus. Adal était souvent triste, il avait des problèmes avec sa mère qui le rejetait au profit de son jumeau. Il devait être en effet frustrant qu’un reflet de soi-même dans le physique attire davantage l’attention de sa génitrice. On devait se demander ce qu’on faisait de mal. C’est aussi ce que s’était demandé Francis toute son enfance. Ils partageaient ce point d’une manière légèrement différente. En fait, seule la classe sociale différait, car chacun d’eux avait un père qui n’était pas leur père. Non seulement Adal subissait le rejet de sa très puissante mère au sein du comté, mais son frère Amaël faisait preuve envers lui d’une totale ignorance. Évidemment Francis s’était souvent dit que s’il était né dans une noble ou riche famille, tout aurait été différent… Il comprit que c’était plus compliqué que cela en réalité quand il avait rencontré Adal. Il comprit également qu’un beau jeune homme de bonne condition pouvait représenter plus qu’une source de revenue.

Il faut être clair. Les relations entre Francis et Adal étaient strictement amicales. Adal était déjà amoureux… d’une femme de surcroît. Une femme, pas une fille. Sa belle avait 10 ans de plus que lui.
*Dommage* s’était dit Francis. Dans ses préférences, le jeune incluait autant des hommes que des femmes. Et s’il avait été libre de cœur et qu’il avait apprécié la compagnie des hommes, le jeune aurait bien fait une petite place à Adal dans son lit. Mais cette perspective était exclue depuis longtemps. Maintenant, les deux jeunes gens partageaient une complicité exempte d’ambigüité. Ils avaient tous les deux besoin de cette relation. Adal avait besoin de souffler de sa vie de rejet et Francis pouvait enfin être sincère. Car autrement, presque tout ce qu’il racontait aux gens était du pipeau. Il fallait ce qu’il fallait pour attirer l’attention.

Reportant son attention à la salle, Francis vit que ça commençait à se réchauffer. Trois hommes assis à une table en train de jouer aux cartes commençaient à s’énerver. Un des trois avait triché, il n’en faisait aucun doute. Deux se levèrent d’un seul bond et commencèrent à se battre. L’aubergiste, n’ayant pas froid aux yeux, il le fallait dans ce métier, alla jusqu’à s’interposer entre eux deux. Elle les menaça d’aller chercher le patron s’ils ne se calmaient pas. Du coup, la querelle se dissipa, les hommes quittèrent même les lieux. Francis n’avait jamais vu le patron, mais une chose est sûre, il devait faire forte impression car c’est toujours ainsi que l’aubergiste réglait les conflits. En attendant, Francis espérait toujours voir son ami entrer.
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Adal Loewenstein
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeVen 10 Sep 2010 - 10:26

Adal marchait paisiblement dans les rues de Forbach. Le crépuscule mourrait lentement à l’horizon mais le jeune homme avait la tête ailleurs, en tout cas, pas plus à l’horizon qu’aux gens qui le saluaient et auxquels il répondait poliment mais sans enthousiasme. Perdu dans ses pensées, il repensait à la nouvelle déception d’aujourd’hui. Encore des efforts qui étaient partis en fumée et il commençait à désespérer de ne pouvoir, un jour, au moins attirer le regard de sa mère sur lui. Il avait pourtant tout tenté, ou presque, car bientôt il trouverait une autre source d’espoir. Charisme, réussite en tant que sorcier, tableaux de sa main représentant sa mère… Mais absolument rien n’y faisait. Elle ne lui accordait pas la moindre attention. Il ne pouvait d’ailleurs même pas lui offrir quelque chose en personne car c’était toujours une servante qui l’accueillait. Jamais il ne savait si ses cadeaux étaient ouverts, mais il ne préférait pas savoir la réponse, sous peine d’en souffrir davantage encore.

Sa journée avait été à l’image de toutes les autres, à l’image de son existence à Forbach. Seul, il avait échangé quelques mondanités avec des nobles la matinée. Pour faire bonne figure surtout, car de telles discussions ne repoussaient pas suffisamment ce sentiment de rejet dont il était imprégné. Les sujets abordés étaient variables, mais il essayait surtout de montrer qu’il était bien différent de son frère. Parfois, il tentait d’obtenir quelques renseignements sur Alexandrine, de manière discrète bien entendu, toujours en noyant le poisson en posant d’autres questions sur d’autres femmes et jeunes femmes. Une manière pour lui d’en apprendre un peu plus sur ses habitudes, ses préférences. Il n’apprenait pas grand-chose bien entendu, mais des fois, il prenait connaissance d’un détail, et cela émerveillait sa journée. Certains auraient trouvé cela idiot, surement, mais le bonheur d’Adal était si infime qu’il ne pouvait que se réjouir de ce qui lui en apportait un minimum.

Le reste de la journée, il l’avait passé dans son atelier, ou plutôt sa chambre dont il avait aménagé un espace pour ses deux chevalets, et le matériel de peintures. D’ailleurs il devrait penser à en racheter, certaines couleurs commençaient à manquer, et même si on pouvait les obtenir en mélange, c’était quand même bien plus rapide de les avoir à disposition, surtout quand ces mêmes couleurs devaient servir à des mélanges elles-mêmes. Il avait porté la touche finale à un portrait de sa mère, encore plus beau que tout les précédents. Elle y était tellement belle, tellement vraie, qu’il s’était imaginé qu’elle sortirait du tableau pour l’enlacer dans ses bras… Un triste rêve qui ne s’était bien entendu jamais réalisé. Son tableau terminé, il l’avait laissé reposer et s’était reporté sur un autre tableau, tout aussi important à ses yeux. Il l’avait d’abord sorti de sa cachette, car même si sa mère ne portait aucune attention à Adal, il aurait été stupide de laisser un portrait, même inachevé de la belle Alexandrine, aux yeux de n’importe qui, dans sa chambre. Prétextant avoir besoin d’être seul lorsqu’il peignait, le jeune homme n’avait aucune crainte d’être dérangé à ce moment-là. Ainsi il pouvait témoigner de la beauté de la fille de la Vicomtesse d’Hasbauer. Chaque jour, il essayait d’en dresser le portrait le plus vrai, le plus fidèle aux traits de la jeune femme. Nul besoin de l’embellir, elle était déjà parfaite. Il y avait eu beaucoup de portraits d’elle, mais aucun n’avait satisfait le peintre comme il le désirait. Le prochain serait différent, lui serait réussi, il le savait. Car, à présent, il peignait avec toute son âme.

En fin de soirée, il avait décidé d’en terminer pour aujourd’hui et avait rangé le portrait de sa douce. Emportant le portrait de sa mère avec lui, il allait au devant d’une nouvelle tentative. Dans les couloirs, ceux qui le croisaient, comprenaient peut-être déjà qu’il allait au-devant d’une nouvelle déception. Lui aussi s’en doutait, mais il refusait d’y croire, il refusait d’en être persuadé. Pourtant… Une fois encore, il ne put voir sa mère… Une fois encore l’une de ses servantes récupéra le tableau sans qu’il ne puisse être sûr que sa mère y jetterait un regard… Dans un soupir, il l’avait remerciée et s’était retiré, le regard perdu.

Le jeune Loewenstein ne pouvait pas aller ailleurs qu’à l’auberge. En temps normal il serait resté seul mais depuis quelques mois, il avait trouvé quelqu’un qui partageait un peu sa peine, ou du moins qui la comprenait davantage que ceux à qui Adal inspirait un peu de pitié. Ce n’était pas de la pitié qui animait Francis, non, c’était de la compassion, de la compréhension, de l’amitié. Le jeune homme se reprit à penser à leur rencontre, cette nuit-là. Adal était descendu à l’auberge, des fois que le brouhaha de la salle puisse masquer la noirceur de ses pensées. Francis était descendu et avait tenté de le séduire. Adal avait refusé, doucement, mais uniquement parce qu’il avait déjà rencontré Alexandrine, parce que son cœur ne désirait, maintenant, rien d’autre qu’elle. Dans un contexte différent, le jeune noble se demandait s’ils n’auraient pas été plus que des amis… En tout cas, cela ne l’aurait pas choqué.

Arrivé devant l’auberge, il en poussa la porte doucement, et la referma derrière. Un regard dans la salle lui suffit pour esquisser un sourire avant de s’installer à une table. Il était là, et dans quelques secondes il s’installerait en face de lui.


« - Bonsoir Francis. »

Son sourire était sincère mais empreint d’une ombre de tristesse qui ne faisait aucun doute : sa mère l’avait encore rejeté.

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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeSam 11 Sep 2010 - 4:12

Quelques minutes à peine avaient passées entre le moment où Francis avait songé qu'il serait agréable de voir entrer son ami et le moment où il était effectivement entré dans l'auberge. Grand, élancé, les cheveux en bataille, un poil plus foncés que les siens, un visage pas tout à fait homme, pas tout à fait enfant... Il était bien normal que Francis ai tenté sa chance avec Adal Loewenstein. Oui, elle avait de la chance cette Alexandrine, si seulement elle le savait. Le jeune l'avait déjà entrevue de loin, mais sans plus. Ce n'était pas le genre à fréquenter la bas-fonds et la racaille qui s'y réfugie. Pas le genre à payer pour ça ou à perdre sa vertu pour la curiosité de la chose. Et oui, elle était belle. Très belle. Si Adal réussissait enfin à faire quelques pas vers elle, avec son charisme indéniable, elle ferait bien fi des quelques dix années qui les séparaient. Et ils feraient sans doute de beaux enfants. En extrapolant ainsi vers l'avenir, Francis ne pouvait s'empêcher d'être un peu inquiet. Il n'avait pas l'habitude de songer à son propre avenir, mais penser à celui des autres le ramenait inévitablement à sa propre vie. Quand Adal serait marié, parce qu'il se marierait un jour, Francis n'en doutait pas, bien qu'il puisse se tromper, qu'en adviendrait-il de lui. Dans l'ordre naturel des choses, on naissait, on vieillissait, on se mariait et on mourait. Mais lui, qu'allait-il faire? Un jour il vieillirait aussi, et la clientèle ne suivrait pas forcément, de toute façon, on ne peut pas vivre ainsi jusqu'à 40 ans non?! Il devrait sauter des étapes et mourir. Et se marier? Il ne faut pas rêver. Jamais Francis n'avait été amoureux. Jamais il n'aurait d'enfants. À quoi bon si c'était pour suivre l'exemple de la famille qu'il avait eue. Jamais il n'aimerait sincèrement. C'était bien le problème quand on cachait sa vie derrière les mensonge. Parfois, il enviait Adal. Il savait aimer lui, malgré l'abandon de sa mère. Cela voulait dire qu'il avait cela en lui, c'était inné. Une autre bonne raison de craquer pour lui. Pour son amitié... Francis ne devait pas mélanger.

