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 La Fin des Ombres - I/II (#10)

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L'Oracle
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La Fin des Ombres - I/II (#10) Vide
MessageSujet: La Fin des Ombres - I/II (#10)   La Fin des Ombres - I/II (#10) Icon_minitimeSam 1 Mai 2010 - 3:10

La terre vibrait ce soir. La terre préparait ses adieux. Les autres habitants devraient bientôt dire au revoir à leur sauveuse divine qui atteignait son objectif et allait retourner aux côtés des Hautes Instances. Les arbres émus faisaient frémir leur feuillage dans un bruissement timide. Ils pressentaient la fin des ombres dans un déluge de lumière. Le ciel s’obombrait, concentrant sa force nitescence en perles étoilées et en lune argentée caressant fébrilement les herbes pâles qui ployaient sous le souffle haletant du firmament. La procession des villageois arrivait discrètement au centre du Champ de Muguets, animant les clochettes blafardes d’un tintement imaginaire.

Le Champ de Muguets de la Forêt Noire était le rendez-vous idéal pour un 1er Mai. Les habitants le connaissaient bien. Toute la matinée durant ils venaient y cueillir un brin de muguet pour en offrir à ceux qu’ils aimaient pour leur porter chance. Mais rares étaient ceux qui y étaient déjà venus de nuit… Bien que situé en périphérie de la Forêt, les habitants n’osaient s’y aventurer de peur d’être dévorés par les sorcières… Pourtant en cette soirée, une lueur les rassurait. Un feu de camp allumé là, au beau milieu de cet immense champ. Il était entouré de tables garnies de nappes dentelées sur lesquelles étaient posées délicates victuailles et goûteux mets.

Dès le début de la soirée les habitants de Forbach, hors de l’inquisition et de leurs proches fréquentations et des tribus de sorcières, s’étaient rassemblés dans ce champ pour faire ripaille plaisanter, boire et imaginer la splendeur du spectacle promis par l’Oracle. À la tombée de la nuit la Parole de Dieu n’était toujours pas présente, mais toute la ville était face au feu à patienter joyeusement. Les musiciens jouaient, les danseurs tournaient, et les conteurs parlaient. Quand tout à coup, le feu, jusqu’alors calmement flamboyant sans nulle baisse de régime du brasier – chose étrange pour qui s’y connaît – frétilla comme un œuf prêt à éclore dans un grondement sourd suivi de multiples crépitements.

Les villageois surpris se reculèrent de quelques pas. Les convulsions cessèrent, la flambée était toujours incandescente. Un groupe de paysannes au regard farouche s’approcha un peu du feu mais des braises volatiles se mirent à virevolter, de plus en plus nombreuses. Elles s’envolaient entre les badauds ahuris par ce mouvement extraordinaire. Le feu s’emballait, les habitants reculaient. Puis une gerbe exceptionnelle s’échappa, comme à la suite d’une explosion importante, soulevant un lourd nuage de flammes qui ralentit sa course vers les cieux à quelques mètres du sol à peine. Le nuage de feu ne cessa pas de brûler dans les airs, animé de mouvements frénétiques.

C’était donc ça le cadeau de l’Oracle ? Un flambeau géant suspendu au dessus d’un champ ? Il suffisait d’observer le regard des habitants présents pour comprendre que non. Ils étaient absolument fascinés. Leurs yeux brillaient d’un éclat qui n’était pas seulement celui du brasier. Certains se mirent à rire de joie, d’autres pleurèrent d’émotion. Tous unis face à cette manifestation surnaturelle orchestrée par l’Oracle mais séparés par la vision de différents spectacles. Car c’est bien là que résidait la véritable magie de l’Oracle. Chaque habitant voyait cette flamme éthérée s’animer de différentes manières pour sculpter fidèlement des scènes mouvantes en communion avec sa propre imagination.

Un bourgeois voyait en ce nuage une scène de chasse, une jeune paysanne se voyait portant un nourrisson dans les bras, un jeune homme voyait sa sœur miraculeusement guérie du typhus, une femme âgée revoyait son défunt mari lui sourire. Le bonheur exhalait de chaque visage. Le spectacle dura ainsi de très longues minutes. D’aucuns totalement absorbés n’aperçurent même pas les petites mais nombreuses flammèches ailées serpenter avec lenteur entre les habitants pour définir un périmètre circulaire autour du grand groupe concentré autour du flambeau enchanté. Les petites étincelles suspendirent leur calme marche au dessus des muguets.

Le cercle qu’elles décrivaient était parfait. Les enfants qui les avaient suivies pour s’amuser en se brûlant le bout des doigts - pensant pouvoir les attraper - s’arrêtèrent à quelques centimètres d’elles pour ne pas les effrayer lorsqu’elles furent enfin immobiles. Les yeux émerveillés, les bambins se mordaient la lèvre inférieure, curieux de la prochaine impulsion des dizaines de flammèches. Les étincelles tombèrent alors avec la légèreté d’une cendre, mais lorsqu’elles touchèrent le sol celui-ci s’embrasa en une déflagration brutale et sonore. Les habitants quittèrent le flambeau des yeux pour comprendre avec désespoir qu’ils étaient encerclés par les flammes.

La terre grondait ce soir. La terre préparait ses adieux. Les autres habitants devraient bientôt dire au revoir à leur sauveuse luciférienne qui atteignait son objectif et allait retourner aux côtés des Sombres Instances. Les arbres émus faisaient trembler leur feuillage dans un vrombissement affolé. Ils pressentaient la fin des ombres dans un déluge de flammes. Le ciel s’obombrait, concentrant sa force nitescence en perles étoilées et en lune argentée caressant fiévreusement les herbes pâles qui ployaient sous la plainte oppressée du firmament. Le troupeau de villageois s’agitait anarchiquement dans le cercle de feu, piétinant les clochettes noircies dans un crissement sinistre.
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Constance Edelgard
Oblivius
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La Fin des Ombres - I/II (#10) Vide
MessageSujet: Re: La Fin des Ombres - I/II (#10)   La Fin des Ombres - I/II (#10) Icon_minitimeSam 1 Mai 2010 - 19:33

La journée avait été longue, et sa morne figure attestait d’un voyage éreintant. Elle avait parcouru les derniers kilomètres pour son retour à Forbach, avec un mélange d’impatience et de crainte. Bientôt, elle laisserait Garance, sa fille, visiter leur demeure. Et bientôt, elle foulerait le Manoir qui accueillit, jadis, bien des troubles dont elle était à l’origine. L’une de ses mains semblait piquer, sans qu’elle puisse se l’expliquer. Pourtant, alors que la voiture s’immobilisait devant le grand escalier de pierres qui menait aux portes, constater que tous ses domestiques étaient parfaitement alignés fut un ravissement. Presque un soulagement… Quitter ses parents fut une déchirure, à nouveau, et savoir qu’elle devrait siéger dans ce manoir sans la présence du Duc à ses côtés aurait réussi à lui faire faire demi-tour. Pourtant, les voir ainsi tous fidèles et accordés, saluant l’arrivée de leur Maîtresse avec élégance, lui donna du baume au cœur. Elle ne serait pas réellement seule…

Il y avait Garance, qu’elle portait dans ses bras, jalouse de quiconque désirait la lui prendre, depuis que sa mère les avait séparées. Aujourd’hui, elle ressentait même de la joie de retrouver Lison, qui pleurait en venant à sa rencontre pour prendre ses bagages, alors que des valets se chargeaient des nombreuses valises et males. Lison eut un regard meurtrit envers sa Maîtresse, qui semblait avoir pris dix ans sur ce beau visage. Mais aucun commentaire n’aurait été supporté, et Lison le savait bien.

