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 Une nuit solitaire de plus

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AuteurMessage
Ecaterina Gavril
Oblivius
Oblivius



Une nuit solitaire de plus Vide
MessageSujet: Une nuit solitaire de plus   Une nuit solitaire de plus Icon_minitimeMar 10 Nov 2009 - 16:18

Une nuit solitaire de plus Th_manoirnb

Le petit manoir au pied de la Montagne de la Fraternité est une minuscule propriété sans propriétaire. Solide et fière, elle était pourtant abandonnée, quasi oubliée, triste et solitaire au point d'en paraître lugubre. Elle défiait de son allure sombre quiconque oserait l'approcher en dessein de la convoiter. Elle repoussait les promeneurs qui la regardaient. Cachée dans son coin, elle entretenait à travers ces yeux importuns les rumeurs de meurtre, et son dangereux aspect lui assurait un périmètre de sécurité entre elle et le monde. Ce terrain envahi de mauvaises herbes pouvant dissimuler n'importe quoi, avec son puits aux cheveux de lierre, était cette zone tampon.

L'intérieur de la bâtisse, pour celui assez fou d'oser y pénétrer, n'était guère mieux loti. Le hall d'entrée bien qu'assez spacieux voyait le bois de son sol vieilli d'où émanaient des relents de renfermé. Les tapis qui le couvraient çà et là étaient grisâtres et froids, à l'image des petites fenêtres disséminées aux trois murs. Quant à l'éclairage, il était assuré par une lampe à huile simple, en terre cuite, déposée dans un cercle de fer au mur à hauteur de tête près de la large porte d'entrée. La lampe émettait une lueur dorée, seule note de couleur chaleureuse au milieu de ce désert hivernal.

Le reste des pièces usitées étaient ainsi à l'instar du hall : propres mais froides et humides, seulement éclairées par une lampe.

En parcourant cet antre, on aurait dit traverser une lande brumeuse où des feux-follets immobiles se tenaient dispersés comme autant d'éclats mystérieux et magiques.


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La large porte d'entrée eut un long gémissement souffrant à la pression que deux petites mains exerçaient sans pitié.
La nouvelle occupante des lieux entra dans le hall, sa canne suspendue au bras, et baissa son capuchon avant de refermer le battant derrière elle.
Celle qui avait été immédiatement attirée par cette maison menaçante et isolée y songea à nouveau, comme à chaque fois qu'elle s'y tenait. C'était la demeure parfaite pour dire : "Je suis une sorcière, venez me chercher."

Cependant, elle n'avait dit à personne qu'elle habitait ici, sauf à la sorcière du Lys qui l'avait introduite au sein du clan, quelques sœurs jugées dignes de confiance (ou pas...) ainsi qu'à la Meneuse. Pour le reste de Forbach, elle pouvait bien habiter au-dessus de sa boutique. Chose qui pouvait lui arriver lorsqu'elle travaillait tard.
Ici, c'était sa tanière. L'endroit où elle pouvait être elle-même. Le manoir lui ressemblait beaucoup en vérité. Méfiant, distant, déçu par l'Humanité... mais où brûlait un feu que personne, jamais, ne saura éteindre.

Revenue de sa petite virée nocturne, elle se dirigea dans le noir jusqu'à la lampe à huile contre le mur. Ses gestes précis et rapides allumèrent la mèche grâce à un briquet en acier et un morceau de silex qui reposaient constamment à côté.
Une fois éclairée de cette lueur ronde et douce, la jeune fille retira la lampe de son socle mural et se dirigea vers la porte du fond menant au salon.
"Tonc tonc," frappait sa canne sur le sol, couvrant le bruit de son pas boiteux, emplissant le hall vide, y résonnant et s'y amplifiant jusqu'à se travestir en grondement de tonnerre. Voilà qui réconfortait la jeune roumaine.

Le salon... n'était rien de plus ni de moins qu'une petite cheminée de pierre aux braises désormais froides. Comme pour la lampe, Ecaterina s'affaira diligemment à créer un feu sain dans le ventre glacé de l'âtre. Ceci fait, elle se releva, retira sa cape qu'elle jeta sur le dossier d'une vieille causeuse et posa la lampe désormais éteinte sur la petite table à proximité. Cette causeuse et cette table constituaient le seul mobilier du salon, avec un grand coffre en chêne dans un coin de la pièce. Tout était agencé selon la cheminée. La causeuse à la couverture brune lui présentait son demi profil alors que la petite table munie d'un tiroir lui faisait face.

Ecaterina retira enfin sa cape qu'elle jeta sur le dossier de la causeuse avant de se laisser tomber dans un "Pouf !" sur cette dernière. De sa gorge s'échappa un long soupir las et douloureux, une plainte, tandis que sa main gauche massait son mollet et sa cheville.
Les flammes timides de l'âtre éclairaient en partie son visage crispé. Elles soulignèrent dans leur danse lascive les traits de la sorcière fondant peu à peu sous la fatigue, l'émotion, et la sûreté de la solitude. Son masque aux milles facettes s'effrita, coula, enfin le barrage céda sous les assauts d'un fleuve de regrets et de peur.

Si seulement Andrei était là, elle aurait moins mal.

Quelques minutes passèrent, où à la lueur du feu on crut voir de l'hydromel pleuvoir d'un visage de marbre aux éclats d'absinthe. A la fin de ce temps imparti à la douleur, la princesse se reprit pour chasser ses larmes comme on cache des preuves. Elle était fatiguée mais n'osait se coucher par crainte de ses terribles songes. Elle reprit donc la lampe à huile et la ralluma pour ensuite se diriger vers la porte d'une petite pièce adjacente. Elle en avait fait son étude. Là elle travaillait sur les herbes dites magiques, ou les empoisonneuses, les étudiait, les transformait...

L'étude se résumait par trois tables rectangulaires en u. Celle du milieu comptait mortier et pilon, alambic, incinérateur et cornue, ainsi que quelques chiffons et des bocaux de liquides divers et variés, odeur d'alcool dominante.
Celle de droite, un capharnaüm de pots, soucoupes, paniers, herbes, couteaux, serpes... c'était le plan de travail proprement dit.
Celle de gauche regroupait divers livrets, parchemins, plumes et encrier. Des notes éparpillées au milieu de tâches noirâtres quand elles n'étaient pas rouges.
A chacune des tables il y avait une chaise.

Ecaterina s'arrêta au plan de travail, suspendit sa canne au dossier de chaise, et, une fois assise s'attela à son étude, la lampe à huile à sa gauche.

La sorcière roumaine n'attendait pas de visiteur ce soir, mais tandis qu'elle nettoyait une racine trouvée près du puits, elle se dit peut-être rendre visite au clan un peu plus tard.

Tout pour repousser Morphée et sa poudre verte le plus longtemps possible.
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