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 Négociations

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Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


Négociations Vide
MessageSujet: Négociations   Négociations Icon_minitimeMar 18 Sep 2012 - 1:16

Viviane avait décidé de prendre les choses en main depuis la lettre de Louisa et la destitution d'Europe. Devenue Grande Prêtresse, il était désormais de son rôle de faire avancer les choses. Il n'était pas question pour elle de se laisser aller à l'immobilisme et la peur comme Europe l'avait fait près vingt ans plus tôt. Tout comme l'ancienne Grande Prêtresse, Noâz avait perdu ses pouvoirs lors de l'affrontement sur le parvis, et il y avait fort à parier qu'il avait été destitué lui aussi. Que pouvait un Meneur sans pouvoir dans une tribu telle que le Lys Noir ?

C'est donc dans cette état d'esprit, tentant d'oublier ses rancœurs passées que Viviane avait repris contact avec Antoine. La première lettre avait été difficile à écrire, et la nouvelle Grande Prêtresse s'y était reprise à plusieurs fois avant d'arriver à un résultat correct. Devait-elle avant tout s'adresser à Antoine Vaudremont, son ami d'enfance ? Ou alors au Prêtre du Lys Noir ? Était-il mieux encore de faire allusion à ce qui s'était passé l'an dernier, lorsqu'elle s'était réfugiée chez lui après avoir « pris soin du problème Hélion » ? Finalement, après maints essais, elle avait obtenu ceci :

Citation :
Mon cher Antoine,

Voilà longtemps que je n'ai plus eu de tes nouvelles, le temps est passé si vite, je ne l'ai pas vu filer. C'est peut-être de ma faute si nous sommes restés si loin l'un de l'autre ces derniers mois, alors que nous avions tant à partager, tant à découvrir l'un de l'autre.

Cassandra et Narcissa sont revenues à Forbach, définitivement cette fois. Je ne peux te dire à quel point le présence me fait du bien. Le simple fait de ne plus vivre seule mais d'être entourée d'elles, de ne pas avoir à moi seule la charge de la maison, partager ces contraintes avec Cassandra, représente tellement à mes yeux. Les veillées au coin du feu et toutes les discussions que nous avons sont autant de réconfort pour moi que nos conversations l'an dernier.

J'aimerais avoir l'occasion de discuter avec toi, comme nous le faisions autrefois, que nous reconstruisions le monde à notre façon, que nous tentions d'apporter des réponses à toutes les questions qui nous taraudaient et nous taraudent toujours. Je serais réellement ravie que nous puissions aller nous promener dans les bois comme il nous est arrivé de le faire.

À bientôt, j'espère, mon bon ami

Viviane

Mettre en avant leur amitié d'autrefois lui avait finalement semblé la meilleure solution et elle avait probablement eu raison. Quelques jours plus tard, elle avait reçu une réponse d'Antoine, ils se reverraient. Viviane ne savait pas trop ce qu'il allait ressortir de cette conversation mais l'espoir d'un avenir meilleur, la mise hors d'état de nuire d'Europe étaient autant de raisons de penser que tout irait bien. Antoine était absolu dans ses idéaux, il le lui avait prouvé maintes fois, mais il était un homme profondément bon et juste, il ne pourrait fermer la porte aux propositions qu'elle lui ferait.

Le jour du rendez-vous, Viviane mit longtemps à se préparer, ne sachant trop quels vêtements convenaient le mieux pour ce genre de rencontre. Après bien des hésitations, elle finit par opter pour une robe de saison, parée d'ornements simple. Pardessus, elle mit une cape, sachant que les bois pouvaient être frais en cette fin d'été. Puis, elle se chaussa de bottes, déjà passablement crottées par l'usage, qui ne seraient pas gâchés par la boue qui ne quittait pas les chemins. Lorsqu'enfin elle fut fin prête, elle embrassa sa sœur et sa nièce et partit en direction de la rivière, là où ils s'étaient donnés rendez-vous, à l'abri des oreilles indiscrètes et des regards malveillants.

Comme d'habitude, elle fut un peu en avance au point de ralliement, cette manie qu'elle avait de toujours calculer les pires retards. Le soleil n'était pas encore tout à fait couché et les ombres de la fin de l'été dessinaient des silhouette fantomatiques tout autour d'elle. Nulle peur pourtant ne l'étreignit, ici, dans la nature, près des arbres et de l'eau, elle était dans son élément, chez elle pour ainsi dire.

