The Witch Slay
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 Le Carnage de la Maison Frontain

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L'Oracle
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Le Carnage de la Maison Frontain Vide
MessageSujet: Le Carnage de la Maison Frontain   Le Carnage de la Maison Frontain Icon_minitimeDim 7 Fév 2010 - 13:51

La rue résonnait de cris et de pleurs. Les habitants s’étaient rassemblés un par un autour de la Maison de la famille Fortain, de braves artisans très appréciés à Forbach. Les hurlements venaient de l’intérieur. On pouvait entendre les meubles se faire renverser, des objets se briser, des corps trébucher. Tous observaient les murs de la maison inquiets et impuissants, comme si ils allaient s’ébranler puis s’écrouler, dévoilant le désastre à l’intérieur. Soudain une fenêtre éclata à l’étage et un corps passa au travers de la fenêtre pour se briser sur le pavé. C’était M. Frontain. Les badauds hurlèrent de peur et de désespoir. Il agonisait, sans sang s’écoulait entre les pavés, descendant la Grande Rue jusqu’aux petits sabots d’un fier poulain blanc. Le bourdonnement des plaintes se tut lentement, les têtes se détournèrent de la fenêtre éclatée, malgré les cris dans la masure, pour observer l’objet du calme. L’Oracle était arrivée, belle et lumineuse, irradiant de sa si douce puissance.

Le poulain blanc était toujours suivi des deux étalons noirs de ses gardes personnels. Elle fendit lentement la foule muette et pleine d’espoir, se demandant comment se terminerait cette scène effroyable. L’Oracle regarda rapidement le corps de l’homme, son regard s’endurcit, les habitants s’observèrent les uns les autres. Qu’allait-il bien pouvoir arriver à présent ? Elle entendit le grabuge entre les murs et n’en fut pas effrayée. Le poulain s’arrêta face à la porte, l’Oracle descendit en un bond. Ses gardes l’imitèrent. Elle ouvrit la porte et observa le cataclysme. Des éclats de verre et d’argile jonchaient le sol ainsi que le malheureux corps d’un vieillard tenant un couteau, probablement désireux de protéger sa famille. Une profonde entaille lui abimait la gorge. Elle marcha du pas discret de l’ange vers l’escalier, la mère y était écroulée, une légère ouverture au crâne, elle était assommée. Le mur était tailladé tout du long. L’Oracle arriva à la porte de la chambre du haut, les cris étaient plus déchirants et sonores.

Elle ouvrit lentement la porte et découvrit Gabriel Touchedieu enserrant le fin cou de la fille Frontain d’une main et baladant la seconde libidineusement le long du corps gracile. Le fils Fontain était retenu par un homme de main de Touchedieu, déjà à moitié groggy, forcé à obsever l’épouvantable scène sans pouvoir aider sa sœur. En s’ouvrant la porte grinça et les deux inquisiteurs se retournèrent vers l’Oracle.
« C’en est Assez ! » cria t’elle d’une voix plus puissante que celle d’un homme adulte. Un second homme demain embusqué derrière la porte referma violemment cette dernière et attrapa violemment l’Oracle par les cheveux pour lui mettre le poignard sous le cou et la menacer du regard. Elle n’en fut pas déstabilisée mais fort agacée. Elle tourna les yeux vers Gabriel et lui adjura :

« Gabriel, calmez vos hommes immédiatement ou la potence vous attend tous les trois ! »
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Gabriel Touchedieu
Mort(e)
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Le Carnage de la Maison Frontain Vide
MessageSujet: Re: Le Carnage de la Maison Frontain   Le Carnage de la Maison Frontain Icon_minitimeDim 7 Fév 2010 - 16:28

    Tout s’était si bien passé jusqu’ici. Lorsqu’il avait pénétré en forçant la porte, accompagné d’Hiver, qui n’avait jamais su manipuler autre chose qu’un couteau, de Matthieu le Maul, le plus barraqué de ses chiens de garde, et de sa fidèle massue, Gabriel Touchedieu avait commencé par demander au Grand-père ce qu’il savait. En tremblotant, il avait demandé de quoi parlait donc le Gourdin, avant de dire qu’il ne savait rien. Erreur.

    Gabriel lâcha Hiver sur lui, et l’ancien brigand en un geste fluide lui passa sa lame sur la gorge. Aujourd’hui, Touchedieu n’était pas d’humeur à discuter. Il était désormais couvert par Lorenzo Maestriani, il pouvait passer au cran supérieur. C’était le jour de la violence gratuite, de la violence aveugle et exemplaire. A Maestriani d’assumer ensuite ses débordements. En fait, il lui fallait surtout un exemple, quelque chose qui inspire la crainte à tous. Les Frontain étaient connus, ils en paieraient le prix.