Adal était entré et s'était assis à une table. Répondant au sourire de son ami, Francis se leva du tabouret où il siégeait, pour rejoindre le nouveau venu à la table qu'il avait choisi. Mais en s'avança, le jeune pu rapidement remarquer la mine déconfite de son ami. Il n'avait même pas besoin de demander pourquoi. Sa mère, c'était toujours sa mère. Ils ne se connaissaient que depuis quelques mois seulement, mais Adal Loewenstein lui avait raconté comment elle l'ignorait et ses veines tentatives d'attirer son attention et surtout son amour. Des cadeaux et des cadeaux, mais toute la bonne volonté du monde ne suffisait à déglacer le coeur de la comtesse, qui dit-on, avait un ego démesuré et n'aimait jamais sans désintéressement. Oh, c'était ce qu'on racontait. Elle avait beaucoup d'ennemis et beaucoup de gens dans son sillage. On ne voulait pas lui déplaire. Francis ne pouvait que comprendre Adal de vouloir se faire aimer, mais d'un autre côté, lui, cela ferait longtemps qu'il aurait abandonné. Malgré les ressemblances entre les deux jeunes gens. Francis aurait tout de même préféré l'ignorance totale aux uniques contacts physiques que son père lui réservait. Mais pour ce qui était de sa mère, alors là, il était comme Adal, elle avait préféré l'ignorer toute son enfance. Francis se souvint de leur première rencontre. Le jeune noble n'avait pas été choqué du comportement de Francis. Parlant de choses et d'autres, il avait même exprimé de la curiosité face aux raisons qui poussaient un si jeune homme à vendre ses charmes. La réponse courte était l'argent. La réponse longue était plus compliquée et relevait sans doute d'une question de psychologie trop avancée pour Francis et son époque. Mais au fond, il voyait bien un parallèle entre la violence qu'avait été son enfance et la recherche de contacts charnels. Un simulacre d'amour. Ainsi, il se sentait important, indispensable et... aimé. Même si lui n'aimait pas.

En s'asseyant face à son ami, Francis fit signe à l'aubergiste de lui servir la même chose qu'à lui. Il paierait. Il en avait les moyens. Adal semblait avoir besoin d'un remontant. À tous les coups, sa mère le transformerait en ivrogne. Sérieusement, Adal avait trop de classe pour cela. Au lieu de s'enivrer, il peignait. Il était un peintre de talent. Évidemment, la comtesse l'ignorait sans doute, ou alors elle s'en fichait éperdument comme tout ce qu'il faisait. Il n'était pas héritier, pourquoi s'acharner. Le seul moyen qu'il aurait eu de se faire remarquer aurait été de tuer son frère, ce qui est une idée totalement inconcevable... Sauf peut-être pour la vagabonde qui nettoyait les rues. Une espèce de mégère à l'oeil plus que balafré, elle racontait à qui voulait l'entendre les pires ragots, ne manquant pas d'ajouter ses commentaires plus que déplacés. On racontait qu'elle avait tué sa soeur ou sa mère, on ne sait plus, et qu'ainsi, elle était complètement folle. Francis n'avait pas de mal à le croire. Même si on lui avait donné une fortune pour la satisfaire, elle bien pu sécher. Non pas qu'il accordait tant d'importance à l'apparence cette femme était bien trop effrayante... et il doutait que son hygiène ne soit adéquate. Quoiqu'il en soit, il en avait rien battre en cette soirée de la nettoyeuse de rue. Il fit de beaux yeux à Adal qui affichait toujours une mine grise.


«On joue aux devinettes?» demanda-t-il

Sans laisser le temps à Adal de répondre, il continua :


«Mais ce n'est même pas du jeu à ce compte là! Tu pourrais faire un peu plus difficile pour une fois!» reprenant son sérieux «Ta mère, qu'a-t-elle fait encore? Ou plutôt, qu'as-tu encore fait pour elle qu'elle a ignoré?»
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeSam 11 Sep 2010 - 11:21

Oui Alexandrine était belle, très belle. Mais même ces mots n’étaient pas à la hauteur de sa beauté dans le cœur d’Adal. Il l’avait compris lorsqu’il avait essayé de la peindre. On ne peut pas peindre réellement ce que l’on ne comprend pas justement. Et c’était arrivé avec Alexandrine. Au début, il avait pensé que cette jeune femme était simplement très belle, mais il s’était trompé du tout au tout. Il le comprit lorsqu’il se rendit compte que ses tableaux ne ressemblaient en rien à la jeune femme qu’il aimait. Ce ne fut que lorsqu’il la recroisa à nouveau, au détour d’un couloir, son regard frôlant le sien, qu’il comprit la nature de son erreur. Pour lui, cette femme allait bien au-delà des mots que l’on apposait sur la beauté, elle était l’essence même de cette qualité. Sans elle, aux yeux d’Adal, il n’y avait rien de beau, rien de magnifique. Tout n’avait qu’une moindre saveur aux côté d’une telle personne. Une fois que son esprit avait assimilé une telle constatation, ses portraits prenaient enfin vie. Car il n’était plus question de dessiner une femme très belle, mais il dessinait l’incarnation de la beauté, et toute cette différence pesait lourd dans le résultat final. Bien entendu, il n’avait pas réussi du premier coup et quelques toiles avaient fini brûlées. A son grand désarroi, mais il ne pouvait se résoudre à conserver les toiles ratées de cette femme, car si on venait à les découvrir chez lui… Même le plus abruti comprendrait qu’il s’agit d’Alexandrine. Et cela aurait pu mal finir. Non, d’elle il n’y aurait qu’une seul premier portrait, le plus beau, le plus réussi, le plus vivant, et aucun autre.

Adal regarda Francis s’installer en face de lui. Le petit geste qu’il fit à l’aubergiste ne lui manqua pas non plus, puisqu’après tout rien n’avait été caché. Il voulut répondre quelque chose mais se dit qu’il attendrait, cela ne pressait pas. Il plongea son regard dans celui du jeune homme. Lui aussi était terriblement séduisant, il ne doutait pas un instant que son succès ne soit assuré auprès des femmes, et des hommes. Un instant, il s’imagina tomber amoureux de lui. Peut-être connaîtrait-il enfin la joie d’aimer et d’être aimé. Hélas, depuis Alexandrine, s’était tout bonnement impossible, même s’il l’avait voulu, son cœur, lui, ne l’aurait pas pu. Adal exprima de la surprise lorsque Francis lui proposa de jouer aux devinettes. Il n’avait pas compris immédiatement que cela faisait référence à la tristesse dans son regard, son sourire, son être tout entier peut-être. Heureusement, le jeune homme s’expliqua dans la foulée, ne laissant pas le temps au noble d’exprimer plus en avant sa surprise devant une telle idée – même si, au demeurant, cela aurait peut-être été une expérience divertissante. Alors qu’il allait répondre, l’aubergiste apporta une chopine identique à celle que tenait Francis et Adal la remercia d’un sourire et d’un regard aimable. Puis il se retourna vers son ami, avant de dire :


« - Tu sais, c’est encore et toujours la même histoire… Des fois je me demande pourquoi je persévère encore, et je pense que tu te demandes la même chose n’est-ce pas ? » Adal soupira avant de reprendre. « J’ai de nouveau réalisé un portrait pour elle, le plus beau que je n’ai jamais fait. Mais encore une fois, je n’ai même pas eu le bonheur de la voir. Je crois que la servante m’a pris en pitié mais elle ne peut rien faire. Je crains que mon combat ne soit définitivement perdu d’avance… »

Ce soir, ça n’allait définitivement pas fort… Comme n’importe qui, Adal connaissait des périodes à vide, mais contrairement aux autres, la situation actuelle affaiblissait ses moments de joie et accentuait ses moments de détresse. Dans ces moments, il ne ressemblait qu’à un enfant, un enfant qui avait besoin d’amour, l’amour de sa mère, et que celle-ci était incapable de lui donner. Il posa les yeux sur sa chopine et son regard recroisa celui de Francis.

« - J’espère que tu n’essaies pas de m’enivrer pour mieux me séduire. Enfin non, ce ne serait pas ton genre. Pas avec moi en tout cas… »
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeDim 12 Sep 2010 - 1:01

Francis avait visé juste. Mais il continuait de se demander pourquoi Adal gaspillait son talent pour peindre des portraits d’Alicia Maestriani. La comtesse était belle malgré ses 44 ans. Elle avait un côté séduisant qu’on retrouvait en Adal, mais son charme était froid. Quand on la voyait, on avait du mal à imaginer qu’elle pouvait dégager un peu de chaleur. Le jeune se demandait même comment une femme comme elle avait pu donner naissance à un être adorable comme Adal. Mais la question était aussi de savoir comment une mère pouvait accorder plus d’attention à un fils «aîné» considérant qu’il était héritier, alors qu’il était né à peine quelques minutes avant son frère. Et comment étaient-ils si certains que c’était lui?! Jamais ils n’avaient confondu? Avait-on marqué les jumeaux au fer aussitôt nés?! Francis n’avait jamais rencontré Amaël, pas grand monde n’avait rencontré Amaël. Selon Adal, il préférait la solitude, lui qui était bien au chaud sous l’aile protectrice de la comtesse. Apparemment, ils étaient identiques. Mais il est raisonnable de croire que Francis aurait bien pu faire la différence si Amaël s’était présenté devant lui. Mais juste à voir la manière dont Adal décrivait son frère, Francis n’avait pas envie de le rencontrer.

