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Meneur
 |  Sujet: De prêtre à prêtresse  Mar 28 Juin 2011 - 14:52 | |
| Viviane, J’ai réfléchi à beaucoup d’introductions, mais finalement, je ne réussirai pas à commencer par autre chose : je voulais m’excuser pour m’être battu contre toi. Nous partageons le même village, la même déesse, nous sommes tous les deux prêtres et avons eu quasiment les mêmes aguerris. Tu aurais dû être la dernière personne contre qui j’aurais dû m’opposer. Sur le moment nous avons trouvé de bonnes raisons, basées sur l’antagonisme entre nos deux tribus. C’est vrai, je suis passé à l’ennemi. C’est vrai, il y a un lourd passif du côté du Lys Noir, mais je tiens à souligner que la Tribu d’Olrun a abandonné son innocence il y a quelques temps. Dois-je rappeler la mort de mon Alice ? Je n’ai pas envie de rester dans cette optique, compter les torts ne nous mènera à rien, de manière générale. Je suis prêtre, patron dans le civil, pas juriste. C’est d’ailleurs justement parce que je suis prêtre, et que j’en avais la vocation que j’ai fait ce choix qui te paraît encore aujourd’hui comme stupide. Je ne suis pas un confesseur, ni un directeur d’âme, ni un moraliste, ni un inquisiteur, ni un théologien. Cela, je le laisse aux chrétiens. Je ne me considère pas comme assez bien pour juger les autres. A toi de voir si toi tu peux prendre cette liberté et condamner les autres. Tu me diras peut être que c’est bien pratique et que je m’aveugle ainsi, je te réponds à l’avance que je préfère me concentrer sur être un bon prêtre sorcier plutôt que si je suis dans le bon camp ou pas. Le Lys Noir et l’ancienne tribu ne sont peut être que deux voies pour arriver au même but : l’Humanité voulue par la Walkyrie. Malgré ce que tu as vu, je t’assure que ma priorité n’est pas d’entrer en guerre contre ta tribu, et que je suis généralement dans le camp hostile à toute escarmouche, même si je suis seul. Ma priorité, et ma mission c’est d’encadrer et de nourrir mes frères et mes sœurs sorciers et sorcières, c’est d’ouvrir de nouveaux champs d’exploration, d’animer ma tribu d’un nouveau sang, et m’assurer qu’ils poussent droit. Si je ne suis pas un combattant, je ne suis pas non plus un criminel Viviane, je n’ai jamais fait de mal à personne avant toi. C’est pourquoi ce duel me marque plus qu’autre chose. Affronter n’importe qui m’aurait peut être finalement mis mal à l’aise. Mais t’affronter toi et bien… je ne sais pas, mais je sens que ce fut encore plus mal que quelqu’un d’autre. Du reste, je n’espère pas grand-chose en retour, t’envoyer ces excuses sont déjà plus qu’il ne m’en faut. Libre à toi de m’en vouloir à vie ou de me pardonner, je continuerai sur ma voie. Une bonne journée, et toute mes excuses une fois de plus, Antoine Vaudremont
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| | | | Vieille peau fripée à pustules
| | Sujet: Re: De prêtre à prêtresse Mer 6 Juil 2011 - 3:42 | |
| Perplexe, Viviane relut la lettre encore une fois. Pas une seconde elle ne s’était imaginée recevoir des excuses d’Antoine, mais le fait était là. Entre ses mains, le parchemin soigneusement rédigé ne laissait aucun doute : Antoine était désolé. Voilà qui avait de quoi rendre perplexe, il avait été si arrogant lors de leur rencontre, qu’est-ce qui pouvait bien l’avoir fait changer d’avis. Tout en sachant qu’elle prenait des risques inconsidérés vis-à-vis d’Europe et de ses règlements, Viviane choisit de répondre à cette missive qui se voulait un premier pas vers le pardon et la paix. - Citation :
- Antoine,
Quelle ne fut pas mon étonnement de lire ta lettre, je dois le reconnaître, je ne m’attendais certes pas à des excuses, ce fut une agréable surprise. Je les accepte avec une sincère reconnaissance. J’en viendrais même presque à croire que tout cela était ma faute, que je n’aurais pas dû te provoquer de la sorte, même si cela me semblait légitime sur le moment. J’ai eu longuement l’occasion de réfléchir sur ce que nous avons fait tous les deux. Plus je réfléchis, moins je comprends. Je me comprends de moins en moins. Avons-nous une limite Antoine, une limite de choses que nous sommes capables d’endurer avant de dérailler complètement ? Depuis quelques jours, j’ai tendance à croire que oui, et cette limite, je pense l’avoir atteinte. Je ne me reconnais plus, je ne sais même plus qui je suis...
