The Witch Slay
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 Lâche ton arme et prends ta croix

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Gabriel Touchedieu
Mort(e)
Mort(e)



Lâche ton arme et prends ta croix Vide
MessageSujet: Lâche ton arme et prends ta croix   Lâche ton arme et prends ta croix Icon_minitimeSam 19 Juin 2010 - 21:02

    Le rat se faufila dans ses galeries de pierres rongées, frottant contre les parois son gros corps bien nourri. Il essuya l’humidité qui suintait des galeries, mouillant son pelage en un rien de temps. Mais le rat était habitué, l’humidité était toujours pleine de vie et c’était une chance pour un prédateur comme lui. Il descendit dans le noir le plus total, se guidant uniquement à l’odeur. Chef d’œuvre de l’évolution, la petite bête fit son chemin dans les murs et atteignit bientôt sa destination. Il le sentait, ca sentait la crasse porcine. Cet endroit était un peu particulier pour un rat comme lui. C’était là généralement qu’il trouvait les plus succulentes sources de nourritures. Les plus grosses aussi, les plus difficiles à atteindre.

    En fait, ces sources étaient tellement grosses qu’il ne valait mieux pas se lancer à l’assaut tout de suite. S’il y avait autre chose par ailleurs, il valait mieux prendre celles là. Mais dans le cas présent, l’odeur de viande rance était trop séduisante, le rat ne pouvait y résister. Il sortit de sa galerie par un trou et renifla. Oui, ca se confirmait, c’était par là. La faim le tenaillait et le faisait déjà saliver. Enfin de la bonne viande, cela faisait si longtemps. Ce n’est pas comme les insectes, cette fois c’était de la vraie viande rouge, avec du sang.

    Le rat fonca aussi silencieusement qu’il put. La proie était stupide, mais prodigieusement forte et puissante. Elle était capable de soulever cent rats comme lui. Tipitipitip… L’odeur atteignit un pic, il était proche ca y est. Ses moustaches vibraient à la recherche du repas… Il ne vit pas vraiment quel morceau c’était mais il avait le nez dessus.

    Une dernière inspiration et le rat y planta ses crocs avec une extase non dissimulée.


« FAIS CHIER ! »

Gabriel Touchedieu fit un grand geste de la main et le rat qui l’avait mordu partit s’écraser contre un mur en face. Il tomba et ne bougea plus.

« Merde, putain. »

La vieille chose se remit assis sur le sol dur de sa cellule. La paille était pourrie depuis longtemps, il préférait dormir sur la pierre. Et puis avec ses problèmes de dos, étonnamment c’était mieux. Il renifla le sang qui coulait sur le côté de sa main. Il y avait bien planté ses crocs le connard.

« Foutu rat, foutu cellule, FOUTUE INQUISITION DE MEEEEEEERDE !! »

Personne ne l’entendait de l’autre côté de la porte, alors pourquoi faire semblant d’être surveillé ? Ca faisait une semaine, ou trois jours il savait plus qu’il n’avait pas vu un seul visage humain. Il n’avait vu que les museaux épais des rats, et il n’y avait même pas assez de lumière dans la cellule pour qu’il puisse se regarder son reflet. Il n’y avait rien dans cette cellule, ni humanité ni espoir ni vie.

Un mois, ou trois semaines, ou moins qu’on l’avait mis là dedans. Il s’était effondré sur un matelas d’humus, il s’était réveillé sur un matelas de pierre, il était mort en héros, il avait ressuscité en prisonnier et allait mourir définitivement en criminel. Dieu avait eu un sens de l’humour un peu particulier dans sa situation, en lui faisant goûter la déchéance par paliers.

La première semaine, il avait gueulé nuit et jour, faisait trembler les murs de la Collégiale avec ses beuglements de taureau blessé. Il avait eu la visite de cette putain de tapette de Second qui lui avait dit qu’il serait finalement pendu, comme le dernier des tire-bourse. Gabriel Touchedieu avait alors serré ses points et s’était jeté sur le Second avec la ferme intention de le tuer à mains nues comme au temps où il éclatait les crânes en frappant dessus. Il s’était élancé sur Garin avec toute la rage dont il était capable.