    Le Grand père venait de s’effondrer tout juste en baignant dans son sang que Gabriel gravissait l’escalier accompagné de Matthieu. La mère Frontain descendit les premières marches et hurla d’une voix perçante lorsqu’elle reconnut le Gourdin. Pour la faire taire, Gabriel lui-même lui assena un coup de massue qui l’envoya rejoindre le bas de l’escalier. Le père Frontain sortit précipitamment, vit la situation en un clin d’œil. Courageusement, avec son outil à la main, il attaqua le Gourdin. Avec une seule main, l’ancien brigand le désarma et le cloua contre le mur.


    « Qu’est ce que vous savez ? »
    « Sur quoi ? »
    « Dénoncez ! »
    « Je ne sais rien ! »


    Gabriel Touchedieu, sa prise très ferme, recula d’un ou deux pas, puis poussa avec force le père Frontain à travers la fenêtre qui se brisa en un bruit cristallin. Il fallait être spectaculaire aujourd’hui, par la suite, les langues se délieraient et il n’aurait pas besoin d’aller jusque là. Il entendit le corps toucher le sol dans un bruit mat. En bas, il pouvait entendre Hiver casser tout pour faire bon effet. Matthieu le Maul était en train d’effaroucher on ne sait qui dans l’autre pièce. D’autres bruits de cassure. Le Gourdin alla rejoindre son homme derrière l’autre porte.

    Le spectacle était presque drôle : Un jeune homme encore boutonneux était en train de se faire soigneusement étrangler par Matthieu, et sa sœur à gauche balancait de la vaisselle à la tête du Maul, qui encaissait sans broncher, comme la montagne de chair qu’il était. Le Gourdin alla paisiblement à la rencontre de la sœur, qui lui lanca une assiette à la figure. L’assiette se brisa sur la massue de Touchedieu. Avant qu’elle n’ait le temps de recharger, il l’avait soulevé et collé contre la cloison.


    « Matthieu, arrête de faire suffoquer ta proie, je veux qu’elle regarde ! »


    En bon chien de garde, le Maul desserra sa prise et immobilisa le frère afin qu’il puisse regarder la suprême déchéance. Il était hors de question de violer cette fille, elle était trop maigre pour être intéressante, mais il fallait qu’ils croient qu’il allait le faire. Cela équivaudrait à un véritable viol. Dans le regard de la fille, il retrouvait cette lueur de détresse qu’il avait si bien connu dans le temps… Hiver remonta à l’étage après avoir tout cassé en bas et regarda le spectacle.

    La main du Gourdin remontait discrètement vers les fesses de la jeune fille lorsque l’Oracle entra. Ce fut un peu le coup de tonnerre. Il se passa bien deux longues secondes avant qu’Hiver ne réagisse et lui mette sa lame sur la gorge. La situation pourtant ne semblait pas s’être arrangée. Toujours en train de faire suffoquer à moitié la fille Frontain, Touchedieu encaissa l’ordre de l’Oracle.

    Il était hors de question de courber la tête au contraire. En ce jour de violence, il fallait qu’il fasse peur aux autres sinon il ne donnerait pas deux jours avant de se retrouve dans les cachots de la Collégiale, et cette fois définitivement. Il fallait que le sang coule et fasse clore les lèvres pour les enquêteurs et les ouvre pour Gabriel. Or, si l’Oracle intervenait et sauvait la famille Frontain où du moins ce qu’il en restait, toute ce grand barouf dramatique aurait été vain, et Gabriel Touchedieu perdrait la face tandis que l’Oracle ressortirait grandi.

    Lorenzo Maestriani l’avait prévenu : L’Oracle était dangereuse, et on ne savait jamais quelles intentions elle avait derrière la tête, et encore moins ce qu’elle voulait faire de Forbach. Gabriel Touchedieu prit le temps de finir délibérément son geste et la jeune fille gémit d’outrage.


    « Vous me menacez ? Vous me …. »

    Il partit d’un rire gras et sonore. C’était trop absurde ! Elle avait la lame sous la gorge, Hiver n’avait qu’une envie, c’était de tâcher son couteau et elle donnait des ordres ! Cependant, il ne rit pas bien longtemps face au regard de cet enfant-fée.


    « La potence ? Vous croyez me faire peur avec cet épouvantail ? J’ai vu la potence de près plus de fois que vous ne pouvez même l’imaginer, et on m’a bien souvent condamné à la potence. Pourtant, cela fait soixante ans que je poursuis ma vie… et je compte bien mourir centenaire. »

    Gabriel Touchedieu frôlait l’imprudence en parlant en termes à peine voilés de son passé. Mais qui donc pourrait connaître ce même passé ? Même Sébastien Garin ou Louis Institoris n’avait rien remarqués, et pourtant ils désiraient tout deux le juguler. Ce n’était pas un enfant investi d’une quelconque aura surnaturelle qui pourrait s’opposer au Gourdin.

