The Witch Slay
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 Sucre ou cyanure ?

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Symphorienne de Lucrèce
Émissaire du Roi
Émissaire du Roi
Symphorienne de Lucrèce


Sucre ou cyanure ? Vide
MessageSujet: Sucre ou cyanure ?   Sucre ou cyanure ? Icon_minitimeDim 23 Sep 2012 - 14:28

C’était un carrosse rouge superbe aux ferrures argentées tiré par six juments noires aux sabots vernis qu’on affabulerait plus tard sertis de rubis. Il était précédé et suivi de dragons, gardes royaux tout en armure, en position d’attaque. Qui qu’ait pu contenir l’habitacle sanguin aux roues défilantes, il s’agissait de l’amener sur place en toute sécurité et le plus vite possible. Le carrosse fendait forêts, monts et vaux sans relâche dans un bourdonnement de claquements confus. Son entrée à Forbach se fit de jour, au petit matin. Il fila à travers la ville jusqu’aux hauteurs du château de Frauenberg. Il ne décéléra pas à l’approche des grilles de la grande cour que les gardes du château réussirent à ouvrir de justesse. Le convoi s’arrêta au pied de la bâtisse. Pas âme qui vive au-dehors.

Après un long temps d’attente, un des soldats du convoi quitta son casque et regarda ses homologues l’air interrogateur et gêné. Fallait-il la réveiller si tôt le matin ? Non ! En aucun cas ! Il valait mieux continuer à rouler en faisant des tours du château pour la bercer jusqu’à une heure plus avancée. Elle serait alors de meilleure humeur. Non ! C’était un abus de parler d’elle en ces termes ! Elle n’était jamais de mauvaise humeur ! Elle était mauvaise tout court ! Les chuchotements laissèrent place à des rires.


« Je vous entends parfaitement… »

La voix résonnante mais étouffée venue de l’intérieur du carrosse fit taire toute l’assemblée de soldats qui se mirent au garde-à-vous comme si la femme du Carosse pouvait les voir.

« Puis-je savoir pour quelle raison nous arrivons si tard, et pour quelle raison personne n’a été capable de me prévenir que nous arrivions bientôt afin que je sois présentable face à nos hôtes ? Vous n’avez décidément de dragons que le souffre en bouche et le poil hérissé, répugnants… »

Symphorienne de Lucrèce sortit sans élégance de son carrosse, les deux bottes en avant, qu’importait la boue. Son teint était pâle, ses yeux cernés, son immense chignon légendaire en bataille. Elle jaugea les lieux avec un air de profond dégoût.

« Y a quelqu’un ? »

Elle saisit un des parchemins officiels qui l’accompagnaient signé du sceau royal signalant la légitimité de son autorité à Forbach. Elle le roula en cône et mit l’embout le plus petit près de sa bouche pour en faire un amplificateur de voix :

« AMAEL LOEWENSTEIN, C’EST UNE HONTE DE RECEVOIR AINSI LES ENVOYES DE VOTRE REINE !!!! J’ORDONNE UN COMMITE D’ACCUEIL SUR LE CHAMP !!!! »

Elle reposa la feuille froissée et s’adressa aux dragons :

« Vous le gros là, allez chercher Louisa Zimmerman. Je l’attends dans mes appartements ici-même. Vous le maigre, accompagnez-le, à vous deux vous aurez peut-être une chance de compenser une intelligence normale »

Symphorienne se retourna et commença son ascension des marches alors que les serviteurs s’étaient mis de part et d’autre pour l’accueillir et que les grandes portes étaient enfin ouvertes. Un garde toussa. Elle ne les avait pas autorisé à disposer. Symphorienne se retourna, désespérée.