Si Adal devait abandonner?! Évidemment. Francis était catégorique sur ce point. Lui, il avait abandonné. Il faut dire que le message est clair quand on tente de vous assassiner à l’âge de 10 ans. Les moyens étaient différents, mais le but était le même : faire croire qu’un enfant n’avait jamais existé car il gênait ou simplement parce qu’il n’avait rien à offrir de substantiel. Oui, ces deux là s’étaient bien trouvés… la réunion des enfants mal-aimés. Pourtant, lorsque Francis avait été attiré par Adal le premier soir qu’il l’avait vu, il ne connaissait pas son histoire, il ne savait même pas qu’il était le fils de la comtesse. Il n’avait découvert que par après leurs points communs. À part en ce qui concernait leur histoire en plusieurs points similaires, les deux jeunes hommes avaient chacun leur personnalité bien distincte. Adal était discret, doux dans sa manière d’agir et généreux en plus. En se comparant à cet enfant parfait, Francis ne pouvait que constater ses propres défauts décuplés. Bien sûr, son plus grand défaut était sa facilité à maquiller la vérité… Un bel euphémisme pour dire qu’il était un habile menteur. Il savait bien que ce trait le rendait monstrueux malgré son joli minois, mais il était incapable de faire autrement. Tout avait commencé pour faire punir sa sœur plutôt que lui dans l’enfance. Il avait cru qu’en quittant sa famille, il pourrait vivre normalement, mais mentir était devenu beaucoup trop facile pour oublier ses origines. Le danger résidait dans le fait qu’à force de mentir on finit par se croire, et de cela, Francis n’était pas loin. En fait, la seule et unique raison pour laquelle il ne tombait pas dans la spirale de ses histoires inventées, était Adal. Avec lui, il pouvait être lui-même. Il était incapable de lui mentir tant il inspirait la bonne volonté. Il se posait souvent la question : et s’il avait été Adal. Et si Adal avait voulu de lui… Et si… Et si… Et si… Francis énumérait souvent les possibilités dans sa tête, sans doute était-ce une déformation de sa manie de mentir. Il tentait toujours de se dire qu’il n’était pas que cela, mais cela lui revenait toujours en tête.

Revenant à la présente situation, Adal qui gaspillait son talent pour sa mère qui n’en valait pas la peine. D’un autre côté, on ne pouvait pas le blâmer, elle était sa mère après tout.


«Tu sais ce que j’en pense, inutile de me répéter… Mais il n’y a que toi qui peux t’en rendre compte. Personne ne peut le faire à ta place. Tout ce que je peux te dire c’est que lorsque tu te seras libéré, tout sera plus clair.»

Même dans ces moments de déprime, Adal parvenait à faire fi de ce qui lui arrivait pour parler un peu plus légèrement. Si Francis voulait le faire boire pour le séduire?! À vrai dire, il n’y avait pas pensé, mais le jeune savait bien jouer à ce jeu.

«Pourquoi? Est-ce que ça fonctionnerait?» demanda Francis esquissant son sourire enjôleur.

Faisant une pause, il reprit :


«Tu sais, ta maman, peut-être qu’il lui manque quelqu’un pour la réchauffer… Je pourrais m’en charger si tu veux. Après, je te garantie qu’elle sera affectueuse même avec les vagabonds qui quêtent sur le parvis de l’église.»

La blague était sans doute d’un goût douteux et était sortie toute seule. Francis avait habitué Adal à pire, mais jamais il n’avait parlé de la comtesse devant lui de cette façon. Il ne savait pas comment son ami allait réagir.
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeDim 12 Sep 2010 - 11:22

Oui, Adal connaissait parfaitement le point de vue de Francis sur cette question-là. Après toutes ces heures à tenter de lui montrer son point de vue, le noble avait compris la pensée de son ami, mais il était impossible pour lui de renier sa mère, de l’oublier, et de ne plus l’aimer. Il ne saurait probablement jamais pourquoi et, pourtant, il sentait ce besoin au plus profond de son être, comme s’il était né avec ce tendre amour pour elle, un amour d’autant plus exacerbé, que, pour le moment, il n’a jamais pu l’exprimer de manière totale. Son être tout entier regorgeait d’un amour pour sa mère qui ne pouvait se déverser, mais à ce rythme, il était bien possible qu’Adal finisse par se noyer. Tel un barrage qui cède face à la force des eaux, ne pouvait-il pas non plus céder face à son amour sans cesse rejeté ? Des fois, il se disait qu’il aurait pu devenir fou depuis longtemps, mais Jeanne l’avait aidé à tenir le coup, et comme pour un barrage, elle avait servie de déversoir, elle avait été le réceptacle d’un amour qu’Adal n’aurait pu contenir davantage. Qui plus est, maintenant il y avait Alexandrine, et même si le jeune homme n’était hanté que par la beauté qu’elle représentait, il avait enfin une raison de se tourner vers l’avenir, une raison d’espérer. Et il n’y avait que cela qui comptait réellement maintenant. L’espoir.

« - C’est un peu le serpent qui se mord la queue ton histoire là. Si tout est plus clair quand je serai libéré, cela ne m’aide pas tellement. Après tout, comment serais-je libéré ? En retrouvant enfin l’amour de ma mère ou en me détachant de son besoin ? Oh… Et puis zut, je n’ai pas envie de passer la soirée à parler de ça. »

C’est un fait, s’il était passé à l’auberge ce soir, c’était bien pour tenter d’oublier sa mère un petit peu et Francis était la seule personne avec laquelle il pouvait y parvenir, en dehors d’Alexandrine. Le jeune homme était naturel avec lui, il n’y avait que la franchise entre eux. Au début, Adal s’était posé des questions, ce qui était logique lorsqu’une telle personne vous raconte son histoire et vous indique par là-même que son existence n’est que mensonges à répétition. Mais le noble avait fait le pari de le croire car, ce soir-là, il y avait dans ses yeux une étincelle de vérité, d’émotions. Peut-être que cela faisait partie du jeu d’acteur, peut-être que c’était faussé, mais Adal avait vu Francis se comporter avec des clients, et il avait eu la confirmation que, face à lui, il ne jouait pas. Il s’en était beaucoup voulu de ne pas l’avoir cru à ses premières paroles, mais leur amitié n’en pouvait être que plus renforcée à partir de ce jour.

« - Réussir ? Je ne sais pas, je n’ai jamais vraiment testé ma résistance à l’alcool. Peut-être as-tu une chance après tout… »

L’humour était peut-être la meilleure distraction à sa disposition. Et même s’il était assez sérieux en cet instant, il savait que son ami n’était pas le genre d’homme à faire cela. Francis aurait préféré mille fois qu’Adal le rejoigne volontairement dans son lit, même s’il savait que c’était parfaitement impossible. Encore et toujours Alexandrine… Adal se demandait si le jeune homme n’allait pas finir par la détester, il espérait que non, mais il savait que la concurrence n’amenait pas très souvent à apprécier quelqu’un. Lorsqu’il fit sa blague, Adal ne put sourire, alors qu’il imaginait sa mère être « chaleureuse » avec les vagabonds du parvis.

« Ne sois pas idiot, elle ne te verrai même pas tu sais. Aurais-tu été Comte que cela n’aurait rien changé ! »

L’humour douteux ne l’avait pas vraiment affecté, après tout la sexualité de sa mère n’était pas quelque chose qui le choquait et il était depuis longtemps immunisé à l’humour de Francis. Il but une nouvelle gorgée et tenta de changer de sujet.

« - Et toi ? Ta journée ? Peut-être un peu différente que d’habitude ? »
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeMar 14 Sep 2010 - 23:37

Évidemment, Francis ne croyait pas réellement arriver à même approcher la comtesse. Comme si une femme de cette trempe pouvait s’intéresser à un prostitué. Si elle cherchait un amant, elle avait les moyens de ne pas payer pour. Mais de là à dire qu’elle ne le verrait même pas… Francis était beau et il le savait, sinon comment afficher une telle assurance pour pêcher des clients. Pour lui, la vraie pudeur n’était pas de dévoiler son visage, ou son corps, mais plutôt son âme. Il se savait beau à l’extérieur et laid à l’intérieur. Tant qu’on ne voyait que son physique, il était en sécurité. Mais pour Adal, cela serait sans doute insupportable qu’elle remarque un autre jeune homme de son âge, mais pas lui. De toute façon, on ne le saurait jamais car jamais Francis n’approcherait la comtesse. Son rang ne lui permettait pas. Sa relation avec Adal était le plus près d’elle qu’il ne le serait jamais. Dommage. De la même façon que le jeune ne voulait pas rencontrer le frère d’Adal, il était plutôt curieux à l’égard de cette femme qui ne se laissait pas approcher. Qu’avait-elle à cacher? Bien sûr, Francis ignorait absolument que la comtesse était une sorcière, tout comme il n’aurait jamais pensé cela de son meilleur ami. On parlait de sorcières comme ça dans tout le comté, mais Francis ignorait si ce n’était que folie collective ou réalité. Malgré tout, cette perspective frappait l’imaginaire. De quoi avait l’air une véritable sorcière? Nul ne le savait et les inquisiteurs prétendaient savoir. Quels étaient leurs pouvoirs? Pouvaient-elles réellement voler? Envoûter les gens? Jeter des sorts? Si tout cela était vrai, alors pourquoi les chasser plutôt que de vouloir apprendre? C’était bien attrayant. Mais les rares fois où Francis y songeait, il se disait que tout cela n’était que fadaises, histoires de bonnes femmes.

Francis aimait bien jouer au jeu de la séduction avec Adal, mais il se rappelait aussitôt que cela n’était qu’un jeu. Quand on regardait dans les yeux du jeune homme, on ne pouvait lire qu’une chose : Alexandrine… Adal jouait, connaissant son charisme, et Francis se demandait s’il pouvait réellement être attiré par les hommes ou s’il ne faisait que se moquer un peu de la tendance de Francis. Mais ils devaient faire attention quand ils discutaient parce que ce genre de déviance était mal vue en public. Les gens n’ignoraient pas qu’en secret, certaines personnes d’y adonnaient, mais il ne fallait pas le montrer, il fallait faire comme si cela n’existait pas. À cette époque régnait une fausse pudeur. Comme plusieurs mœurs douteuses de la société, celle ci était proscrite par l’Église, alors que les ecclésiastiques ne donnaient pas leur place en déviances. Mais bien sûr, de cela non plus on ne devait pas parler. Ainsi, si on reprochait un jour les mensonges de Francis, comment faire autrement dans une société qui ment par omission, en fermant les yeux. Tout n’était que rempart.


