The Witch Slay
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 Essence de térébenthine

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Mère Marie-Théodosine
Conseiller de la Suprema
Conseiller de la Suprema
Mère Marie-Théodosine


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MessageSujet: Essence de térébenthine   Essence de térébenthine Icon_minitimeMer 26 Sep 2012 - 0:09


Contrairement à Symphorienne de Lucrèce, débarquée toute en affétéries et manières, nul carrosse au vernissage ostentatoire, nulle délégation de gardes royaux, nulle pompeuserie n'accompagna l'arrivée de Mère Marie-Théodosine de Rome à Forbach. Une calèche vétuste, partie quelques jours auparavant d'un relais de diligence tout aussi bas de gamme, se contenta de la larguer avec ses maigres bagages dans la Grande Rue où elle vaqua à pied, comme les petites gens. En somme, son arrivée fut ô combien plus simpliste et discrète que la grande dame de Lucrèce; et pourtant, alors que cette dernière avait vociféré devant le château car personne n'était venu accueillir son royal postérieur, débarqué dans l'indifférence généralisée, il en allait tout autrement pour l'envoyée du pape, dont l'arrivée au beau milieu des mécréants du marché alimentaire ne fut ignorée d'aucune âme à Forbach, tant sa réputation la précédait.

Mère Marie-Théodosine fendit la foule en contenant un reniflement hautain, tandis qu'autour d'elle les badauds se pressaient de plus en plus en murmurant, que c'était elle, la fameuse âme damnée du pape, une figure emblématique du vatican, dont les saints exploits étaient parvenus dans les contrées les plus reculées de l'empire, peut-être la seule qui, après les mascarades des exorcistes du père Marcus et de l'Oracle, parviendrait peut-être enfin à débarrasser Forbach du mal qui le rongeait... Et tandis que les mains se tendaient vers elle avec espoir, avides d'une parole ou d'un geste qui puisse les rassurer, ou simplement pour voir si cette apparition procédait véritablement d'une réalité tangible, Mère Marie-Théodosine leva le chapelet qu'elle portait au cou et, tout en continuant de marcher à fond de train, le brandit de part et d'autre, murmurant des prières et des bénédictions à la foule qui n'en revenait toujours pas d'avoir pu l'approcher.

Lorsqu'elle parvint à la Collégiale, son regard se porta vers Cassandra de Saint-Loup et les Inquisiteurs en rang derrière elle, classés par grades, dans la position immobile et rigide du salut. Mère Marie-Théodosine s'avança et passa devant la haie d'honneur sans même s'arrêter, lui accordant à peine un regard. Sa voix était rugueuse, angoissante, et portait si haut et si loin pour une femme, qu'on eut dit une actrice de théâtre antique récitant son texte en profitant en permanence d'une acoustique favorable.

"Trêve de bavardages!" lança-t-elle, alors que personne n'avait parlé. Son ton très sec fut appuyé en tournant finalement vers eux un regard d'oiseau de proie, rendant son oeil unique d'autant plus intimidant. "Cessez immédiatement cet ersatz ridicule de cérémonie. Si vous avez le temps pour de pareilles simagrées, vous devriez plutôt le consacrer à chasser les sorcières! Seul Dieu nous préserve encore de ces filles du Diable! Venez avec moi, Mattéa".

L'envoyée du vatican ne ralentit pas sa marche et fit un signe de la main à Cassandra afin que celle-ci l'accompagne au sein de la collégiale, où elle venait de pénétrer pour inspecter les lieux. Elle entendit cependant dans son dos les murmures des Inquisiteurs s'étonnant de voir la nouvelle venue interpeler l'Inquisitrice Générale par son ancien nom religieux, et de manière aussi cavalière, considérant que Mère Marie-Théodosine n'était que Conseillère de la Suprema et par conséquent, de rang hiérarchique inférieur à la Comtesse de Saint-Loup.

L'ecclésiastique parcourait déjà les couloirs afin de visiter l'endroit en attendant que Cassandra arrive. Ses yeux s'attardèrent sur les pièces occupées au quotidien par les Inquisiteurs. Elle balaya tout d'un regard critique mais ne fit aucun commentaire jusqu'à ce que l'Inquisitrice Générale fut à son côté. Les deux femmes se toisèrent un instant; Marie-Théodosine faisait au bas mot une tête et demi de moins que sa consoeur, et pourtant, il semblait que cela n'avait pas la moindre importance.