    « La potence est très nettement plus loin de mon cou que le couteau du vôtre. Je crois qu’ici, à cet instant, c’est moi qui commande, cher Oracle… »
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L'Oracle
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MessageSujet: Re: Le Carnage de la Maison Frontain   Le Carnage de la Maison Frontain Icon_minitimeDim 7 Fév 2010 - 20:15

La situation n’était pas confortable. Gabriel était tel que la Mémoire commune l’avait décrit : imposant, brutal, dangereux, sans subtilité. Une proie délicatement violente. Elle sentait la lame effleurer son cou, elle n’avait pas peur mais n’était pas libre de ses mouvements. Elle avait fait la promesse à Adrien de garder le corps de sa fille en bon état et déjà avait failli en se prenant la monumentale gifle de Lorenzo. Les paroles de l’Oracle n’eurent pour seul effet que déclencher un fou rire tout bonnement répugnant de la part du Gourdin. La potence ne l’effrayait pas, il se pensait maître de son destin comme il l’avait été de son passé.

La situation n’était pas ingérable. L’Oracle sortirait d’ici la tête haute, elle le savait. Elle avait plus d’au tour dans son sac. Elle avait notamment deux gardes personnels qui attendaient calmement les instructions implicites de l’Oracle pour passer à l’acte. Elle n’était pas certaine des réactions de ces êtres brutaux et sans finesses, aussi avait-elle préférer s’assurer d’avoir main mise sur leurs vies, directement. Les deux gardes s’étaient positionnés dans le bâtiment d’en face, de l’autre côté de la rue, arbalète en mains à une fenêtre, c’était le plan convenu à l’avance par l’Oracle. Ils tenaient ainsi en joue les deux acolytes de Touchedieu.

L’Oracle n’était pas venue par hasard. Elle avait prévu de parler à Gabriel et il n’était pas difficile de le trouver. Ses méthodes étaient peu discrètes. Elle pensait pouvoir le raisonner et demander son appui pour apaiser le jeu mais ça devenait peu plausible. À présent il disait qu’il commandait… Mais pour qui se prenaient-ils !? Lui, ses deux sbires, Lorenzo, pour penser pouvoir luter contre elle et ce qu’elle levait ave elle : le peuple. C’était d’un orgueil démesuré et insultant pour la population ! Elle commençait à être fatiguée de ce genre d’attitude entravant sa progression dans la mission qui lui avait été confiée. Elle avait certes prévu que certains seraient difficiles à convaincre, mais delà à ce que d’autres comptent l’empêcher !

L’Oracle ne pouvait regarder Gabriel directement, son assaillant l’en empêchait en lui tirant les cheveux. Elle lui parlait tout de même tout en fixant l’homme au couteau droit dans les yeux.


« Gabriel, soyez raisonnable ! Vous vous rendez bien compte que cette impression de contrôle est factice ! Seul Dieu commande à chaque instant… Nous sommes son envoyée, nous croyons pouvoir dire que si quelqu’un doit contrôler cet instant c’est nous. Regardez en face quelques secondes. »

Elle changea de destinataire en parlant à l’homme au couteau d’une voix plus basse et plus émue.

« Oh Hiver… tant de sang versé pour rien… Pense à Marianne, elle était tant pour toi, tu aimais sans limite à cet âge là pourtant elle était la première à périr de ta lame et de ta jalousie. Qu’en aurait pensé Blanche, ta sœur pareillement assassinée par cet inconnu que tu ne retrouvas jamais ? Assez de sang… »

Déjà la lame d’Hiver se baissait, son regard de brute se troublait et son étreinte se desserrait sous le regard si convaincant de l’Oracle.
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Gabriel Touchedieu
Mort(e)
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MessageSujet: Re: Le Carnage de la Maison Frontain   Le Carnage de la Maison Frontain Icon_minitimeMer 10 Fév 2010 - 2:39

    Le paradoxe de la violence, c’est qu’elle vous rend fort, mais vous affaiblit à la longue.

    Le paradoxe de la Force, c’est qu’en vous menant vers la victoire apparente, elle vous mène vers l’abîme.

    Le paradoxe de Gabriel Touchedieu, c’était d’être capable à la fois d’une brutalité non réprimée, mais aussi d’une intelligence de situation qui lui permettait de sauvegarder les apparences. Cette intelligence était certes paresseuse, mais n’avait pas fait défaut jusque là, sans quoi il aurait été renversé par plus fort que lui depuis longtemps. Il vit que la situation lui échappait, il vit qu’Hiver baissait sa garde, et que l’Oracle avait pouvoir de persuasion sur ses propres hommes. Au lieu de s’accrocher à son semblant de maîtrise de la situation, il eut l’intelligence de se retirer, mais de garder la face.


    « C’est bon Hiver, tu peux la relâcher. »

    Ainsi, ce serait bien sur l’ordre de Touchedieu, et non à cause des mots de l’Oracle qu’Hiver baisserait son couteau. C’était un moyen pour que la victoire de l’Oracle ne soit pas trop éclatante.C’était dérisoire et presque ridicule comme expédient, mais ce genre de petit détail faisait qu’il conserverait le respect de ses hommes. Gabriel Touchedieu lâcha également la fille Frontain, et d’un geste, il fit libérer le fils. Le frère et la sœur se jettèrent dans les bras l’un de l’autre et allèrent se terrer dans un coin de la pièce. Le Gourdin était toujours présent dans la pièce, rien n’était garanti. Un coup de massue était si vite arrivé…

    « Bravo, mademoiselle, vous connaissez semble-t-il beaucoup de choses. Y compris des détails sur la vie de mes hommes que je ne connais pas.»