«Ne me tente pas.» répondit simplement Francis.

Las de discuter de sa mère et de ses problèmes, Adal exprima le désir de changer de sujet. Après tout, c’était bien pour cela qu’il venait à l’auberge. Il n’y avait pas qu’Alicia Maestriani dans la vie, même si elle occupait une grosse partie des pensées d’Adal. Il y avait aussi Alexandrine… Et il restait quand même une petite place pour Francis.


«Ainsi tu veux entendre les histoires sordides du jeune, demanda Francis au sourire espiègle, Voyons voir… Un gros mari qui trompe sa femme, un habitué… Une gentille veuve esseulée. C’est spécial pour elle, service à domicile. Oh, et puis un futur prêtre. C’était mignon à voir, il était timide et nerveux… La première fois... Ainsi, la routine. Un peu comme toi quoi.»

Prenant une pause pour boire une gorgée, il poursuivit :

«Mais tout ça, bien sûr, c’est confidentiel.» dit-il en faisant un clin d’œil.

Malgré sa profession, et son activité d’informateur occasionnel, Francis restait prudent. Pour garder ses clients, il devait faire attention. Ces quelques détails qu’il avait donnés à Adal étaient les seuls qu’il laissait échapper. Quelques uns de ses clients ne méritaient pas qu’on s’en prenne à eux pour cela. Notamment cette veuve sans enfant qui faisait appel à ses services environs une fois par mois. Il connaissait trop bien ce qu’était la solitude.
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeMer 15 Sep 2010 - 13:23

L’homosexualité… Oh bien sûr, on n’appelait pas cela comme ça à l’époque, on ne le nommait pas, il s’agissait d’un autre sujet tabou, d’un autre interdit. Même si c’était un autre reflet de l’amour inconditionnel, il était impensable que deux hommes, ou deux femmes soit-dit en passant, ne puissent s’aimer d’un amour au-delà de l’amitié ou des liens familiaux stricts. Une idiotie de plus, encore. Qu’est-ce que les sexes venaient faire dans l’histoire ? En quoi deux hommes ne pouvaient-ils s’aimer davantage qu’un homme et une femme ? Surtout quand la plupart des mariages nobles étaient de simples arrangements sans amour… Quel mal y avait-il à vivre dans l’amour et la joie avec une personne du même sexe ? Parce qu’on ne pouvait engendrer la vie ? L’absence de progéniture était donc une cause religieuse ? Devait-on absolument faire des enfants ? Pour que l’Eglise puisse également étendre son emprise sur eux ? Avait-elle peur de ne plus avoir assez d’adeptes en ne laissant pas les gens s’aimer comme ils le désiraient ? Adal s’en fichait comme d’une guigne, de par sa naissance il lui avait déjà échappé depuis longtemps, pire encore, il vivait à l’encontre de sa doctrine, car lui-même était un Sorcier, et plutôt doué en plus, à ce qu’on en disait.

Bien entendu, il ne l’avait jamais dit à Francis. C’était la seule chose qu’il avait du lui cacher. Non pas qu’il ne lui faisait pas confiance, mais simplement, car il ne pouvait pas en parler. Une loi du secret qu’il conservait, simplement pour se protéger, même s’il aurait confié sa vie au jeune homme. Personne ne pouvait savoir comment une autre pouvait réagir face à un Sorcier ou une Sorcière. Beaucoup les craignaient, d’autres étaient fascinés, d’autres s’en fichaient, d’autres les haïssaient, par jalousie ou crainte – on pouvait alors les placer également dans la première catégorie. Il était donc extrêmement difficile d’être sûr de pouvoir faire confiance à une personne, même si on la connaissait très bien… Adal avait plus ou moins abordé le sujet, sur le thème de la curiosité, avec des « si on avait le pouvoir de… que ferais-tu ? », mais il n’était jamais allé plus loin. Peut-être un jour révèlerait-il son secret à son ami, mais pour l’instant, il préférait le garder pour lui, une sorte de jardin intime qu’on ne montre à personne, pas même ceux que l’on aime.


« - Et c’est toi qui me dit de ne pas tenter… C’est un comble ! »

Adal hocha la tête en signe de faux dépit, mais amusé. Oui parfois la séduction venait se placer entre eux deux, comme un jeu. Un simple jeu, car il ne pourrait y avoir de dénouement sentimental à cette séduction. Toutefois, cela n’empêchait pas le jeu d’être divertissant et intéressant. Parfois même diablement – c’était le mot – tentant. Il écouta les histoires « sordides » de Francis, qui ne furent pas très très sordides, étant donné qu’il était lié par la confidentialité, il n’y avait rien de croustillant là-dedans. Mais il comprenait bien sa situation et respectait parfaitement cet état de fait.

« - Décidément, la routine s’est emparée de nous deux… N’as-tu donc pas prévu de faire quelque chose prochainement ? Te changer les idées, voyager ? N’as-tu jamais voulu découvrir le monde ? Des fois j’aimerai être un oiseau, un grand et bel oiseau, libre de découvrir les espaces. Virevoltant dans les airs, bien loin des soucis d’un homme… »

Des rêves comme ceux-ci, il en faisait souvent. Libre comme l’air, puissant comme l’océan… Il aimait rêver qu’il devenait un oiseau. C’était si grisant, cette sensation de pouvoir aller et venir comme il lui souhaitait, libre de corps comme d’esprits, libéré de ses soucis dont son corps et âme d’homme commençaient à être las.
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeVen 17 Sep 2010 - 0:05

Voyager? Oui bien sûr, Francis y pensait parfois. Il y avait bien deux ans qu'il était à Forbach et qu'il n'avait pas bougé. Mais dès l'âge de 10 ans, il avait en quelque sorte voyagé à travers la France pour se trouver un endroit où vivre. Et puis quand il avait débuté les affaires, on l'avait trimbalé comme un accessoire de voyage. Mais voyager pour le simple plaisir, pas par nécessité ou pour le travail, ça il n'avait jamais fait. Francis aimait bien Adal pour cela, son âme d'artiste refaisait surface pour exposer ses rêves et ses pensées. C'est de cette façons qu'ils s'évadaient réellement de leur quotidien. Pour un instant ils oubliaient leurs problèmes et dissertaient sur des choses totalement impossibles ou improbables, mais ils aimaient penser que cela pourrait arriver un jour. Être libre comme un oiseau, qui ne le souhait pas? À les regarder, on pouvait penser qu'ils n'avaient pas de problèmes eux. Sans doute pensait-on ainsi parce qu'avec leurs ailes, ils étaient ce qu'il y avait de plus près des anges, et donc, ils se trouvaient plus près du paradis, à où il n'y avait plus ni haine, ni souffrances.

Il arrivait à Francis de penser au paradis. Au paradis et l'enfer. Si on espérait qu'un existe, inévitablement, il devait venir avec son parfait opposé. S'il peut arriver que certaines personnes espèrent parfois voir venir la mort parce qu'ils savent que leurs souffrances aboutiront, Francis, lui, la craignait. Si on en croyait ce que racontaient les prêtres, les menteurs et les libertins ne pouvaient espérer rien d'autre que la punition ultime une fois morts. Bien sûr, à une époque où on ne connaissait rien d'autre, même pour un pêcheur, cette perspective était assez effrayante. Mais Francis souriait et se consolait en se disant qu'il amènerait quelques uns de ces prêtres avec lui en enfer. La seule autre solution était de croire en autre chose. Quoi? Qui sait? Peut-être en faisant comme Adal et en laissant aller son imagination vers des lieux inconnus.

Francis réfléchit un peu avant de répondre. Il dégusta longuement sa gorgée avant de l'avaler. Il ne mentait pas avec Adal, ainsi, il se sentait vulnérable et devait réfléchir à ses vrais sentiments. C'était presque une maladie quand le mensonge venait plus facilement que la vérité.


«Il paraît qu'en Amérique, la vie est meilleure. Tout est à faire, les hommes partent tous du même point, ainsi ils sont tous égaux... Oui, si j'étais un oiseau, c'est là que j'irais.»

Évidemment, en disait cela, Francis évoquait un nouveau départ. Table rase sur le passé, sur les erreurs, sur les péchés. Une nouvelle identité. Oui, ce serait aussi un mensonge, mais à partir de là, il ne mentirait plus. Là bas, il pourrait espérer se marier et avoir une vie normale. Ce qu'il ne pouvait imaginer ici. Pourquoi ne le faisait-il pas? La crainte, sans doute. L'inconnu fait peur. Malgré les belles histoires qu'on racontait sur ce nouveau monde prometteur, on disait aussi qu'il était peuplé de sauvages. Francis n'avait aucun moyen de constater de lui-même que ces hommes était normaux, vivant juste d'une manière différente, en harmonie avec la terre. Mais comment s'en douter quand se colportaient des histoires d'horreur sur ces hommes, qui disait-on, pratiquaient le cannibalisme. Et puis, il y avait Adal. Il était le seul ami qu'il n'avait jamais eu. Cela peut sembler anodin, mais pour quelqu'un qui avait toujours cherché à être aimé, cette seule relation saine était de la plus grande importance. Et Francis espérait qu'il en était de même pour Adal.

«Et alors toi? Tu rêves de t'envoler? Où?»
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeVen 17 Sep 2010 - 23:39

Voyager… Tel un oiseau, un grand, un immense oiseau. Non pas être maître du ciel, mais être son allié, son ami. Tout n’était pas qu’affaire de contrôle, de domination, de pouvoir. Les meilleures choses, les plus belles choses, ont ne les conquérait pas par la force, par la manipulation, non, jamais. On les apprivoisait tout en se laissant apprivoiser par elles. Elles nous possèdent autant que nous jouissons d’elles. Il n’y a pas de maître, il n’y a pas d’esclave. C’est une relation fusionnelle, chacun offre à l’autre. Voilà comment l’homme devait se comporter vis-à-vis de son environnement. Point de conquête, mais une fusion. Hélas, il était bien difficile de faire comprendre cela aux autres. Adal l’avait compris lui, il l’avait compris avec l’absence d’amour, l’absence de retour. Il aimait, sans recevoir. Et sans recevoir, on n’aime jamais totalement. Il n’avait connu cela qu’en deux occasions. D’abord avec la nature elle-même. La forêt, l’eau, les champs… Des endroits qu’il avait commencé par visiter pour se changer les idées, pour oublier. Avant de se rendre compte à quel point ils pouvaient lui apporter. Ils lui apportaient réconfort et il les peignait, leur rendant ainsi grâce, les exaltant pour le regard des autres. Il les sortait de la banalité dont les affublaient le commun des mortels.

