The Witch Slay
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 Exodus 12:29 (#19)

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Anaël
Ange déchu
Ange déchu
Anaël


Exodus 12:29 (#19) Vide
MessageSujet: Exodus 12:29 (#19)   Exodus 12:29 (#19) Icon_minitimeDim 1 Juil 2012 - 0:03

Exodus 12:29 (#19) Exodus11

Le ciel n'avait plus laissé passer un seul rayon de lune depuis l'orage qui avait détrempé des heures durant les habitants du château de Frauenberg rassemblés dans les Somptueux Jardins suite au passage cataclysmique d'Europe Eleanora-Sun. La seule clarté qui avait illuminé le parvis présentement arpenté par cent hommes et femmes fut la condamnation divine qui était tombée sur les dirigeants des deux tribus de sorcières après leur combat apocalyptique. Le ciel semblait avoir renoncé à scruter ces âmes insauvables, les laissant à la merci d’Anaël.

Du haut du clocher de l’église de Zetting, où se rassemblaient à présent les habitants de Forbach à l’heure du rendez-vous fixé bien des mois plus tôt, l’ange de pierre avait tout vu. Son masque de marbre n’avait jamais laissé pointer un seul sourire, pas un seul rictus, ni une seule larme. Impassible juge du Très Haut venu des tréfonds, Anaël avait tout observé : la course au Livre des Anges qui l’avait invoqué bien des décennies auparavant dans le but de le révoquer, ce livre caché dans la sacristie, juste là, sous lui, sans un frisson. L’incroyablement sanglante Messe de Minuit au cours de laquelle l’envoûtement du Lys Noir avait mené les inquisiteurs à s’entre-tuer à coups de pistolets, de dagues et de pieux, avant que leurs prières ne retourne le sort contre les sorcières… mais de la mauvaise tribu, les forçant au suicide, juste là dans la nef, à quelques mètres de lui, sans une émotion. Et enfin, ce combat de titans qui avait opposé les sorcières avec pour héros un esprit séculaire des mondes célestes possédant Europe et la Comtesse Loewenstein ressuscitée, juste là, devant ses yeux gris, sans un souffle.

Anaël avait tout observé, l’ange avait jugé. Toutes les prouesses avait été appréciées à leur juste valeur. La nef était incroyablement sombre en cette nuit de solstice. Les stigmatisés ne s’en plaindraient pas. Le plus long jour de l’année à Forbach ressemblait à la plus lente agonie. Tous étaient plongés dans une inquiétude non dissimulable. L’ange avait promis de partir si les miracles attendus avaient été opérés. Mais il avait promis des sanctions contre les stigmatisés si tel n’était pas le cas. Dans tous les esprits un tropisme bipolaire tiraillait les consciences : si vaincre le dieu de la Discorde par la prière, invoquer un esprit divin et redonner vie à une défunte n’étaient pas des miracles… Mais pareils massacres pouvaient-ils être nommés miracles ?

Tous étaient entrés et assis dans l’église, grande et majestueuse telle que Lorenzo Maestriani l’avait faite refaire sur les conseils d’Anaël alors encore prisonnier du miroir enchanté, lorsque les grandes portes se refermèrent sans action ni humaine ni mécanique. Le silence régnait. Tous guettaient les chandelles habituellement premières annonciatrices d’évènements surnaturels.


« Mes enfants »

Le nouveau prêtre officiant à Forbach, son prédécesseur ayant été plombé ici même dans cette même position quelques mois auparavant, se mit en tête de faire un discours que nul ne voulait entendre pour rassurer ses confrères, mais le stigmate qui trônait comme une cruelle cicatrice sur son front ne le laissait pas indifférent à la peur ambiante. Il regarda avec douleur une mère et son tout jeune fils dans ses bras, tous les deux marqués.

