Vol avec préméditation et sorcellerie

Initié(e)

Il faisait nuit noire dans le petit village ensorcelé. Un léger brouillard voilait le ciel. Il cachait la lumière rassurante des étoiles. Un vent glacé n’avait cessé de souffler depuis le début de la semaine. Il soufflait des mises en garde que personne ne pouvait comprendre. La neige recouvrait chaque courbe de Forbach la rendant prisonnière des fées de l’hiver. Dans ce décor de contes de noël les filles d’Olrun ressemblaient à des ombres muettes.

Elles venaient chercher la seule chose qui pouvait (peut-être) sauver les élus d’Anaël. Elles n’étaient pas nombreuses à avoir été choisies pour cette mission. Europe ne voulait surtout pas que l’avancée de leurs recherches soit connue du Lys. Elles avaient contourné le parvis de Zettin pour se rapprocher de leur but réel : la Sacristie.

L’ombre serait leur meilleure alliée pour ce soir et des lèvres de l’Initiée s’envolait les mots magiques. Danielle ne maitrisait pas encore le pouvoir de Tempestaire. Mais ces chuchotis avait quelque chose de rassurant. Une buée froide s’échappait de ses lèvres roses. Elle avait froid. Ses yeux verts, se fixaient la porte du bâtiment, attendant le retour du garde. Quelques secondes avant qu’il ne passe, elle sortait de sa cachette, pour avancer dans sa direction.

Le plan était simple. Elles devaient mettre les gardiens hors d’état, entrer, prendre ce dont elles avaient besoin, et fuir. Le plus dur serait de ne pas se faire prendre par les hommes de l’église. Une arrestation signifierait leur mort à toutes. Danie étant l’une des plus jeunes elle avait hérité du rôle le plus subjectif : séduire l’ennemi.

Ses longs cheveux blonds voletaient autour de son visage. Elle était enrubannée dans un gros gilet de laine grise, les bras serrés contre sa poitrine, le dos arqué pour résister au vent. Ses menues chevilles nues s’enfonçaient dans la couche de neige. Il n’était pas difficile de paraître frigorifiée. Quand elle fut assez proche pour être entendu elle accentua le claquement de ses dents. Messire… droit d’asile. Elle ralentissait le pas pour simuler le découragement et la fatigue. Mon père est furieux. Il m’a chassé.

Ses yeux se posaient sur lui grands, humides, et désespérés. Danie imitait tout ces animaux qui parvenaient chaque jour à l’attendrir. Elle voyait la méfiance de l’homme s’émousser un peu. Le charme de sa tribu soutenait son mensonge. Une larme coulait le long de sa joue tandis qu’elle songeait à un souvenir triste. Aidez-moi… Sa silhouette avait quelque chose de frêle. Il faut dire que les effets de la Marque continuaient de l’épuiser. Un rayon de lune tombait sur la jeune fille, exactement au moment, où une autre larme se cristallisait sur sa joue. En le voyant faire un pas vers elle, la jolie Biche sut, qu’elle venait de gagner. Elle n’en ressentait aucune fierté mais un grand soulagement.

La stature de l’homme fit barrage au froid. Danielle tremblait dans ses bras. La chaleur de ses bras était agréable. Si bien que la sorcière se prenait à son propre jeu le temps d’un soupire. Il était bon d’avoir un protecteur en des temps si trouble. Le cœur tendre suintait de culpabilité et de regret. Pardon ... Le mot eut à peine le temps d'exister tandis qu'elle se laissait soutenir par sa victime.

Vieille peau fripée à pustules

Dans la pénombre, de discrètes silhouettes se faufilaient en direction de l’église. Comme si elles cherchaient à éviter d’être vues et reconnues, elles portaient des vêtements sombres, la plus grande d’entre elles portait même un long manteau et une capuche cachait la plus grande partie de son visage et de ses cheveux. Une mèche rousse s’en échappa cependant lorsqu’une bourrasque de vent plus forte souleva légèrement le capuchon. D’une geste sûre, la rouquine le ramena sur son visage et serra ses bras contre sa poitrine. Ce n’était que le début de l’hiver, mais il était déjà glacé et la neige avait fait son œuvre. Pourtant, aucune des trois femmes ne semblait accorder d’importance aux intempéries. Les deux premières murmuraient même des paroles en fixant le ciel avec intensité. Les nuages s’amoncelaient au dessus de la ville, l’abritant de la lumière de la lune et des étoiles.

Une fois en vue de l’église de Zetting, le petit groupe stoppa et l’une d’entre elle se détacha. Danielle Byche, jeune apprentie d’Olrun allait passer l’une de ses premières véritables épreuves de force. Afin de laisser son aînée fouiller la sacristie sans risque d’être inquiétée elle devait distraire le prêtre en charge de la surveillance des lieux. Tremblant de froid, elle se dirigea vers une petite porte et y frappa de toutes les maigres forces dont elle semblait disposer. Il fallut quelques secondes avant que quelqu’un ne vienne lui ouvrir. L’homme la jaugea du regard un instant, se demandant qui pouvait venir chez lui une heure pareille par une nuit aussi froide. Jouant son rôle à la perfection, Danielle s’effondra dans ses bras, comme transie de froid. L’homme l’emporta à l’intérieur, la voie était libre.