La Grande Prêtresse entendit Antoine arriver bien avant qu'elle ne le vit, il avait toujours ce pas lourd des hommes travailleurs. Sa silhouette se distingua peu à peu sur le chemin et Viviane sentit dans son estomac un étrange pincement qu'elle n'avait plus ressenti depuis bien longtemps. La vue du Prêtre du Lys Noir la laissa pantoise, et pendant quelques secondes, elle en perdit ses mots. Il n'avait rien perdu de l'étrange aura de force brute qu'il dégageait autrefois, plus encore, l'année qui venait de s'écouler avait laissé sur son visage des stigmates qui n'étaient pour déplaire à son amie. Perdue dans ses pensée, elle mit quelques secondes à le saluer.

« Bonsoir Antoine, je suis contente que tu sois là. »

De ce ton bourru qui le caractérisait parfois, Antoine lui répondit et lui demanda un peu brutalement ce qu'elle lui voulait. Viviane ne s'attendait pas à une telle réaction, tant de la part de son ancien ami que de son corps. Elle ressentit une violente bourrasque de désir comme elle n'en n'avait plus eu depuis ses jeunes années.

« Rien ne t'obligeait à venir mais maintenant que tu es là, il serait stupide d'en rester là. Viens, allons nous promener, nous avons des choses à nous dire. »

Sans lui laisser vraiment le choix, elle partit sur le chemin qui longeait le ruisseau, enchantée de voir qu'il l'avait suivie.

« Bien, je ne vais pas prendre de gants, il n'est plus temps pour les politesses, ni pour les disputes d'ailleurs, il est temps d'agir. Noâz et Europe ne peuvent plus rien pour nous, agissons ! Je te propose la paix Antoine. Cessons cette guerre entre le Lys et la Tribu d'Olrun, elle n'a que trop duré, trop fait de dégâts. Tant de familles ont été déchirées, tant des nôtres ont souffert, il est plus que temps de mettre un terme à tout cela. »

Consciente que ce serait bien plus difficile que de décréter simplement la paix, obtenir un accord de principe serait déjà une grande victoire. Taisant son nouveau rôle au sein de la Tribu, et surtout la récupération qui avait été faite des quatre grimoires, Viviane était consciente de cacher une partie de la vérité à son interlocuteur, mais il serait toujours temps plus tard d'aborder ces sujets plus délicats.

« Qu'en dis-tu Antoine ? Tu penses que le Meneur du Lys serait prêt à écouter mes propositions ? »
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Antoine Vaudremont
Meneur
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Antoine Vaudremont


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MessageSujet: Re: Négociations   Négociations Icon_minitimeSam 22 Sep 2012 - 13:49

Antoine doutait. Il doutait plus que jamais et ne trouvait plus de réponse à ses prières d’autant qu’il n’arrivait plus à prier. Lui, fervent pratiquant des arts occultes ne parvenait plus à trouver la force et l’envie pour le moindre rituel, le moindre sortilège, la moindre oraison. Son cœur était trop vide… Il avait bien combattu les sorcières d’Olrun, mais moins pour la cause de sa tribu que pour la protection des apprenties.

Tout avait commencé avec ce lien tumultueux qui le liait à Viviane. Ses sentiments à son propos étaient devenus subtiles et sournois. Il ne trouvait pas de mots pour l’expliquer or Antoine avait besoin que ses affaires soient rangées, il en était donc plutôt soucieux et inquiet. D’autant qu’il n’avait pas l’habitude de se poser ce genre de questions. C’est vrai après tout ! Viviane était une femme admirable et qu’il admirait donc légitimement. Ils se connaissaient depuis à présent quelques temps et il était normal qu’une intimité se soit créée. Pour autant, si Antoine n’osait penser à un nom noble grand et chaud pour qualifier le genre d’émotion qu’évoquait le nom de la dame, il était pour le moins certain qu’il ne s’agissait pas d’amitié, plus d’amitié, plus que de l’amitié… Mais alors ?

Ce phénomène d’hésitation nubile lui semblait indigne de lui. Comment se faisait-il qu’il ne puisse s’avouer ce qui paraissait évident ? Si tant est que cela paraissait évident… Car si l’amour – la première fois que le mot fut lâché par son esprit le Prêtre du Lys en sursauta – rendait généralement les jeunes gens heureux et niais par une ivresse sans nectar et donc sans fruits ni racines, Antoine n’en était pas là : l’esprit préoccupé, le teint gris, la barbe mal taillée, et les yeux tristes. Etait-ce parce qu’il n’était plus jeune désormais ? On pouvait lire dans ses rides du lion tout l’affrontement tiraillant qui le plongeait dans pareil état. L’allégeance au Lys Noir. C’était aussi bête que ça. Un simple complexe de Roméo. Aimer un ennemi revenait-il à aimer l’ennemi ? Et il y avait l’ombre de ce tyran en puissance, de ce jeune rapace à l’œil cruel guettant chaque mauvais pas du vieux loup pour l’évincer de sa forêt.