« N’ayez pas peur… Si Dieu a envoyé ce messager, même du fond de ténèbres ineffables, c’est qu’il est… »

Un souffle cristallin venu du fond du chœur, probablement descendu du clocher et expiré par l’esprit séraphique, glaça le dos du prêtre puis le visage de tous les fidèles. Le prêtre mobilisa tout son courage et resta devant l’autel, debout, malgré ses jambes tremblantes. La voix de l’ange résonna alors, venu de toutes les directions, d’une tonalité fantastique, ni grave ni aigue, comme un murmure.

« Hommes et femmes de Forbach,
Je salue votre courage de venir ce soir remettre vos destins entre mes mains… Votre année fut incroyablement longue et difficile. Le défi que je vous ai lancé n’était pas des moindres… Surtout pour vous, porteurs de mon sceau sans pitié…


À l’instar de tous les stigmates, la cicatrice du prêtre se mit à luire d’un éclat pâle et doré, de plus en plus puissant.

« Vous avez lutté pour vos vies, vous avez lutté pour votre liberté, vous avez lutté pour l’honneur, celui de votre tribu. Vous vous présentez à moi ce soir le cœur plein d’espoir, je le vois. Vous m’apportez vos vies, vous m’apportez vos destins. Je lis dans vos yeux toute votre foi, toute votre haine. Je vois dans vos mains l’innocence parfois, le sang souvent. Dans tout ce que vous m’offrez ce soir je compte les violences, les sentiments, les forces et les faiblesses les plus humaines. Mais dans tout ce que vous m’offrez ce soir, je ne vois aucun miracle.

Les stigmates brillèrent plus encore, semblant sur le point de s’embraser, le prêtre ne put retenir un cri de douleur et d’effroi largement partagé dans l’assemblée.

« Vous avez accompli des choses incroyables, et le ciel lui-même fut ébahi et effrayé à maintes reprises, mais vous n’avez guère su m’offrir les miracles que je vous demandais. Je vous demandais de prouver la hauteur de votre tribu, sa valeur la plus honorable. Nul d’entre vous n’en a été capable. Vous n’avez fait montre que de puissance et de cruauté. Vous avez cru que car Dieu fut le premier auteur de prodiges vous devriez vous mesurer à lui, mais c’est oublier que les miracles les plus notables furent accomplis par des messies, des prophètes et des hommes comme vous.

Je me vois à présent dans l’obligation d’exécuter la sanction que je vous avais promise.


Les stigmates vrombissaient et le prêtre semblait en transe, ses lèvres tremblotantes formulant mille prières à la Vierge et au Christ pour épargner les mères et leurs enfants.
Mais l’Ange continua.


« Il y a des millénaires, une élite cupide refusa de rendre sa liberté à un peuple opprimé, la réponse par la main du Seigneur fut sept plaies qui s’abattirent sur l’élite avec une impitoyable cruauté. Mais des sauterelles aux pluies de feu, la pire des malédictions fut lorsque le Très Haut nous envoya nous ses anges cueillir les âmes des enfants de l’élite cupide.
Aujourd’hui, c’est vous qui m’empêchez d’être libre, et l’histoire, immanquablement, doit se répéter.

Cependant, car il me faut encore rejoindre le Très Haut et que vous êtes ma seule issue, je n’ai d’autre choix que de vous laisser une seconde chance.
Ce soir, je ne prendrai pas la vie des plus jeunes.
Mais pour que vous ne sous-estimiez plus ni mon pouvoir ni l’importance de cette quête, à l’inverse, je n’épargnerai qu’eux et j’exécuterai tous les autres hommes et toutes les autres femmes plus âgés marqués de mon sceau.


Le corps du prêtre suivi par celui de la mère, puis de celui tout proche du chef de l’inquisition, Sarah Geisler, puis de celui de la favortie du Lys Noir Willelmina restée en arrière, puis de ceux des sages de la tribu d’Olrun, Isaline et Isorine Silberholz, puis de tous les stigmatisés que l’ange avait jugé trop âgés pour vivre, des dizaines d’hommes et de femmes, furent soulevés du sol par une force invisible qui semblait s’accrocher à leur poitrine. La lumière du stigmate s’étendit progressivement à leurs yeux, puis à chaque pore de leur peau iridescente de reflets ambrés.