    Il fit un pas en avant, puis mit un genou à terre, avec un sourire féroce, en tournant le dos à la fenêtre.

    « Mais un échauffourée, ce n’est pas une victoire complète. Regardez-moi, petite fille, et dites moi, les yeux dans les yeux, ce que vous pourriez faire pour m’empêcher d’agir à ma guise. A quelles autorités supérieures comptez-vous me livrer ? Je suis intouchable ! »

    A genoux, il avait à peu près la même taille que le corps de cette petite fille de douze ans, mais en nettement plus large. Il semblait vieux et laid. Des rides lui taillaient le visage sans pitié, sa barbe blanche maculée de diverses tâches entourait une bouche aux dents jaunies, dont s’échappait une haleine faite de relents de bières, de viande à peine cuite. Ses mains étaient fortes, mais elles aussi portaient des tâches de vieillesses, et on pouvait voir avec netteté les veines sur celles-ci et les os. Il n’était plus le fringant bandit qu’il avait pu être. On aurait dit une sorte de loup aux crocs jaunis et usés.

    Mais il semblait également féroce et acharné. Toujours son charisme animal, toujours cette assurance qui l’accompagnait, cet aplomb. Il semblait grotesque dans son corps, dans ses paroles dans ses actes. Son regard ne l’était pas. Ses yeux gris foncés prenaient un éclat métallique alors qu’il affrontait l’Oracle par le regard. Et il ne faiblissait pas. Fou qu’il était de s’opposer à elle, mais lorsqu’on a affronté et ridiculiser l’Armée du Roi, on ne craint pas les enfants.

    « Et je n’ai jamais eu peur des autorités supérieures de toute façon… »

    Il n’avait pas pu impressionner l’Oracle par la force, il tentait de la déstabiliser par le charisme et par le regard.

    Par ce regard fixe, il révélait son passé, sans le vouloir, sans s’en rendre compte.

    Le paradoxe de la brute, c’est qu’elle semble pouvoir tout diriger, mais que tout lui échappe.

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MessageSujet: Re: Le Carnage de la Maison Frontain   Le Carnage de la Maison Frontain Icon_minitimeMer 10 Fév 2010 - 14:14

Gabriel avait bien compris qu’il était inutile de résister. Il avait compris qu’il était humain et qu’il cherchait à s’opposer à la volonté de Dieu, or la volonté de Dieu était puissante et miraculeuse au point de faire ployer une brute obsessive du couteau. Le passé des hommes était probablement leur plus grande faiblesse… Dès lors qu’un étranger invoquait un secret du passé il possédait une puissance violente et subtile. Gabriel céda finalement à l’ordre initialement intimé et demanda à ses hommes de relâcher leur étreinte. L’Oracle ne bougea pas, Hiver recula, toujours avec cette expression de trouble sur le visage. Mathieu semblait presque apeuré ou gêné, il fixait ses bottes pour ne pas croiser le regard de la Parole de Dieu.

Le Gourdin s’approcha d’elle et mit un genou à terre. Elle ne sut pas trop si c’était une fausse marque d’allégeance, une moquerie ironique ou bien si c’était simplement pour qu’il soit à sa taille afin de lui parler plus frontalement et qu’elle puisse sentir son souffle et son haleine. L’Oracle le regardait incrédule, elle recula d’un pas comme par dégoût, elle se méfiait en fait de lui et préférait garder une distance de sécurité suffisante pour avoir temps et espace de réagir en cas de tentative téméraire. Dire que ce petit stratagème rendait sa victoire incomplète n’était pas faux, mais il ne s’agissait ici pour elle de nulle victoire ou gloire, juste l’accomplissement de sa mission. De plus si ils en étaient à compter les effectifs il était également suivi de deux acolytes…


« Gabriel, nous vous prions de nous écouter, vous faites erreur en pensant qu’il y a en notre intervention le moindre désir de gagner quoique ce soit d’autre que votre attention et votre salut en vous empêchant d’aller trop loin. Nous sommes en ce lieu pour vous parler le plus calmement du monde. »

Le contact oculaire était des plus simples et tout en disant ces mots l’Oracle lisait très attentivement la, déjà bien longue et fournie, vie de Gabriel Touchedieu.