Antoine était finalement parvenu à conserver une sorte d’équilibre mental en posant toute sa conscience sur l’apex de l’aporie : en philosophie, sans solution il n’y a pas de problème. Autrement dit, Antoine prenait son mal en patience. Il n’aimait pas Viviane, pas encore. Le vase en était à cet état de réplétion où de profil on pouvait voir l’eau dépasser légèrement le niveau de son bord, sans se renverser, un équilibre alchimique précaire et surnaturel.

Ensuite, Océane mourut. Antoine en fut foudroyé. Il s’exila dans la Forêt. Acheta aux dieux des indulgences avec des perles lacrymales d’une pureté bouleversante. Il sen revint à Forbach les yeux rougis pour des semaines, le cœur sec pour des mois, l’âme seule pour toujours. Et quelle ne fut pas sa déception de voir Noâz fomenter la résurrection de sa mère dans son dos, à l’aide d’Apolline. Cette même jeune femme qui avait soupçonné l’étrangeté de la disparition d‘Océane et qui avait donc découvert la première le visage éternel de sa protégée. S’était alors joué un transfert dont Antoine ne comprenait que peu de choses et dont il n’était pas certain de la sanité morale. Comme irradiée par l’aura sacrée de cette image froide et éternelle, comme marquée par l’empreinte spirituelle et mortuaire, comme liée à Océane par cette intuition et ce regard grand et fin, Apolline était devenue rapidement, en une annonce prélude du deuil, familière à Antoine. Une métempsychose dont il ne savait rien. Une réincarnation hallucinatoire que son esprit créait pour le protéger du pire, d’une réalité nihiliste dont l’aspiration sans fin emportait un à un ses sentiments.

Et c’est bien Apolline qui creusa son tombeau. Alors qu’il la voyait là, directrice du cercle d’invocation. Elle avait mis son don au service d’une cause insensée. Et elle le convint, lui, le Prêtre conservateur, à accepter de donner la clef de cette boîte de Pandore. Le Mal toucha les hommes. Ce serpent de Noâz avait vampirisé Apolline qui avait alors mis le couteau sous la gorge d’Antoine pour qu’il avale son quartier du fruit de la haine. Sombre bible qui se jouait au Lys Noir. Que sa tribu l’avait déçu…

Antoine avait fait ses bagages. Il comptait partir au plus loin de cette vie. Peut-être rejoindre Océane. Mais il laisserait le doute planer en prétendant une désertion. Il espérait ainsi une amnésie la plus profonde pour enfin libérer ses nuits de tous ces cauchemars. Il comptait partir la veille de la grande bataille, certain d’être incapable de protéger les apprenties si faible qu’il était. Mais alors qu’il ouvrait sa porte, il tomba nez à nez avec la Comtesse Loewenstein qu’il avait autrefois enfermé dans les limbes pour s’assurer la paix de son âme. Il en tomba à genoux. De tout le long discours que lui tint la Meneuse, Antoine retint surtout ces mots qui résonneraient au moment le plus propice : « Qu’importe le bien, qu’importe le mal, seul compte l’Homme ».

Comme une incantation, les mots d’Alicia réinsufflèrent à Antoine une force extraordinaire. Il revint en arrière, fit un point sur sa vie et comprit que tout avait convergé à ce qui se passait. Qu’importait le bien qui lui avait été fait, qu’importait le mal qu’il avait subi, seul comptait l’homme qu’il était devenu. Il repartit en croisade pour ses idéaux. Il combattit les sorcières d’Olrun, assista à la deuxième mort d’Alicia et murmura aux cendres qui frôlèrent son visage des excuses pour ce qu’il allait faire. Car qu’importait le bien moral ou le mal qu’il allait faire, mais seul comptait l’Homme, le bien commun, la tribu. Antoine convoqua le conseil. Argumenta, apaisa les peurs de représailles et convint l’assemblée de faire sortir Noâz, ou pire : de ne plus le laisser entrer.