« Puisse ce sacrifice vous convaincre de vous rendre plus digne du Créateur et de votre condition, non comme demi-dieux mais comme Hommes. Prouvez-moi que cette Terre est vôtre avant que j’en ai exécuté jusqu’à la dernière âme palpitante, car croyez bien que je ne m’arrêterai qu’une fois mon plus ultime but atteint. »

La lumière qui semblait embraser les corps des stigmatisés s’évapora violemment hors de leurs enveloppes charnelles comme des corps astraux qui suivirent tous le même chemin, remontant le souffle de l’ange jusqu’au sommet du clocher dans une traînée d’or et de lumière. Les corps, s’effondrèrent lourdement. Les yeux clos du prêtre fixant ceux écarquillés du jeune orphelin qui venait de perdre sa mère sans pouvoir lui dire adieu.
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Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
Conseiller de la Suprema
Sébastien Garin


Exodus 12:29 (#19) Vide
MessageSujet: Re: Exodus 12:29 (#19)   Exodus 12:29 (#19) Icon_minitimeDim 1 Juil 2012 - 0:23

Lorsque son corps fut soulevé du sol, Sarah se sentit soulagée. Elle était soulagée de son poids, et bientôt soulagée de sa vie. Son stigmate s’embrasa et ce ne fut pas un cri de douleur qui s’échappa de sa poitrine courbée. Ce fut un soupire. Ces derniers mois avaient été si durs, chaque mouvement, chaque murmure, chaque éclat, tout était bruyant, tout était éblouissant, tout était douloureux. Elle avait passé les dernières semaines alitées. Il fallait bien avouer que son moral ne l’avait pas soutenue dans cette sombre passe. L’inquisition avait perdu un effectif impressionnant lors de la Messe de Minuit, par la suite ils avaient échoué à capturer Europe, et puis il y avait eu cette restructuration imposée par le Vatican, enfin il y avait eu ce combat de démons sur le parvis. Les inquisiteurs les plus fougueux avaient voulu profiter du rassemblement pour capturer les sorcières, comme en 1629, comme en 1641, mais Sarah du fond de son lit avait entendu les déflagrations et avait ordonné le repli de toutes les troupes. Il ne s’agissait pas d’un combat de mortels.

Aujourd’hui Sarah allait être libérée de sa condition misérable et elle en ressentait un grand soulagement. Mais elle allait aussi être libérée de sa condition de chef de l’inquisition, et à cette pensée elle fut en un sens soulagée également : plus besoin de se cacher, plus besoin de poursuivre un but opaque, fini le fanatisme, mais elle en était aussi inquiète, qui lui succèderait ? A en croire les choix du Vatican, Cassandra de Saint-Loup. Saurait-elle porter une institution aussi puissante, sans sombrer dans l’orgueil et autres affres du pouvoir ? Sarah l’espérait, Cassandra était sage. Enfin, Sarah serait ce soir libérée de sa condition de mère. Et ses lèvres, alors qu’elle était transie par la force de l’ange, n’articulèrent aucune autre prière que celle adressée à son fils, prière muette.

À l’instant où son âme quittait son corps, Sarah ne revit pas sa propre vie défiler devant elle. Il lui été arrivé tant de choses, tant de malheurs, tant de bonheurs, un résumé n’aurait pas été possible. Elle revit cependant une image, courte, lumineuse, puissante, de chaque instant qui avait marqué à ses yeux l’évolution de son fils. De ses premiers pas dans le salon à ses premiers pas dans l’inquisition. Qu’il avait changé. Elle ne s’en était jamais rendue compte. Pas à ce point. Il était devenu un homme. Sarah eut un pincement au cœur. Les hommes avaient mal agi avec elle par le passé. Elle savait que David aimait à marcher sur le fil. Mais elle savait aussi qu’elle l’avait élevé dans certaines valeurs fondamentales qui ne le laisseraient jamais finir comme un vaurien. Pourtant David avait fait le mal. Elle repensait aux interrogatoires sous la pluie à Frauenberg. Peut-être les hommes qui lui avaient fait du mal étaient-ils comme lui, simplement perdus. Peut-être leurs mères priaient pareillement pour leur salut avec une foi sans égale. Car ils étaient produits de leur sein et que leur sein était bon.