L’enfant dormait paisiblement, et serrait parfois les poings, alors qu’elle réapprenait à apprivoiser le Manoir Edelgard. Elle n’était pas partie longtemps, cependant les événements avaient semblé allongé le temps passé hors de Forbach. Ce fut Lison qui vint vers elle, deux heures après son retour, alors qu’elle était assise dans ce grand fauteuil où s’installait jadis Octave, l’air pensif.

- Madame devrait aller se reposer dans sa chambre, le voyage l'aura fatiguée... La voix de la petite était nasale, témoin de ces pleurs qu'elle lâchait sans cesse depuis qu'elle avait appris la mort du Duc.

Ce ne fut qu'après un long moment sans réagir qu'elle leva le bras pour chasser la servante d'un geste négligé. Qu'elle lui fiche la paix... Et, lorsque la jeune fille fit demi tour pour continuer de ranger les nombreux bagages de sa Maîtresse, elle eut cependant un sourire aux lèvres : la Duchesse était de retour, et elle préféra la trouver immonde que morne.

Pourtant, Constance dut se faire violence. Elle avait couché Garance dans ce berceau ramené de Picardie, où elle-même avait passé les premières nuits de son existence, et elle lui manquait déjà... De plus, il faudrait bientôt la nourrir, et elle ne manquerait pas de le lui faire comprendre à grand renfort de cris. En montant les escaliers, elle eut des grimaces : les sièges de ce fiacre n'étaient en rien confortable pour de longs voyages, et son dos était courbaturé ; elle peinait, également, à ne pas marcher sur cette toilette noire et imposante. Sa mère la lui avait donnée, elle appartenait à sa grand-mère, disait-elle. Elle était vieille et n'arrangeait en rien la progression, mais il lui fallait porter le Deuil. Le double deuil... Et porter la culpabilité secrète de ses actes.

Lorsqu'elle poussa la porte de la chambre de sa fille, un souffle d'air souleva les mèches brunes autour de son visage ; la fenêtre était ouverte... Elle était pourtant certaine de l'avoir fermée lorsqu'elle avait déposé le bébé. Trop distraite, elle n'y porta aucune attention, mais ce fut lorsqu'elle s'approcha du berceau pour observer le soulèvement lent de la respiration de sa chère fille, que Constance fut attirée par quelque chose, à côté de la tête du nouveau-né.

En la tirant, la Duchesse découvrit une lettre, lui étant adressée. Elle était, et c'était certain, sure qu'elle ne s'y trouvait pas lorsqu'elle avait couché Garance, deux heures au paravent. Un frisson la prit : il se disait tant de rumeurs, qu'elle affectionnait, qu'on pensait souvent au pire dans ces situations-là. Un Corbeau pourrait-il connaître toutes ces manigances et s'en prendre à elle par ce biais ?
Elle fut presque rassurée lorsqu'elle lut la signature : l'Oracle. Cet Oracle qui les avait sauvé de bien des maux, qui avait offert son pardon et chassé les Esprits, après qu'on eut fait la lumière sur les Exorcistes. Elle se souvenait de son arrivée, juste avant qu'elle ne quitte Forbach. Elle n'avait eu vent de ses exploits qu'après avoir repris la route vers Laon, chez la cousine de sa mère, par les lettres d'un voisin toujours très courtois, et surtout, très intéressé par Constance.

L'Oracle déclairait l'inviter personnellement afin de célébrer en grand nombre la Lumière, et se réunir pour que ces années sombres ne soient qu'un souvenir lointain... La mort d'Octave, sa Faute, et surtout, la venue au monde de sa fille avait donné à Constance des craintes plus grandes encore qu'au paravent, où elle se trouvait insouciante des problèmes de Forbach. Mais elle n'avait qu'un espoir désormais, que Garance ne connaisse rien des troubles qui avaient déposé trop de malheur au pied de chaque porte du village. Il lui sembla immédiatement primordial d'y assister, au delà de cette soirée distrayante qui était évoquée.

Primordial car salvateur : si l'Oracle avait réalisé de grande chose, et avait laissé sa miséricorde profité aux habitants de Forbach, elle espérait qu'en s'y présentant, cette fête saurait lui retirer ses tords, et prouver au Seigneur qu'elle se retentissait... Garance émit quelques sons, plaintifs. En repliant soigneusement la lettre, et en la cachant dans une pochette de velours à sa taille, Constance put prendre son enfant dans ses bras, et s'installer sur banc à côté, afin de lui donner le sein.

oOo

Ses bras nus réchauffés par une large étole pourpre, Constance embrassa le front de sa fille avant de la laisser, à contre-coeur, à la jeune Lison. Sa nourrice, à ses côtés, assura à nouveau que tout irait bien, mais la Duchesse n'eut qu'un regard menaçant à son égard : s'il arrivait quoi que ce soit à sa fille, cette femme, ainsi que tous les domestiques du Manoir, n'auraient plus à se préoccuper de nourrir leur famille. Ils ne le pourraient plus.

Elle ressentait une profonde noirceur en elle, capable du pire, si l'on touchait à Garance en de mauvais termes. Ce fut la présence d'Alain qui la rassura quelque peu. Il avait toujours été fidèle au Duc, et officiellement, Garance en était la fille. Il veillerait...
Elle monta dans la voiture qui la mènerait à l'orée de la forêt, ne pouvait aller plus loin, et lorsqu'elle en descendit, ce fut de nouveau avec une grimace de douleur. Lorsqu'elle vit la foule d'habitants se rejoindre en une longue file, menant vers l'intérieur du bois, Constance fut presque étonnée de voir Paysan et Bourgeois se mêler... Pourtant, elle se sentit assurée qu'une telle communion ne pouvait se faire en distinguant les classes ; et ce, malgré qu'elle se sente désagréablement surprise d'avoir à partager ce moment avec des gens loin de sa Condition.