Sur la dernière marche conduisant au grand siège, le grand et pur Antoine s’était abaissé et sali. Qu’importait qu’il soit bon, qu’importait qu’il soit mauvais, importait qu’il soit humain.

Cette rencontre avec Viviane, Antoine y avait pensé. Dès l’instant qu’il avait eu accès aux pleins pouvoirs de la tribu du Lys Noir, il avait pensé à faire une proposition de pacte de non agression avec les sorcières d’Olrun. Mais lorsqu’on l’avait appelé « Meneur » la première fois il avait ressenti un sentiment que son sang à lui ne l’avait jamais préparé à ressentir aussi fort. Le frisson du pouvoir. La sensation presque somatique de la domination. Il venait d’accéder au pouvoir. Avait-il envie de signer une paix avec Viviane ou bien avait-il envie d’offrir à son clan la revanche qu’il méritait ? Allait-i risquer son nouveau titre si fraichement acquis ? Les élections et excommunications allaient bon train dans les Sous-Sols du Château… Il vit alors son reflet dans l’eau froide de la fontaine. Ses yeux étaient noirs et ne brillait plus qu’une lueur pâle et désincarnée. Il comprit qu’il lui fallait accepter l’entretien.

Revoir Viviane éveilla chez Antoine une ébullition qui menaçait fortement l’équilibre aqueux de son vase de moins en moins stable. Il était si anxieux qu’il en vint à se promettre une chose. Il ferait tout, aussi court que soit leur entretien, pour enfin analyser ses sentiments pour la Grande Prêtresse. Il devait enfin combattre cette chimère qui avait entamé la spirale descendante qui l’avait entraîné dans l’abîme afin de boucler le cercle vicieux et conjurer le sort. Il s’exécuta si bien qu’il ne prêta malgré lui qu’une attention flottante aux propositions de Viviane dont il se doutait de la conteneur suite aux lettres de la Baronne Zimmerman dont tous les sorciers de Forbach avaient eu vent. Il fut amusé de la façon dont elle semblait l’avoir appâté en lui parlant d’amitié passée et celle dont elle embrayait sans « politesse » sur le cœur du problème.


« Je sais que le Meneur du Lys Noir est prêt, effectivement, à entendre tes propositions »

Antoine observa Viviane, une gêne ni fausse ni vraie avait pris place. D’aussi loin qu’il se souvienne, ce genre de tension enfantine venait d’un non-dit. Elle avait probablement du entendre parler de ce qu’avait fait Antoine. Et malgré ce qu’elle semblait laisser présager, peut-être par modestie, il avait entendu dire que de lourds changements avaient ébranlé la tribu dOlrun également.

« Car je suis désormais le Meneur. Et je te soupçonne fortement d’être de celles qui ont réussi à détrôner la Grande Prêtresse. Je ne vois en vérité aucune autre sorcière d’Olrun apte à tant de courage et de force. »

Antoine sourit à Viviane. De secrets il ne pouvait y avoir. Il voyait en Viviane toute la splendeur d’une femme au sommet. Elle n’aurait pu que se trahir à vouloir laisser flotter le doute.

« Si je tombe juste, j’aurais à mon tour une autre proposition à faire. Mais je ne puis en parler qu’à la Grande Prêtresse d’Olrun…»

[C’est plus long que ce que j’écrirai ensuite avec Antoine, j’avais le temps dans le train ^^ et il fallait faire un petit résumé de ses pérégrinations des derniers mois.]
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Viviane Valdemar
Vieille peau fripée à pustules
Viviane Valdemar


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MessageSujet: Re: Négociations   Négociations Icon_minitimeLun 1 Oct 2012 - 10:24

Un mince sourire s’étira sur les lèvres de Viviane à la réponse d’Antoine. Le Lys était non seulement prêt à négocier, mais en plus, ces négociations se feraient avec Antoine, désormais Meneur du Lys Noir. La Grande Prêtresse d’Olrun ne pouvait espérer mieux. Le premier de ses secrets venait d’être percé à jour par la sagacité de son ancien ami, mais elle gardait le plus important pour elle. Qu’importe qu’Antoine sache qu’elle était Grande Prêtresse si ça lui permettait de mieux négocier avec lui.

