- Spoiler:
En ouvrant les yeux le matin
Aussitôt la peine m'emplit
Mais parfois je ne ressens rien
Ou juste le vif sentiment
De ne pas être d'ici...
J'aime alors contempler le ciel
Avoir l'impression de m'envoler
Vers les nuages qui passent puis s'effacent
Dans le bleu d'une mer sans finCiel Errant d'
Alcest
Vert. L'herbe est verte. Albion. Eire. Tout est si loin. Je ne suis plus là. Ma vie défile devant mes yeux alors que je me noie dans ces pelouses bénies par la Déesse. Pourquoi? Pourquoi la fin? Tout ne fait que commencer. La lumière brûle mes yeux et pourtant je me sens pleine de vie , au milieu de cet océan d'émeraudes. La voûte céleste s'éloigne... Ou bien est-ce moi?
Et puis je deviens légère... Je caresse du bout des doigts les aigles. Comme des gardiens, ils demeurent à mon côté mais je ne peux les comprendre. Un abîme nous sépare, et le temps veut m'y engouffrer.
Et je chois...
Les minutes, inventions du mal, semblent ne plus vouloir s'écouler alors que.. Alors que je suis dans les herbes. Je n'ai pas bougé, pourtant j'ai voyagé une éternité.Allongée dans l'herbe et vêtue de haillons, Alceste s'était encore éprise d'une de ces rêveries diurnes et lugubres qui hantent les âmes en peine et les privent de repos. Ses doigts agrippaient doucement l'herbe tandis qu'elle se relaxait. Le ciel ouvrait les bras à la vie en cette journée. L'herbe brillait de tous ses feux, comme pour dire à la jeune femme que la vie souriait et qu'elle devrait en faire autant.
Un sourire triste se dessina sur ses lèvres alors qu'elle se redressait pour s'adosser au pommier adjacent. Elle enserra ses genoux avec ses bras, le regard dans le vague.
Elle n'appartenait pas à ce beau monde où les rêves et la réalité se côtoient. Jeanne s'y trouvait, toujours en vie. Une perle quitta la prison de ses yeux pour venir s'écraser sur sa poitrine. Alba mit Lenn en cause de ce gâchis, mais ce n'était qu'un moyen pour elle ne pas s'accuser de la mort de son Aguerrie deux ans plus tôt.
Alors qu'elle profitait de l'ombre du pommier, un rai de lumière vint s'écraser sur sa joue, nouvelle attention de la Nature à son égard. Une caresse du soleil qui ne ralluma pas la flamme.
Puis son regard de petite fille se durcit. Le tribut que lui versait la vie ne lui suffisait pas à être heureuse. Il lui fallait plus. Il lui fallait quelqu'un pour la conforter au quotidien, comme une petite fille ayant peur du noir. Elle refusait d'admettre cette faiblesse de sa part.
Je le vis. Lui. Le Mal. Le Mâle. Mon Père. Mon Mari. Tout à la fois. Il lève sa main, cache le Soleil, et l'abat. La douleur traverse mon visage, et je ne peux réprimer un désir de représailles. Son visage, crispé, se transforme.
Une lumière... Un papillon.
Lenn. Je vois Lenn. C'est elle qui a frappé. Mais son visage n'exprime pas la colère. Elle a... Elle veut que je sorte de tout ça...Un bruit tire Alceste de sa rêverie. Le bruits de pas sur l'herbe fraîche et humide des premières heures de la journée.