« Qui pourrait vous arrêter… »

L’Oracle soupira longuement, terminant discrètement sa lecture. Puis elle continue avec une voix plus basse :

« Sûrement pas votre mère, après vous avoir abandonné elle a probablement perdu tout crédit, ni le cantonnier trop violent et effrayant pour vous inspirer aujourd’hui le moindre respect, encore moins les lieutenants que vous vous plaisiez à ridiculiser, le père Jérôme Sarthin peut-être… Il vous a offert une deuxième chance mais un brin trop prude et ennuyeuse nous présumons. Alors que Silex, lui, vous a offert pleine joie et acceptation, il aurait peut-être encore un poids. Le seul être ayant suffisamment de pouvoir est le supérieur que nous avons en commun, vous aussi l’avez rencontré si nous ne nous abusons… N’est-ce pas là une autorité suffisante pour que nous puissions nous entendre sur un pied d’égalité ? »
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Gabriel Touchedieu
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MessageSujet: Re: Le Carnage de la Maison Frontain   Le Carnage de la Maison Frontain Icon_minitimeJeu 11 Fév 2010 - 0:58

    Le coup fut d’autant plus douloureux qu’il était inattendu. Gabriel Touchedieu ne s’attendait absolument pas à ce que l’on parle de son passé d’une manière aussi clairvoyante, à ce que des noms oubliés depuis des décennies soient de nouveaux prononcés. La référence à Silex fut particulièrement frappante. Silex était un petit voyou qui était mort il y a plus d’un demi-siècle. Ce n’était pas un nom que l’on retenait, c’était un nom insignifiant qui n’était connu jusque là que d’une seule personne. Quarante quatre ans que Silex était mort, beaucoup de gens ne vivaient même pas autant de temps. Nul ne pouvait avoir des informateurs aussi performants. Cette fille savait lire dans le passé, cette fille savait tout sur lui, elle avait près de soixantes lieues d’avance, autant que le nombre d’années du Gourdin.

    Si elle connaissait le passé de Gabriel Touchedieu, elle était doublement dangereuse. Il suffisait qu’elle dévoile à tous les habitants qui fut réellement le Gourdin, et Gabriel se ferait lyncher sur l’heure. Toutes les preuves de son ancienne existence avaient été brulées lors de son absolution, grâce aux soins du Père Jérôme Sarthin. Mais la parole de l’Oracle valait lettre de loi.

    Coincé, vaincu, Gabriel Touchedieu n’était plus en état de faire le fier, ni le brave. Il se releva bien vite et recula de trois pas. Les soldats ne lui faisait pas peur, les sorcières ne lui faisait pas peur, les tempêtes ne lui faisait pas peur, mais l’Oracle elle lui faisait peur par son aptitude à déchiffrer son passé, à l’attaquer pile dans les faiblesses de sa cuirasse avec une précision fatale.


    « Ne vous avisez pas de dévoiler ce que vous savez ! Vous en seriez la première victime ! » dit il d’une voix dérangée.

    La menace était évidemment due uniquement à la peur, et à l’habitude qu’avait Touchedieu de vouloir clore le bec des gens. Mais cette fois ci, cela ne suffirait pas, et il était bien incapable de s’opposer à ce que l’Oracle révèle son passé. Elle le tenait par ce moyen, sa plus grande erreur avait été de fixer l’Oracle dans les yeux.

    « Bien, et que pourrait donc me demander cette Autorité Supérieure ? En quoi un pauvre vieil homme comme moi pourrait être intéressant ? De toute façon, je n’ai pas le choix n’est ce pas ? Je suis un petit peu forcé de vous écouter semble-t-il… »

    Il jeta un œil sur ses acolytes. Ils n’en menaient pas plus large que lui. Ils attendaient anxieux la suite.

    « Vous me demandez de suspendre mes actions… de franc-tireur ? Il va falloir que vous me disiez pourquoi car après tout, c’est moi qui déciderai de faire ou de ne pas faire… »

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MessageSujet: Re: Le Carnage de la Maison Frontain   Le Carnage de la Maison Frontain Icon_minitimeMer 24 Fév 2010 - 0:30

La brute révisait son jeu. Il ne se confondait pas en une expression contrite, mais l’Oracle avait de nouveau fait mouche. Elle n’en dégagea aucune fierté apparente et une satisfaction modérée, de l’ordre de la sureté plus confirmée d’avoir immobilisé le prédateur un petit moment. Un instant qu’elle aurait voulu suffisant pour discuter avec lui dans le but de le convaincre ou de le persuader. Mais la fin de sa lecture mnémonique lui avait révélé un imprévu pourtant calculable. Lorenzo Maestriani avait déjà parlé à Gabriel Touchedieu. Il le couvrait en échange de son soutien contre elle. Cet homme était décidément un poison armé d’une intelligence à ne pas sous-estimer !

L’Oracle fronça les sourcils. Les choses allaient être plus délicates que prévues. Si le Comti avait semé des grains de doute et de résistance comme elle le percevait, il allait être difficile de faire quoi que ce soit de ce gourdin galvanisé. Il ne lui restait plus qu’à espérer que les grains n’avaient pas encore germé… L’apparente brutalité de Gabriel dont témoignait toute l’étendue de sa vie était-elle synonyme absolue d’un manque de subtilité et donc de matière hypothalamique suffisante à l’extension des racines de la méfiance ? Si le Gourdin était parvenu à passer de brigand à frère jésuite puis à inquisiteur, il fallait clairement rester sur ses gardes, loin des préjugés et des bruits.