« Vous autres il est hors de question que vous alliez vous enivrer à l’auberge ou au bordel. Vous deux, portez mes valises à ma chambre, faites très attention au plus grand coffre, ce n’est pas fragile mais très précieux. Enfin vous deux… Retournez à Paris sur le champ. Qu’on aille confirmer à la Reine mon arrivée, Forbach est désormais sous contrôle. »

***


Enfin installée dans ses appartements, Symphorienne, tout en hauteur recoiffée et poudrée au ridicule, faisait face à la Baronne Zimmerman, les yeux dans les yeux, se découvraient pour une première discussion quant à la teneur de leur mission commune et au rôle de chacune dans la poursuite de cet objectif. Pourtant l’intimité de cet entretien était toute relative avec les hommes de la garde et du château qui faisaient des va et viens sans cesse pour meubler et aménager l’endroit pour seules indications que les regards affirmatifs ou méprisants de la parisienne.

« Ainsi donc c’est vous la Baronne Zimmerman… La fondatrice émérite du Pax Humanum… Je ne vous imaginais pas comme ça… »

Symphorienne sourit poliment et fit signe à un serviteur de verser le thé.

« J’aurais voulu savoir quelques petites choses quant à cette fondation. Par exemple, pourriez-vous m’expliquer comment l’idée vous est venue ? Je veux dire par là… Un mouvement pour la paix ? Bien sûr ! Mais depuis le temps que Forbach est en proie aux flammes pourquoi ne se saisir du sceau que maintenant ? »

Symphorienne sourit et but une gorgée.

« Ensuite, comment comptez vous faire pour instaurer ce dont personne, dont vous, n’avait été capables durant tant d’années ? Je veux dire… Comment comptiez-vous le faire sans aide ? A présent je vous imagine soulagée, je suis là. »

Symphorienne sourit et reposa sa tasse de thé.
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Louisa Zimmerman
Baron(ne)
 Baron(ne)
Louisa Zimmerman


Sucre ou cyanure ? Vide
MessageSujet: Re: Sucre ou cyanure ?   Sucre ou cyanure ? Icon_minitimeMar 25 Sep 2012 - 18:15

* 25 septembre 1646*


[justify]Malgré le titre de noblesse, qu’elle portait en tant que la femme du Baron Zimmerman, Louisa n’avait jamais côtoyé le château. Il était là depuis toujours. Un bâtiment plus magistral que l’église encore et dont la pierre imposait son ombre sur le village. David lui ouvrait la portière de la calèche sans un mot. L’un comme l’autre tentait d’observer un protocole, qu’ils étaient bien loin de pratiquer, à quelques kilomètres de là. Toutes les chances devaient être réunies, pour que la rencontre avec l’émissaire de la couronne soit une réussite. L’avenir du Mouvement en dépendait.


Lou préférait aux duchesses empoudrées, les bourgeoises et les nouvelles riches, qui certes méprisantes, n’éveillaient pas la même impression de puissance. Elle n’avait pas remis les pieds à Paris depuis quatre ans au moins. Plusieurs connaissances, collègues, l’informaient régulièrement des nouveautés de la Cour. Ce qui pouvait passer pour une conversation épistolaire sur la mode vestimentaire de la capitale dérivait souvent sur des sujets plus graves. Ainsi était-elle au fait, de la main mise de Mazarin sur la couronne, et des intrigues qui en découlaient.
De cette Shyphorienne de Lucrèce peu de rumeurs était parvenues jusqu’ici. Les délais avaient été bien trop courts pour mieux préparer le rendez-vous. La quarantenaire se présentait donc à heure dite, sur le seuil des appartements de la nouvelle arrivante. L’ambiance un peu fébrile aux alentours faisait un peu penser à celle qu’elle retrouvait en période de grande préparation. La manifestation automnale avait été annulée pour cette année 1646 aux vues des circonstances…


Les plis de la lourde robe blanche retombaient sur les hanches. Les quelques cheveux argentés dans le chignon marquaient le passage d’une vie. La peau était gâtée par quelques rides au coin des yeux et sur le cou. Mais la façon de se mouvoir et surtout le regard de la visiteuse révélaient tout son caractère. Elle gardait bien en tête tous les conseils de Romain et se montrait disposée à ... écouter.