Il avait suffi d’un homme, même pas deux, pour le maîtriser. Le temps de sa jeunesse était réellement révolu désormais, il n’était même plus assez fort pour manier son fameux gourdin. Le gars l’avait arrêté, puis plaqué avec rudesse contre le mur de la cellule. La tête de Touchedieu avait sonné comme un carillon. Le chien de Garin l’avait regardé avec un regard dur et froid, un regard qui ne portait plus ni admiration ni crainte sur Touchedieu. Le Gourdin avait insulté sa mère, le chienchien n’avait pas réagi. Garin était sorti puis Touchedieu avait retrouvé la solitude. Il s’était fait maîtrisé par un seul homme, sa force et sa violence qui l’avait soutenu pendant si longtemps s’étaient envolées.

Ce qu’il avait toujours craint s’était réalisé. Il avait sincèrement cru qu’un jour il pourrait prendre sa retraite au calme. Il avait pensé que si aucune justice ne l’avait rattrapé en un demi-siècle, elle ne le rattraperait pas pendant le deuxième demi-siècle. Il s’était trompé. Il était en plus seul sans ses amis. Après la colère, le deuil. Mais aucune larme ne devait filtrer. Il ne pleurerait pas, il était trop vieux pour ca. La mort le rattrapait comme elle avait rattrapé tous les autres. Après le deuil l’abattement.

Et ca faisait trois jours, ou deux, ou quelques heures, qu’il était prostré dans sa cellule, assez grande certes, on pouvait y tenir debout certes, mais elle était trop petite pour lui. Elle était étouffante. Elle était débilitante. Elle était une torture à elle seule. Trop petite, elle l’étouffait, étouffait étouffait étouffait étouffait étouffait

« RAAAAAAAAAAAAH ! »

Sortant de sa torpeur, angoissé par l’obscurité et l’air surchargé d’humidité, l’ex-Gourdin tituba jusqu’à la porte et la frappa. La seule chose notable qui se passa fut la tâche de sang qui se déposa sur la porte. Il frappa encore et encore, faisant frémir les gonds de fer rouillés. Il cria en ponctuant chacune de ses syllabes par des coups :

« JE-VEUX-DE-L’AIR ! JE-VEUX-DE-L’AIR ! »

Jamais il n’avait connu la prison, il avait toujours vécu à la belle étoile, avec le ciel pour couverture et l’herbe pour oreiller, l’air pur, l’air ! Il pouvait tourner ses pas dans toutes les directions, il pouvait courir sauter marcher escalader grimper, il pouvait regarder le soleil se coucher et la nuit tomber. Il pouvait respirer à fond cet air, et exulter de joie. Il n’avait jamais été arrêté, il avait toujours été dompté.

Il était né comme un louveteau à qui on avait aiguisé les crocs, il avait grandi, était devenu un louvart rusé, puis un vrai loup digne de sa meute, avant de finir comme mâle dominant de sa harde. A quarante ans, il s’était renié et était devenu un chien, un vieux loup qui perdait ses crocs avec les années et qui se nourrissait auprès de la civilisation.

Maintenant, on avait muselé le chien et on attendait de le tuer parce qu’il avait mordu.

Il fit le mille cinq centième tour de sa cellule. Pourquoi aurait elle changé par rapport à tout à l’heure ? C’était une cellule d’une dizaine de mètre carrés, où il pouvait tenir debout, ce qui était un luxe inouï probablement dû à son ancienne condition d’inquisiteur. Il y avait un soupirail grand comme sa paume de main qui distillait au compte goutte une lumière douteuse, et sur le mur en face, il y avait le cadavre du rat qu’il avait tué quelques instants auparavant.

Gabriel Touchedieu n’était plus bon qu’à tuer des rats à présent.

Foutu rat, foutue cellule, foutue inquisition de merde, foutue village à la con, foutues sorcières filles de putes, foutu Seconds à face de lopette, foutue mort à la con qui lui était promise.

Maudit soient les rats, les cellules, les inquisiteurs, Forbach, les sorcières, Garin, la corde et l’arbre qui la portait.