La seconde occasion fut la découverte de Francis, ou plutôt leur rencontre. En plus de Jeanne, Adal avait pu apprendre ce qu’était l’amitié, l’amour, la franchise… Il le connaissait déjà bien entendu, mais il avait enfin appris ce que c’était que de partager de tels sentiments. Il en avait tiré un bien fou. Bien plus que son imagination la plus fertile avait imaginé ressentir. Cela lui avait permis de survivre, de ne pas sombrer, alors qu’il lui manquait toujours l’amour maternel et … le grand amour. Adal désirait goûter aux trois, mais il se contentait déjà de l’amitié, un trésor inestimable pour le jeune homme qu’il était. Le temps déciderait de lui offrir le reste, ou non, mais tout noble qu’il était, il se refusait à attendre demain sans profiter d’aujourd’hui. Rien n’était moins sûr que le lendemain, et rien plus certain et fuyant que l’instant présent. Il écouta donc avec attention son jeune ami lui parler de l’Amérique, terre nouvelle, terre d’espoirs pour tous les hommes, les riches comme les pauvres. Une terre pour ceux qui gagneraient le droit d’y vivre. Adal n’avait pas besoin d’aller si loin pour s’envoler… Le ciel de Forbach lui conviendrait déjà beaucoup, rien que pour pouvoir y admirer, depuis là haut, la beauté enivrante d’Alexandrine. Peut-être même aurait-il plus de chances de l’approcher en étant un petit oiseau, que tel qu’il était aujourd’hui. Il soupira.


« - Je ne sais pas… L’endroit m’importe moins que le ciel lui-même. J’aimerais voler, sentir le vent me frôler, me porter. Parcourir les cieux sans limites, sans obstacles. J’aimerais voir le monde d’en haut. M’élever davantage. » Il regarda le fond de sa chopine, puis reprit. « Il n’y a pas que voler… L’eau est également un élément pur, puissant. Tu sais, toutes ces légendes à propos de créatures mythiques qui vivraient sous le bleu profond de l’océan… Peut-être que cela serait merveilleux de vivre tel l’une d’entre elles… »

Il marqua une pause, plongeant son regard dans celui de Francis.

« - Il y a tant de choses merveilleuses dans la nature… Les éléments sont d’une grandeur incroyable. Ils inspirent le respect, la crainte parfois. Mais ne serait-il pas fabuleux de pouvoir vivre parmi eux ? Tel l’oiseau dans les airs, le poisson dans la mer… Parfois je me demande si je suis fait pour être un homme Francis… En ais-je la carrure ? Je ne sais pas… »

Sur ces mots, il vida sa chopine. Adal n’aimait pas tellement boire et se serait surement la seule de la soirée, mais ce n’était pas important. Ce qui était important, c’était le sujet qu’ils avaient abordé. Francis comprenait-il seulement les élans lyriques de son ami ? Des deux, il était le plus terre à terre, ce qui n’était pas forcément un mal.
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeMar 21 Sep 2010 - 2:00

C'est ce qui était merveilleux de cette amitié. Les deux jeunes hommes s'entendaient à merveille, mais voyaient les choses différemment. Adal était un artiste, il n'étonnait pas Francis que ce dernier rêvait d'être un oiseau juste pour avoir le ciel comme royaume. Un artiste amoureux, s'accrochant à des délires qui ne trouveraient de réalité que dans sa tête ou dans ses toiles. Pourquoi Francis était-il plus terre-à-terre? Peut-être était-ce simplement son caractère ou alors la survie avait pris toute la place dans sa vie. Il avait survécut, très rarement vécut. Il se bornait encore à dire qu'il survivait toujours, que c'était la raison pour laquelle il faisait ce qu'il faisait. Peut-être en fait avait-il peur de la réalité. De se dire qu'il ne savait rien faire. Dieu ne lui avait rien donné. Ni talent, ni titre, ni richesse, ni amour. Il lui arrivait de penser à l'enfer, comme déjà mentionné. Il ne fallait pas se leurrer, son mode de vie n'était en rien celui d'un bon chrétien et il n'avait certainement pas de quoi se payer sa place au paradis. Mais il lui arrivait de se dire que si Dieu ne lui avait rien donné, ce dernier était le seul coupable de sa vie de débauché, et qu'ainsi, seul le Seigneur méritait l'enfer. Cette pensée, si elle avait été partagée, aurait été suffisante pour se faire excommunier, ou pire, arrêté pour hérésie. Dans une situation qui le mettait déjà en danger, Francis gardait pour lui ce genre de réflexions.

Au fond, ce que Adal voulait dire était qu'il serait tellement plus facile de ne pas faire partie du genre humain. On regardait les animaux et on se disait, quelle chance, ils savent exactement ce qu'ils ont à faire, ils le font et n'ont aucun problème. Francis n'avait pas observé tous les animaux de cette terre, mais il constatait que jamais une mère ne rejetait ses petits, jamais elle ne restait sans les protéger quand ils étaient attaqués. Évidemment, Francis et tous ces contemporains ignoraient l'existence de certains animaux comme le varan de komodo qui serait découvert que bien plus tard dans la longue histoire de l'homme. Ce lézard, en effet, abandonnait ses petits dès leur naissance. Fort heureusement que ni Francis, ni Adal ne connaissaient cet infime détail de la création. Aussi petit soit-il, il aurait sans doute suffit pour les décourager. Mais comme dans cet univers, ce lézard étrange n'existait pas, Adal pouvait bien rêver d'être un oiseau puisque les animaux n'ont pas les problèmes des hommes.


«La carrure, tu l'as, fis-toi à l'opinion d'un professionnel!» blagua Francis.

Adal regardait Francis dans les yeux. Leur intimité était à son comble et le jeune ne pouvait s'empêcher d'être distrait par le regard profond de l'artiste.


«Si tu étais un oiseau ou une créature mythique sous-marine, tu n'aurais pas le loisir de l'imaginer. Ce qui rend la chose si attirante et plaisante à rêver, c'est justement que c'est inatteignable. Ainsi, tu as tout ce qu'il faut pour être un homme. Ce n'est pas la routine qui nous tue, ou les obstacles que la vie met sur notre route, c'est le manque d'imagination.»

Francis coupa net le lien visuel entre eux deux, il pris sa chopine et avala la dernière gorgée.

«Arrête de me regarder comme ça, je vais commencer à me faire des idées... D'autant que ton coeur est déjà pris... Justement, parles-moi un peu de ta belle, il y a des progrès?»
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeMar 21 Sep 2010 - 21:43

Qu’importent les lézards connus ou inconnus, dans l’esprit d’Adal, il n’y avait que la liberté qui comptait, et même si toutes les mères du monde animal aurait pour vocation d’abandonner leurs petits, cela n’aurait pas refroidi ou motivé le jeune noble. Il était maintenant « habitué » à être rejeté par sa mère, et même si cela l’attristait profondément à chaque fois, il avait maintenant appris à vivre avec, à marcher avec ce fardeau, ce manque d’amour maternel, un amour dont il aurait tellement eu besoin. Non, il avait besoin de liberté, besoin de laisser tomber à bas ce fardeau, tout laisser tomber pour s’envoler, loin de tout, loin des autres et tout près d’elle… Oh… Il aurait donné n’importe quoi pour un moment avec elle, pour n’être aimé, même qu’un instant, mais on n’achetait pas les sentiments. Il fallait les susciter, les conquérir, les mériter. C’était toujours pareil, il était nécessaire de se battre pour obtenir l’amour, car si la haine était gratuite, la passion n’était que méritoire. Et, en cela, quelque chose ne tournait pas rond en ce monde…

Adal sourit à Francis lorsque celui-ci lui affirma, « parole de professionnel », qu’il avait la carrure d’un homme. Bien entendu, cela faisait référence autant au sens figuré du terme, que du sens littéral. Le sous-entendu criait tellement fort que n’importe quel abruti, connaissant un tant soit peu Francis, l’aurait compris rapidement. Les choses auraient tellement pu être différente entre eux deux… C’était à la fois tentant et irrémédiablement interdit. Peut-être l’interdit accélérait-il la folie de vouloir céder à la tentation mais ils devaient tenir bon. Même si cela n’aurait pas été dramatique, Adal ne concevait pas de pouvoir céder, non pas qu’il n’aimait pas assez Francis, mais simplement qu’il était tout entier voué à Alexandrine, et que rien n’y changerait, malgré la tentation. En cela, le jeune noble était inexpugnable. Non pas têtu, simplement entier. Lorsqu’il se donnait, il se donnait sans retenue, sans arrière-pensée, sans calcul.


« - Je ne sais pas… Tu as peut-être raison, mais si j’étais un oiseau, aurais-je besoin de rêver de liberté ? Rêverais-je d’être un homme parcourant le monde d’en bas alors que j’ai bien plus à ma portée ? Des fois j’aimerais juste essayer… Pour savoir. »

Lorsque Francis rompit net le contact entre leurs deux regards, Adal sembla soudain se réveiller. C’est vrai qu’il fallait faire un peu attention, vis-à-vis des regards indiscrets de la taverne, mais surtout, c’était une protection pour tous les deux, car la tentation ne devait pas devenir trop forte. C’était une particularité de leur relation, cette amitié sans faille et cette indescriptible attirance pour l’un et l’autre. Ils devaient composer avec. Il enchaina à propos d’Alexandrine. Adal baissa le regard sur sa chopine vide. Si ça avançait ? Pas vraiment non, pas du tout même, il devait l’avouer.

« - Je n’arrive pas à achever son portrait, j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose. Quelque chose semble retenir mon pinceau et le résultat n’est pas convainquant. C’est la première fois que quelque chose me « résiste » de cette manière. Il doit y avoir quelque chose que je ne comprends pas, et cela m’empêche de traduire fidèlement son image. »

Adal avait déjà tenté d’expliquer à Francis la manière dont il peignait, avec ses sentiments. Comment il tentait de comprendre ce qu’il voulait peindre, comment il s’imprégnait de tout ce qui représentait ce qu’il désirait coucher sur la toile. Pour un paysage, il fallait comprendre sa beauté, sa plénitude, le voir comme un tout, ce n’était pas trop difficile, mais pour une personne… Il fallait saisir l’âme, l’être de la personne pour pouvoir la peindre telle qu’elle était réellement, sinon on n’obtenait que de vulgaires ersatz, des copies imparfaites.