Pourtant ses paroles semblaient être celles de l’homme prêt à se plier ou bien l’Oracle ne s’y connaissait pas. Et Dieu sait qu’elle en avait vu, des hommes forts, plier devant sa nitescence d’évidence. Peut-être s’apprêtait-il à se jouer d’elle. Elle ne savait plus vraiment sur quel pied danse avec le vieux béotien. Aussi décida-t-elle de ne pas danser et de marcher droit au but. Si la graine était germée après tout, quelle biaise ou non, le résultat serait le même, Lorenzo aurait gagné cette parcelle de guerre qu’était la Bataille du Mont Touche Dieu. Il y aurait planté son drapeau, triomphant. Cette idée ne séduisait pas la Parole de Dieu, mais elle devait être fine stratège pour mener à bien la mission divine qu’elle avait annoncé, et un bon stratège savait économiser et concentrer ses forces sur les batailles primordiales.


« Gabriel, nous savons le discours que vous a tenu l’administrateur provisoire du comté à notre propos. Nous savons ce qu’il vous a promis pour nous refuser la moindre aide. Mais écoutez-nous attentivement… Cet homme est dangereux, non pas comme vous ou moi savons l’être, il est dangereux comme ceux qui ont un secret à cacher, un véritable mystère noir, pas quelques actions peu catholiques, ce qu’il cache est au diapason de sa noirceur et nous ne saurions que vous recommander de vous méfier de lui. Nous tenons également à vous rappeler de nouveau que nous sommes de votre côté Gabriel… Plus que votre mécène. Le jour où vous ne lui apporterez plus, lorsque nous serons partie, ou que vous ferez le moindre faux pas difficilement dissimulable, il vous réduira à la plus dégradante forme d’esclavage ou bien vous supprimera tout bonnement. Car votre but et son but ne sont pas les mêmes dans l’absolu. Nous, nous vous servons les sorcières sur un large plateau d’argent, et c’est notre but absolu Gabriel. Alors non, nous ne vous demandons pas de vous ranger à jamais au près des carmélites. Nous vous proposons raisonnablement de sélectionner vos coupables avec plus de goût pour ne pas que l’indigestion de votre supérieur ne vous empêche de festoyer du repas incomparable que je cuisine pour vous avec acharnement. »

L’Oracle sourit, sûre d’elle à l’extérieur, convaincue de rien à l’intérieur. Le doute n’était pas en ce qu’elle venait de dire, c’était d’une cohérence et d’une logique implacable, mais Gabriel aurait-il la liberté d’esprit suffisante pour se libérer de l’agnosie que pourrait lui faire souffrir la douce couverture de Lorenzo ou la sénilité, le pauvre homme n’était plus tout jeune…

« Nous sommes de votre côté. »
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Gabriel Touchedieu
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Le Carnage de la Maison Frontain Vide
MessageSujet: Re: Le Carnage de la Maison Frontain   Le Carnage de la Maison Frontain Icon_minitimeVen 5 Mar 2010 - 1:47

    Théoriquement, le coup n’aurait pas dû lui faire mal, il aurait dû y être préparé. Mais même en étant au courant du fait qu’elle avait lu dans son passé, Gabriel Touchedieu fut surpris et cela put se lire sur son visage. Son premier réflexe fut de grogner et de serrer la main autour de son gourdin. Cela ne concernait pas l’Oracle, et jusqu’ici, seul l’Administrateur avait perçu son potentiel. Il n’était pas le genre d’homme à se montrer follement reconnaissant, et encore moins à se sentir redevable de quelqu’un. Un homme qui avait passé les deux tiers de sa vie sur les routes en totale autonomie, opposé à l’hostilité de tous ne se comportait pas comme un client, un chiot qui venait lécher les mains de son maître.

    Un pli déforma les lèvres du Gourdin, vexé qu’on n’ait pu le prendre pour le petit chien de Lorenzo Maestriani. Oui, ils s’étaient associés, et Gabriel Touchedieu ne jouait pas le rôle du cerveau, mais il ne se considérait pas comme subordonné au Comte de Nicosie. S’il fallait prendre une comparaison animale, le Gourdin était son loup, et non son chien.


    « Les relations qui me lient avec Lorenzo Maestriani ne vous regardent en rien. Nous avons tout deux le même but en tête, il est normal que cette association existe. Je veux bien admettre que vous aussi vous tendez vers le même but que nous, mais vos méthodes me semblent bien pusillanimes… Moi au moins j’ai le mérite de les combattre et pas avec de pauvres mots, mais avec de vraies armes ! Et Lorenzo Maestriani non plus n’a pas peur de la violence, c’est pourquoi nous pouvons nous entendre. »

    Il broncha peut être un peu sur le chapitre de la noirceur du Comte de Nicosie, mais cela ne déclencha qu’une petite réaction négligeable.