Gabriel Touchedieu se baissa et ramassa le corps du rat en le regardant avec dégoût. Pendu par la queue, le rat mort offrait un spectacle peu ragoûtant. Il le lâcha négligemment. La porte s’ouvrit, et Gabriel Touchedieu poussa un grognement d’ours –pour de bon-

Qui donc osait le déranger ? Etait ce pour rire de sa fin ? Lui annoncer ce qu’il savait déjà ? Quel était l’étranger qui venait assister au spectacle qu’offrait le Gourdin ?

Il se planta sur ses deux pieds et bomba son torse. Il n’avait fallu que quelques semaines de prison pour faire fondre toute la musculature dont il était si fier autrefois. Il avait vraiment l’air d’un vieillard gâteux à présent, et seule la lumière de défi qui existait encore dans son regard prouvait qu’il n’était pas sénile. Sa barbe avait poussé en dépit du bon sens et était blanche maculée de brun, de gris, de poussières noires, de vert de moisissures. Elle abritait même un insecte. Sa bouche était une apocalypse à elle seule, avec ses dents brunes qui commencaient à se déchausser. Le gourdin n’était plus qu’un zombie dans cette cellule, un étranger par rapport à ce qu’il avait été.

« Qui ose me voir ? »

Qui ose me voir. Pas qui ose venir me voir.
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Père Ethan
Oblivius
Oblivius



Lâche ton arme et prends ta croix Vide
MessageSujet: Re: Lâche ton arme et prends ta croix   Lâche ton arme et prends ta croix Icon_minitimeDim 20 Juin 2010 - 13:57

Les pas du moine résonnaient dans le couloir. Ses sandales manquaient de glisser sur chaque marche humide et gluante de cet escalier qui menait au cachot. Des marches, encore des marches, qui descendaient toujours dans les ténèbres. Seule la lueur glauque de la lanterne d’Ethan illuminait les murs couverts de salpêtre.
Une odeur de moisi flottait dans l’air. Une odeur d’humidité, de renfermé, de pourriture, de rat crevé, de pisse, et du désespoir des prisonniers. Une odeur comme tous les cachots en ont. On dit que l’odeur est un des meilleurs moyens de toucher la mémoire, de faire remonter des souvenirs. La senteur des tartes chaudes vous rappellera votre mère, le parfum des jardins après l’orage vous évoquera l’été, et la fragrance d’une orchidée, votre premier amour.
La puanteur de la prison faisait remonter de douloureux souvenir auprès d’Ethan.

C’était un jour brûlant d’août, mais les cachots demeuraient glacés.

L’escalier déboucha dans un couloir, toujours aussi sombre, toujours froid, dans ce trop timide début d’été. La pâle lumière de sa lanterne fut bientôt relayée par quelques torches fixées au mur. Au fond du couloir, un grand gaillard vêtu d’une armure de cuir et portant l’insigne de l’inquisition sur sa poitrine lui fit un signe de tête. Ses traits étaient bruts, sans finesse aucune, comme directement taillée dans un bois grossier.
_Vous êtes le frère Ethan ?
Le moine approuva d’un signe de tête.
_J’vous attendais. C’t’un drôle d’animal que vous v’nez voir là. Jsais pas si vous arriverez à lui soutirer queq’chose. Jsuis v’nu faire un tour d’temps en temps, lui apporter sa bouffe, tout ça. Il hurle beaucoup, un vrai forcené ! Pas sûr qu’il ait conservé sa raison. Faut dire, l’était pas déjà bien sain d’esprit quand il était en liberté ! Ahaha ! Z’avez bien du courage, mon frère !
_Il hurle, vous dites ?
_Pour ça oui ! Ca fait quelques semaines qu’il est là’dans ! Il arrête pas de crier, comme un goret !
_ Contre quoi ?
_ Mais tout, mon frère, tout ! Et faites bien gaffe quand vous entrerez là’dans, l’a bien faillit agresser messire Garin, la fois où il est v’nu.

Ethan regarda le geôlier d’un air compatissant, et haussa les épaules.