Elle suivit un vieillard qui tenait par la main un petit garçon sautillant, et à sa droite, elle reconnut le Tailleur. Il la salua, s'approcha mais, sans une quelconque invitation de sa part, il ne se permit pas de lui adresser la parole... Constance n'avait aucune envie d'évoquer les événements de ses derniers mois, et sa tenue noire, son voile de dentelle devant les yeux, ainsi que sa mine fatiguée étaient bien suffisant pour qu'on chuchote à son passage.
La Veuve Edelgard ressentit, dès lorsque le champ de Muguets les accueillit, une immense quiétude, et elle regrettait l'époque où elle pouvait courir pieds nus en écrasant avec joie les clochettes des plantes odorantes. La première année de son mariage, elle avait insisté pour s'y rendre le jour du 1er mai, avec Octave... Le feu les réchauffa tous, et bientôt, tous s'animèrent. De chants, de danses ou de discussions légères, les précautions et les noires soirées semblaient bien lointaines.

Elle se détendait, tout en écoutant à côté d'elle, les rumeurs que colportait le Tailleur. Le commerçant était très au fait de tout ce qui se disait, et ce fut lorsqu'il évoquait la relation de Madame de Bontilleul et de son palefrenier qu'il se tut soudain, et qu'un « ho » de surprise s'éleva. Tout fut alors fabuleux, surnaturel... Les flammes dansèrent alors que se stoppaient les cavaliers qui tournaient avec les Dames, et beaucoup s'approchèrent. Constance ne put rester immobile, et sa curiosité la poussa à suivre une jeune paysanne qui voulait voir de plus près ces étincelles qui tanguaient. Alors que la pauvrette se mettait à pleurer d'émotion en sanglotant le prénom de son père et en lui faisant de grands signes de la main, la Duchesse fut saisie d'un profond sursaut en distinguant, bientôt dans les flammes orangées, la silhouette d'Octave se dessiner. Il n'était pas seul... A ses côtés, elle mit du temps à le deviner, mais elle se voyait, dans cette magnifique robe de mariée dont elle était vêtue le jour de ses noces.

Durant plusieurs minutes, comme dans un rêve, elle revit sa moue boudeuse de cet instant, alors que le Prêtre les mariait... La honte de ses parents, indignés, la fit sourire, se voir ainsi si jeune, et lire, en dépit de son attitude, l'admiration du Duc lorsqu'il l'observait sous son voile blanc lui fit lâcher un rire, puis une larme... Elle ignorait, à l'époque, pouvoir regretter un jour d'être Veuve... Mais tout se dissipa, et ce fut avec déception qu'elle dut être tirée de ce souvenir heureux par une odeur âcre. En se tournant, ce furent des cris qui accompagnèrent son effroi : autour de la foule regroupée en cercle autour du feu, un immense brasier les emprisonnait. La chaleur se fit étouffante, la fumée en fit cracher plus d'un, et tous, tous hurlaient au secours.

La panique gagna les entrailles de la Duchesse, qui s'écria à l'aide, et les seules réponses étaient des hurlements de terreur. Comment se pouvait-il qu'une si belle soirée puisse se transformer ainsi en cauchemar ? Elle peinait à respirer sans tousser, et plaqua son étoffe contre sa bouche en haletant. Tous, autour, courraient et se marchaient dessus, dans l'espoir de trouver une brèche à ce cercle enflammé. Ce ne pouvait pas être l'objet de l'Oracle, ce ne pouvait être que les Sorcières ! Constance ne pouvait pas concevoir que cette invitation soit un mauvais tour de celui qui avait purifié Forbach, c'était impossible à penser. Elle s'époumona de nouveau, en appelant à la bonté de l'Oracle qui viendrait les sauver.
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Douce Ambrée
Oblivius
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La Fin des Ombres - I/II (#10) Vide
MessageSujet: Re: La Fin des Ombres - I/II (#10)   La Fin des Ombres - I/II (#10) Icon_minitimeDim 2 Mai 2010 - 18:47

Douce suivait curieusement un petit groupe de villageois, en gardant une distance respectable entre elle et ces créatures débordante d'une joie nauséeuse. Ils étaient heureux d'aller à ce rendez-vous, à cette fête soi-disant exceptionnelle. Douce avait reçu la lettre, et son contenu ne lui avait vraiment pas convenu. Qu'est-ce que c'était que cette histoire d'exorcisme, et de lumière ? Elle avait vaguement entendu parler de l'Oracle depuis qu'elle était à Forbach, car même si personne ne lui parlait à elle personnellement, il lui arrivait d'entendre les gens parler entre eux. Et cette espèce d'Oracle semblait vouloir mettre fin au grand intérêt qu'elle aurait du trouver en venant ici. Etait-ce de sa faute, si Douce n'avait pas encore pu assouvir sa soif de carnage ? Si elle avait su que ce village se dirigeait vers la lumière, elle serait restée chez elle, ou la folie de son père était au moins presque divertissante.

Ainsi, après avoir lu la lettre, elle avait décidé de ne pas répondre à cette invitation trop mielleuse à son gout. Elle n'avait rien à fêter.
Mais après réflexion, elle revint sur sa décision. Elle était curieuse finalement, après tout la lumière pouvait avoir plusieurs sens. Une personne qui brule, ca fait de la lumière.

Décidant donc qu'elle n'avait rien à perdre, et que le spectacle pourrait peut-être tourner à son gout, elle y était allée. Mais comme elle n'était pas encore totalement familière avec les lieux, elle avait du suivre d'autres gens, et supporter leurs immondes espoirs. Arrivée au champ cependant, en entendant cette musique joyeuse, ces visages souriants, ces gens danser, elle fut obligée d'aller s'installer à l'écart, loin de toutes ces agressions. Elle les regardait, ces misérables insectes, grouiller sur le sol comme des fourmis. Elle ne leur souhaitait qu'une chose, pour qu'ils puissent être sauvé de leur horrible aspect banale, se jeter dans les flammes du feu qui crépitait à leurs côtés. Elle ferma les yeux, pour pouvoir mieux entendre les cris de douleur que son imagination créait.
En les rouvrant elle remarqua qu'il faisait complêtement nuit, et un sourire carnassier se forma sur ces lèvres. Quelque part, l'idée de célébrer la Lumière à la tombée de la nuit avait un côté si ironique que cela l'amusait.