"Cela fait bien longtemps, Mattéa" dit-elle en continuant toujours à marcher, pour continuer à explorer les lieux. "Quel chemin depuis Rome... Je ne pensais pas te revoir un jour. Félicitations pour ton parcours, vraiment. Quitter sciemment les rangs des soldats de Dieu et tourner le dos à l'honneur de servir le tout-puissant, afin de parler chiffons et couches avec les autres femmes aux foyers -cela demandait un courage inouï que je n'aurais jamais eu, Dieu m'en garde".

La voix ironique de Marie-Théodosine était si rauque, qu'elle résonnait de façon caverneuse sur les murs pierreux de la collégiale. Elle sembla s'en apercevoir, et son visage de requin s'éclaira d'un sourire carnassier cynique et cruel.

"Oui, moi aussi j'ai changé. Ne te formalise pas de ce timbre de voix si étrange. J'ai perdu une corde vocale lors du même affrontement, qui m'a privé de mon oeil" dit-elle en soulevant légèrement son vêtement qui couvrait jusqu'à son menton, pour dévoiler sa gorge, et l'hideuse cicatrice qui couturait celle-ci.

"Inutile de te dire que je ne viens pas là pour me contenter de faire de la figuration comme toi. Les choses vont changer à partir de maintenant... J'ai en tête quelque chose de beaucoup plus offensif que vos méditations contemplatives". Se disant, les deux femmes arrivèrent dans la cellule qui devait loger Mère Marie-Théodosine lors de son séjour, et dont on avait bien assuré Cassandra qu'elle s'en contenterait, n'étant pas femme à se soucier du luxe ni même confort. C'était d'ailleurs un carré de murs nus, tout en pierres grises, meublé chichement du strict minimum. Un univers familier pour l'envoyée de Rome qui s'écria pourtant le visage transfiguré d'indignation:

"Dieu tout-puissant, tu me relègue au fin fond de ton plus miteux et puant placard à balais? Tu me prends pour une de tes nonnes stupides, Mattéa? J'exige une chambre au château de Frauenberg! Il me semble que je le mérite bien assez!"
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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Cassandra de Saint-Loup


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MessageSujet: Re: Essence de térébenthine   Essence de térébenthine Icon_minitimeJeu 1 Nov 2012 - 20:29

Ce fut bien trop tôt au goût de Cassandra qu'arriva le jour fixé pour la venue de mère Marie-Théodosine. Elle avait reçu le pli papal qui l'informait de ce gênant électron libre, destiné à la contrôler si nécessaire, elle n'en doutait pas. Et après, Rome osait parler de confiance... C'était un sujet douloureux pour la Veuve. Sa confiance venait d'être trahie par celle à qui elle avait tout donné : son unique enfant. Trois jours. C'était ce qu'il avait fallu à la Veuve pour tarir ses larmes, et seul le soutien permanent de Viviane lui permettait de mettre un pied devant l'autre.

La Veuve était prête à se laisser mourir. Ne lui inspirait à présent de désir que l'idée de rejoindre Amaël et tous ceux qui l'avaient quittée pour d'autres cieux. Les affaires de l'Inquisition avaient été tenues par David Geisler – ah non, David Geisler de Fontigny – mais Cassandra s'était débrouillée pour reprendre les rênes en main avant l'arrivée de Marie-Théodosine. Elle s'était levée tôt et avait rattrapé son retard avec efficacité.

Cassandra avait rendue publique l'arrivée de mère Marie-Théodosine. Elle n'eut guère besoin de déléguer un vigile pour guetter son apparition : elle savait que la foule en quête de bénédiction et de miracles y pourvoirait. Quand les murmures devinrent acclamations, Cassandra fit aligner les Inquisiteurs devant la Collégiale.

Alors seulement, elle s'autorisa à penser à la personnalité de la nouvelle venue. Les deux femmes s'étaient côtoyées et respectées à l'époque du Vatican, quinze ans plus tôt. Quand la mère Mattea de l'époque avait démissionné et quitté les ordres, elle n'avait pas regardé en arrière. Mais il semblait évident qu'une religieuse telle que Marie-Théodosine ne pouvait que désapprouver fortement, et même condamner férocement une telle exception aux règles et aux habitudes romaines. Toutefois, il y avait de la place pour une légère marge de manœuvre : le temps. Qu'était devenue mère Marie-Théodosine, autrefois Supérieure des Clarisses ?