Plus tôt dans la soirée, les trois femmes avaient pris soin d’empoisonner le vin des Inquisiteurs. Tous ceux qui en avaient bu seraient profondément endormis et il n’y aurait rien à craindre d’eux. Danielle s’occuperait du gardien jusqu’à ce qu’elle soit sûre que Viviane et Inès avaient quitté les lieux. Narcissa avait réussi à leur procurer les clés de l’église, ce qui leur permettrait d’éviter de fracturer la serrure pour entrer. Prenant garde à n’être vue de personne, les deux Prêtresses d’Olrun se faufilèrent dans la Nef. Le silence qui y régnait était terriblement angoissant. Comme si le monde retenait son souffle dans l’attente de ce qui allait se passer, nul bruit n’était perceptible. Viviane et Inès, toutes deux impressionnées rasèrent les murs, continuant à se faire les plus discrètes possibles. Elles ne pouvaient avoir aucune certitude quant au fait que les Inquisiteurs aient bu ou non le vin, alors elles se fondaient dans l’ombre, au cas où l’un d’entre eux aurait eu l’absurde idée de venir prier au milieu de la nuit.

Ne souhaitant prendre aucun risque d’être repérées, elles avaient refermé la porte derrière elle, ce qui signifiait que tout danger venant, d’un côté ou de l’autre, leurs perspectives de fuite étaient très limitées. Pour accéder à la Sacristie, il fallait traverser l’église et y entrer par une petite porte au fond de l’aile centrale. Cette porte-là était également verrouillée, mais les clés que Narcissa avait fournies ouvraient également cette porte. Le cœur battant, Viviane introduisit la clé dans la serrure et abaissa la poignée.

C’était l’heure de vérité. Pourraient-elles retrouver le grimoire de Lorenzo ? Si oui, allaient-elles pouvoir sauver tous ceux qui étaient atteints de cette étrange maladie ? Tant d’espoirs reposaient sur cette découverte. Et si tout cela au fond n’était qu’une immense prise de risque pour une récompense dérisoire ? Mais il n’était plus temps aux questions ou interrogations, il fallait avancer. Alors d’un geste décidé, Viviane ouvrit la porte et entra dans la Sacristie.

Apprenti(e)

La porte s’ouvrit sur un champ de bataille et un comité d’accueil en émergea. Ledit comité comprit un homme, Jean, le visage à moitié brûlé ; une femme, Nathalie, gisante ; et une jeune fille, Narcissa, chancelante, tenant de sa dernière main valide un pistolet, au nez d’une torche avalée par les ombres gigantesques de la sacristie.

- OÙ EST LE GRIMOIRE ? Dieu ! Regardez ! Elle ne m’a pas laissé de nouvelles depuis des jours, et la voilà fraîche comme la rosée, pile au bon moment. Oh oui ! Entrez, entrez, tout est prêt.

Les volontaires indifférents, enjambèrent ce qui restait de meubles ou de statues, tentant d’éviter les débris de verre baignant dans un flot de volutes glacées. Ils saluèrent les blessés comme des martyrs, et ne les soignèrent pas ; comprenant que cette scène constituait leur alibi. Narcissa livide, baissa son arme et embrassa sa tante. Une sorcière chercha un objet en rapport avec le patron des chasseurs, Saint-Hubert. Elle huma l’air, bougea sa torche et fit signe à son amie, qui s’empressa d’ouvrir le reliquaire, selon les dernières interprétations des informations de la tribu adverse. Des murmures résonnèrent : « 1628, c’est son arrivée chez nous. Un coffre, c’était un coffre ! », « on a le grimoire de Lorenzo, c’est bon, nous l’avons ».

-Cela semble si simple. Murmura Narcissa inquiète.

Si seulement ils savaient que ce carnage fut l’ouvrage de l’un des Sages de leur tribu. L’ange déchu tombait à pic afin de passer pour des sauveurs. Au nom des « Enfants d’Hélion », ces disciples cherchaient n’importe quel moyen pour gravir dans la hiérarchie ; tout en chérissant depuis la mort de la fondatrice, tous ses Apprentis. D’après le Sage, cela n’était qu’une question de temps, avant que Narcissa les rejoigne. Pour elle, il fallait tuer cette secte dans l’œuf en évitant de faire des vagues ; et cela incluait de conduire les Prêtresses sur une mauvaise piste. A sa tante, tout à côté d’Inès, elle susurra :

- Pardonne, je t’en prie, notre zèle, mais je te fais la promesse, nous serons bien soignés. Tu donneras le grimoire demain midi à Europe, en attendant va à l’entrepôt, mon intendant t’attend pour te conduire chez la Duchesse de Deux-Ponts. On t’expliquera tout, une fois sur place. Qu’Olrun te protège.