La fête commença enfin réellement. Le feu se comporta de façon étrange. Pour ne pas rater cela, Douce s'approcha de la foule, si les flammes décidaient de tous les dévorer, elle ne voulait pas manquer une bonne occasion de participer à une flambée commune.
Et elle le vit. Ce n'était plus un fantasme, elle le voyait, cette instant jouissif ou tout le monde devenait une torche vivante, puis morte, en se tordant de douleur dans un pur moment de plénitude. L'oeil de Douce brilla d'excitation, elle n'avait jamais vu une telle chose ailleurs que dans son esprit. Puis tout disparu, cette vision magnifique lui fut retiré avant qu'elle n'ait pu sentir l'odeur de chaire brulée. Mais le spectacle n'était pas terminé, une douce mélodie vint lui ravir les oreilles. Des hurlements, du désespoir. Douce riait avant même de voir les flammes qui les entouraient. Les villageois se mirent à danser d'une façon qui lui plut, cette peur et incompréhension qui les animaient l'amusait, la nourrissait.
Etait-ce le cadeau ? Son cadeau ? Pendant que tous s'agitaient autour d'elle, Douce leva les bras vers le Ciel, et poussa un cri de jouissance suprême. Ca allait se produire ? Vraiment ? Magnifique !
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Invité
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La Fin des Ombres - I/II (#10) Vide
MessageSujet: Re: La Fin des Ombres - I/II (#10)   La Fin des Ombres - I/II (#10) Icon_minitimeDim 9 Mai 2010 - 2:43

Beaucoup de soupirs, ce soir, alors qu'il fallait se préparer pour aller à cette étrange fête. Kerwan ne comprenait pas vraiment ce qu'il allait y faire, et pourquoi il se pliait à la volonté de l'Oracle... Ah si, peut-être bien à cause de cette histoire de chantage... S'il voulait conserver son masque, il ne devait en aucun cas interférer avec les plans de Damoiselle Parole de Dieu. Quelle peste. Mais cela le réconfortait, de savoir le Mal ancré dans le Bien. Les bien pensants... quelle drôle de race... Voulant le bien mais usant de méthodes malsaines.
Si cela l'avait amusé sur le moment, Kerwan en avait assez de cette histoire. Mais puisqu'il s'agissait de fêter les exorcismes qu'avait effectué l'Oracle, l'exorciste devait être là. Allait-il être tourné en ridicule ? Toute une troupe d'exorcistes avaient été incapables de régler les possessions qu'une gamine avait effacé.
Bah... Dans l'église, c'était trois fantômes coriaces qui avaient été renvoyés chez eux. Autant dire qu'ils avaient laissé les plus faciles à l'Oracle. Oui. Oui, voilà, c'était ça. C'était ce qu'il devrait réussir à faire comprendre si on lui posait des questions.
Mais dans la subtilité.
Bien sûr.

Laissant de côté sa bure comme il le faisait depuis un moment maintenant, puisque tous étaient au courant de son statut d'exorciste, Kerwan enfila un pantalon noir et sa sobre chemise blanche à laquelle il ajouta une croix en bois suffisante à déclarer son statut. Oui, les gens pouvaient le reconnaître ainsi.

Tout le long du chemin, l'exorciste ruminait en silence. Il détestait ce genre de soirée. Il n'avait rien contre la frivolité, quand il pouvait y prendre part. Mais l'ennuyeux frère Kerwan se devait d'être bien sous tous rapports, surtout face à tous les gens simples qui allaient se trouver là. Il suivit donc docilement quelques groupes de personnes qui prenaient visiblement la même direction que lui. Cette soirée paraissait être l'évènement du moment à Forbach. Pour peu, il en aurait grincé des dents.

Le feu au centre diffusait une chaleur bienveillante. Adressant un sourire amical à tous ceux qui le reconnaissaient et le saluaient, Kerwan ne s'arrêtait pourtant pas. Allons bon, il n'allait pas les écouter geindre toute la soirée non plus, hein. Mais personne ne semblait en avoir envie, de toute façon. Ils étaient tous là pour s'amuser.
Rodant donc dans le lieu, comme un prédateur n'arrivant pas à choisir sa proie, l'homme se contenta de rester en retrait, faisant mine d'écouter ce qui se disait par-ci par-là, hochant doucement la tête lorsqu'il le fallait, et observait les environs, se demandant si l'Oracle allait faire son apparition. Plus vite elle arriverait, plus vite la petite fête se terminerait, et donc plus vite il pourrait rentrer dans ses appartements. Le temps passé à Forbach ne l'avait pas rendu plus sociable, et personne ne semblait s'inquiéter de son manque de bavardages inutiles. Certains appréciaient même ce point de caractère. Mais personne ne savait que c'était par peur de trop en dire.

Son regard se perdit donc dans les flammes du grand feu au centre, pensif. Une année qu'il était ici sans qu'il n'ait pu faire ne serait-ce qu'un pas vers son but. Pire encore, il avait sûrement donné quelques doutes à la Comtesse quant à son masque lisse. Chaque jour qu'il passait en cette ville lui donnait l'impression qu'il perdait son temps, mais surtout qu'on risquait de le découvrir à chaque instant. Que se passerait-il pour lui par la suite ?...

Soudain, il y eut un événement qu'il ne comprit pas vraiment. Une sorte de nuage de feu qui décidait de se mouvoir à son bon gré. Kerwan, alerte, s'approcha doucement à travers la foule pour mieux y voir. Et il voyait. Oh oui. Il voyait la richesse et le pouvoir, mais surtout une certaine femme qu'il n'avait plus revu depuis longtemps, aux cheveux violacés, succomber à la pression qu'il faisait sur son cou tendre. Quel plaisir. Un sourire animal anima son visage, tandis qu'il détournait le regard de ce qui pouvait passer pour de la sorcellerie. Tout autour de lui, les gens fixaient cette chose avec des regards heureux. Et les gamins jouaient avec... hmm il ne savait pas vraiment quoi.

Kerwan n'eut pas le temps de s'y intéresser clairement car tout s'embrasa. Un cercle autour de toute la population. Il fronça les sourcils. Qu'arrivait-il ?
Quel drôle de plan avait donc effleuré l'esprit de l'Oracle ? Digne du grand malin. Et si cela aurait pu lui plaire s'il avait été de l'autre côté du cercle, Kerwan tenait à la vie, plus que cette dame étrange à la beauté pervertie par une étrange cicatrice qui s'était mise à rire, mains levées vers le ciel. Devait-il l'assommer pour qu'elle devienne raisonnable ? D'un autre côté, les cris et les suffocations des autres n'étaient pas plus agréables.

Pour lui aussi, respirer la fumée devenait difficile. Kerwan tira la manche de sa chemise et l'appliqua sur sa bouche pour éviter de respirer les résidus de cendre qui voletaient dans l'air. Une étole pourpre sur des vêtements noirs attira son attention. Il aurait toujours pour cette couleur une certaine attirance, à présent, il en était certain... Ce fut certainement pour cela ou bien pour aller avec son déguisement de bienfaiteur qu'il se dirigea vers cette silhouette au visage voilé, qui se faisait bousculer par des imbéciles cherchant une façon de s'en sortir.