    « Quant à la noirceur de son âme, je vous en prie, je ne suis pas un enfant de coeur. Puisque vous avez vu mon passé, vous savez que personne ne se sacrifierait pour moi, les gens seraient déjà trop heureux de pouvoir cracher sur ma tombe. Vous avez vu mes Œuvres, la violence que j’ai déployée, tout le mal que j’ai fait. Oui, j’ai rencontré celui qui vous a envoyé, mais croyez vous que j’ai changé pour autant ? Même Dieu a été impuissant.

    Tout ca pour vous dire que je ne crains pas le mal, ni la noirceur, je suis moi-même contaminé, et je suis à la fois la victime et le chasseur. Je suis peut être brutal, mais je ne suis pas suffisamment idiot pour ignorer que le jour où je serais faible, la population de Forbach que vous protégez et dont vous sauvegardez les intérêts me lynchera dans le quart d’heure qui suit. Essayez donc de me convaincre que nous sommes exactement du même côté après… »


    Il avait une expression dépouillée de tout orgueil, de toute vantardise. En fait, Gabriel Touchedieu avait l’air fatigué, usé, ses traits étaient tirés. Il ferma les yeux un moment, pour mieux réfléchir. Hiver dans le dos de l’Oracle avala sa glotte assez bruyamment. Ce qu’avait dit le Gourdin était valable pour chacun de ses suivants, aucune indulgence ne serait permis pour eux, on les avait déjà condamnés et s’ils ne voulaient pas mourir, ils devaient être plus fort que les autres, ou le paraître.

    Gabriel Touchedieu rouvrit les yeux et se demanda comme il aurait réagi s’il avait été plus jeune. Il se revisualisa son aspect à trente ans, lorsque sa barbe était noire, que sa voix était puissante et portait, que ses articulations jouaient à la perfection et que les seuls imperfections de son visage étaient des cicatrices et non des rides. Comment aurait réagi ce jeune brigand ?

    Il aurait rit, et frappé l’Oracle de son gourdin, en disant qu’il ne craignait ni Dieu ni Diable, et encore moins la Mort. Oui mais à l’époque, il était jeune, il était immortel. Maintenant, il était à l’hiver de sa vie, la Mort était toujours une compagne mais elle l’attendait lui. L’Oracle avait le pouvoir de le faire chuter, elle n’avait qu’à mobiliser la population, et rien ni personne ne savait arrêter une foule en colère. Si il tuait l’Oracle, alors il sortirait de cette maison en plusieurs morceaux et pas par la porte.

    En réalité, il n’avait pas le choix. Les circonstances l’imposaient.


    « Je suis de votre côté. »

    La phrase sonnait comme une faveur accordée après mûre réflexion. Cette sensation fut tempérée par la suite.

    « Je suis de votre côté, mais pas par idéal, ou parce que je crois en vous. Je ne sais pas quels sont vos objectifs, et cela me donne d’autant plus de raisons de douter de vous. Si ca se trouve, le mal c’est vous, comme me l’a suggéré ce cher italien. »

    Il jeta un regard gêné vers ses deux hommes. Il vit l’approbation dans leurs yeux. Le moral regonflé, Gabriel Touchedieu put continuer :


    « Je ne toucherai plus à la population de Forbach jusqu’à ce que vous ayez accompli votre mission. En dehors de ceci, laissez moi mener ma vie comme je l’entends, comme ce que j’ai toujours fait. »


    Il se releva et rangea son gourdin sous son bras, comme une épée que l’on remet au fourreau. Matthieu le Maul et Hiver eux aussi rangèrent définitivement leurs armes.
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MessageSujet: Re: Le Carnage de la Maison Frontain   Le Carnage de la Maison Frontain Icon_minitimeDim 21 Mar 2010 - 15:46

Gabriel Touchedieu aurait été capable de lui jurer que son poulain était noir par pur esprit de contradiction ! Il n’acceptait pas de perdre la face, c’était un homme d’une fierté déconcertante, entre considérations machistes et fausse sagesse de l’âge. Difficile d’en faire grand-chose… Le vieux n’avait pas perdu la totalité de sa prestance et il ne fallait pas se dégonfler pour le désarçonner. Ainsi il semblait vexé qu’on puisse le croire à la botte de Lorenzo. C’était pourtant d’une évidence telle que, même en le for le plus intérieur de son être, Gabriel devait s’en douter. Lorenzo ne lui tendait pas une carotte mais du sang, par petites gouttes hasardeusement tombées le long d’un chemin propre à l’idée du Comti que Gabriel ne regardait pas, trop obnubilé par ces petites tâches de violence et de haine dont il se pourléchait. Lorenzo avait domestiqué la bête.