Cassandra eut sa réponse en l'apercevant : une exorciste de l'extrême. Son ancienne consœur avait rapetissé, comme une pièce de tissu lavée avec trop de hargne. Son œil était ravagé, et sa démarche portait une telle rancœur que la Veuve sentit aussitôt que les choses ne seraient pas simples. Elle ressentait plus que jamais la distance qui la séparait : à l'époque, elle avait combattu les ennemis de la chrétienté avec la même force aveugle qu'elle ; mais aujourd'hui, tout avait changé, et tout était tellement différent... Avec un calme olympien, elle décida d'adopter une neutralité inattaquable, ne serait-ce que pour le premier jour.

Dès qu'elle ouvrit la bouche, Marie-Théodosine jeta à bas toutes ces résolutions. Malgré sa lassitude, malgré son désir d'être en recueillement devant les tombes des êtres qui lui étaient chers et malgré son envie de rester cordiale, Cassandra regarda la religieuse dans les yeux et répondit avec une froideur qui contrastait avec le haussement de ton de Marie-Théodosine, l'exact ton aristocratique mêlé de mépris qu'elle avait appris à Rodez :

- Je crois que je te préférais avant, quand tu réfléchissais avant de parler.

Elle lui fit un sourire très compatissant, comme une femme qui accepte de s'abaisser au niveau de son interlocutrice par politesse :

- Les règles élémentaires de savoir-vivre veulent qu'on m'appelle Comtesse de Saint-Loup, ou éventuellement Inquisitrice Générale, mais comme nous nous connaissons depuis longtemps, je te permets de m'appeler de la manière qui te conviendra.

La Veuve savait intuitivement qu'elle ne pourrait jamais empêcher Marie-Théodosine de l'appeler Mattea. Malgré tout l'agacement que lui procurait cet état de fait, ce n'était toutefois que la chose de la plus petite importance dans l'ordre de tous les problèmes qu'amenait la Clarisse.

- C'est à mon tour de te féliciter pour ton engagement. Loin de moi l'idée de mettre en doute tes apparentes capacités d'exorcisme ou ton expérience du terrain, mais je crois que tu n'as pas tout compris, alors permets-moi de te répéter les instructions du Saint-Siège. Quoique bienvenu, ton avis demeure une aide ponctuelle. Les décisions me reviennent. J'écouterai tes suggestions avec grande attention, n'en doute pas, même si elles sont formulées de manière aussi frustre que tes premières paroles.

En fait, la lettre de l'évêque était formulée comme les ordres ecclésiastiques, avec une grande part à l'interprétation pour ne froisser l'orgueil de personne. Il n'en restait pas moins qu'un ordre direct de Marie-Théodosine ne pourrait être ignoré, surtout si elle venait à sortir un blanc-seing du type de celui dont elle avait été elle-même porteuse quinze ans plus tôt, et la Veuve en avait douloureusement conscience.

- Je crois que tu as tout vu. Je ne te retiens pas : tu as certainement déjà de nombreuses idées pour améliorer la situation de Forbach, et je m'en voudrais de te retarder... Tu sembles tellement pressée de te rendre à Frauenberg que je serais impardonnable de te retenir.

Tu peux disposer. Avec un sourire mécanique en guise d'adieu, Cassandra continua sa route vers le fond du couloir, où se situait son bureau de la Collégiale. Elle n'imaginait pas un instant que mère Marie-Théodosine en resterait là, et savait qu'elle la suivrait en vociférant de nouvelles insultes. Avant tout, Cassandra voulait l'emmener dans un lieu où la moitié de l'Inquisition ne les entendrait plus. Et surtout, où David Geisler de Fontigny ne pourrait pas intervenir. Il était encore capable de dire ses quatre vérités à la vieille pie, et elles n'avaient pas besoin que l'on verse davantage d'huile sur le feu. Enfin, il restait la sempiternelle question de l'autorité... Cassandra de Saint-Loup n'entendait pas se donner en spectacle devant ses hommes.
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MessageSujet: Re: Essence de térébenthine   Essence de térébenthine Icon_minitimeSam 3 Nov 2012 - 2:21

L’œil unique de Mère Marie-Théodosine parcourut son interlocutrice de bas en haut, ainsi qu’un douanier inspecterait un chargement suspect. La Comtesse de Saint-Loup n’avait pas apprécié de se voir nommée devant ses troupes par son ancien nom de religieuse. Mais elle savait fort bien qu’elle ne parviendrait pas à empêcher la Clarisse de la nommer de la sorte, ce qu’elle exprima. L’envoyée de Rome étouffa un rire incrédule. Vraiment, Cassandra lui permettait de l’appeler ainsi?