Je regrette sincèrement d’avoir provoqué ce duel et de m’être emportée de la sorte. Ce n’était pas vraiment après toi que j’en avais, même si j’ai d’importants griefs contre les tiens, je dois le reconnaître. Par contre, je ne parviens pas à regretter de m’être jetée sur Lorenzo... Je ne sais pas si tu en as entendu parler, mais suite à sa deuxième rencontre avec celui que l’on nomme l’Agent du Diable, ma nièce, Narcissa de Saint-Loup est devenue amnésique. Je m’en veux tellement de n’avoir pas su la protéger... Si tu savais comme je m’en veux... Antoine, qui suis-je en train de devenir ? D’où me vient toute cette colère qui me ronge tellement ?
Je ne trouve pas la réponse à toutes mes questions dans la prière et je m’interroge sur les fondements même de notre foi à tous. Tant de haine, tant de guerre au nom des religions, tout cela me dépasse... J’ignore pourquoi je te confie tout cela, toi qui n’es même pas mon ami, mais je pense que certaines choses que nous avons en commun me permettent d’être plus libre avec toi que n’importe qui d’autre. J’espère que je ne t’ennuie pas avec toutes mes questions, mais j’ai l’étrange impression que tu pourrais m’apporter des réponses. Tu es le plus croyant d’entre nous, celui vers qui spontanément je me serais tournée autrefois, avant que nos intérêts ne divergent profondément. Mais aujourd’hui, je suis si seule, je ne t’en parlerais pas si je ne sentais pas que c’était important, que quelque chose d’important est en train de se tramer. Je ne sais pas ce que c’est, ça m’échappe, et ça me terrifie. Antoine, quand cesserons-nous de subir tant et plus de malheurs dans nos vies qu’il n’y aura plus personne pour s’apitoyer sur nos tristes vies ?
Une bonne journée à toi également, qu’elle te soit propice !
Viviane
PS : Antoine, prends garde dans tes lettres de ne pas parler nommément de nos croyances, et si ta lettre était interceptée par l’Inquisition ? Je ne donnerais pas cher de ta peau alors...
En reposant sa plume, Viviane sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle ne savait pas trop pourquoi elle se confiait à lui. Sans doute parce qu’elle n’avait personne d’autre. Cassandra était partie, encore une fois, emmenant avec elle une Narcissa méconnaissable. La vie était si injuste. Seule et désœuvrée, se sentant aspirée dans une spirale de haine qu’elle ne comprenait pas, Viviane se raccrochait à ce qu’elle pouvait, en l’occurrence : Antoine Vaudremont, celui qu’elle haïssait pas moins de quelques jours plus tôt. La vie prenait de drôle de tournants parfois...
Elle ne savait pas si Antoine verrait le post-scriptum qu’elle avait ajouté à l’encre sympathique, mais il s’était montré si imprudent en parlant de la Walkyrie dans sa lettre, il fallait le mettre en garde. |
| | | | Meneur
| | Sujet: Re: De prêtre à prêtresse Mer 6 Juil 2011 - 16:23 | |
| Viviane, Je me souviens d’une phrase que mon grand père, Stéphane Gallois disait : « La Religion définit l’identité, la dignité, l’avenir et l’espoir d’une personne croyante. Ce sont des choses qui valent qu’on se batte pour elles. » Voilà pourquoi des religions d’amour en arrivent à soutenir des guerres. Voilà pourquoi on peut prendre des décisions aussi folles et incompréhensibles que des schismes. Lorsqu’on a l’impression que notre identité est diluée, que notre dignité minimisée, et surtout que l’on ne voit plus d’avenir et que l’on perd espoir, alors nous vient l’idée de rejoindre une chapelle dans laquelle tout ceci serait restauré. Peut être est ce comme cela que d’excellents anciens amis ont fini par se déchirer entre eux. Aujourd’hui, ceux qui ont été baptisés en même temps ou presque sont clairement séparés en deux camps interdits de parler l’un à l’autre. Te souviens-tu du temps de notre adolescence ? De notre apprentissage ? Nous en sommes loin aujourd’hui. La réponse à tes questions n’est pas à chercher auprès du divin, elle est à chercher auprès de l’humain. Ce sont nos interprétations, nos convictions et nos décisions qui déclenchent ces fameux