« - Je lui ai encore envoyé une lettre anonyme dernièrement. Je n’ai pas encore le courage de lui dévoiler mon nom… Peut-être quand j’aurai trouvé la clef de son portrait, j’aimerais tellement lui offrir…
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeSam 16 Oct 2010 - 5:16

Posant les yeux au fond de son gobelet, il ne restait que la lie. Il se faisait tard, pourtant, alentour dans l'auberge, les habitués demeuraient toujours. De temps à autre, un ivrogne demandait un dernier verre pour la route, encore et encore... Bien, tout le monde était trop ivre pour écouter les conversations aux tables, soupçonner des relations qui n'existent pas. Depuis environs une heure, un groupe plutôt bruyant jouait aux cartes en buvant et en jurant. À date, personne n'avait été accusé de tricherie... Un record. Il arrivait aussi à Francis de jouer aux cartes avec des habitués ou des voyageurs de passage. Savoir jouer et et surtout mentir était particulièrement utile pour gagner de l'argent. Et tricher? Francis connaissait quelques trucs... La table des joueurs se composait de quatre hommes et d'une femme. Il y avait un gros bourru suintant de sueur, à la barbe mal coupée qui riait fort en postillonnant découvrant ainsi sa bouche à moitié édentée. Sur ses genoux gloussait une prostituée de bas étage, brune, bouclée, vêtue pauvrement, mais découvrant suffisamment ses charmes pour qu'on s'intéresse à elle. Elle était plutôt jolie malgré tout. Les trois autres joueurs étaient un homme d'une cinquantaine d'années, à l'air fatigué, un homme dans la mi-trentaine, bien mis, étonnement, mais il semblait nerveux, un bon bluffeur, ou une mauvaise main. Le dernier homme était un peu du même type que le premier. Moins gros, mais de la même classe, il reluquait la prostituée en bavant presque.

Dieu du ciel qu'Adal était un grand romantique. Peut-être un peu trop d'ailleurs. Il était un fabuleux artiste, mais l'amour, sans être dépourvue d'un certain art, ne se pratiquait pas en peignant des tableaux. Pourquoi chercher à réaliser le portrait parfait alors que la perfection était là, réelle et bien vivante. C'était tout à l'honneur d'Adal de vouloir perfectionner sa maîtrise de la reproduction de la réalité, mais un coeur était difficile à reproduire. Les tics, les façons de parler, la personnalité... Oh Francis ne croyait pas qu'il était impossible de le faire. Mais pour une fois, il croyait que son ami devait oublier un peu les couleurs et les pinceaux et affronter la vie.


«Ne prend pas mal ce que je vais te dire, c'est d'ailleurs une preuve de mon amitié que d'être honnête avec toi, mais je crois que tu devrais arrêter, pour une fois, de te cacher derrière des portraits. C'est tout à fait romantique que de vouloir créer la réplique de ta bien aimée, mais si elle est si parfaite, aucune reproduction ne fera jamais ton bonheur. C'est d'elle dont tu as besoin.»

À la table des joueurs, soudain la bisbille commença. Un tricheur enfin?! Mais il sembla que non. En fait les deux hommes de la même classe décrits plus hauts se disputaient la prostituée. Étaient-ils allé jusqu'à la jouer aux cartes? Le gros hurlait que c'était lui qui avait payé, qu'elle ne faisait pas partie de la mise. Le plus mince tirait la femme par le bras disant qu'elle le regardait depuis le début de la partie. Parfois les clients s'approprient les prostitués comme s'ils ressentaient de réels sentiments. Le gros bourru tira à son tour sur le bras la femme, hurlant maintenant contre elle «Alors tu lui faisais les yeux doux pendant que tu étais avec moi?!». Sans lui laisser le temps de répondre, il lui asséna un coup violent du revers de la main au visage. Elle tomba à la renverse. Alors que le gros allait continuer sa besogne sur le coup de la colère, la patronne, qui était sortie de derrière son comptoir, tapa fortement du pied en pointant un fusil sur lui. «Tu sors ou j'appelle le patron.». Il ne fallut rien de plus. Le gros sorti immédiatement. La patronne pointa ensuite son canon vers les autres joueurs qui s'empressèrent aux aussi de trouver la sortie. Pointant du menton vers la prostituée sur le sol, elle dit :«Je te sers un fort et après tu sors. Tu n'auras pas perdu toute ta soirée.»

Francis ne courtisais plus de cette façon depuis longtemps, mais il avait reçu sa part de coups lui aussi... Et parfois, on était plus violent envers les hommes qui vivaient de cette façon... Une aberration de la nature.
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeDim 17 Oct 2010 - 23:32

Romantique ? Comment ne pas être romantique ? Le romantisme est la célébration de l’amour. Et Adal était visiblement la personne la plus à même de comprendre pleinement ce qu’était l’amour. Il n’y pouvait rien, il était comme cela. Bien différent de son frère sur ce point, c’était évident, mais peut-être était-ce l’absence de l’amour de sa mère qui lui avait montré à quel point l’amour était rare et précieux. Mais il n’aurait pu pleinement le dire, il savait juste que lorsqu’on aimait, plus rien ne comptait sinon l’autre. Il fallait surprendre, montrer, étonner, amuser. Rien n’était plus commun que le commun. Pourquoi ne pas faire plaisir un jour, surprendre d’une manière un autre ? L’amour et la tendresse ne faisaient jamais tout… Il y avait les petites choses, les petits détails que certains omettaient, oubliaient, ou alors estimaient insignifiants, mais qui pourtant faisaient toute la différence. Bien entendu, c’était loin d’être l’essentiel, mais c’était important. Pour pouvoir y attacher de l’importance, il fallait déjà aimer et être aimé, et cela, Adal devait l’admettre, c’était loin d’être gagné. Surtout s’il ne décidait de ne jamais avouer ces sentiments à la belle Alexandrine.

Conscient de cette réalité, les propos de Francis ne le choquèrent pas. Pas plus que tous les autres mots, pas moins que tout le reste. Et même s’il avait un peu raison, il y avait une dimension qu’il ne saisissait pas. Adal ne se cachait pas derrière ses portraits… Il ne savait juste qu’exprimer ses sentiments de cette façon. Pour lui, on pouvait parler et exprimer à travers une toile. On pouvait y mettre une telle réalité, on pouvait y faire passer n’importe quel message, implicite, explicite… Si Adal s’acharnait à réaliser le portrait d’Alexandrine, c’était pour une raison qui lui semblait pourtant évidente. On ne pouvait peindre une chose parfaitement que si on l’a connaissait tout autant. S’il restait des zones d’ombres, on ne pouvait pas peindre le détail qui ferait toute la réalité de la peinture. Plus le portrait était réaliste, plus on était proche de la vérité. Moins on était proche de la vérité, moins le portrait était réussi. Voilà pourquoi il s’acharnait à faire ce portrait. Parce que s’acharner à peindre, s’était s’acharner à découvrir la vérité.


« - Tu as raison, comme toujours. Même si ce n’est pas vraiment mon genre d’aimer un de mes portraits. Mais… Comprends-moi. J’aimerais faire de ce portrait un présent pour elle. Je n’ose même pas imaginer le nombre de prétendants qu’elle doit avoir et mes lettres doivent être loin d’être les meilleures. Ce portrait, ce serait peut-être l’occasion de sortir du lot. Dès lors qu’elle saura qui je suis, je n’aurai pas beaucoup de temps pour faire mes preuves… Aussi je préfère commencer à les faire avant notre rencontre. »

Adal s’attarda sur la dispute qui éclata un peu plus loin. Il regarda la prostituée se faire malmener d’un regard absent, puis il observa la tavernière s’occuper des fauteurs de trouble sans ciller. Amusé, il reporta son attention sur Francis. La nuit s’était bien installée sur Forbach, et il serait bientôt l’heure de se quitter. Leur prochaine rencontre serait surement pour bientôt également. Peut-être même le lendemain.

« - Il faudra que je te dessine un jour. Je suis certain que tu feras un modèle parfait. Pourquoi refuses-tu à chaque fois ? »

Adal avait dit cela sur un ton léger, même s’il n’en pensait pas moins.
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeLun 18 Oct 2010 - 5:11

Adal n'avait pas tort. Pour impressionner une dame, vaut mieux se démarquer, même si Francis continuait de penser que ce portrait était une façon d'étirer le temps entre maintenant et le moment où Adal irait se présenter à Alexandrine. Au moins, d'ici là, le portrait serait parfait. Et puis Francis admirait tout de même son ami pour ce talent. Lui qui n'avait aucun talent sinon celui de plaire et de mentir... Pas toujours reluisant. Si un jour Adal allait réellement à la rencontre d'Alexandrine, elle serait folle de ne pas apprécier son travail. Il fallait être spécial pour être peint par le jeune homme. Peut-être était-ce pour cette raison que Francis n'avait jamais fait l'objet d'une de ces toiles. Non pas parce que l'artiste ne lui avait pas demandé, c'est toujours Francis qui avait refusé. Le jeune se dépréciait, il ne se sentait pas digne d'être peint par son ami. Tous deux étaient très proches, ils étaient le confident l'un de l'autre, meilleurs amis. Mais pour Francis, cette proposition d'être peint était encore trop intime. Il avait vu quelques uns des portraits faits de la main d'Adal. Il y avait quelque chose de très profond dans chacun d'eux, comme si il avait pu lire dans l'âme de ses modèles. Francis n'était pas prêt à se voir de cette façon. Il aimait sa relation avec son ami, mais il craignait de se voir projeté par le regard de celui-ci. Malgré tout, il se sentait honoré de la proposition. Il aurait voulu dire oui...