Par ces mots, frères et sœurs, avaient soulagé leurs cœurs et laissèrent les blessés à l’oubli. Elle resta longtemps ainsi, sans bouger. Dehors dans la nuit d’hiver, retentit soudain comme l’écho d’un coup de tonnerre. Narcissa se boucha les oreilles, craignant que ses plans pour protéger sa tribu soient contrariés.

Aguerri(e)

Le nouvelle était tombée, comme on abat ses cartes. Le jeu avait commencé. L'atout venait de frapper la table de son revers et de cette chute se développait une onde rapide de choc soulevant la neige qui s'abattait sur Forbach. Il y avait longtemps déjà qu'Elena regarda ce ciel déchainé, en retrait. Bien trop longtemps. Elle n'avait pas trouvé les indices suffisant pour dénicher le trésor de Lorenzo, ce grimoire si chéri. Le Lys avait eu vent de l'avance d'Olrun et il fallait agir rapidement. Comme un duo évident et efficace, Luc et Elena avait été choisit pour allez contrer l'autre tribu et récupérer ce manuscrit précieux. Il contenait sûrement la clé pour stopper Anaël et seul cela comptait. Avait-ils seulement consciences que tout ceci était d'un danger évident? Le regard décidé d'Elena laissait augurer que oui. Elle avait échoué une fois en combat, alors aujourd'hui elle ne se laisserait pas surprendre.

Elle avait échangé son fleuret d'entraînement pour s'armer d'une épée fine et légère. L'acier froid était sérré dans son écrin de métal attendant la délivrance et la vengance. Luc accompagnait son Aguerrie uniquement par protection plus que par conviction, comme il l'avait toujours fait auparavent. Evoluant dans la masse blanche avec le plus de discrétion et de célérité qu'il est donnée à une ombre, ils arrivèrent proche de l'Eglise de Zetting, tout de noir vêtu. De véritables cambrioleurs. La concentration dont faisait preuve la jeune femme était autant inquiétant qu'impressionant. Si il lui arrivait d'etre concentrée en entraînement, elle laissait parfois place à la plaisanterie. Mais là ce n'était plus le cas. Elle était non seulement décidée mais aussi prête à venger l'affront qui fut fait par la mort d'Alicia. En un geste vif, la jeune femme fit signe à son protecteur de se cacher rapidement. La porte de l'Eglise était presque face à eux et ils se tenaient pour le moment derrière un amas de tonneaux et de caisses. La voix était libre, il n'y avait plus personne, les sorcières avaient fait le ménage et étaient entré dans l'Eglise. Cela faisait trop longtemps qu'ils les attendaient, maintenant, il faudrait les accueillir avec sympathie. La main serrée sur la garde, Elena cacha son épée sous la longue cape qui la recouvrait. Les deux compères traversèrent la rue sans être vu et se faufilèrent derrière l'un des murets qui était à côté de l'entrée de l'Eglise. Il ne fallait plus qu'une chose : attendre que ces traitresses sortent de là pour récupérer leur trésor. Elena murmura une formule magique en levant les yeux au ciel. Ces prunelles se confondaient à deux éclats argent et lumineux quelques instants. La brume s'épaissit, rajoutant à l'atmosphère fantomatique sur ce coussin blanc. Plus elle répétait la formule et plus le mauvais temps se levait et lorsqu'elle finissait d'épaissir le brouillard déjà établit, elle en appela au tonnerre. Si les choses tournaient mal elle s'en servirait.

D'argent, ces prunelles virèrent au noir d'encre et un élcair déchira le brouillard. Le coup de départ était donné, restait qu'à voir si les femmes d'Olrun se présenteraient enfin fasse à eux. La surprise permettrait à Elena et son Apprenti de prendre l'avantage sur le début du combat. Elle n'avait pas vu les visages de celles qui étaient entrés, mais vu l'important de la mission, elle se doutait qu'elle devrait faire face à la puissance de hautts grade d'Olrun. Pour les rares habitants encore éveillé, il était impossible de voir à plus que d'un mètre de distance, ainsi en cas de combat, personne n'aurait l'occasion de voir ce qui se tramait autour de l'Eglise de Zetting. Le décor était maintenant planté. Il ne restait qu'à les voir sortir. Crispée sur sa garde, Elena jeta un dernier coup d'oeil à Luc. Ils étaient fin prêt. Avant de donner l'assaut elle délivra la seule parole qu'elle donnerait de toute la soirée.

"Si jamais ca tourne mal, promet moi de fuir, surtout si tu as le Grimoire. Il est plus important que moi Luc. Je te le demande en dernière faveur. Je veux que tu retournes chez les tiens en vie. Ne t'inquiète en aucun cas pour moi, je saurais me tirer de là."