"Oh… c’est trop d’honneur."

Son ton mordant d’ironie s’ornementa d’un sourire –un vrai cette fois-ci, en montrant les dents, pas seulement en étirant les lèvres… Ce qui permit à Cassandra de s’apercevoir que ces mêmes dents étaient entièrement noires au sein de la bouche de Marie-Théodosine. Après sa chirurgie catastrophe des cordes vocales, celle-ci avait définitivement voulu passer outre les soucis d’hygiène buccale et s’était brûlée les dents à l’acide tannique.

"Mattea, vieille bique aigrie. Moi aussi, je te préférais naguère. J’ai la nostalgie de ton venin d’antan… Tu étais brillante à l’époque. Mais je ne désespère pas de te remettre dans le droit chemin."

La Clarisse ferma derrière elle la porte du placard à balais que Cassandra avait voulu lui octroyer en guise de chambre, bien décidée à s’installer dans un des opulents appartements qu’on lui offrirait à Frauenberg –un souhait pour le moins paradoxal considérant les enseignements de son ordre.

"Tu m’en vois réjouie, car j’ai justement une… suggestion de poids à te faire. Commençons sans plus attendre." Et, voyant que Cassandra s’éloignait déjà dans le corridor, Mère Marie-Théodosine s’empressa de la rattraper et s’interposa pour lui barrer la route. "Minute! Il serait effectivement déraisonnable de me retenir, alors parlons vite et bien. Nous avons du pain sur la planche."

Tenir une réunion de crise sur la situation forbachoise seules en plein milieu d’un couloir poussiéreux pendant que le reste des troupes faisait le piquet dans la cour, ne semblait pas gêner la Clarisse le moins du monde. Elle commença à fouiller dans ses bagages, vraisemblablement à la recherche d’un document manuscrit. Au bout d’une minute d’investigations, ne trouvant pas l’objet de ses recherches elle poussa un feulement excédé et fit un signe d’abandon.

"Oh, au diable la paperasse, nous n’en sommes plus à ce stade. Le Vatican m’a informé de la situation, Mattea. Je sais que tu as récupéré cette épée impie laissée par les sorcières en vestige de leur affrontement devant votre église, ce printemps… Mais le rapport mentionne qu’elle est inutilisable, car son toucher brûle les mains de toute personne non convertie au culte maléfique des filles du Diable. Cette arme est possédée par l’esprit du Malin… Or, imagine un instant que nous parvenions à inverser la tendance. Ce serait une arme puissante et symbolique pour l’Inquisition, aux mains de laquelle les sorcières verraient désormais cet objet."

Mère Marie-Théodosine fit une pause, ménageant son suspens. Il était évident que ce qui allait suivre n’était plus un simple débat de fond, mais bel et bien un projet déjà planifié qu’elle comptait évidemment mener à son terme.

"Tu sais que l’exorcisme est ma spécialité, non? J’ai déjà écrit à l’évêque de Metz qui approuve hautement ce projet. Nous avons conclu d’un rendez-vous pour faire exorciser et bénir l’épée au plus tôt. Pour éviter que les sorcières ne tentent de voler l’arme pendant le trajet, j’ai pris des mesures afin de sécuriser le convoi… Pour servir d’alibi, c’est donc dans le plus grand secret que sera transportée l’épée, grâce à une diligence du comte Loewenstein qui a accepté de fournir assistance à cette entreprise, en simulant un de ses déplacements personnels. Un inquisiteur spécialement missionné, et déguisé en laquais pour plus de discrétion, les accompagnera. Tu dois bien avoir une idée pour nommer quelqu’un de confiance à ce poste?"
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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MessageSujet: Re: Essence de térébenthine   Essence de térébenthine Icon_minitimeSam 17 Nov 2012 - 17:45

La réponse virulente de Marie-Théodosine ébranla Cassandra au plus profond de son être. La Clarisse venait de souligner un élément auquel elle n'avait pas pensé. Rentrer à nouveau dans les ordres ? Depuis qu'elle était veuve, c'était possible. Elle n'y avait jamais songé parce qu'elle avait Narcissa et parce qu'elle avait un statut à défendre pour elle. Mais depuis la disgrâce à Rodez – ou plutôt cette promesse de ne jamais y retourner, et le départ de Narcissa pour son superbe château acheté dans le secret, plus rien ne retenait la Veuve dans le monde séculier.