conflits qui nous empoisonnent et empoisonnent nos croyances. Je ne suis pas exempt de tout ceci, je pense même être parmi le premier à y être vulnérable, mais je te jure ne pas ajouter à la conviction le goût de la violence. Il m’est totalement étranger. Un jour, nos actes vont dépasser nos pensées, un jour nous allons lâcher sur ce monde une force que nul ne pourrait contrôler. Ce jour là, nous serons forcés de nous arrêter et de nous rendre compte que nous sommes allés trop loin. Rien ne sera jamais comme avant, mais nous devrons probablement coopérer, nous réconcilier au mieux, pour reconstruire ce que nous avons détruit, pour enfermer le démon collectif que nous aurions réveillés. Oui il y a une limite à ce que nous pouvons endurer avant de verser dans le fossé. Ce jour là, soit nous nous réveillerons et nous deviendrons meilleur que nous n’avons jamais été, soit nous cesserons d’exister… J’ai fait le pari de la survie. Et de l’ascension de l’homme. Un jour, on ne songera même plus à faire de duel, on ne s’interdira plus de dialoguer. Je prie pour que ce jour arrive bientôt, mais prier n’est pas tout : il faut aussi agir. Et j’agis, à travers ces lettres, à travers ces excuses. A tant se battre, on en oublie une chose : Ce qui est en face, ce ne sont pas des monstres ou des criminels ce sont des gens, et des gens bien pour la plupart. Une catégorie à laquelle je te rattache, pour ma part. Je suis tellement rassuré de voir que tu ne m’en veux pas éternellement. Ce n’est évidemment plus comme dans notre adolescence, mais peut être pourrons nous reconstruire un jour ce que nous avons détruit… Du moins je l’espère. Porte toi bien, et continue d’espérer, nous ne sommes pas nés pour craindre, Antoine Vaudremont
Peut me chaut d'être arrêté, en revanche je crains de faire arrêter les autres. J'obtempère donc. |
| | | | Vieille peau fripée à pustules
| | Sujet: Re: De prêtre à prêtresse Jeu 14 Juil 2011 - 0:08 | |
| Une larme coula le long de la joue de Viviane. Elle était si convaincue de ne pas basculer du bon côté. Sa vie prenait l’eau de toutes parts sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit pour l’arrêter. Auparavant, elle aurait lutté, mais aujourd’hui, elle n’en n’avait plus la force, c’était devenu bien trop difficile. Alors elle se laissait couler, bien que nul ne semblait s’en rendre vraiment compte. Les idées qui lui traversaient l’esprit n’avaient rien de bien, elle le savait, mais elle ne pouvait s’empêcher d’y penser. Alors sans trop réfléchir à ce qu’elle allait répondre, elle prit sa plume et écrivit : - Citation :
- Antoine,
J’ai été fort aise d’avoir une réponse si rapide, je pense de plus en plus que nous avons eu tort de nous disputer ainsi. Je me sens coupable de t’avoir provoqué de la sorte, mais je suis aussi convaincue qu’en des mêmes circonstances, je le referais. Tu m’en vois donc doublement désolée.
Si c’est l’humain qui pervertit la religion et que prier n’apporte pas la solution, que nous reste-t-il alors ? Je te le demande Antoine ? En quoi avons-nous encore raison d’avoir foi et d’espérer ? J’ai appris récemment une nouvelle qui m’a littéralement mise hors de moi et que je me sens totalement incapable de gérer. Je ne suis pas différente des autres Antoine, mais si je me prends parfois à croire que oui. Je ne vaux mieux que personne, je suis peut-être même pire. Je suis remplie de haine et de ressentiments que rien ne semble pouvoir apaiser. Je ne pense pas être quelqu’un de bien, plus aujourd’hui. Je te parlais de limite Antoine, cette limite, je l’ai atteinte.
Je sais qu’il existe des lois auxquelles nous devons nous plier, et habituellement, je le fais de bonnes grâces, mais aujourd’hui, j’ai des doutes. Et si ces lois étaient iniques ? Comment ferions-nous si une punition appliquée n’est pas assez forte ou trop justement ? Tout semble évident pour toi, tu sembles savoir où tu vas dans ta vie. Depuis quelques temps, j’erre, totalement perdue, j’ai beau tenter de comprendre, tout m’échappe, rien ne va.