Elle décocha un léger sourire avant que celui-ci ne s'éfface. Ce soir, elle n'échouerait pas! Au bout de quelques instants d'attente, la porte de l'Eglise finit enfin par s'ouvrir sur les prêtresses d'Olrun. Sans réfléchir Elena donna l'assaut sur la première présente, l'épée brandit. Elle frappa dans le tas un des sorciers qu'elle ne connaissait pas à l'abdomen avec un coup de pied bien placé après l'avoir menacé de sa lame. Puis elle tourna sur elle même avec l'élan qu'elle avait donna des coups d'épées dans l'air pour faire reculer un autre importunt. Luc et elle était tel de tourbillons. Mais alors qu'elle s'apprêtait à donner le coup de grâce, elle reconnut Viviane et sa gorge se noua quand elle croisa le regard de Luc. Cette déconcentration non négligeable lui fit manqué de parrer un coup qu'elle prit directement dans les côtes et lui bloqua la respiration. De rage elle se redressa et le fil de sa lame se rougit du sand d'une jambe d'un des sorciers. Elle hurla sa colère alors qu'un coup de tonerre frappa la sol proche d'eux, à moins d'un kilomètre. Brume et tonerre masqueraient le bruit et la vue de la bataille sans mal. Maintenant il fallait trouver celle qui avait le Grimoire. Tout en combattant entre formule et coup d'épée, Elena le cherchait des yeux.

Initié(e)

Le gardien avait emmené la pauvre créature, à l’abri, dans la salle où les prêtres se préparaient avant l’office. C’était une petite pièce très sobre. Il y faisait assez chaud pour que l’engourdissement se dissipe rapidement. Danielle s’exerçait à attirer l’attention de cet homme sur elle. Elle l’imaginait comme un cousin et lui parlait d’une voix aimable entre deux toux. Elle le remerciait et continuait à broder son histoire en grelotant. A vouloir donner trop de réalisme à son jeu, elle allait sûrement en payer le prix. Elle en était rassurée. Le mensonge toujours serait puni sur cette terre.

Quand ses sœurs entraient dans l’Eglise, elle avait de nouveau les mains chaudes. Lorsque Viviane ouvrait la porte arrière, elle acceptait un verre de vin chaud et épicé. Cette situation était incongrue. Danielle restait en arrière, à profiter de bons soins, qu’elle n’avait même pas mérités. Pendant ce temps là Inès prenait tous les risques. Une partie d’elle rêvait de les rejoindre plutôt que de jouer la comédie. Elle était si convaincante que son chaperon lui proposait de préparer un couché pour le reste de la nuit.

Mais, soudain, le ciel implosait au-dessus d’eux. Le vent fit claquer une porte quelque part dans l’édifice. L’homme pestait contre la saison et attrapait une bougie pour éclairer son parcourt. Il voulait aller vérifier la source du bruit… par précaution. La jeune fille se mit à paniquer. Elle prétextait d’être effrayer et le suppliait de ne pas la laisser seule dans cet endroit. Ce qui, étant donné son état de nerf, n’était pas tout à fait faux. Il acceptait. Le cœur de Danie se remettait lentement.

Un affreux pressentiment prenait naissance en elle. Il s’implantait dans son esprit. Une tempête s’abattait sur Forbach. Ce n’était pas n’importe quel genre de tempête. Son intuition lui souffrait qu’un sorcier en était l’auteur. Ce n’était pas prévu dans le plan d’Olrun. Quelque chose avait dû mal tourner. Incapable de rester en place l’Initiée s’exerçait petit à petit son emprise sur le croyant. Elle l’entrain tout doucement vers le sommeil. Elle l’installait au mieux sur la banquette et refermait la porte derrière elle.

D’un pas léger Byche rejoignait la nef principale. Les portes du bâtiment étaient encore entrouvertes. Un brouillard malicieux s’insinuait à l’intérieur. C’était suffisant pour convaincre l’adolescente. Elle fonçait à l’air libre en glissant sa main vers la poche droite de son gilet. Un cri de douleur étouffait lui parvenait. Son sang ne fit qu’un tour. Ses lèvres se entonnaient les vers pour maîtriser les nuages. Danielle s’entrainait d’arrache pied depuis des mois. L’adrénaline augmentait sa détermination tandis qu’elle avançait prudemment. La neige brûlait la plante de ses pieds nus.

Ses yeux s’habituaient peu à peu au brouillard. Elle distinguait quelques mouvements. Elle se concentrait sur les deux silhouettes côtes à côtes. Le Lys. Ils les avaient trouvés ! Mais comment ? Aucune information sur cette mission n’avait filtré. La bergère n’hésitait plus. Les trois sorcières qu’elle appréciait le plus étaient ici. Sa petite dague serrée dans sa main droite se préparait à rencontrer la chair pour la première fois.