Elle serait morte plutôt que d'avouer à Marie-Théodosine à quel point sa suggestion venait de la retourner. Elle était trop fragile, encore à fleur de peau. Ce devait être le choc. Mais déjà, Viviane se dessinait dans son esprit. Et puis, l'ancienne Mattea en avait conscience : elle ne pourrait jamais retourner chez les Carmélites. Quel autre ordre pourrait l'intégrer et lui pardonner ? Les Clarisses ? Jamais, elle avait trop de fierté. Maintenant qu'elle se souvenait que la vie religieuse ne lui était peut-être pas entièrement fermée, Cassandra aurait voulu intégrer un couvent, y passer des heures et des jours en méditations et en prières jusqu'à ce que le Seigneur la rappelle. Mais elle avait juré sur la dépouille de Sarah Geisler de ramener la paix à Forbach de ses propres mains. En outre, Viviane et elle formaient un duo qu'elle ne voulait pas briser, pas une seconde fois. Elle ne causerait pas sciemment une nouvelle déchirure au sein des Valdemar.

Il n'en demeurait pas moins que Marie-Théodosine avait justement des suggestions à lui faire – peu importait ce papier qu'elle n'avait pas trouvé, Cassandra n'était absolument pas pressée de le lire. Sa mine s'allongea au fur et à mesure que la Clarisse s'expliquait – dans un couloir heureusement hors de portée des oreilles des Inquisiteurs.

Ils avaient osé ! Le Vatican avait ouvert le dossier Forbach sans restriction à Marie-Théodosine. Furieuse de réaliser que la Clarisse connaissait les sombres secrets de l'Inquisition en place, Cassandra répondit assez crûment :

- Inverser la tendance ? Ce genre d'expérience se retourne toujours contre nous ! Tu devrais le savoir mieux que quiconque, Théodosine... J'espérais que tu proposerais quelque chose de plus adapté à notre situation. Admettons que tu parviennes à désenchanter l'épée et à retourner son pouvoir contre les sorciers, que se passera-t-il si, parce qu'ils te surpassent en nombre, ils reprennent le contrôle sur ce qu'ils ont originellement perverti ? Il nous faudrait davantage d'exorcistes, et crois-moi, la dernière expérience de Forbach en la matière n'était pas concluante.

Mais déjà la Clarisse continuait, sans se soucier des commentaires de la Veuve. Qu'elle ait récupéré l'épée avait été un secret bien gardé, même au sein de l'Inquisition. Tous n'étaient pas dans la confidence ; c'était le meilleur moyen de contrôler les fuites. Un éclair de lucidité traversa la colère de la Veuve : si elle se cabrait sur la première demande de Marie-Théodosine et commençait si tôt la crise d'autorité, ce serait l'Inquisition qui en pâtirait la première. Elle adopta finalement un sourire de circonstances, alors qu'elle était verte de rage.

- Très bien. Fais comme bon te semble, mais tu portes la responsabilité de cette action. Je t'autorise à emmener Sigmund von Wädenswill, c'est un vieil Inquisiteur expérimenté qui ne se laissera pas berner. Je te mets toutefois en garde – ne t'inquiète pas, je réitérerai mes recommandations dans un papier officiel dont j'adresserai une copie à la hiérarchie – contre le jeune Comte. Il n'est pas un soutien de l'Inquisition, loin de là. As-tu réfléchi à l'intérêt qu'il avait dans cette histoire ? S'il s'agit uniquement de charité, méfie-toi.

Elle ne pouvait lui avouer l'inavouable pacte secret entre Sébastien Garin et Europe Eléanora-Sun – ce qui heureusement ne figurait dans aucun dossier au Vatican. La copie à la hiérarchie, c'était bien entendu une forme subtile – aussi subtile que celle de l'évêque de Metz, à savoir tout le contraire – de protestation. Ce qui restait à Cassandra, c'était la forme.

Les mois à venir seraient grandioses.
Cassandra s'en faisait déjà une joie.
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