Cette rencontre avec son ami ce soir était un répit de sa vie, disons, de débauche, c'est ainsi qu'elle serait sans doute défini par les bons chrétiens. Il se sentait bien, même si ces temps ci, Adal était préoccupé par les mêmes choses : sa mère et Alexandrine. Parler d'amour faisait un peu mal à Francis, lui qui ne l'avait jamais connu. Adal n'avait pas reçu d'amour maternel non-plus, mais il arrivait à aimer. Francis se demandait comment. Il ne comprenait pas ce sentiment. Il souhaitait le rencontrer un jour, mais il avait peur de ne pas le reconnaître, de passer à côté sans voir et rater sa chance. Mourir sans avoir connu l'amour. Il ne demandait pas à être aimé en retour, seulement aimer, sans rien de plus, pour avoir la confirmation qu'il en ai capable. Se pourrait-il que ce sentiment se soit atrophié en lui, au bord de la disparition. Le désir, ça, il connaissait. Il l'avait éprouvé souvent, mais le désir est bien loin de l'amour. Quand on désire quelqu'un, c'est soudain, c'est maintenant, et puis après, ça disparaît. Penser à quelqu'un tout le temps, juste pour ce qu'elle est, juste voir son visage en pensée, penser à ses habitudes, vouloir être avec elle, juste pour la toucher, sans aucune pensée charnelle... Francis ne connaissait pas. Il observait Adal parler d'Alexandrine, il voulait apprendre, même s'il savait pertinemment que l'amour ne s'apprenait. Et si certaines personnes naissaient avec et d'autres sans... Peut-être était-ce le cas pour lui. Pour beaucoup de gens, le mystère était de savoir si Dieu existe. Francis n'en avait que faire puisque s'il existait, tout le monde s'entendait pour dire que lui non-plus ne l'aimait pas.

«Oh arrête, je sais que je suis beau, mais il y a sûrement tout un tas de nobles fortunés qui te paieraient une petite somme intéressante pour les peindre. Tu n'as pas besoin de perdre ton temps avec moi.»

Oui, Adal la posait souvent cette question... Et à chaque fois, Francis répondait non. Mais à chaque fois, il avait de plus en plus envie de dire oui. Comme expliqué plus tôt, il avait peur de cette intimité. Mais le sentiment de se sentir intéressant pour quelqu'un, autre que par le travail, était attirante. C'est peut-être parce que les portraits d'Adal était plus vrais que vrais que Francis avait peur... Lui qui mentait sans cesse... Ce serait un paradoxe plutôt intéressant. Forcé de cacher son portrait tel Dorian Gray, que Francis connaissait pas encore et ne connaîtrait jamais. Dans sa réflexion, Francis se dit *Et si j'arrêtais de penser...*

«Et si je te disais peut-être... Il faudrait que tu sortes tes arguments pour me convaincre.»

Oui... non... Toujours entre deux décision. Peut-être était la réponse appropriée. Francis ne se sentait pas de dire non encore une fois. Mais un oui était trop vif.
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeMar 19 Oct 2010 - 20:14

Pourquoi Francis refusait-il toujours qu’Adal le dessine ? Le jeune noble n’aurait pu le dire vraiment. Les excuses avancées par le prostitué étaient diverses et variées mais étaient restées toujours très évasive. Le fils de feu le Comte avait bien une petite idée quant aux refus systématiques, mais il ne pouvait que respecter la position de son ami, même s’il brûlait d’envie de prendre les pinceaux pour réaliser un portrait de lui. Peindre, c’était avoir une relation intime avec son modèle, même si souvent ce dernier n’en avait aucune conscience car il n’était pas présent, mais quand Adal peignait, c’était comme s’il décelait la moindre chose que l’on désirait cacher. Beaucoup – enfin ceux qui connaissaient sa vraie nature – supposaient que son don, ses prédispositions étonnantes à la magie, l’aidaient de manière surnaturelle et poussaient son art à un paroxysme inédit. Lui n’en était pas totalement convaincu, même si par moment il devait admettre qu’il lui semblait être guidé par quelque chose qui n’était pas vraiment rationnel. Etait-ce pour autant son pouvoir ? Il n’aurait su le dire, peut-être s’agissait-il simplement de la caractérisation d’un don, comme certains pouvaient écrire des vers de poésie de la meilleure facture sans difficulté, rien de plus, peut-être pas. Bien des choses étaient inexpliquées dans ce monde, peut-être en était-ce simplement une de plus, et rien d’autre.

Lorsque son ami évoqua la possibilité de vendre son art pour quelques pièces d’or, Adal s’outra, accentuant un peu son air, rendant la scène quelque peu comique :


« - Vendre mes pinceaux pour ces pauvres fantômes endimanchés ? Hors de question. Tu sais très bien que ce n’est pas l’argent qui m’intéresse. »

Adal prenait rarement les commissions. Bien entendu, son talent n’était pas passé inaperçu et certains ou certaines n’avaient pas hésités à demander à se faire peindre. Adal avait simplement refusé, sauf s’il s’agissait d’une connaissance, d’une amie, d’un ami. Un bon tableau prenait toujours énormément de temps à faire et le jeune adolescent ne passait pas sa vie à peindre. Et même s’il pouvait travailler sur plusieurs tableaux sans problème, il ne désirait pas cumuler les commandes. Après tout, il aimait aussi se balader à cheval, dans la forêt, ou alors prendre sa soirée et aller à l’auberge, retrouver Francis…

Lorsque son compagnon se décida enfin à lâcher du lest, à la grande surprise du jeune noble d’ailleurs, et qu’il argua qu’il faudrait le convaincre pour qu’il accepte, Adal ne se laissa pas démonter. L’occasion était trop belle pour ne pas la saisir, et puis peut-être que cela serait plus intéressant que de regarder des ivrognes tenter de se partager une prostituée. Regardant son compagnon droit dans les yeux, il reprit, plus bas.


« - Te convaincre… Voilà un défi intéressant. Que pourrais-je dire… Laisse-moi réfléchir. »

Adal ne quitta pas les yeux de Francis puis rajouta :

« - Déjà parce que tu sais très bien que tu es plus beau que tu ne l’admets, que tu ferais surement un excellent modèle, bien plus que ces nobles ventripotents. Peut-être aussi parce que ce serait une excellente raison pour te découvrir une image que tu n’as pas de toi-même. »
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeLun 25 Oct 2010 - 2:12

Ce qu’Adal avait un cœur pur. Trop romantique… ou trop riche peut-être. Pauvre comme job, un bougre aurait tout fait pour se faire quelques pièces de cette façon, se faire reconnaître. En fait, le problème était tout là. Adal s’évertuait à se faire reconnaître par la seule personne qui ne voulait rien savoir. Inutile de la nommer encore, on l’a déjà suffisamment nommée depuis le début de cette conversation. Mais cela prouvait quand même bien que le jeune homme était un vrai artiste. Créer pour créer, sans rechercher la gloire. Francis avait pu remarquer depuis qu’ils se connaissaient qu’Adal ne semblait pas se plaire dans ce carcan de rang social. Des ventripotents paresseux et incultes qui ne voyaient rien en l’art que la célébrité de l’artiste et le prix qu’ils y avaient mis. Tout n’était que pour paraître. Et ce n’était absolument pas le cas d’Adal. Oui, il voulait plaire à sa mère, mais il n’a jamais renié sa nature pour cela. Il voulait qu’elle l’aime, mais pour ce qu’il était, il ne voulait pas se transformer en Amaël pour qu’elle le remarque. C’était tout à son honneur d’ailleurs. Les histoires de succession, depuis toujours, n’avaient réussi qu’à orchestrer des fratricides… Peut-on vouloir le pouvoir à ce point? Ou peut-être n’est-ce jamais réellement une question de pouvoir, mais plutôt de jalousie, d’envie. Vouloir ce que l’autre a. Ça tue. Pourquoi lui, pourquoi pas moi, et entre frères c’est pire. Mais Adal, lui, ne voulait pas du pouvoir, il n’en avait rien à faire. Il voulait de l’amour et l’amour ne s’obtient pas par la violence… Et même si c’était le cas, il en était incapable.

La preuve que les apparences ou les «quand dira-t-on» n’avaient que peu d’importance pour Adal, est bien cette amitié peu conventionnelle. D’abord l’amitié vraie était plutôt rare dans ce monde de conventions. Elle était le plus souvent teintée d’hypocrisie ou de mensonge, Francis le savait bien. Francis n’affichait pas dans les rues qu’il se prostituait, il n’était pas connu comme LE prostitué de Forbach, bien que les hommes pratiquant ce métier soient plutôt rare, mais plusieurs personnes s’accordaient pour dire qu’il n’était pas du genre fréquentable. Malgré tout, Adal n’a jamais rien caché de cette relation. Ils ne se rencontraient pas exclusivement dans l’auberge tard le soir. Ils étaient amis, il n’y avait rien de honteux. Sinon cette relation n’aurait pu être aussi honnête qu’elle l’était. À vrai dire, Francis n’aurait rien eu à faire d’une amitié si son ami n’avait pu supporter le regard des gens. Cela ressemblait trop au canevas de son travail. Les hommes qui se retrouvaient avec lui, car il s’agissait le plus souvent d’hommes, ils fuyaient le regard, c’était honteux, ils s’abandonnaient une fois là et puis après, ils traitaient Francis comme de la merde. Adal l’avait toujours traité comme son égal, malgré le fossé de leur rang social. Jamais Francis n’avait eu l’impression d’être regardé de haut.

Voilà pourquoi il était de plus en plus difficile de refuser de se faire dessiner. Adal ne dessinait que les gens pour qui il avait de l’estime. Comme il l’avait dit, même une compensation pécuniaire ne pouvait faire sortir l’inspiration de force de ses pinceaux. Il s’agissait donc d’un grand honneur, d’une confirmation de leur amitié.