Elle contournait lentement la personne armée avec une épée et se fixait sur l’autre. Danielle savait comment faire. Elle avait grandie en regardant les chiens et les loups chasser leurs proies. Elle ne parlait pas. Sa respiration était mesurée. Elle patientait dans l’attente d’une ouverture. Profitant qu’il détournait, le regard la jeune fille bondissait sur son côté gauche, et visait son bras, pour y enfoncer la lame.

-Vous ne l’aurez pas !

Vieille peau fripée à pustules

Tout n’était que chaos, et Viviane ne comprenait rien à ce qui avait bien pu se produire et comment les choses avaient pu en arriver là. Que faisait Narcissa ici ? Et qui étaient ces gens étendus sur le sol ? Rien de tout ceci n’avait de sens, c’était absurde ! Mais tout cela n’avait pas grande importance, il fallait avant tout retrouver le grimoire. Et bientôt, il fut là, dans ses mains, le grimoire de Lorenzo. Celui après lequel elle avait tant prié, pour lequel elle s’était tant donné. Peut-être trouverait-elle enfin la solution pour sauver Narcissa ? Narcissa... Mais que faisait-elle ici ? À nouveau, ses yeux se posèrent sur les deux personnes gisant à terre. Que venait-elle de faire ? Une sueur glacée lui parcouru l’échine, Narcissa était-elle, comme sa tante, devenue une meurtrière ? Non, non, ça ne pouvait pas être possible. Mais Narcissa, déjà, les repoussait dehors. Aller chez la Duchesse des Deux-Ponts ? Mais pourquoi ? Qui était cette femme ? Alors même qu’elles venaient enfin de récupérer ce fichu grimoire, il faudrait le confier à quelqu’un d’autre ? Non, c’était hors de question. Mais de toute façon, là n’était pas encore la question. Il fallait d’abord sortir d’ici en toute sécurité.

Un coup de tonnerre fendit le silence, résonnant comme un signe d’avertissement dans la nef. Viviane comprit que les choses n’allaient pas se dérouler aussi bien qu’elle ne l’avait escompté. Les sorcières d’Olrun étaient attendues dehors, probablement par des gens du Lys, et à en juger par l’orage qu’ils avaient produit, ce n’était pas de simples apprentis sans contrôle. D’un geste de la main, elle arrêta les autres sorciers présents et leur donna quelques instructions sur la marche à suivre, les avertissant de ce qui les attendait probablement dehors.

Désirant être libre de ses mouvements afin de contrecarrer le mieux possible la menace qui s’annonçait, elle donna le grimoire à Inès. Un brouillard opaque s’était infiltré par-dessous la porte, comme un avant-goût de ce qui les attendait dehors. Viviane savait parfaitement qu’elle n’aurait pas la possibilité de surprendre leurs adversaires alors plutôt que de tenter une sortie discrète, elle pressa Inès de rester en retrait et s’élança sur la porte qu’elle ouvrit d’un grand coup. Le brouillard était tellement épais ici qu’elle pouvait à peine distinguer quelques silhouette aux contours mal définis. À côté d’elle, elle entendit qu’on se battait, le bruit étouffé d’un coup de pied bien administré lui parvint et une personne s’effondra à ses pieds. Depuis quand les sorciers s’abaissaient-ils à se bagarrer comme de vulgaires poivrots dans un bar ? Cependant, elle n’eut guère le temps d’y penser plus longtemps, elle sentit une lame l’effleurer. Une épée ? Quelqu’un se battait vraiment avec une épée ? Si la situation n’avait pas été aussi tragique, elle en aurait ri. Tous occupés qu’ils étaient à se battre, nul ne devait encore prendre la peine de penser qu’ils étaient des sorciers.

Viviane récita une incantation et pria Olrun de leur rendre la lumière dont ils auraient besoin pour mettre définitivement un terme à ce non-sens. Sa colère était vivace, multipliant ses forces, et rapidement, la Prêtresse fut exaucée. Sur sa droite, se tenait Elena, la jeune fille qui avait remplacé Antoine pour l’échanger d’indice. Un jeune homme qu’elle ne connaissait pas se tenait à ses côtés. Depuis la dramatique nuit de l’été dernier, Viviane se refusait à perdre le contrôle d’elle-même, redoutant que le pire se produise à nouveau. C’est pourquoi elle décida de tenter un envoûtement de l’Aguerrie et de la faire rentrer chez elle, tout ce qu’il lui faudrait, c’était capter son regard. L’agitation était telle que ce ne fut guère simple, et le brouillard n’était pas encore totalement dissipé, ce qui n’aidait en rien. Laissant à Danielle le soin de s’occuper du jeune homme et se campa devant la demoiselle du Lys.

Espérant qu’Inès ait pu tirer profit de la confusion pour s’en aller avec le grimoire, elle lança à son adversaire : « C’est vraiment tout ce que vous valez au Lys ? Une épée ? Vous n’aviez pas mieux sous la main ? » Elena, probablement d’instinct leva son regard vers elle, et Viviane sut que c’était bon, que la partie serait gagnée.