Je devrais arrêter de me plaindre, de me plaindre à toi qui es si courtois et aimable avec moi. Je devrais prendre meilleure mesure de ta gentillesse, j’en suis navrée. Je me souviens de nos jeux d’enfants et d’adolescents, les heures que nous pouvions passer à courir à travers les bois. Je me souviens de la chevelure rousse de Cassandra que je suivais partout, je me souviens si bien de ces moments de rire et de complicité. Je me souviens du mariage que nous avions célébré à l’époque, entre Cassandra et cet autre garçon, Guillaume. Nous nous étions follement amusés ce jour-là. Mais tout cela est bien loin aujourd’hui, ce ne sont plus que des souvenirs et la joie que j’avais éprouvé dans ces moment-là m’a désertée aujourd’hui. Je crois... Je crois Antoine, que je suis aigrie...
Cette lettre est affreuse, désolée, si tu consens à y répondre, je te promets de faire mieux la prochaine fois.
À bientôt Antoine !
Viviane Tout en reposant sa plume, Viviane émit un petit rire nerveux. Elle ne comprenait pas pourquoi elle cherchait à maintenir cette correspondance avec Antoine alors même qu’elle n’en voyait pas l’utilité, alors même qu’elle n’en n’éprouvait aucun réconfort. Absurde, tout cela était absurde. |
| | | | Meneur
| | Sujet: Re: De prêtre à prêtresse Ven 15 Juil 2011 - 10:31 | |
| Viviane, Je ne suis pas un directeur d’âme, et il y a beaucoup à balayer chez moi d’ailleurs, mon orthodoxie ne fait pas toujours du bien, cette même orthodoxie qui sera encore source de nombreuses disputes, malheureusement. Cela dit Viviane, rappelle toi que nous croyons en Olrun et non en l’Eternel des chrétiens. Nous ne dépendons pas de lois écrites et d’un chef divin qui régirait la plupart des aspects de notre vie. En tant que prêtresse d’Olrun tu sais très bien que notre mission diffère considérablement de celles des prêtres catholiques, il n’y aucun équivalent à la confession chez les sorciers. Un sorcier est responsable de ses choix et de sa moralité sans autre guide que son âme et conscience. Nous sommes libres de suivre la morale judéo-chrétienne, dans laquelle nous plongeons tous plus ou moins à travers nos faux baptêmes et nos comportements de Nicodème. Nous jouons la comédie parfois tellement loin que l’on se retrouve parrain, comme moi avec Océane Wenkell. Ou alors, nous suivons une voie qui est complètement différente, à l’instar d’Alicia de Sarrebourg, qui a complètement jeté aux orties cette conception que l’ascension de l’humanité se ferait par le Salut offert par le Christ. Cet héritage étant sulfureux chez toi, je n’insisterai pas davantage. Je pense que tu te situes entre les deux voies : imprégnée malgré toi par la religion majoritaire, mais tu restes profondément une sorcière. Je ne sais pas quelle limite tu as atteinte, et quels actes tu envisages, mais songe qu’il n’est peut être pas utile de te culpabiliser, c’est tout… Pour être honnête, j’aimerais pouvoir être là physiquement, et pouvoir jouer le rôle d’un ami, mais je ne me risquerai pas une deuxième fois à faire cohabiter le Lys et l’ancienne tribu dans la même pièce. Et pourtant, ce serait beaucoup mieux : ma réponse serait plus adaptée, elle serait plus satisfaisante, et j’aurais moins l’impression de répondre totalement à côté. Tes doutes me touchent Viviane, parce qu’ils sont une maladie à laquelle je n’aime pas être confrontée, et que je sais destructive à long terme. En souvenir de nos jeux d’enfants, en souvenir de nos premières peurs d’adulte, quand j’étais encore chez la tribu d’Olrun, j’ai envie de t’aider, si tu m’acceptes… N’oublie pas que je reste un homme complètement imparfait, avec ses failles et ses défauts, loin, très loin de l’image de l’humanité souhaitée par la Walkyrie. Je suis aussi concerné par ces questions bien sûr, et peut être même plus concernés que d’autres, mais si j’ai l’air de savoir où je vais dans la vie, que tout me semble évident, c’est parce que j’ai renoncé de trouver une réponse par moi-même à certaines questions, pour préférer en adopter des toutes faites, qui constituent le tissu de ma Foi. Libéré des doutes, des questions et de la culpabilité, on peut alors se mettre à avancer, et espérons le à progresser. Je n’apprendrai rien sur ce chapitre à une prêtresse je pense, même si tu sembles avoir perdu ton chemin. En tous cas, n’oublie pas de croire et d’oser, le reste viendra en temps voulu, prends soin de toi, Antoine |
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| | Sujet: Re: De prêtre à prêtresse | |
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