« Et que fait-elle ? »
–Elle reste silencieuse, elle ne dit rien. Jamais. A peine si elle lève les yeux quand on lui apporte son repas.
–Elle ne se plaint pas ?
– Par Dieu, non ! Pourtant c’est pas bien un endroit pour une dame. Mais jsuppose que c’est parce que c’est une ensorceleuse. Ces filles du Diable, elles doivent aimer les caves, les endroits sombres, pour leurs sabbats ! Ca doit leur rappeler l’Enfer ! »
L’homme crache par terre, et reprend : « d’ailleurs, si vous entrez là-dedans, faites bien attention à ce qu’elle ne vous jette un sort ! On dit qu’elle a tenté d’ensorceler le sieur Baudoin quand il est venu. »
-Merci du conseil l’ami. Ouvrez-moi, je vous prie. Aussi sorcière soit-elle, même si elle est à sauver, elle n’en demeure pas moins une âme. »



_Bien, je vais entrer maintenant. S’il vous plait, Geôlier, ouvrez la porte.
_D’accord mon frère. Je reste à proximité, on sait jamais, il faudrait pas qu’il vous arrive misère, même si la parole du Seigneur est avec vous.

Ethan lui adressa un pâle sourire tandis que le gardien brandissait un lourd trousseau, chargé de lourdes et robustes clés de fer.
La porte grinça sur ses gonds. Elle n’était pas faite pour être ouverte. Presque aussitôt, un aboiement jaillit de la cellule :

_ Qui ose me voir ?

Frère Ethan fit quelques pas, et entra dans le cachot. Les murs de pierre, entre deux moisissures, portaient les gravures des précédents prisonniers. Le soupirail, près du plafond, faisait passer un fétide courant d’air et une sombre lumière. Dans un coin, un ballot de paille rongé de vermines et d’excréments pourrissait. Quel que soit la contrée, toutes les prisons se ressemblaient. A croire que c’était une institution.
Mais dans ce décor banal de cachot, la vue du protagoniste, seul au milieu de cette scène, saisit le moine de stupeur.
Il fallait, certes, oser le voir.
Gabriel Touchedieu était la toute première personne qu’Ethan avait vue à son arrivée à Forbach. Il lui était alors apparu comme un barbon, l’âge mûr qui lui réussissait, avec une carrure, et un charisme, de brigand. Et il fanfaronnait, bien campé sur ses deux jambes, faisant fuser les galéjades.
A présent, le spectacle était plutôt pitoyable. Seules quelques semaines avait passées, mais on aurait dit que près d’une décennie s’était écoulée. La vieillesse et la décadence s’étaient abattue sur le Gourdin comme deux rapaces qui avaient attendu leur heure, et qui maintenant, reprenaient leur droit.
La carcasse maigre, les cheveux et la barbe sales, collés, servant sûrement d’hôte à quelques parasites. Ses balafres se noyaient dans les rides, lui donnant l’apparence d’un vieux fruit, sec et à demi-pourri. Il n’avait pas du tout l’apparence d’un vieillard vénérable, heureux de l’expérience de la vie, prêt à mourir serein et satisfait. C’était au contraire un homme rongé et maigre, tourmenté.
Dans ses mains noueuses, un cadavre de rat.
Un animal en captivité, voilà ce qu’était le Gourdin. Et il avait dépéri à une vitesse folle. De monstre féroce, il était passé à une vieille bête butée et décatie.
Le tableau n’était pas reluisant, et lui évoquait la folie, déjà insinué par le garde.

_Bonsoir, sieur Touchedieu. Vous vous souvenez de moi ?

« Bonjour. Je suis le frère Adriel. »

Non, chasser ces pensées de son esprit. Chasser ces souvenirs, chasser ces fantômes ! A présent, dans l’instant, c’était le Gourdin qui importait ! Elle n’était plus de ce monde, et même si l’instant présent portait en lui tant de similitudes, ce n’était pas une jeune femme charmante accusée de sorcellerie qu’il devait convertir, mais la conscience d’un vieillard à recueillir avant d’être condamné à mort ! Il avait échoué avec elle, mais peut être arriverait-il à sauver Gabriel, si tant est qu’il puisse être sauvé.

_Ouais, le jupon de l’autre fois ! Un sale moinillon de l’Inquisition ! Un chien de Garin ! Dégage ! Dégage si c’est pas pour me pendre maintenant !!

Sans comprendre vraiment, c’est une profonde tristesse qui envahit le cœur d’Ethan. Un homme qui ne ressent que haine et rancœur est en effet une bien triste chose.
Il secoua la tête.
_Non. Je suis là pour vous confesser, Gabriel.