Cela ne se pouvait pas. L'Oracle aimait les gens, ou du moins, le prétendait.
Etait-elle un imposteur, comme lui ?
Oh il allait lui faire payer une telle trahison. Il n'allait pas mourir ici. Il sortirait de là et tordrait le cou à cette gamine.

Kerwan agrippa sans un mot le bras de cette femme en noir, qu'il ne savait pas être la duchesse, et la tira dans une zone où moins de gens couraient dans tous les sens, se frayant un passage dans la foule apeuré avec force. Une fois fait, il laissa respirer la Dame. L'exorciste observait attentivement ce qui se passait autour d'eux, sans cesser de tenir ce bras. De le serrer. Oh, il lui ferait mal, à cette peste. Car il allait se passer quelque chose, il en était certain. Il allait avoir une idée pour le sortir de ce pétrin.

Elle était maline, la gamine. Tous les habitants étaient venus aux festivités. Qui restait donc pour éteindre le brasier ?
Les Inquisiteurs. Fidèles serviteurs de Dieu.
Ou bien était-ce un piège pour que les sorcières se révèlent ?
Dans quel camp était donc cette peste ?
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Gabriel Touchedieu
Mort(e)
Mort(e)



La Fin des Ombres - I/II (#10) Vide
MessageSujet: Re: La Fin des Ombres - I/II (#10)   La Fin des Ombres - I/II (#10) Icon_minitimeMer 12 Mai 2010 - 22:39

La Mort accourait au service de l’Oracle.
Les Inquisiteurs couraient sur le signal de l’Oracle.

Tous ces mois d’attente se justifiaient enfin. Malgré les doutes légitimes que l’on pouvait avoir, l’Oracle avait tenu sa parole : les Sorcières étaient livrées sur un plateau, au milieu de la forêt, piégées par un rideau de flammes, prêtes à être moissonnées. En l’absence de Louis, le Second avait lâché les fauves après avoir reçu l’ordre express de l’Oracle.

Les Troupes du Seigneur étaient en marche, mais aucun ne se doutait qu’ils ne servaient pas le même Seigneur que l’Oracle, que le coup d’éclat devait finir en une boucherie noire. Ils couraient comme une meute humaine.

En première ligne de ces robes noires, cinq têtes blanches : le Gourdin et ses quatre chiens de brigandage. Tous cinq exultaient, revivaient le temps de leur jeunesse, chacun à sa façon. Le Maul beuglait de sa voix rauque ; Hiver avait sorti du placard tous ses assortiments de couteaux à lancer et dans sa course les vingt lames bringuebalaient dans un bruit de ferraille ; Edmond le Rouge ricanait comme une hyène, révélant le fait qu’il était le plus fou et le plus sanguinaire des cinq ; Passe-trou, le plus gras, suait comme un bœuf et avait le souffle d’un asthmatique, mais il courait encore plus vite que tous les jeunes.

Gabriel Touchedieu était finalement le plus « normal » des cinq : un pas de course égal, il ne criait que pour attiser, ne riait pas de façon malsaine : il courait avec son gourdin à la main, sûr de lui, sûr que d’ici peu, il pourrait se défouler comme jamais. Après tous ces mois de privation et de sevrage, interrompu à peine par des petits écarts de régime comme sur le parvis de l’église de Zetting, il avait l’impression de redécouvrir la lumière, il retrouvait une sorte d’harmonie dans sa course armée. Il retrouvait des plaisirs simples comme battre la campagne à la recherche de victimes, sentir dans sa main le poids réconfortant de sa massue, se dépenser physiquement au maximum de ses capacités. Cela n’avait pas de prix.

Il avait tenu sa parole envers l’Oracle, plus ou moins bien, mais globalement il l’avait tenu. Le régime prenait fin aujourd’hui, à table ! Après un coup d’éclat pareil, on le craindrait, on le respecterait, et il n’aurait plus jamais à avoir peur qu’on le renverse. L’Inquisition pourrait quitter Forbach, et Gabriel Touchedieu pourrait prendre sa retraite d’une vie très remplie dont il ne regrettait aucun passage.

Oui, aujourd’hui était l’ultime coup de main de toute sa carrière, la dernière fois qu’il manierait le gourdin, qu’il frapperait et ferait couler le sang et la peur. Pour sa retraite, il voulait une apothéose digne de sa réputation, quelque chose qui marquerait les gens, qui sauverait un peu sa mémoire : le Gourdin, violent et brutal, mais au moment fatidique, sa violence et sa brutalité sauvèrent la mise. Voilà ce que Gabriel Touchedieu voulait qu’on garde de lui.

Ensuite, il se retirerait dans un lieu isolé, avec ses compagnons, ils vivraient ensemble leur dernier hiver, libres et fiers comme des bandits, ils se raconteraient les histoires du bon vieux temps et boiraient à leur propre santé, et à la nouvelle génération de brigands et d’inquisiteurs. Ce serait ca, la retraite du Gourdin.

Mais d’abord clore sa belle carrière dans le plus beau des feux d’artifices. Le gourdin à la main.

En haut d’une côte, ils virent enfin la clairière aux muguets. Gabriel Touchedieu n’aurait jamais cru qu’il y ait autant de gens à Forbach qui soient des sorcières, et n’aurait jamais soupçonnés ceux qu’il reconnut. Certains avaient même aidés l’Inquisition. Ce n’était pas logique, mais il n’était pas là pour faire dans la finesse. L’Oracle avait dit, Les Inquisiteurs devaient faire. Et là il apparut, le démon énorme et monstrueux, avec des cornes de béliers.

Les Sorcières invoquaient Satan en personne.

Le Gourdin utilisa son gueuloir qui retentit au loin :

« FIDELES COMPAGNONS ET AMIS INQUISITEURS
DONNONS LA CHASSE AUX FILLES DU MALHEUR ! »


Sur ces deux vers sinistre, les Inquisiteurs armés jusqu’aux dents se ruèrent sur les autres habitants, innocents de tout crime.

Le Gourdin voulait une apothéose, ce fut l'apothéose la plus sanglante de sa carrière.

Pour accompagner votre lecture, ne regardez pas la vidéo


C’est un jour de colère
Dies Irae disent les prêtres.
Voici le jour du Fer,
Où vous trouvez vos maîtres.

Le craquement de tes os
Dans le bois de ma masse
Va donc sauver ta peau,
Je te suivrai à la trace.

Sous le fer, le sang coule,
Sous la colère meurt la foule.
Mon bras frappe, se fatigue,
Mais plus rien ne m’endigue.