C’est ainsi qu’à l’heure de dire adieu à un monde qu’elle avait souvent détesté pour ses occupants, elle réussit grâce au souvenir absolu de son fils à pardonner aux hommes et à s’élever vers l’ange qui dévorerait son âme, elle le savait. Puisse alors Forbach vaincre l’émissaire et le laisser recracher leurs esprits aux pieds des saints. Elle, si pieuse, ayant lutté contre les démons, ayant cédé à l’ange, n’espéra alors plus qu’une dernière chose. Que l’attente du ciel ne fut pas l’éternel supplice...
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Louisa Zimmerman
Baron(ne)
 Baron(ne)
Louisa Zimmerman


Exodus 12:29 (#19) Vide
MessageSujet: Re: Exodus 12:29 (#19)   Exodus 12:29 (#19) Icon_minitimeLun 3 Sep 2012 - 17:24

*Nuit du 30 juin 1646*


Toute la famille Zimmerman était présente dans l’Eglise en cette nuit fatidique.
Ils occupaient quatre places sur l’un des bancs de bois dans le haut de l’allée sur la droite. Les enfants les plus âgés étaient chacun protégés par le rempart de chair de l’un de leurs parents. Ils étaient aussi propres et élégants que l’on l’attendait d’eux. Toujours dignes représentants de la petite bourgeoisie de la région. Ils étaient avant tout, la preuve vivante de vingt années, de lutte acharnée contre la malchance, le destin.
Nul ne pouvait manquer la ressemblance physique entre la jeune stigmatisée de seize ans et son père. Ils avaient les mêmes yeux. D’aucun pourrait relever l’élégance avec laquelle Dimitri se maintenant. Il venait des terres blanches scandinaves et la noblesse coulait en lui. Un même silence teinte d’angoisse entourait cette famille nucléaire depuis tout ce temps accrochée à Forbach. Une fois encore condamnée à subir la colère des puissances.


Aux côtés de Romain, avec leurs enfant, Louisa avait apprit à vivre chaque jour comme un cadeau. Cela plus encore depuis la naissance des jumeaux. C’était cet amour qui l’avait porté au cours de la révolution terrestre qui venait de s’écouler. L’année avait été rude, parcourue, par de trop nombreuses révélations, dont la force avait manqué de détruire les fondations de cette simple vie. Mais ils étaient là ce soir, ensemble, devant Anaël.


Louisa n’avait d’yeux que pour son enfant Anna, sa fille, première à être sortie de ses entrailles. Elle étudiait son profil, gravant à jamais l’image que lui offrait cette vue. Si gracile et si belle à l’aube de la vie adulte, cette enfant ne mesurait pas encore, à quel point elle était charismatique. Elle avait ce calme plein de charme qui avait si vite séduit la jeune couturière lorsque celle-ci avait rencontré Romain. La lueur aux reflets dorée ajoutait une pointe supplémentaire de spiritisme. Les doigts longs et agiles se refermaient sur le ventre du petit David.


Il n’y avait pas de haine dans le cœur de Lou. Il n’y avait pas d’amour non plus. Pas pour cet ange de malheur. A certains égards il était encore plus affreux que l’Agent du Diable. Elle ne voulait pas l’aimer, le glorifier. Si la vie de sa fille n’avait pas été en jeu elle ne l’aurait pas craint non plus.


… Mais dans tout ce que vous m’offrez ce soir, je ne vois aucun miracle. …



Je me vois à présent dans l’obligation d’exécuter la sanction que je vous avais promise.


« Romain… »


La baronne maintenait son bébé contre son sein tout en resserrant son corps contre celui des deux plus grands. Elle ne voulait pas entendre l’Ange. La peur mangeait son ventre, son esprit. Il ne pouvait en être ainsi. Anna n’avait jamais rien fait de mal. Aucun enfin ne méritait de mourir pour les erreurs de leurs parents. Aucun ! Les lèvres carmin de la métisse ne trouvaient point de prière, mais une promesse, susurrée avec véhémence.