« Inutile en effet de parler à mots couverts, tu as probablement parfaitement deviné que je suis la nouvelle Grande Prêtresse d'Olrun et que c'est en cette qualité que je m'adresse à toi. » Elle avait parlé d’un ton calme et détaché, comme si tout cela ne l’affectait guère et n’était qu’un simple échange de banalités. Si son cœur battait maintenant la chamade, elle n’en montrait rien. Devenir Grande Prêtresse l’avait forcée à apprendre à cacher ses pensées, à ce que personne ne puisse plus lire en elle comme dans un livre ouvert. Sa colère, elle la contenait maintenant en se focalisant sur des pensées apaisantes et sur ses objectifs. Tout en continuant à marcher, elle réfléchissait sur la manière dont elle voulait voir cette conversation se poursuivre. Ce n’était plus une question d’influence ou de pouvoir, mais une question de savoir si le Lys et Olrun étaient capables de faire table rase du passé pour construire un monde meilleur. « Puisque nous sommes tous les deux les plus aptes à mener cette discussion, je ne vois rien qui nous empêche de la poursuivre. Je ne suis pas venue avec des revendications ou des exigences, mais des propositions. »

Viviane voulait se montrer forte et inébranlable, mais la présence d’Antoine à ses côtés la troublait. Elle sentait l’odeur de musc qu’il dégageait et qui troublait ses sens. Une part d’elle avait terriblement envie et besoin de se confier à lui, comme autrefois, mais ce n’était plus possible. Comment pourrait-elle, au milieu de négociations, avouer au Meneur du Lys que tous les siens n’étaient pas derrière elle et que certains lutteraient de toutes leurs forces pour qu’aucun accord de paix ne soit trouvé ? Comment pourrait-elle lui avouer à quel point elle était terrifiée par l’écrasant poids de ses nouvelles responsabilités ? Si Viviane se montrait faible maintenant, Antoine ne ferait d’elle et des siens qu’une bouchée, tout comme l’Inquisition. Alors pour le bien des siens, pour le bien de cette ville, elle tut ses angoisses, les gardant par devers elle.

« Je viens vers toi aujourd'hui pour te proposer un trêve, une trêve à durée indéterminée. Je souhaite, comme beaucoup d'autres dans cette villes, que la guerre que nous menons depuis tant d'années cesse enfin. Aujourd'hui je souhaite que nous nous engagions chacun mutuellement à mener un processus de paix au sein de nos Tribus respectives et que nous nous promettions de tout mettre en œuvre pour que cette entreprise réussisse. » Ce serait une œuvre longue et difficile que de convaincre chacun des membres des deux Tribus qui se font la guerre depuis plus de vingt ans que le camp d'en face n'est pas l'ennemi, pas plus que l'Inquisition. Les quelques irréductibles fidèles à Europe, elle les ferait plier. L'avantage d'être Grande Prêtresse et d'avoir les quatre grimoires, c'était qu'il y avait peu de choses totalement hors de son contrôle. Consciente cependant de la faiblesse de sa proposition, elle crut bon d'ajouter encore quelques mots. « Si cette proposition te semble peut-être teintée d'une naïveté toute féminine, je tiens à te rappeler que je ne suis plus la seule à œuvrer dans cette direction. Ensemble, nous pouvons y arriver. »

En disant ces derniers, elle avait plongé son regard dans celui de son interlocuteur. Ce qu'elle y lu la troubla bien plus encore que la présence du Meneur. Elle y devinait un désir troublant, et sous ce regard pénétrant, elle sentit le rouge lui monter aux joues. Soudain redevenue une damoiselle énamourée le temps d'un regard, elle se maudit intérieurement et lutta pour reprendre le contrôle d'elle-même. Depuis longtemps, elle avait fait une croix sur les hommes, la vie ne lui ayant guère été favorable à ce sujet. Et voilà qu'à l'aube de ses quarante-cinq, elle voyait naître en elle des sentiments qu'elle croyait perdus à jamais. C'était peut-être cette longue abstinence qui lui revenait maintenant au visage, et le violent désir qui l'étreignait ne lui laisserait probablement pas de repos. Songeant avec une gêne immense qu'il lui faudrait s'occuper de ça à son retour à l'hôtel, elle détourna le regard et s'absorba dans la contemplation du ruisseau qui coulait à ses côtés. Son silence plus éloquent qu'un long discours ne lassait pas de la mortifier. Consciente que si elle voulait dissiper ce moment de gêne, elle ajouta d'un ton badin : « Alors, qu'en penses-tu ? »