Un rire tonitruant lui répondit, découvrant des chicots à la couleur indéfinissable.

_AHAHAHAHA ! Si c’est mes crimes que tu veux entendre, on y est encore dans cinq ans ! Va-t-en ! Va faire brûler quelques sorcières ! Et laisse-moi crever ! Laisse crever le vieux Gabriel !
_ Avec une âme aussi lourde de pêchés que la vôtre, vous n’arriverez jamais à quitter ce monde. Vous ne voulez pas continuer à errer dans la brume de Forbach jusqu’au Jugement Dernier, n’est-ce pas ?
_Fumisteries !

Le ton du moine avait toujours été calme, d’une constance sereine, ferme sans être agressive. Le jeune homme secoua à nouveau la tête.

_Ce que vous endurez maintenant, Gabriel, n’est rien comparé à ce qui vous attend, si vous gardez votre âme souillée. Incapable de rejoindre le Seigneur, vous errez quelque part entre la Terre et l’Enfer, votre corps vous faisant souffrir mille morts, votre âme glacée et perdue.

Mais son interlocuteur continuait à rire, se gaussant de Dieu, se gaussant du Diable, se gaussant des esprits qui restent prisonniers du monde des vivants sans pouvoir mourir totalement.
Ethan aurait pu soupirer, agacé. Il aurait pu se lancer dans un grand monologue lyrique sur l’amour de Dieu, sur le pardon divin, sur la foi pure et sincère. Mais il était convaincu que cela ne servirait à rien, il n’arriverait pas à atteindre la conscience du Gourdin. Il resta silencieux un instant, mes ses yeux clairs et francs continuaient à fixer la silhouette pitoyable de cette ancienne bête qui avait été, quelques jours auparavant, si redoutée.

_Connaissez-vous le psaume 88, prière du fond de la détresse ?

Aucune réponse.

« Que ma prière vienne en ta présence; ouvre ton oreille à mon cri.
Car mon âme a tout son saoul de maux, et ma vie est venue jusqu'au sépulcre.
Déjà compté comme descendu dans la fosse,
Je suis un homme fini.

Congédié chez les morts,
Pareil aux tués
Qui gisent dans la tombe,
Eux dont tu n’as plus le souvenir
Et qui sont retranchés de ta main.

Tu m’as mis au tréfonds de la fosse,
Dans les ténèbres, dans les abîmes ;
Sur moi pèse ta colère,
Tu déverses tous tes flots.

Tu as éloigné de moi mes compagnons,
Tu as fait de moi une horreur pour eux,
Je suis enfermé et je ne puis sortir,
Mon œil se consume dans la souffrance»


Ethan s’arrêta là. Après un temps, il conclut cependant par la dernière phrase du psaume : « Ma compagnie, c’est les ténèbres. »
La voix du moine résonnait étrangement dans la prison. A part cela, on entendait par moment le couinement d’un rongeur, et une goutte tombant sur le pavé humide.

« Votre compagnie, Gabriel, c’est les rats et les ténèbres. Où sont vos compagnons ? »

Une lueur traversa les yeux de l’ancien inquisiteur, et Ethan sut qu’il avait visé juste. L’homme avait eut un cœur, et avec, une conscience.
Il chercha dans sa mémoire, rattrapant les souvenirs de cette soirée à Forbach où, entre chien et loup, il avait fait connaissance avec le Gourdin et sa meute. Comment s’appelaient-ils, déjà ? Hiver…Le Maul…les autres, il ne s’en souvenait plus.


[hrp : J'ai un peu PNJiser Gaby, j'espère que cela te convient (jpeux toujours éditer)]
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Gabriel Touchedieu
Mort(e)
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MessageSujet: Re: Lâche ton arme et prends ta croix   Lâche ton arme et prends ta croix Icon_minitimeJeu 24 Juin 2010 - 0:04

Gabriel Touchedieu n’aimait pas la Bible. On l’avait trop souvent brandi sous son nez pour l’assommer de propos lénifiants. Il n’aimait pas ces textes en latin, ceux qui les déclamaient, les idées barbares qui étaient derrières. Il n’aimait tout simplement le langage obscur du Livre Sacré. Dieu n’avait jamais voulu parler aux hommes sinon il aurait utilisé un vocabulaire et une syntaxe normale. Gabriel Touchedieu était sourd à Dieu et faisait tout pour. Citer un texte biblique n’aurait jamais dû l’affecter.