Et le feu nous entoure,
Nous, nuée de vautours,
Et dedans la vie fuit
Ces serviteurs de la nuit
.
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Sébastien Garin
Conseiller de la Suprema
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Sébastien Garin


La Fin des Ombres - I/II (#10) Vide
MessageSujet: Re: La Fin des Ombres - I/II (#10)   La Fin des Ombres - I/II (#10) Icon_minitimeSam 15 Mai 2010 - 0:38

Sébastien Garin avait couru aussi, il en était essoufflé à l’extrême. Il avait beau participer à tous les exercices qu’il pouvait, il n’arrivait pas à avoir le niveau physique des soldats de Dieu. C’était une des choses qui le gênait en tant que Second. Trop fragile physiquement. Théoriquement, il aurait dû mener les troupes lui-même sur place tandis que Louis restait à l’arrière pour « superviser ». Ne pas savoir quoi, depuis qu’il était avec Europe, il était devenu tellement plus casanier, préférait l’envers de son bureau au travail de terrain. Confier à Sébastien Garin le soin de mener le coup de main, c’était incompréhensible, lui seul avait la poigne pour cela. En temps normal, le Second avait déjà du mal à discipliner la meute, dans ces circonstances, en courant à la bataille, c’était devenu carrément impossible.

Sébastien Garin aperçut la lueur des flammes avant d’apercevoir le cercle. Flammes ? Pourquoi des flammes ? Elles n’étaient même pas discrètes. Une dernière petite pente et il pourrait tout voir. L’effort à fournir était du genre de ceux qui éclatent le cœur. Enfin Sébastien Garin arriva en haut de la pente et put contempler ce qui se tramait en bas en s’appuyant sur un arbre.

Un rituel sabbatique, une orgie de ménades se déroulait à l’intérieur d’un cercle de flammes opaques qui occultait toute vision. Elles devaient être dans une phase particulièrement cruciale du rituel, pour qu’il y ait autant de cris. Sébastien Garin frissonna devant les cris qui surgissaient des flammes. Ce n’était pas humain, ils étaient porteur de tellement de sensations… peur surtout.

La Peur prit aussitôt un visage, celui d’Abbadon, avec ses énormes cornes de béliers qui lui descendaient sur le visage jusqu’au joues et ce visage semblable à de la lave en refroidissement, des crocs à la place des lèvres. Sébastien Garin eut vraiment peur. Les Sorcières invoquaient Satan en personne. Elles avaient dépassées toutes les limites, il ne s’agissait plus de les sauver à présent, mais de sauver le Monde. Pas le temps d’ériger des bûchers, les épées suffiront.

Le Gourdin ouvra son clapet et beugla une exhortation. Exhortation qui parla aux tripes de tous les hommes de mains et inquisiteurs versés dans l’action physique, qui leur fit franchir leurs limites de peur. Une exhortation qui les mit en marche.

Mais il n’en a pas le droit !


Depuis cette affaire bizarre de tentative d’assassinat au château, où le Gourdin avait tenté de tuer la veuve du Comte de Forbach, et où Gabriel Touchedieu avait juré qu’il était drogué ou envoûté à ce moment là, le Second l’avait mis à pied, et retirer toute autorité sur les hommes de main. C’était la peine la plus douce qu’il avait pu appliquer. Sébastien Garin avait fait sortir Gabriel Touchedieu au moment où l’Oracle avait donné le signal, pensant que ses qualités d’hommes d’action seraient plus importantes que son insoumission.

Il avait eu tort. Le Gourdin avait attiré derrière lui la plupart des hommes de main de l’Inquisition de Forbach. Seuls quelques soldats loyal étaient restés et avaient attendu l’ordre de Garin. Un ordre qui ne viendrait plus à présent. Il y avait déjà trop de loups dans cette clairière. Dans ce genre de charge, la meute agit sur l’exemple du meneur.

Si Sébastien Garin avait donné l’ordre avant que Gabriel Touchedieu ne lance son exhortation, les choses auraient étaient moins pires. Mais le Gourdin inspirait violence et folie sanguinaire à tous ceux qui avaient choisi de le suivre.

Et Sébastien Garin n’avait même pas assez de souffle pour les rappeler. Son manque de charisme flagrant démontré en trois secondes. Il se sentit vraiment impuissant, inutile et indigne de son poste. Le rideau de flammes se rétracta par enchantement dès que le premier fer inquisiteur le perça. Le Gourdin et ses suivants tombèrent sur les Sorciers et les Sorcières à bras raccourcis.

C’était le plus beau massacre auquel il avait assisté sur toute sa vie, celui qui avait la plus grande ampleur, le plus gros carnage.

Assez curieusement, ce n’était pas les épées qui faisaient le plus sale boulot. C’étaient les gourdins et les massues manipulées par les vieux chevrons de la bande à Touchedieu. Ils frappaient de toutes leurs forces et démantelaient des membres entiers, les bras partaient de travers, prenaient parfois des vacances, les jambes récoltaient des troisièmes articulations. Lorsqu’ils frappaient à la tête c’était particulièrement horrible : Sébastien Garin entendait remonter jusqu’à lui le son du crâne qui éclatait comme un œuf. Les blessures à l’épée étaient plus sanglantes, mais protégeaient quelque part de la vue ces détails sordides.

Les Sorcières elle-même étaient assommées : elles couraient dans tous les sens de façon incohérente, il y avait tellement de panique dans leurs cris… D’ailleurs leur cris n’avaient pas changé, c’étaient des cris de panique dès le départ… Les mères protégeaient leurs enfants, les envoyaient vers la forêt et faisaient face aux Inquisiteurs pour leur laisser le temps de se protéger. Elles ne les retardaient qu’une seconde, certains hommes de mains poussaient le vice jusqu’à tuer les enfants ensuite, ce qui, tout bien considéré était plus humain. Certains hommes lancèrent des pierres sur les soldats de Dieu, du moins osèrent. Ils furent généralement percés par cinq épées différentes. A présent libre de fuir, les Sorcières se lançaient vers les bois, mais la foule était percée de grands sillons sanglants qui se traçaient plus vite que la foule ne se déplaçait.

Oh Mon…

…Dieu



Satan n’était pas en contrebas, Sébastien Garin en fut persuadé. La véritable Mort œuvrait du côté de l’Inquisition, sorcières ou pas sorcières.

Un jeune serviteur du manoir en livrée déboucha en criant aussi fort qu’il pouvait, il couvrait à peine les clameurs du contre bas

« Second ! Où est le Second ? »
« C’est moi ! Qu’y a-t-il ? »

Il s’arrêta de courir, prit son souffle en une ou deux inspirations et se lanca :

« L’Administrateur Maestriani m’envoie vous prévenir. Les véritables sorcières sont rassemblées avec l’Oracle sur le Parvis de l’Eglise. Vous… vous vous êtes fait trompés. »

Le serviteur n’eut plus aucune importance tout d’un coup pour Sébastien Garin.