Le regard noir s’attardait sur le poigné du serveur tandis qu’une suite de questions se déversaient entre les deux dames. Les sous-entendus insérés sans esthétisme tout au long de ce préambule donnaient le ton parfaitement hypocrite. Lou patienta jusqu’à ce que le silence retombe.
Elle reposait également sa propre tasse de thé et répondait au sourire par un autre… plus pondéré. Certes, suivre l’étiquette faisait partie de ses obligations. Rien ne lui interdisait de montrer sa prise de distance avec les décisions politiques du royaume de France.


« Oui, toute aide est la bienvenue en effet. Comme vous le soulignez si bien, il était temps… Et pour tout vous dire, nous commencions nous-mêmes à craindre, depuis vingt ans, que le royaume de France nous avez oublié, dans notre
petite province. (Pas un mot n’était plus haut que l’autre. Cependant, Lou se mettait au diapason, sans une once de timidité. L’on n’accusait pas impunément, la couturière et plus encore tous les habitants, qui tentait –vainement- de faire cesser le combat interne.)
« Je peux essayer de vous expliquer ce qu’il en est. ( Un mois plus tôt, Louisa aurait certainement avancé l’argument le plus évident. Une simple commerçante n’avait pas faire le travail de l’institution religieuse ou même des garants de l’ordre. Mais, si les choses changeaient, c’était en faisant avant tout preuve d’une nouvelle solidarité. Pour la première fois de sa vie, la fille des Maulne n’attaquerait pas l’Inquisition. Il fallait remercier l’intelligence de deux mères pour ce premier pas pour la paix.)
Le désir de paix était en germe depuis longtemps. Mais il fallait quelque chose qui puisse fédérer les différentes factions de Forbach. Un élément qui transcende les rivalités et les tensions présentes. Malheureusement, comme toujours, l’être humain se décide une fois qu’il y est forcé. Les dernières disparitions survenues en juin ont ébranlé toute notre communauté. C’est aussi ce qui rend ce mouvement si prometteur.
(Sur ce dernier point les lèvres carmin s’arrondissaient d’un sourire optimiste. Louisa était une commerçante dans l’âme. Elle savait que pour vendre il fallait amener la personne à penser que l’objet était indispensable et unique. Il n’y avait rien de plus indispensable pour ce village que cette paix.)
Comme l’indique son nom, Pax Humanum, prône la paix. C’est donc par des actions pacifiques que nous allons travailler à l’obtenir. Je peux donc d’or et déjà, souligner le fait, et vous en conviendrez avec moi madame, que la création d’un laboratoire pour l’élaboration d’armes, s’avère totalement contre-productif.
Nous allons utiliser les seules armes que Dieu a mit en nous. Autrement dit le don de parole. »



Les magnifiques mains de la baronne se refermaient délicatement sur la porcelaine. L’envoyée de la Régente allait rapidement comprendre que les forbachois n’étaient ni des moutons ni des sots. Les troupes du Clergé avaient échouées. Ce n’était pas la poudre à canon qui allait résoudre quoi que ce soit. Ce n’était pas non plus cette parfaite inconnue qui allait réussir à résoudre un problème aussi enraciné dans la terre de Moselle.
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Symphorienne de Lucrèce
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Sucre ou cyanure ? Vide
MessageSujet: Re: Sucre ou cyanure ?   Sucre ou cyanure ? Icon_minitimeMar 9 Oct 2012 - 23:46