« Ne me la prends pas. Où par les saints je jure de te détruire du ais-je passé un pacte avec les Enfers. »


Ainsi l’Agent avait vue juste. Malgré tout ses efforts durant l’année. Malgré tout, la fileuse était prête à pactiser, avec le Mal.


Lorsque la sentence tombait sur eux le cœur maternel s’arrêtait brutalement. Son imagination, s’était-elle substituée à la réalité, pour lui épargner la douleur ? Les pupilles noires ne quittaient pas la lueur frontale de l’enfant. Anna respirait toujours. Des corps, de personnes dont Louisa ne se souciait pas, commençaient à l’éviter pour aller vers le plafond de la bâtisse religieuse.


Le cœur osait un infime soubresaut d’espoir. Puis un autre. Un autre. Encore.


Anna était sauve. Des cris s’élevaient de part et d’autres de la salle. Mais qu’importe. Anna était sauve. Les cadavres s’amoncelaient sur le planchée de l’Eglise. Mais qu’importe. Anna était sauve. Anna était sauve…


Louisa l’attrapait de son bras libre pour la ramener à elle. Le bras de la quarantenaire était fort. Vigoureux. Il était un crochet à cette jeune vie épargnée.


« Mon bébé. »


Mère et fille était liées. Louisa ne bougeait plus, s’abreuvant de la tiédeur du petit corps chaud de David et de l’odeur des cheveux d’Anna. D’un regard elle encourageait Dimitri et Romain à venir auprès d’elle. Ils étaient en vie. Ils avaient gagné un répit.



Qu’importe le reste... car Anna était sauve.
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Isaline Silberholz
Sage
Sage
Isaline Silberholz


Exodus 12:29 (#19) Vide
MessageSujet: Re: Exodus 12:29 (#19)   Exodus 12:29 (#19) Icon_minitimeDim 23 Sep 2012 - 13:45

« Tu boites comme une truie mutilée »

Il faut dire qu’elle s’était pris un coup de lame dans le jambon…

« Et moi j’ai formidablement mal aux fesses »

Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle si elle s’était assise sur les ronces qu’elle avait faites pousser par erreur pensant se confectionner un siège de lierre.

« Je sais même pas comment je vais faire pour m’assoir » conclut Isaline qui tenait un gros coussin plein de plumes d’oies dans une main et se tenait le séant de l’autre en claudiquant à peine mieux que sa jumelle sénescente.

Loin de se douter de ce qui allait se passer cette nuit, les sœurs Silberholtz étaient fidèles à elles-mêmes. Elles se trainèrent jusqu’aux premiers bancs, arrivées assez tôt en vérité. Non pas qu’elles eussent été réceptives au charme certain du nouveau prêtre, mais elles préféraient piquer les meilleures places aux jouvencelles qui auraient pu l’être. Elles étaient là pour le recueillement et la prière non ?!

Ainsi arrivées plus tôt, les grands-mères restaient constamment retournées vers l’entrée pour scruter et mépriser chaque nouveau groupe d’arrivants. Le plus consternant fut probablement l’arrivée en fin des groupes de sorcières, du Lys comme d’Olrun, le discours des vieilles était souvent le même :


« OH ! ELLE EST ENCORE EN VIE CELLE-LA ?!! »

Et Isorine de renchérir :

« Eh, regarde Isa, ce pleutre est borgne désormais, ça lui fera les dents ! Ah bah non plus tiens, il en a plus !!! »

Une femme stigmatisée avec son enfant les regardait de biais d’un air détaché et réprobateur.