Apprenti(e)

L’idée lui paraissait saugrenue, inutile, suicidaire. Mais il s’était tu. Même avec le droit à la parole il n’aurait pu émettre une objection suffisamment forte pour remettre en cause une décision aussi stupide à ses yeux. Cette lutte devenait de plus en plus irrationnelle au fur et à mesure que le sang venait imbiber la terre de la ville de Forbach. Les sorcières et sorciers s’entretuaient… Pour un grimoire. Aussi important était le savoir contenu dans ce dernier, il ne justifiait pas de faire couler la vitae de plusieurs âmes. Mais si ces pensées avaient voltigé dans l’esprit du jeune homme, il s’était bien gardé de l’exprimer devant le Meneur et son Aguerrie. Pourquoi ? Simplement parce que cela n’aurait rien changé, pire encore, il n’aurait certainement pas été affecté à cette mission suicide et n’aurait pas pu veiller sur la personne à qui il tenait le plus. Il avait bien essayé de convaincre Elena sur le chemin du retour au Manoir mais rien n’y avait fait. Il avait pu remarquer leurs regards à tous les deux, il savait qu’il se passait quelque chose. Quoi ? Il n’aurait pu le dire exactement mais peu importait. Son Aguerrie et son amie, sa sœur, – car elle ne serait jamais plus que cela pour lui – n’avait pas à sacrifier sa vie pour un Meneur qui n’hésitait pas à l’envoyer creuser elle-même sa tombe. Luc n’avait plus foi en Noâz, ou Amaël, ou qui il voulait être. Ce Meneur était un imbécile. Certes il n’avait jamais embrassé les idéaux du Lys et n’était devenu Apprenti que par curiosité, mais c’était maintenant devenu une véritable aversion et pas par jalousie. La folie semblait s’emparer des Sorciers de cette ville qui préféraient s’entre-déchirer plutôt que de s’entraider.

Flanqué d’une rapière, le jeune Duc avait accompagné la jeune femme sans dire un mot depuis leur départ du Manoir. Mieux valait ne pas parler, par sécurité d’abord, mais aussi parce que cela finirait surement mal. Ils avaient abandonné leurs chevaux, à l’abri, quelques rues avant le parvis de l’Eglise, leur destination finale. Alors qu’ils faisaient le pied de grue non loin de la grande porte de la bâtisse religieuse, Elena lui demanda de promettre qu’il fuirait pour sa vie, pour le grimoire, même si elle devait être en danger. Il la fixa dans les yeux et ne dit, ni ne fit, rien. Cela avait peut-être valeur d’acceptation mais il était bien entendu que, pour lui, il ne ferait rien de tout cela, il était hors de question qu’elle se sacrifie pour une vulgaire liasse de papier reliée. Lorsque la porte s’ouvrit, il dégaina sa lame rapidement et suivit son Aguerrie, leur pas rapide crissant dans la neige en direction de celles qui tentaient de s’enfuir. Veillant frénétiquement sur elle, Luc s’arrangeait pour être toujours dans son dos, couvrir ses arrières et empêcher les adversaires qu’elle engageait de s’en prendre à elle de manière vile et lâche. Il ne cherchait pas plus le combat que cela, bien décidé à ne pas ôter de vie sauf si cela devait s’avérer nécessaire. Le fracas de l’acier était couvert par un orage grondant que maîtrisait Elena mais sa rage n’alimenterait pas indéfiniment son pouvoir. Retenu par deux sorciers et alors qu’il était trop concentré pour la voir venir, une lame entailla furtivement son bras qui ne tenait pas son épée et il poussa un grognement de douleur avant de repousser violemment son agresseur audacieux dans la neige. Son regard croisant celui d’une jeune femme plus jeune que lui… Comment ces hommes et ces femmes acceptaient-ils d’envoyer des personnes innocentes pour de tels massacres ?

Tenant en respect ses trois agresseurs, leur combat stoppé un instant, son regard se posa instinctivement sur Elena. Les yeux brillants de la Prêtresse d’Olrun n’auguraient rien de bon. « Elena ! » Abandonnant ses adversaires, il se rua vers son Aguerrie, la bousculant suffisamment fortement pour la faire chuter et rompre ainsi le contact visuel brutalement. Un regard vers une forme furtive s’éclipsant de l’Eglise lui fit comprendre que le combat était inutile. Continuer n’aurait été que pure folie insensée. Alors qu’Elena reprenait ses esprits et cherchait son épée du bout des doigts, il plaqua sa rapière près de sa gorge pour l’immobiliser et profita de sa surprise pour écarter son épée du bout du pied. « Arrête Elena, c’est inutile. » En même temps, de sa main libre mais blessée, il avait sorti un mousquet accroché à sa ceinture qu’il braqua sur Viviane alors qu’il la regardait à son tour. Il allait d’ailleurs dire quelque chose lorsqu’une petite lame s’enfonça dans son flanc droit. La douleur lui fit fléchir un genou mais ne lui arracha qu’un faible cri. « Idiote ! » Sans cesser de braquer la Prêtresse, il repoussa une seconde fois la jeune femme, de son bras armé de sa rapière. « Partez ! Vous avez ce que vous voulez et je ne chercherais pas à vous l’enlever. La vie de personnes m’est plus chère qu’un vulgaire amas de feuilles. » Il serra les dents alors qu’il se relevait et sentait le sang couler assez abondamment de sa plaie. « Elena ne s’y opposera pas non plus. Elle n’a pas le choix. » Son regard se posa sur l’Aguerrie. Il était déterminé et attendait simplement qu’elle acquiesce. « Partez ! A moins que vous ne vouliez du sang en plus de votre fichu livre ! Mais je vous préviens, un animal blessé est dangereux. » Il pourrait rapidement emporter Viviane avec lui, d’une pression de doigt, même s’il ne s’agissait pas vraiment d’une menace, mais plutôt d’un moyen de pression pour la stopper dans ses élans, elle et les siens. « Décidez-vous vite, ou l’Inquisition le fera pour nous. »