Pourtant Gabriel était persuadé d’avoir les mêmes buts que son maître en tête. Cette foi et cette fidélité eurent pu être touchantes si elles n’avaient pas eu au nez de la Paroles de Dieu un certain parfum d’asservissement. Lorenzo était fort mais lâche : s’en prendre à un vieillard sans plus nulle chose à perdre que son honneur avant sa vie. Lorenzo et Gabriel avaient ceci de commun qu’ils voulaient exterminer les sorcières et que pour ce faire un seul moyen était bon : la violence. L’Oracle n’avait jamais été touchée que deux fois : la première était la gifle monumentale de Lorenzo, la seconde était l’étreinte à visée strangulatoire du sbire de Gabriel. Ils avaient de commun une méthode, pas des idéaux, et là résidait toute la différence, une nuance qui mettrait fin au cas Touchedieu. Mais le prédateur peut-il résister au ferreux parfum du cruor ? à la pourpre splendeur de l’hémoglobine ?

L’Oracle s’était crue claire dans ses paroles quant aux sombres desseins du Comti, mais apparemment cela n’avait pas suffit à convaincre Gabriel de la noirceur de cette âme. Comment faire comprendre à la plus grande brute de l’Est qu’un jeune sudiste l’a surpassé à des lieues ? C’était presque insulter sa virilité ! L’Oracle observait dignement la complexité humaine et se disait que lorsque l‘homme de la rue méprisait l’ambigüité de la psychologie féminine c’était oublier son propre et terrible combat intérieur entre sa lucide conscience de dominateur masculin et ses pulsions primaires de dominateur masculin. L’Homme ne pensait pas toujours par sa tête dirait-on… Aussi Gabriel ne pouvait imaginer que le jeune poulain puisse surpasser le vieil étalon en son expérience des ténèbres. Il ne pouvait comprendre ce qu’avait réalisé l’Oracle : Lorenzo était le seul être si perfide qu’il ne pouvait dévoiler son Passé.


« Vous savez Gabriel, comme Oracle en ces terres, nous sommes investie d’une mission. Celle de vous aider à débarrasser la ville de ses démons. Mais nous sommes surtout une incarnation divine, non pas comme a pu l’être le Christ, messie universel, mais à une échelle bien plus réduite. Or tout représentant du Très Haut, à l’échelle du monde ou d’un seul homme, apporte avec lui une part de la puissance du Seigneur. Aussi, lorsque vous nous écoutez, vous percevez une partie de Dieu, et ce que le peuple attend de nous, de Dieu, est un message salvateur, un don de délivrance appelé Pardon. Lorsque l’homme nous offre son regard, qu’il se plie à notre lecture, il prévient sa chute et se confesse – sans même devoir prononcer un mot – de tous ses vices, même et surtout de ceux que le prêtre, qui reste un homme, n’aurait pu entendre. Lorsque nous vous lisons nous vous pardonnons auprès du Très Haut. Lorenzo Maestriani, lui, n’a pas voulu de ce pardon pourtant indispensable à tout catholique sincère. J’en conclue qu’il refuse la main de Dieu, qu’il est donc hérétique en un sens et coupable de crimes indignes de l’humanité… Alors oui, permettez-moi de vous le redire : son âme est noire. »

Touchedieu pensait ne pas avoir changé… Pourtant on change forcément dans quelque sens que ce soit pour passer de voyou à Jésuite. Quel homme sensé pourrait dire ne pas avoir changé après avoir rencontré Dieu ? Le Gourdin n’était plus un homme sensé, il se faisait vieux. Le bois de sa carrure s’effritait, les crevasses de son écorce se creusaient, les macules de sang avaient noirci sa surface et pénétrait au cœur de sa fibre. Sa massue était devenue son soutien. Engagé dans cette voie de la terreur il ne pouvait plus s’arrêter de courir le massacre. Il en était conscient. Arrêter de frapper aujourd’hui signifierait se faire exécuter dès demain. Car si le pardon était donné auprès de Dieu, les hommes n’étaient point aussi miséricordieux. C’était tuer ou être tué. Gabriel avait fait pousser sa propre jungle et en était à présent prisonnier. Or à son âge, il le savait, il ne pourrait bientôt plus porter haut sa massue. Condamné il l’était, comme tout homme en vérité. Mais chaque ride le rapprochait de son exécution. Et aujourd’hui il avait peur, peur de son âge, de sa faiblesse, des hommes.

Il voulait que l’Oracle le convainque qu’elle était de son côté. Il pensait que parce qu’il avait rencontré Dieu une fois, toutes les épreuves de la foi lui seraient pareillement épargnées ? Puisque les mots lui étaient si inutiles et lâches à son sens, il verrait bien, par la suite, la direction de ses actes. Puis l’inquisiteur se rétracta, il la suivait. L’Oracle se rassurait du reste de lucidité qu’il avait. Elle apercevait dans cette scène de génuflexion le drapeau Maestriani planté sur le Mont Touche Dieu entrain de se faire emporter par le souffle céleste.


« Très bien Gabriel, restez calme quelques temps encore et votre effort sera récompensé au centuple, croyez-moi. À l’inverse, si vous fautez, nul administrateur temporaire ne pourra vous protéger. Le dénouement est proche… »

L’Oracle se retourna calmement et sortit de la pièce saccagée non sans soulagement…
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