Les fentes sombres que formaient les yeux de Symphorienne lorsqu’elle esquissait un sourire si forcé laissaient filtrer la fine lueur que réverbérait ses pupilles prédatrices. Elle analysait minutieusement la Baronne. Qu’elle lui paraissait vieille… Tant de rides, tant des cheveux blanchis, ces mains froides dont la peau diaphane aurait presque laissé transparaître les veines bleutés si le travail du textile au fil des années ne les avait pas délicatement tannées. Symphorienne voyait le reflet pâle de la sagesse et de la mort animer les traits presque fatigués de cette femme. Et pourtant, tant d’illusions et d’idéaux n’étaient vraiment pas de cet âge. Cette obsession pour la paix semblait nubile et candide à Symphorienne… L’évocation de la non-intervention du Royaume de France au cours des dernières décennies ajouta une couche suprême. Non seulement cette femme était sénile et puérile mais en plus elle était impertinente… Symphorienne se surprit à développer un sentiment si fort mais elle devait en convenir : elle la méprisait. Elle la méprisait au plus haut degré.

« Oui, j’imagine combien il peut sembler incompréhensible pour certains preux défenseurs de l’honneur forbachois que ce charmant village ait été laissé de côté si longtemps alors que la guerre qu’on appelle déjà Guerre de Trente ans faisait trembler toute l’Europe, mobilisant toutes les forces du royaume de France…

Il est parfois difficile de concilier tant d’urgences… »


Symphorienne ne manqua pas au rituel et but une gorgée avec un rictus satisfait.

Les hommes de main continuaient à remplir l’appartements de coffres plus fantastiques les uns que les autres. Certains venant de contrées visiblement lointaines. Certains bien d’ici, de la facture la plus exquise. Ils se demandaient petit à petit s’ils arriveraient à faire entrer dans de boîtes dans les lieux. Et le problème se présenta. Symphorienne de Lucrèce leur intima de renvoyer les valises chinoises, de transvaser les coffres marins dans la penderie pour s’en débarrasser, mais quoi qu’il en soit de faire entrer le grand coffre carmin. Et puis qu’ils lui libèrent une seconde chambre après tout ! Qu’on ne lui fasse pas croire que l’auberge Frauenberg était complète ! Ce n’était pas une nobliotte de pacotille, c’était une envoyée de la Reine ! Mince !!!

Lorsque la furie retrouva en un instant le calme olympique qu’elle affichait dans la conversation pour prêter à nouveau attention à Louisa Zimmerman, elle ne fut pas déçue de ce qu’elle entendit. Elle en fut même sidérée. Ce discours de commerçante, alors qu’il s’agissait de Paix et de vies humaines. Cela la fit frissonner. Elle n’était donc pas insauvable cette petite. Pas insauvable du tout… Voire bien engagée dans la voix du profit. Après tout, effectivement, quel intérêt allait à elle de voir la population Forbachoise se désintégrer ? Aucun. Elle perdait des clients, sinon par la réputation du comté par son taux de mortalité. Sa figure politique escaladerait rapidement des sommets, la concurrence n’était plus guère rude désormais.

Plus personne ne croyait en la paix. Pourtant, la Baronne, elle, avait compris que l’exécution du solstice dernier et l’ultimatum renouvelé de l’Ange de Pierre était l’occasion de se replonger dans la bataille. C’était malin ! Futé ! Rusé ! Et pas pleutre… Non, Madame Zimmerman était probablement moins sotte que prévu et surtout pleine d’une force qui détendit légèrement les lèvres de Symphorienne de Lucrèce. Elle ne la méprisait plus du tout… Elle la craignait…

Symphorienne sauta sur le sujet du laboratoire pour reprendre sa contenance.


« Sur ce point, j’en conviens parfaitement ! Le laboratoire, c’est une lubie de la Reine qui compte profiter de la situation de Forbach pour expérimenter des « armes pacifiques ». Entre nous, je trouve ça absolument absurde. Cette paix ne se gagnera ni avec des canons à fleurs, ni avec des canons à bave ! Mais j’ai moi-même pris le soin d’amener de la bonne vieille poudre noire. J’ai l’intime conviction que les résultats seront rapides et durables…

Autrement, quels sont vos stratégies pour instaurer cette Paix ?
A moins que le concept de stratégie ne vous paraisse trop martial… »
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