Aguerri(e)

Elle n'avait que sa rage et sa foie envers son Meneur. Ce regard qui était passé entre Noâz et Elena, lors de la remise de mission, n'était rien d'autre que du profond respect et de la complicité peut-être. En tout les cas elle lui avait fait une promesse, elle vouerait corps et âme au Lys, et elle avait renouvelé ce vœu auprès de son nouveau Meneur. C'est pourquoi elle était là ce soir et qu'elle se démenait comme un beau diable. Et alors qu'elle reprenait à peine une concentration décente et une calme un peu plus visible, elle entendit Viviane lui parler.

« C’est vraiment tout ce que vous valez au Lys ? Une épée ? Vous n’aviez pas mieux sous la main ? »

Cette phrase la fouetta en claquant dans l'air et un éclair s'abattit non loin du clocher de l’Église. L'épée était l'une des armes les plus nobles qu'il puisse exister. Est-ce que c'était parce que c'était Viviane qui avait parlé, ou parce qu'elle n'avait pas ranger ses sentiments hors de ce combat qu'elle fusilla du regard la Prêtresse d'Olrun? Elle ne le saurait jamais. La lueur surnaturelle qui embrasait ses pupilles frappa de plein fouet la conscience d'Elena. Elle se débattait intérieurement, pendant que son corps semblait figé dans un autre univers. Elle devait gagner, repartir avec le Grimoire. C'était sa mission après tout. Noâz. Il serait furieux si elle échouait. Luc? Elle croyait l'entendre l'appeler. Depuis combien de temps Viviane tentait de forcer la porte de son esprit? Bien trop longtemps à son goût. Et puis elle se sentit basculer tout en revenant lentement à elle même. Le choc contre la neige acheva de la sortir du monde des esprits. Luc venait de la protéger. Elle aurait pu s'en sortir seule pourtant, non? Elle aurait du. N'avait-elle pas été claire quant à la mission?

Elle se rappela de ses paroles, sur le chemin du retour. C'était du suicide pour lui, cela se sentait dans sa voix. Pourtant en petit nombre ils s'en sortiraient assez rapidement si il fallait plier bagage en vitesse. Ils étaient juste arrivé un peu tard et maintenant il était en plein combat. Enfin, celui-ci semblait s'être arrêté. Elle releva les yeux sur Luc et étoile de sang colorié sa chaire et coulant sur ces doigts. Il salissait la neige. Elle allait se relever enfin, alors que tout ceci lui semblait durer une éternité, mais soudain Luc lui même fit barrière. Elle fit des yeux ronds d'incompréhension alors qu'il plaquait sa lame contre sa propre gorge.
"Mais enfin Luc.."

Il hurlait presque comme pour lui faire comprendre qu'elle déraisonnait à continuer de se battre. Oubliait-il les ordres? Elle devint furieuse. Mais quelque chose se passa. Une complice d'Olrun vint mettre un coup de dague dans le flan de Luc. Cette fois-ci les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent de vengeance. Elle tenta à nouveau de se relever mais son Apprenti la tenait définitivement à terre.

A quoi jouait-il? Il parla à sa place disant qu'il ne voulait que la vie sauve plutôt que le Grimoire.

« Décidez-vous vite, ou l’Inquisition le fera pour nous. »

Elle était tellement choquée parce qu'elle entendait qu'elle se trouvait incapable de réagir physiquement. Intérieurement pourtant sa colère montait et même si le temps avait changé, parce qu'elle ne pouvait tout gérer en même temps, un dernier éclair s'abattit juste à côté de l’Église très près du groupe de sorciers. Ce coup-ci n'était plus un avertissement. La blessure de Luc l’impressionnait d'avantage et elle savait qu'ils devaient partir. Ils ne pourraient plus rien. La surprise était terminée. Une des filles manquaient à l'appel. Sûrement la porteuse du Grimoire. C'était finit alors. Elle échouait encore. Elle acquiesça pour laisser Olrun partir et pour qu'ils partent eux même. Elle n'avait plus d'autres choix. Seule elle ne pourrait pas courir après le Grimoire. Et Luc était trop mal en point pour qu'il continue seul pour rentrer. Elle se redressa lentement, laissant son arme à terre, preuve de sa bonne volonté et attendit que les autres sorcières quittent les lieux. Elle serrait les poings, de honte, de rage, d'incompréhension.

