Inquisiteur Général
| Sujet: Tentons d'éviter l'opprobre Sam 10 Sep 2011 - 12:05 | |
| - Citation :
- Cassandra de Saint-Loup
Château Frauenberg
À Sœur Béatrice Château Mirova
Forbach, le 4 juin 1645 Chère Sœur Béatrice,
Des affaires très graves m'amènent à vous écrire cette lettre. Je vous conjure de prendre au sérieux chacun des avertissements qu'elle contient. Peu m'importe de passer pour la méchante une fois de plus, il me faut vous remettre plusieurs choses en perspective, à plus forte raison puisque je vous connais depuis Rodez.
Vous appartenez à l'Ordre Carmélite. Ce fait est indéniable, qu'il ait été du vœu profond de votre cœur ou de l'obligation familiale. L'Ordre Carmélite, et je suis bien placée pour le savoir, est extrêmement intolérant en matière d'écarts. Une des forces de cet ordre est sa rigueur morale et sa ligne de conduite. Il ne faut pas oublier que sa création est dûe aux faiblesses des autres ordres sur ce plan-là.
Vous avez été élevée dans un milieu privilégié, Sœur Béatrice, alors je vous supplie de ne pas vous faire plus stupide que vous ne l'êtes. Vous savez parfaitement que tout se voit et tout se sait au sein des châteaux, et que les domestiques parlent d'une langue acérée lorsqu'il s'agit de démonter leurs maîtres. Pour au cas vous feindriez l'ignorer encore, tout Forbach parle de votre baiser avec un certain Luc de Rohan. Par là même, vous rompez votre vœu de chasteté, et Dieu seul sait à quel point je me retrouve face à un dilemme : la bienséance voudrait que j'écrive sur-le-champ à la Mère Supérieure de votre Couvent pour l'en informer, si cela n'a pas encore été fait.
Ce n'est malheureusement pas tout. Vous semblez avoir également rompu le vœu de pauvreté, en arborant les luxueuses robes de votre ancien statut chez les Mirova. Mais qu'aviez-vous donc à l'esprit au moment de choisir vos vêtements, le matin ? Quelle perfide mauvaise langue vous aura poussé à une telle folie ? Pensiez-vous que tout resterait secret ?
Je m'interroge, Sœur Béatrice. Je m'interroge sur le bien-fondé d'envoyer en mission une aussi jeune femme que vous, alors que vous ne semblez pas encore mesurer les limites à respecter pour une Carmélite. Je prie pour que vous compreniez pleinement la gravité de vos actes. J'ose espérer qu'il vous reste l'obéissance, et que les ordres de votre Mère Supérieure n'ont jamais été transgressés. Je me souviens avec soulagement que lorsque vous avez peint le portrait du soi-disant Agent du Diable sur mes souvenirs de ses traits, vous avez parfaitement accompli ce que l'on attendait de vous. Je vous suggère donc de faire amende honorable au plus vite et de renoncer à votre attitude scandaleuse, qui pourrait vous valoir d'être violemment mise au ban.
Dans l'espoir que mes mots vous frapperont assez pour provoquer une réaction,
Cassandra de Saint-Loup |
|
Soldat de l'Inquisition
| Sujet: Re: Tentons d'éviter l'opprobre Sam 10 Sep 2011 - 12:26 | |
| - Citation :
- Soeur Béatrice
Manoir Mirova
A Cassandra de Saint-Loup Château Frauenberg
Chère Comtesse,
Je ne suis guère surprise par votre lettre, et à dire vrai je m'attendais à ces remarques de votre part. Toutefois, je vous demanderais de simplement écouter mes explications, car - vous le savez comme moi - les rumeurs et les on-dit sont souvent bien mal fondés.
Je reconnais avoir rompu les voeux de pauvreté et de chasteté, mais je vous assure ne pas l'avoir fait de mon plein gré. Permettez-moi de m'expliquer. Le baiser "échangé" avec Luc de Rohan m'a en réalité été volé. Ma seule erreur ce jour-là a été d'être trop naïve. En bonne chrétienne, j'ai toujours eu foi en l'être humain, et je n'ai pas su déceler la lubricité de cet homme sous ses airs nobles. Je reconnais là ma faute. Cependant, je peux vous promettre que je ne m'attendais certainement pas à ce qu'il m'embrasse ! J'ai péché, mais par naïveté et non par luxure.
Quand aux tenues ostentatoires portées depuis ces derniers jours, sachez que j'ai d'ores et déjà remédié à ce problème en me faisant faire d'autres robes, bien plus en accord avec mon vœu de pauvreté. Je n'avais pas vraiment d'autre choix que de porter les tenues de Mademoiselle Mirova quand ma tunique était sale, mieux valait cela que de me rendre à la Collégiale en tenue d'Eve, je pense que vous en conviendrez.
Sachez, Madame, que j'ai toujours fait de mon mieux pour m'acquitter de la tâche que l'on m'a confiée, et que jamais je n'aurais volontairement rompu mes voeux. J'espère que vous comprenez mon point de vue, et que vous pardonnerez mes maladresses. Il est vrai que je suis encore jeune, et que je ne connais pas tout de la vie, mais surtout, je vous en prie, ne venez jamais à douter de ma dévotion au Seigneur, ou à l'ordre Carmélite, vous m'insulteriez.
Cordialement,
Soeur Béatrice.
|
|