Que penserait-Antoine s'il savait que Viviane ne souhaitait qu'une seule chose à l'instant, c'était de se plonger dans ce ruisseau afin d'anesthésier ces terribles sensations qu'il avait fait renaître en elle ? Ou alors de l'envie presque irrépressible qu'elle avait de se jeter sur lui et de lui montrer la violence de son désir ? Devant eux, les ombres de la forêt s'étendaient, offrant le réconfort d'une certaine intimité et d'un foyer chaleureux.
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Antoine Vaudremont
Meneur
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Antoine Vaudremont


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MessageSujet: Re: Négociations   Négociations Icon_minitimeJeu 4 Oct 2012 - 15:54

« Je ne veux pas de trêve Viviane… »

Antoine était amusé. L’obstination de Viviane à vouloir absolument tenir une proposition sans écouter celle d’Antoine était tout ce que le prêtre aimait. Elle était insoumise, effrontée, têtue, et toutes ces caractéristiques défensives se révélaient à mesure qu’elle sentait ses murailles attaquées. Or si à présent Antoine était calme et consensuel, c’est que l’attaque qu’elle devait ressentir était d’une autre nature. De quoi Viviane avait-elle peur ? D’elle-même ? Antoine l’espérait, car lui en était là.

Antoine respira profondément, il se plaça en face de Viviane, proche pour ne pas avoir besoin de parler trop fort. Saisissant dans ses iris le reflet des pupilles hypnotiques de la Grande Prêtresse, Antoine expliqua, sereinement, longuement :


« Pour en arriver là où nous en sommes arrivés, toi Grande Prêtresse, moi Meneur, je crois qu’il faut s’accorder le compliment de la force Viviane... Mais la force n’est rien sinon les moyens humains dont nous disposons, tous catalysés par un idéal si puissant qu’il fait du vide un souffle créateur ou destructeur. Cette force, celle qui t’a permise de déloger une Grande Prêtresse légitime avant décès et celle qui m’a permis de fermer la dynastie Loewenstein, je crois qu’elle nous vient à tous deux de notre amour. Cet amour qui nous lie toi et moi, Viviane. L’amour que nous ressentons plus que quiconque à l’unisson. L’amour de notre tribu respective. Son bien, nous devons le passer avant nous et avant les autres. Et je crois que le carnage du parvis le printemps dernier est la preuve que ce n’est ni la haine ni l’orgueil qui sauvera nos enfants.

Tu sais Viviane, je ne sais pas, sincèrement, ce que l’Ange attend de nous. Et peut-être que de miracle il n’y aura pas cette année encore, ni la suivante, ni celle d’après, décimant petit à petit la population de Forbach, puis de France, puis du monde. Mais je sais que s’il doit s’agir de nos derniers instants d’hommes dignes sur Terre, s’il doit s’agir de nos derniers mois avec ceux que nous avons mis au monde, autant que cette période soit belle et paisible, comme un adieu intelligent et émouvant à la vie.

Je ne dis pas que je crois impossible de contrer l’Ange, de trouver le miracle, je dis que si un combat doit être mené, il ne doit plus déchirer nos sœurs, mais le ciel et la terre. Il est temps que nos armes s’élèvent contre les ténèbres d’idéaux insensés, non plus contre les lumières de l’humanité. Moins d’éclats, plus d’effets. Je crois qu’il est mieux pour nous deux que la Paix s’installe durablement.

Je pensais avant de vous rejoindre vous faire signer un pacte de non agression. Ce genre de papier qui est renié un beau jour sans effet, mais qui au moins donne l’espoir. Je crois que ce serait inutile. Car Viviane, je voudrais plus qu’une non-agression entre nos tribus. Je voudrais la Paix.

Mais la Paix c’est un effet, c’est une cause, me diras-tu, ça n’a ni tenant ni aboutissant, c’est un concept pur, une idée, pas un acte, pas une décision. C’est une illusion qui persiste aussi longtemps qu’on la croit, tout comme le chaos. Sauf qu’elle fait du bien. Pour éviter la guerre, on signe un pacte. Pour faire la Paix, on fait l’amour.

Viviane, écoute-moi bien et ne me prend pas pour un fou. Je suis très sérieux.

Je t’invite si trivialement – car je ne saurais l’exprimer moins simplement - à une union de nos tribus. Et je parle bien d’une union et non d’une réunion. Il ne s’agirait pas d’un retour du Lys Noir au giron maternel. Notre émancipation ne pourra être reniée. Il s’agirait pour la tribu d’Olrun et pour le Lys Noir de remettre certaines choses à plat. Evoluer ensemble vers une reconnaissance réciproque et la fusion de nos attributs pour reformer une tribu unique, plus forte. Pour la Paix.