Nous nous sommes trompés.

Nous avons été trahis.

Ce sont des innocents.

Je n’ai pas su … je suis coupable.


« AAAAAARÊÊÊÊÊÊÊTEEEEEEZ ! HAAAAAALTE ! »

Ma voix. Trop aigue.

« HAAAAAAAAALTE ! »

Trop aigue !

Le cri du Second avait été tellement puissant qu’il était parti dans les aigus avec une facilité troublante. Tant pis.

Il fallait s’arrêter. Les autres Inquisiteurs autour de lui avaient entendus le messages aussi. Pourvu qu’ils l’aident. Déjà, le cri du Second à lui tout seul avait calmé pas mal les choses.
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Père Ethan
Oblivius
Oblivius



La Fin des Ombres - I/II (#10) Vide
MessageSujet: Re: La Fin des Ombres - I/II (#10)   La Fin des Ombres - I/II (#10) Icon_minitimeDim 16 Mai 2010 - 17:14


Frère Ethan n'avait jamais vu l'Oracle. Mais on lui en avait beaucoup parlé. Tant de louanges, les habitants l'adoraient...Serait-ce une sainte ? Une enfant touchée par la grâce de Dieu ?
Cette perspective l'enchantait. L'approcher serait peut-être s'approcher un peu plus de l'Eternel ?
Aussi, ce ne fut pas sans une certaine excitation qu'il parcouru l'étrange missive qu'il avait trouvée dans son austère cellule de la collégiale. Elle était signée de l'Oracle.
Ce qu'il y lu le fit frémir. C'était un véritable appel à la haine. Oui, bien sûr, il fallait contraindre l'impie, mais... le massacrer, sans autre forme de procès ?


"L'Eternel éprouve le juste et le méchant. Qui aime la violence, son âme le hait."

Ethan voulait rencontrer cet étrange personnage, et s'assurer de ce qu'elle était : un être de Lumière, un Veau d'or ou un démon - espérant de tout coeur et malgré sa Raison qu'il s'agisse de la première option.
Se rendrait-il à ces vêpres sanglantes ? Il hésitait. Non, ce n'était pas ainsi que cela devait se passer...Pas de procès, juste un massacre, pour laver la terre de Forbach ?
En proie à un sérieux doute, Ethan hésitait.
Et il hésita, jusqu'au dernier moment. Le jour dit, au crépuscule, il les vit se rassembler, depuis la fenêtre de sa cellule. Il les aperçut, les inquisiteurs. Surtout des hommes de main. Il vit Gabriel Touchedieu, cet homme qui aimait la violence.
C'était un rassemblement sombre, ordonné et organisé. Quelques minutes plus tard, le moine vit la cohorte s'éloigner en direction du bois.

Il s'assit sur le banc de bois qui ornait sa cellule, la tête dans les mains. Il ne voulait pas assister à un massacre. De longues minutes s'écoulèrent.
Allait-il rester là ?
Qu'en était-il de sa mission ? Il était venu ici pour empêcher de tels débordements. Oui, pour traquer les sorcières, et les contraindre dans le sein de Dieu.
Que faisait-il encore ici ?!

Ethan sortit en trombe de sa cellule, comme si les flammes de l'Enfer étaient à ses trousses. Ses sandales claquaient sur le dallage de la collégiale. Si seulement il pouvait rattraper les autres, rattraper son retard ! Soudain, l'inspiration lui vint. Toujours au pas de course, il se dirigea vers l'écurie où reposait la vieille jument sur laquelle il était arrivée à Forbach. Il la sella à la va-vite, malgré les protestations de l'animal. Ce fut à un trot rapide qu'il s'engouffra dans les rues de Forbach, pour se diriger vers le champ des muguets.

Il arriva quelques instants à peine après la charge de l'Inquisition. Un large cercle de feu s'étendait sous ses yeux. Au milieu des crépitements, on distinguait des cris...Acclamations ? Peur ? Joie ? Souffrance ? L'être humain crie si facilement et pour tant de raisons. Au dessus de ce cercle s'étendait le visage du Malin lui-même.
Ethan blêmit. Sorcières. Évidement, elles étaient là, et elles invoquaient Lucifer...
Et les hommes de mains de l'Inquisition qui s'adonnaient avec une joie sauvage à faire retourner ces créatures de Satan à leurs Enfers.
C'était la débandade. Hommes, femmes, enfants, tous ces sorciers et sorcières qui à présent tentait de se mettre à l'abri, de se perdre dans les arbres, d'échapper aux gourdins et aux épées.

Un temps. Non, quelque chose n'allait pas. Mais Ethan n'arrivait pas à voir quoi.
Alors, il entendit. Un valet s'adressait au Second. Et l'épouvante gagna son visage androgyne, comme elle gagna le coeur du moine.
Erreur. Trahison. Ce n'était pas les sorcières. C'était les villageois.


"Seigneur..."

Et tout cela reposait sur les épaules du Second ? Ethan ne le connaissait pas, l'avait simplement croisé dans les couloirs de la Collégiale. Mais il était mince, frêle, sans charisme, et si jeune... Le moine avait toujours été surpris de son rang élevé dans l'Inquisition.
Mais il n'était pas temps de juger l'homme, il n'était pas le temps de s'apitoyer sur cette voix trop aiguë et fluette pour se faire entendre.
Arrêter. Arrêter cela. Arrêter le massacre qui se déroulait en contre-bas.


"Arrêter...Il faut les arrêter !!!

Ethan élança sa vieille carne vers le lieu du massacre. Il s'interposa entre un coup de gourdin et un homme qui arborait déjà une plaie béante au front.

ARRETEZ, C'EST UN VILLAGEOIS !!

La gorge sèche, sa voix ne portait que peu. Et il fallait du coffre pour que de telles paroles puissent atteindre les sens de ces hommes fous.
C'est alors qu'une femme à la chevelure rousse surgit à ses côtés, essoufflée. Il avait cru l'apercevoir près du Second... mais il ne savait pas de qu'il s'agissait. Qu'importait, d'ailleurs.


-Ils ne nous entendent pas ! Ils sont prit de frénésie !

-Il faut pourtant les arrêter ou ils vont massacrer tout ce qui sera à leur portée !!

Ethan tournait en rond, sur sa monture qui piétinait le sol : effrayée par le feu, effrayée par le bruit, il avait toutes les peines du monde à la tenir. La dernière fois qu'il s'était senti aussi impuissant, c'était lors de la dernière journée de la vie d'Azilis...
La femme à côté de lui reprit d'un ton ferme :


-Alors allons nous occuper des sorcières ! Des vraies, celles qui se trouvent sur le parvis de l'Eglise !