Le prêtre commença à officier. Les sœurs ronflaient. La mère ne put se retenir davantage et s’adressa à elles. Comment pouvaient-elles ?! Si elles n’étaient respectueuses des gens, ou du prêtre, qu’elles le soient au moins de Dieu en sa maison ! Les deux mégères lui répondirent d’un même ton faussement outré :


« Chuuut… »

Complètement désarmée la femme se tut et les ignora. Mais naquit en son esprit une pensée qui ne l’avait jamais frappée alors que le malheur avait par la force des hommes asséné mille cruautés à sa famille. Ces deux femmes étaient méchantes. Comment autrement pourraient-elles être aussi incroyablement antipathiques et incapables d’empathie ? Mais comment deux femmes avec pourtant un cœur et des sentiments pouvaient n’avoir aucun amour pour rien ni personne ? Etaient-elles si vieilles, avaient-elles tant perdu au point de ne plus rien aimer ? Mais alors qu’est-ce qui les retenait en vie ?

L’Ange arriva. L’Ange parla et condamna. Les sœurs Silberholz ne riaient plus. Elles avaient suffisamment vécu pour savoir que lorsque le pire guettait, il s’abattait toujours et la seule question persistant était alors celle des proies. Et ce soir, elles le savaient, c’était marqué sur leur front brûlant de l’éclat doré de la mort, c’était elles les proies. Isaline n’osa regarder Isorine jusqu’à ce que leurs corps à toutes deux ne s’élèvent.

En ce peu de temps qui leur restait, elle trouva dans l’humide surface miroitante des iris de sa sœur le reflet de toute sa vie. Leurs parents, leur enfance, l’amour et la mort. Elle fut submergée par mille regrets, mille remords, mille remerciements, mille gratitudes. De lourdes larmes perlèrent dans les rivières que le temps avait semblait-il creusé à cet effet. Mais la pensée finale, la tristesse ultime, la joie absolue, elle la retrouvait hors de toute abstraction, dans cette vision au premier degré : son reflet dans les yeux de sa sœur.

Délicatement, à n’en pas croire ses yeux, les deux sœurs se prirent les mains plusieurs mètres au-dessus du sol.

La femme dont l’enfant était resté au sol, lévitant, paniquée à leur côté, les vit et expira alors toute son appréhension. Non, elle ne s’était donc pas fourvoyée toute une vie. Non elle n’avait pas élevé son fils dans les mauvaises valeurs. L’amour était absolu, et même pour ces deux harpies, même si elles n’avait aucune sympathie pour les êtres extérieurs et que c’en était condamnable, elles avaient simplement tourné tout leur amour et tout leur cœur vers un être : leur sœur jumelle, et c’en était admirable…


« Tête… de momie… tu brilles… »

Les yeux rouges d’Isaline n’en finissaient plus de pleuvoir. Mains dans les mains, elle observa une dernière fois et mourut sur ces mots qu’elle ne finirait jamais, ou plutôt, pas seule…

« JE T’… »

Son corps court mais massif se décharna en une tempête de braises lumineuses qui suivirent la voie de l’ange à l’instar de sa sœur.

Les sœurs Silberholtz étaient réunies à jamais, HORS DE L’HUMANITE ET SA REPUGNANTE HIDEUR !!!
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
Inquisiteur Général
Cassandra de Saint-Loup


Exodus 12:29 (#19) Vide
MessageSujet: Re: Exodus 12:29 (#19)   Exodus 12:29 (#19) Icon_minitimeMar 9 Oct 2012 - 23:53

Comme Cassandra avait prié, ces derniers jours ! La peur la tenaillait, tandis que l’angoisse l’empêchait de dormir. Jamais la fière veuve n’avait connut une telle terreur. Ce n’était pas un sentiment qu’elle parvenait à garder sous contrôle, pas alors que sa fille, que son plus précieux trésor, était en danger de mort. Viviane avait tout tenté pour la marque sans parvenir à des améliorations, tandis que Cassandra redoublait de dévotion et suppliait l’âme d’Amaël d’intercéder en leur faveur, ne serait-ce que pour le salut de sa fille.