«J’avoue que tes arguments sont convaincants. Particulièrement celui où tu dis que je suis beau. Soit, je te donne mon accord pour me dessiner… Mais pas ce soir. Il commence à se faire tard non?!»
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeLun 25 Oct 2010 - 12:35

Adal se fichait des « qu’en dira-t-on ? », les rumeurs les plus folles pouvaient circuler, il n’y prêtait guère attention. Ceux qui le connaissaient vraiment, et ils étaient bien peu nombreux, savaient à quoi s’en tenir et c’était bien suffisant. Les autres, s’ils voulaient s’en tenir à des rumeurs et des ragots, bien mal leur en prenne, mais Adal ne leur en voulait pas. Après tout, ils vivaient dans un monde de faux-semblants, dans lequel paraître c’était faire croire. Il suffit d’avoir l’air riche pour que les gens vous croient comme tel. Faire illusion était l’unique préoccupation d’un bon nombre d’entre eux. Bien entendu, pour certains c’était plus facile que d’autres. Mais Adal savait qu’à un moment ou à un autre l’illusion ne fonctionnerait plus, à force de mentir sur soi, viendrait forcément un moment où un mensonge viendrait en contredire un autre car rares étaient les véritables menteurs, ceux qui pouvaient inventer des mensonges rapidement, en connaissance de tous les précédents. Et même eux finiraient par se piéger à un moment c’était inéluctable. S’inventer une ou plusieurs autres vies finissait inlassablement par entrer en conflit avec la vie actuelle, et là, les faux-semblants s’écroulaient, ce qui, pour certains, était dramatique.

Oui, Adal se promenait parfois avec Francis, oui, ils se rencontraient souvent le soir à l’Auberge. Beaucoup de gens pouvaient les apercevoir ensemble. Sur ces gens-là, peut-être que certains connaissaient le « métier » de Francis. Alors oui, surement que des rumeurs circulaient déjà quant à la « sexualité » d’Adal. Mais toutes ces choses-là étaient tues, mises en sourdine, pour n’être évoquées qu’en comité restreint. Viendrait-on un jour le blâmer de satanisme parce qu’il n’avait fait que se promener avec un prostitué ? Peut-être… Viendrait-on le faire pour de vulgaires rumeurs ? Il en doutait. Car si Adal n’était pas le fils prodigue de sa mère, et si elle ne le protégerait surement pas, il était suffisamment grand et influent pour s’aider lui-même. Personne ne viendrait ennuyer le fils cadet du Comte, car ils savaient tous à quoi ils s’exposaient, et cela, ils n’étaient pas prêts à l’assumer. Bien entendu, ils pourraient surement moucharder à l’Inquisition, mais sans preuves tangibles ? Prendraient-ils le risque de voir l’Inquisition revenir les voir pour mensonge ? Adal en doutait.

Et au-delà des considérations de risques, Adal aimait simplement passer du temps avec Francis, ce qui était un motif suffisant pour se balader, pour discuter, sans se soucier du reste, sans se soucier de ce qui n’était vraiment pas important. Et les autres, ce n’était jamais important. Jamais. Le jeune noble fut très heureux de voir qu’il avait gagné la partie, mais il devait reconnaitre que son ami parlait d’or. Il commençait à se faire tard, l’aubergiste, malgré l’action récente, commençait déjà à bailler aux corneilles.


« - Bien, c’est d’accord. Car il nous faudrait un peu de temps pour réaliser un tableau convenable. Mais maintenant que tu as accepté compte sur moi pour te le rappeler ! Peut-être pourrions nous prendre un après-midi pour cela, si cela ne chamboules pas trop ton emploi du temps. Qu’en penses-tu ? »

Un après-midi serait parfait, mais il aurait besoin de plusieurs heures, voir peut-être plus. Réaliser un tableau prenait du temps, surtout lorsque l’on était plutôt perfectionniste comme Adal, et peindre une personne était bien différent de peindre un paysage…
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeMar 26 Oct 2010 - 4:24

Francis n'avait pas honte de ce qu'il faisait, du métier qu'il pratiquait, de la classe qu'il représentait. Il aimait plutôt jouer là-dessus. Mais il mentait quand même. Il inventait des histoires. Chose qu'Adal ne faisait jamais. Honnête, il le l'était qu'avec lui. Et s'il mentait, ce n'était pas pour épater la galerie, car il mentait le plus souvent sur son enfance... Et il s'agissait bien plus d'oublier cette période triste que d'impressionner. S'il mentait aux autres, il était plus facile de se mentir à lui-même. Les faux-semblants n'était pas pour les autres, mais pour lui. Il lui arrivait de se regarder dans le miroir, non pas pour s'admirer, mais pour chercher sa véritable identité. Pouvait-il réellement être quelqu'un d'autre que ce que son histoire en avait fait? Et quand il levait le menton, il se disait que, malheureusement, cette cicatrice serait toujours là pour lui rappeler que c'était impossible. Il était l'inéluctable résultat de ses origines. Il pouvait tant qu'il voulait raconter qu'il était né d'une noble famille, mais que accablé par les conventions de la haute, il avait préféré fuir pour la liberté, et que ce qu'il avait trouvé à faire de sa vie valait cent fois celle qu'il aurait pu avoir... Mais ce n'est pas parce qu'on est convaincu de ce qu'on raconte que c'est vrai que ça aurait pu être vrai. Si réellement Francis avait eu la chance de naître dans une famille noble et riche, malgré la prison des conventions dictées par ce rang, il ne serait pas sans doute pas parti... Parce que dans la réalité, la fuite avait été vitale, et non une simple envie de liberté. S'il n'était pas parti, il serait mort. Et son métier... Que fait-on quand on est un jeune garçon sans instruction, sans talent quelconque, sans estime, parce qu'on a traité toute notre vie comme une saleté qui ne méritait pas d'exister.

La réponse était : Francis Daitz.

Malgré tout, il fallait vivre. Et Francis voulait vivre, il n'était pas du genre à la déprime. Il se disait que ce l'important dans la vie était de manger et de se loger, le reste n'était que détail. Les problèmes n'existaient pas tant que notre survie était assurée. Et maintenant, avec un ami, il ne manquait que l'amour, mais le jeune ne mourrait pas s'il ne venait pas. Jamais il n'avait pensé à mettre fin à ses jours. Francis n'imaginait pas trop l'avenir, il ne se voyait pas vieux. Il ignorait comment, mais il s'imaginait mourir jeune... La raison était que c'était bien plus facile comme ça. Quand on est jeune, on ne peut croire qu'un jour on n'aura plus ce corps. Surtout quand on pratique le plus vieux métier du monde. Mais il était trop tôt pour y penser. À 15 ans, bientôt 16, Francis se sentait parfois vieux concernant ce qu'il avait déjà vécut, puis il se rappelait son âge réel... Il en avait encore pour longtemps avec sa beauté qui ne commencerait à s'effriter qu'au début de la trentaine. Il est vrai que le jeune homme semblait être bien plus vieux quand il parlait...

Dans sa réflexion, le jeune homme se dit que finalement, immortaliser sa jeunesse n'était peut-être pas une si mauvaise idée.


«Je fais mes propres horaires, je ne dépends de personne... enfin, dans une certaine mesure. Alors, tu me dis quand et j'offrirai mon merveilleux corps... à ta toile. Bon en attendant, ce n'est pas que je m'ennuie avec toi, mais il commence à être tard, alors je te dit à bientôt, et je monte me coucher.»

Sur ce, Francis se leva et tendit la main à son ami.
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MessageSujet: Re: Tout le monde a besoin d'un ami   Tout le monde a besoin d'un ami Icon_minitimeMar 26 Oct 2010 - 14:05

C’était un fait, il se faisait tard, il faudrait encore à Adal le temps de rentrer au Château, comme tous les soirs. Oh, ce ne serait pas très long, mais cela faisait bien une paire de dizaines de minutes et en ces temps, il ne faisait pas toujours bon de trainer seul en pleine nuit dehors. On ne savait vraiment sur qui on pouvait tomber, et même si l’artiste n’était pas particulièrement fier de sa vie, il devait admettre qu’il espérait bien vivre quelques années de plus. Adal tenait à la vie, un cadeau magnifique dont quelqu’un avait fait don à l’humanité. Bien entendu, ce don était souvent gaspillé, mais il ne fallait pas se soucier des autres dans ce cas, non, il fallait juste vivre l’instant présent, profiter de ce cadeau tant que c’était encore possible, faire le meilleur de soi-même chaque jour supplémentaire qu’il nous était donné de vivre. Voilà ce qu’était la vie, un cadeau merveilleux que l’on nous offrait chaque matin, et que l’on pouvait nous retirer n’importe quand. Le seul mot d’ordre était alors d’en profiter. Bien entendu, chaque personne avait sa façon de profiter de la vie, pour Adal, c’était en partie vivre l’amitié, et rechercher l’amour, l’amour qui lui manquait pour être pleinement lui-même, pour enfin pouvoir ouvrir totalement son cœur.

« - Je suis certain que ma toile sera ravie de cet incroyable don. »Avait-il dit dans un demi-sourire.

Le jeune homme se releva à son tour, et il serra la main de son ami.

« - Repose toi bien oui, je te ferai signe. En attendant, je suppose que nous nous reverrons surement demain. Bonne nui mon ami. »

Il regarda Francis s’éloigner et monter à l’étage. Adal adressa un salut formel à l’aubergiste et prit la porte. Son cheval l’attendait paisiblement dehors, tout de même impatient de retrouver le confort de l’écurie, ce qui était compréhensible. Adal défit l’attache qui retenait son cheval et monta pour enfin mettre ses pieds dans les étriers. D’un mot tranquille, il mit son étalon en mouvement qui partit doucement au trot vers le Château. Nul besoin de s’élancer au galop, les rues étaient calmes et visiblement ce soir Forbach dormait d’un sommeil tranquille. Il n’y avait même pas une ombre qui bougeait, la lune, presque pleine, éclairait le chemin du jeune noble. Heureusement, dans cette nuit, même éclairée, il ne ressemblait pas au petit garçon noble que n’importe quel brigand s’empresserait de détrousser. Non, bien au contraire, en haut de son cheval, il ressemblait à quelqu’un d’autres, quelqu’un qui n’avait besoin de personne pour vivre et survivre. Si seulement Adal avait été un peu moins romantique, un peu moins dépendant de l’amour, peut-être aurait-il pu devenir cet homme-là. Un homme sans peur, sans crainte, un homme tout simplement.

Le chemin vers le Château ne fut pas très long. Adal déposa son étalon à l’écurie où le palefrenier de garde prit le relais. Après une dernière caresse et une pomme bien méritée, le jeune noble remonta vers le château pour retourner dans sa chambre. Il se surprit à penser aux moments où il peindrait Francis… Des dizaines d’idées se bousculaient déjà dans sa tête et il dut y mettre un terme prématuré pour enfin pouvoir dormir. La nuit serait surement douce ce soir, à ne pas en douter.
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