Pourtant dès la première phrase il fut touché au cœur. Qui donc avait composé ce psaume ? Quel était cet homme qui était passé dans ce genre de trou et qui avait su mettre des mots sur la moindre chose qu’il avait ressenti lui ? C’était ca, il s’y reconnaissait. On l’avait banni dans un trou à rat, on l’avait chassé dans les ténèbres, lui qui avait toujours vécu à la lumière. Autant il avait aboyé et été arrogant face au moine dans un premier temps, autant il écouta le psaume avec toute l’attention d’un animal curieux, les oreilles orientées vers la source.

C’était surnaturel, ce Moine avait eu du nez en choisissant ce texte. Si bien que la dernière phrase le fit s’extasier. C’était tout lui ca. Et la phrase suivante du Frère Ethan toucha droit dans le mille. Elle fit mal, elle fit très mal.

« Putain de moine ! »

Où étaient ses compagnons ? Hiver, le Maul, Passe-Trou, Edmond le Rouge étaient déjà d’antiques survivants d’une époque révolue, des restes assez pitoyables en vérité par rapport à ce qu’avait été la bande de Touchedieu. Au plus fort de sa vie, Gabriel Touchedieu avait eu vingt personnes sous ses ordres, et c’était une belle période, rayonnante d’amitié virile et de respect profond. La plupart des bandes de brigands n’étaient que des mercenaires qui lorsqu’il n’y avait plus assez de butin se dispersait. La bande à Touchedieu avait fonctionné à l’amitié, et ils se battaient comme une armée, comme des frères d’armes.

En fait, ils ne méritaient pas le titre d’amis. On s’en rapprochait en disant : « frère d’arme ». Mais dans les faits, ils étaient frères de sang, une amitié scellée dans leur propre sang et dans celui des autres. Par définition, personne ne pouvaient les remplacer.

Et Gabriel Touchedieu était le dernier survivant d’une bande balayée peu à peu par la Justice et la Force. Un homme qui n’avait plus d’attaches en ce monde, et qui ne savait pas pour qui il restait encore vivant.

C’est vrai au juste, pour qui restait il vivant ?

« Mes compagnons, mon Frère, sont soit au paradis, soit en enfer maintenant. Tout dépend de ce que Dieu a regardé. S’il a regardé ce que tous regardent, alors ils seront en enfer, mais si Dieu les a vu comme moi je les ai vu toutes ces années, alors ce sont des saints :

Mes amis étaient les meilleurs amis qui puissent exister sur Terre : c’étaient des gens sans arrière-pensées, qui ne comptaient pas ce qu’ils donnaient. Nous nous sommes tous sauvés la vie des uns des autres au moins cinquante fois ces dernières années. Chaque mort a été un grand deuil, et nous savions tous que si nous mourrions, il y aurait toujours toute la bande pour se souvenir de lui et le pleurer.

Maintenant, je suis tout seul, à porter le deuil de quatre morts d’un coup, et personne derrière moi ne portera le deuil. »


C’était une réponse complète à une simple question. Gabriel Touchedieu avait été trop secoué par le psaume pour jouer au plus fin avec le Moine. Il disait la vérité, simplement, parce qu’il devait bien ca à tous ses compagnons et frères. Il fallait que l’on dise au moins une fois à quelqu’un à quel point ils avaient été des hommes biens.

« Personne ne portera mon deuil. Tout le monde crachera sur mon cadavre. Foutu peuple. »

Mais… à qui diable est ce qu’il était en train de raconter ca ? A un confesseur, à un gars comme tous les autres, si ca se trouvait lui aussi allait faire partie de ceux qui ricaneraient en le voyant gigoter en haut d’une corde.

« Vous êtes venus pour me confesser, mais est ce que vous serez pas du genre à cracher sur ma tombe vous aussi ? Si ca se trouve, vous me prêchez l’accès au paradis, mais vous m’avez condamné aux enfers. Comme les autres. Comme tous les autres qui ont voulu me tuer.»

Il montrait les crocs comme un chien apeuré, mais il était toujours aussi réceptif.
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