C’est à mes yeux la seule solution. »


Cet interminable laïus avait été le flux continu de la pensée d’Antoine. L’heure était grave et il fallait aboutir à des décisions rapidement. Qu’importe s’il se confrontait à un refus, il fallait essayer. Voire jusqu’où la tribu d’Olrun était prête à s’engager pour cette paix. Jusqu’où Viviane était prête à se fier à Antoine…
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Viviane Valdemar
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Viviane Valdemar


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MessageSujet: Re: Négociations   Négociations Icon_minitimeVen 12 Oct 2012 - 23:48

Si Viviane était devenue très douée au jeu de l'impassibilité, il lui fut cette fois-ci totalement impossible de retenir ses émotions. L'incrédulité devait se lire sur son visage aussi facilement que si elle avait éclaté de rire à la proposition pour le moins saugrenue qui venait de lui être faite. Quelques minutes plus tôt encore, elle pensait qu'Antoine et elle étaient sur la même longueur d'onde, mais il n'en n'était rien. Quelle que soit la manière dont cette conversation tournerait, les choses ne finiraient jamais comme elle l'avait espérer en venant ici. Un instant, elle songea à s'enfuir, courir loin de lui et faire comme si tout ceci n'avait jamais eu lieu mais elle ne pouvait pas. Désormais, il lui incombait la responsabilité des siens, de tous ses amis, sa famille et de ses sœurs d'Olrun. Pour eux, elle poursuivrait cet entretien, bien qu'elle sache maintenant qu'il était voué à l'échec.

Les mots d'Antoine étaient bien jolis, bien naïfs, et si Viviane avait envie d'y croire, elle était certaine que ce ne serait pas le cas de beaucoup d'autres dans la Tribu. Une fusion pure et simple des deux entités qui se faisaient la guerre depuis des années n'était absolument pas envisageable dans la situation actuelle, il restait beaucoup trop de rancoeur, de douleur, et même elle n'était pas sûre d'être capable de pardonner aussi inconditionnellement à tous ceux qui lui avaient fait du mal autrefois. Et puis, de toute façon, elle n'avait pas l'intention de finir comme Europe, de prendre des décisions unilatérales sans consulter au moins les autres Prêtresses et imposer ses idées à tous. Si la Paix il devait y avoir, alors la paix il y aurait, sans pour cela que les étapes soient brûlées.

La chaleur qu'elle avait ressenti au creux de ses reins quelques minutes plus tôt n'était qu'un pâle souvenir. À l'étonnement s'ajoutait maintenant un brin de colère vis-à-vis d'Antoine de l'avoir surprise de cette façon-là et de la mettre maintenant au pied du mur. Alors que son regard l'avait troublé au delà de tout mot un instant plus tôt, cette douche froide l'avait fait revenir les pieds sur terre et elle se sentait maintenant de taille à affronter l'homme à ses côtés. Relevant les yeux pour la première fois depuis qu'elle les avait baissé, Viviane parla d'un ton doux mais ferme.

« Je ne sais pas ce que tu espérais en m'annonçant une chose pareille. Une franche poignée de main et accord verbal ? Tu sais parfaitement bien que cette idée, aussi belle soit-elle, est totalement irréalisable. »

Viviane avait été longtemps très naïve, croyant les gens et le monde capable de changer. Or, l'expérience lui avait montré à plusieurs reprises que la nature humaine était pleine de défauts qu'il était impossible de corriger. Elle se savait capable de canaliser ses sœurs, de les empêcher de continuer un vaine guerre, mais de là à leur faire accepter le retour du Lys parmi elles, il y avait plus qu'un pas, il y avait un fossé à traverser, ce que peu d'entre elles seraient capable de faire, ou même, simplement d'accepter.

« L'amour dont tu parles avec de biens jolis mots n'est qu'une chimère Antoine ! Je n'ai pas le pouvoir de faire accepter une telle décision à toute ma Tribu, aussi séduisante puisse-t-elle me paraître. J'ai peut-être pris la place d'Europe d'une façon qui ne te semble pas correcte, certains me voient même probablement comme une usurpatrice, mais ce n'était pas par plaisir. Europe avait perdu toute légitimité le jour où elle nous a toutes mises en danger pour le simple plaisir de satisfaire sa propre ambition. Je ne souhaite pas devenir comme elle et imposer des décisions unilatérales. »

Malgré ses paroles, Viviane se sentait prête à faire un pas, de montrer un gage de bonne volonté à Antoine afin de lui signifier que les négociations ne s'arrêteraient pas sur ce premier refus.