-- SUITE --

Viviane la toisa un dernier instant, elle et son pitoyable compagnon d'infortune. La voilà la puissance du Lys? Elle se moquait du regard et en même temps elle ne s'attarda pas trop. Les aboiements de l'Inquisition se rapprochait et ce combat avait suffisamment versé de sang dans son clan. L'un d'eux étaient mort. Ils s'encombrèrent du corps et partirent bien vite laissant encore quelques volutes de brouillard derrière eux sur la scène pitoyable que leur offrait le Lys.

De son côté Elena bouillait et une fois que la tribu d'Olrun s'écarta suffisamment elle pria pour avoir encore assez d'énergie pour soigner son apprenti. Elle le tira tant bien que mal tentant d'ignorer les râles de douleurs qu'il laissait parfois échapper à son contrôle. Dans peu de temps il perdrait connaissance et se verrait être un poids encore plus difficile à transporter. Les yeux noisettes de la belle firent les alentours et elle chercha rapidement un endroit où maintenir Luc au chaud et en sécurité pour qu'elle puisse le soigner, tout cela en évitant l'Inquisition. Elle réussit à rejoindre leurs chevaux à bouts de force et souffla longuement. De là elle chercha des planches solidement attaché et assez longue pour le transporter. Rien de tout cela n'était à porter de sa main. Elle regarda derrière elle l'Eglise. Si elle ne se faisait rien rapidement les trainées de sang que laissait son ami serait visible. Elle invoqua un faible brouillard accompagnée d'une neige importante sans vent. Cela recouvrerait bien vite tout ce sang. Mais cela lui donnait encore moins de temps pour mettre Luc à l'abri. Elle chercha une chaumière éteinte et trouva celle d'un paysan quelconque. Elle s'y hissa, trainant toujours son compère qui acheva ses dernières forces et devint un poids mort. Les derniers mètres furent usant. Elle pénétra dans la petite maison de bois et en fit le tour. Personne dans les quelques pièces ici. Elle remercia le ciel d'être clément avec elle et traina son comparse dans le foin. Elle fit entré les deux chevaux et les firent assoir à côté de Luc. Elle alla chercher un seau crasseux et y déposa de la neige qui fondrait bien vite. Tant pis pour sa large chemise, elle arracha une manche et la baigna dans l'eau grisâtre avant de la poser sur le front du futur Duc.

"Ne me lâche pas maintenant."

Elle retira ses gants avec ses dents et se frotta un peu les mains. Déboutonnant la chemise de Luc, elle vit la blessure béante et déglutit, cette fois-ci elle ne devait pas échouer. Sinon elle achèverait de couvrir son nom et sa personne de honte. Récitant les incantations de guérison, elle fixait le regard de Luc sans vraiment le voir. La lumière qui émanait de ses mains réchauffait la peau mise à nue alors que la blessure se résorbait lentement. Le pire était passé, du moins elle le pensait. Elle n'eut cependant pas la force de continuer, sa propre blessure lui ôtant un peu d'énergie. Elle ne s'évanouit pas mais ne pouvait cependant plus commander son corps à son tour, laissant la plaie presque guérie. Une cicatrice et un peu de peau manquait encore, rien qu'une écorchure un peu large mais sans gravité. Les yeux grands ouvert, elle était tombée sur le côté et regardait avec inquiétude son apprenti pendant qu'elle tentait d'éloigner les spasmes de douleurs du à sa folie.

Elle avait faillit le perdre et son manque d'énergie lui retombait dessus, lui donnant des douleurs dans les bras et les jambes. Courbaturée et incapable de se mouvoir, elle guettait le moindre son, se forçant à ne pas dormir. Cependant tout cela eu raison d'elle et elle finit par lâchée prise face à Morphée. Elle dormit deux petites heures. Ce sommeil lui redonnait la possibilité de contrôler son corps. Elle tenta alors d'éveiller Luc, pour qu'il quitte ce lieu tant qu'il restait encore assez d'ombre pour regagner le Manoir sans encombre. Ils rentrèrent finalement au Manoir un heure avant la fin de la nuit. Elena quitta Luc sans rien lui dire. Ils étaient rompus tous deux. Elle rejoignit son lit et s'y affala devant le regard inquiet de sa servante. Quand elle s'éveillerait, tous deux aurait une discussion surement mouvementée et cette perspective ne lui plaisait pas, bien qu'elle s'évanouit en même temps que la jeune femme s'endormait.