La Veuve aurait volontiers donné sa vie pour que son enfant puisse vivre librement, loin des menaces de l’ange – qu’elle se refusait à appeler « ange » depuis l’usurpation sans nom de l’Oracle, qui prouvait que les choses ne sont pas souvent ce qu’elles semblent être. Mais le jour fatidique avait fini par arriver. Rassemblant tout son courage, la Veuve s’était habillée aussi sobrement qu’à l’habitude, rejoint sa sœur et sa fille dans le hall d’entrée avant de se rendre avec elles à l’Église. Tremblait-elle parce qu’il faisait froid, ou parce qu’elle se consumait d’angoisse ? Elle serrait la main de Narcissa dans la sienne à lui faire mal, comme si ce simple fait pouvait l’empêcher de partir et de se laisser emporter par les menaces du soi-disant « ange ».

Dans l’Eglise, Cassandra prit la place qui lui revenait aux côtés de Sarah Geisler et de son fils, qui était anormalement pâle, mais qu’elle ne salua pas. La Veuve regarda autour d’elle. Tous les visages qui l’entouraient étaient des masques d’effroi et d’épouvante. Nulle joie, nulle célébration pour ce qui aurait pu être le couronnement d’une année d’efforts. Au contraire, seule la peur, véritable maîtresse des lieux, était présente dans l’Église, pas les habitants de Forbach. Le désespoir atteignait Cassandra elle-même : n’y aurait-il pas de pitié ni de compassion dans le cœur du Très-Haut ? Qui oserait se dresser face à Anaël et révoquer ses défis maléfiques ? Elle refusait de croire qu’à l’heure de vérité, le Seigneur les ait abandonnés.

Quand Anaël parla, ce fut pour les condamner. Cassandra ressentit profondément l’injustice de son accusation : il ne parlait que des tribus, comme si Forbach n’avait compté que des sorciers et des sorcières, alors qu’inquisiteurs et habitants avaient leur part d’existence et de lumière. Qu’ils portent les fautes commises par les engeances sataniques de Forbach révolta la Veuve. Eût-elle moins tremblé pour la vie de Narcissa qu’elle aurait tenté quelque chose. Mais la sentence tomba, comme un couperet, et le sang de la Veuve se glaça. Les plaies d’Égypte… plût au ciel que Forbach ne connaisse pas la même douleur. Tout mais pas ça !

Prenez-moi à sa place

Tel était son souhait. Narcissa compterait-elle parmi les aînés ? Non, ce n’était qu’une enfant ! Elle avait fleuri, mais elle n’était pas parmi les sages pour autant ! Cassandra n’avait de yeux que pour sa fille, dont elle tenait les épaules. Elle ne remarqua pas que le petit Geisler tenait sa main. Par contre, elle croisa le regard de Sarah Geisler.

Et soudain, avec une acuité inattendue, Cassandra comprit que son amie allait mourir. Alors que sa fille était hors de danger, Sarah subissait de plein fouet les sanctions d’Anaël. Ce regard échangé fut le seul adieu qu’elle fit à son amie. Déjà, son âme mordorée s’élevait, tandis que son corps retombait légèrement, presque gracieusement, comme une plume, comme la femme qu’elle était et que le monde ne connaîtrait jamais.

Il fallut un long moment à Cassandra pour comprendre que le cri déchiré qu’elle entendait provenait de la gorge de David Geisler. Il lui en fallut un autre pour comprendre que la vie avait définitivement quitté le corps de son amie, et qu’elle ne lui parlerait plus jamais. Quand elle osa enfin lâcher Narcissa, la Veuve se dirigea vers le corps que David, à genoux, serrait convulsivement contre lui. Tendrement, malgré le chagrin sans nom qui bloquait sa gorge, elle ferma les yeux de Sarah Geisler.

Puis, en se relevant, elle réalisa que le visage de son amie était serein. Fermant les yeux pour retenir les larmes qui menaçaient de couler, la Veuve songea que si son amie avait pu se libérer de ses démons avant de passer, son âme n’avait pu que s’envoler vers le Paradis. Elle serra longuement sa fille contre elle, puis Viviane, puis les deux ensemble.

Merci pour Narcissa.
Merci.
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Exodus 12:29 (#19) Vide
MessageSujet: Re: Exodus 12:29 (#19)   Exodus 12:29 (#19) Icon_minitime

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