« Je suis prête cependant, pour te prouver ma bonne volonté, à en parler avec les miens et à tenter de trouver une solution qui te conviendra au moins tout aussi bien. En gage de ma bonne foi, je peux te promettre que nous nous tiendront à l'écart de vos affaires et que les hostilités cesseront. »

Ce n'était peut-être pas grand chose aux yeux de l'homme qui la regardait mais elle ne pouvait faire mieux, pas pour le moment en tout cas. Désolée de la tournure qu'avaient pris les choses, elle fit demi-tour et s'apprêta à quitter son ami.
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MessageSujet: Re: Négociations   Négociations Icon_minitimeDim 14 Oct 2012 - 19:53

La réaction de Viviane, Antoine ne l’avait pas pressentie. Il n’avait pas été étonné pour autant. S’il avait jeté pareil pavé dans le marre ce n’était pas avec l’espoir que l’eau accueille la pierre sans ondulation ni éclaboussures. Il fallait ébranler les convictions pour construire un nouveau paradigme.

Viviane… si la lumière solaire que nous observons par-delà les troncs, les branches et les collines n’est pas atteignable, elle n’en est pas moins notre guide lorsque nous sommes perdus dans la forêt. Il faut croire en ce que tu désires ardemment ou bien tu ne feras jamais qu’exister sans vivre. Et j’ai honte de proférer pareils poncifs à une femme comme toi, car je sais que tu le sais. Tu ne serais pas là autrement. Tu te dis que je suis fou ? Idéaliste ? Mais les plus grandes révolutions de l’Histoire ne viennent-elles pas de projets insensés ?

Je sais, je sens, qu’il est inutile d’essayer de te convaincre davantage, mais j’ai besoin de t’exprimer ceci afin d’éclairer ta réflexion.

Les sorcières de Forbach sont sur le point de disparaître à tout jamais Viviane. L’inquisition et les menaces occultes que nous avons-nous-même déchaînées sont à rien d’avoir raison de nous. Cette nouvelle tribu est une nécessité. Je ne te fais pas cette proposition après y avoir pensé brièvement en m’endormant hier soir. L’idée me hante depuis des mois, les mois les plus tragiques de ma vie. A mes yeux c’est très simple, nous n’avons plus le choix. Le pacte d’ignorance n’est pas un pas vers la paix. C’est un pas vers une guerre simplement plus éloignée. Il ne nous faut pas coexister Viviane, il nous faut cohabiter.

Non, je ne te demande pas de prendre ma main et de sceller notre union. J’aimerais mais je te sais trop sage pour pareille folie. Je te demande de considérer la chose. De prendre une décision en Grande Prêtresse, car non, je ne pense pas que tu usurpes ta place, pas du tout… Pour ma part j’ai lancé le sujet dans mon conseil. J’ai perdu du crédit auprès de certains, mais j’ai des voix favorables. Je crois que nos sœurs ont peur, qu’elles sont fatiguées, et qu’il est de notre ressort de mettre fin aux égocentrismes orgueilleux. Car non, ne crois pas que je sois devenu infatué, converti à la religion de la puissance, si je désirais tirer mes cartes de ce jeu, je ferais mon possible pour gagner à tous prix le combat. Je n’ai pas sorti le Comte pour jouer à ça.

Le temps n’est plus aux fautes. Le temps est à la foi et au courage. C’est beau les idéaux… mais un jour il faut les incarner, autrement ils sont vains. Je suis naïf Viviane, car je dois l’être, au nom d’un précepte que nous devons tous appliquer à présent : sois le changement que tu veux voir dans ce monde.


Antoine ne voyait plus rien à ajouter. Il espérait, il savait, que Viviane saisirait son message et ferait le bon choix. Il lui faudrait de la force, beaucoup de force pour en parler au conseil des prêtresses. Convaincre la sempiternelle tribu d’Olrun d’abandonner son orgueil et son nom pour devenir nouvelle. Tant d’obstacles dont Antoine prenait alors conscience que le Lys Noir serait-lui-même difficile à convaincre. Il le faudrait pourtant. Il ne voulait pas être un despote. Mais il devait prendre les décisions que Noâz se refusait à prendre. Toute cette ligne de conduite belliqueuse avait mené les sorcières à tant de ténèbres que prendre la voie opposée ne lui rendrait forcément que plus de lumière…

Il le savait.

Il l’espérait.
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