Ethan lui lança un regard révolté.

-Non ! Les hommes de mains sont ici ! Et ce sont des innocents qu'ils massacrent ! Arrêtons-les, pour qu'ils puissent ensuite les arrêter !

-Mais nous...

Ethan prit une longue inspiration.

-"Vois les impies bander leur arc, ils ajustent leur flèche à la corde pour viser dans l'ombre les coeurs droits : si les fondations sont ruinées, que peut le juste ?"

-Sauver l'innocent.

Ethan approuva d'un hochement de tête. Il tenta de crier pour stopper les inquisiteurs. Son appel se perdit dans le chaos des cris de terreurs, d'agonie, et de joie malsaine.
Il se retourna vers son accolyte improvisée :


-Il faut trouver Touchedieu ! Lui saura les raisonner !

Et sans plus de tergiversations, il fondit vers les soldats de l'inquisition.
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Cassandra de Saint-Loup
Inquisiteur Général
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La Fin des Ombres - I/II (#10) Vide
MessageSujet: Re: La Fin des Ombres - I/II (#10)   La Fin des Ombres - I/II (#10) Icon_minitimeDim 20 Juin 2010 - 23:16

Lorsque Mattea lut la missive de l'Oracle, elle pensa aussitôt à cette sœur qu'elle avait à Forbach. Viviane... Mattea répétait le prénom encore et encore, comme s'il détenait une puissance inconnue, jusqu'à se taire de peur d'être écoutée. Elle en rêvait. Les lettres de feu se détachaient dans son esprit embrumé, puis un double d'elle-même arrivait, lui parlait, l'enlaçait, lui souriait. Et qu'avait-elle fait depuis sa mémorable discussion avec l'Oracle ? Elle avait crié sur un vieux décati qui avait essuyé, il fallait bien l'avouer, sa colère de ne pas pouvoir retrouver instantanément son passé, puis elle était restée sans rien faire. Elle n'avait tout simplement pas oser passer de maison en maison, à la recherche d'une Viviane. Qu'est-ce qui l'attendait ? Elle n'en savait rien. Mais pouvait-elle vraiment entrer dans une maison, puis dire simplement bonjour et rappeler qu'elle existait ? Pourquoi ne l'avait-on pas recherchée, lorsqu'elle s'était retrouvée chez les Carmélites, si elle avait une sœur, jumelle de surcroît ? Pourquoi n'avait-elle jamais ressenti ce manque propre aux jumeaux en l'absence de sa sœur ? Mais ce n'était qu'une question de jours pour qu'elle s'élance comme une folle sur les traces de Viviane, Mattea le savait.

Le champ des Muguets ? Elle y serait. Et elle supplierait l'Oracle s'il le fallait, pour apprendre le reste. Sa fierté n'était rien à côté de son désir de savoir. Mais peut-être que ce ne serait pas nécessaire. En allant aux Muguets, Mattea s'assurait de pouvoir capturer des sorcières de ses propres mains. Alors, elle pourrait apprendre elle-même ce qui manquait. La Carmélite serra les poings. Elle ne reculerait devant rien. Malheur aux sorcières qui croiseraient sa route.

Quand elle vit les flammes dans ledit champ, Mattea eut une impression de déjà-vu. Durant un infime instant, elle vit quatre formes en robes blanches en cercle autour d'elle. En était de choc, Mattea mit de longues secondes avant de reprendre ses esprits. Que venait-il de lui arriver ? Qu'avait-elle vu ? Seigneur, c'était bien la toute première fois qu'une chose pareille lui arrivait ! Était-ce une vision ? Une prémonition ? Une attaque ? Un... souvenir ? Dès que l'idée l'effleura, Mattea ne la lâcha plus. Ça devait être ça, un souvenir. Elle se concentra de toutes ses forces, revoyant l'image qui s'était imposée à elle avec brutalité. Les formes blanches étaient méconnaissables. Elle ne pouvait même pas déterminer si c'étaient des hommes ou des femmes. Pourquoi des vêtements blancs, symboles de pureté, pour des filles du démon ? Le cœur battant à une vitesse affolante, Mattea regarda le brasier, haletante. Avait-elle subi ce rituel-là ? Qu'est-ce qui avait généré le souvenir ? La proximité avec les sorcières, le brasier ou l'Oracle ? Tremblante, Mattea se demanda comment ça ne lui était jamais arrivé avant. Forbach... elle avait eu raison de venir. La Carmélite regarda le gigantesque feu qui s'élevait vers le ciel. Son visage se tordit en une horrible grimace. Et qui était leur victime, aujourd'hui ? Quel innocent avaient-elles choisi, ces enfants de Satan ? Elle bondit, véritable colère faite chair. Elle s'avança vers le brasier à la suite d'autres inquisiteurs qui étaient plus rapides qu'elle, sans même réaliser ce qu'elle faisait.

Le cri du Second la ramena à la réalité. Seule parmi le groupe des inquisiteurs qui couraient vers les sorcières à se retourner vers lui, elle entendit l'explication avec des yeux ronds. Ils avaient été joués ! Eux, les serviteurs de Dieu ? Abusés par l'Oracle, qui possédait bel et bien des pouvoirs ? Soudain, l'ampleur du désastre lui apparut dans toute sa cruauté. Elle, Inquisitrice de son état, avait failli faire porter toute sa haine sur des innocents. Elle regarda Sébastien Garin, jugea sa faible constitution, sa faible force et sa petite voix haut perchée. Mattea, choquée, réalisa qu'il n'avait pas l'envergure nécessaire pour diriger les opérations. Comme dans un rêve, elle vit les inquisiteurs continuer à courir et à s'en prendre aux villageois. Elle regarda le brasier, puis le Second, encore le brasier, et encore le Second. Mais comment les autorités ecclésiastiques avaient-elles pu tolérer un pareil incapable à la tête de Forbach ? Pas étonnant que le dossier Forbach piétine depuis si longtemps ! Elle prit sa décision sans même réaliser qu'elle sortait de la ligne de conduite qu'elle s'était promis de suivre. Il fallait l'épauler, coordonner l'action des inquisiteurs. Retrouvant aussitôt son autorité naturelle et habituelle de Mère Supérieure, Mattea regarda autour d'elle, cherchant quelqu'un pour l'aider, autre que le Second. Le plus proche était un jeune homme à l'habit qui hurlait inutilement à l'attention des inquisiteurs, vers lequel elle se précipita :

- Ils ne nous entendent pas ! Ils sont pris de frénésie !

Le jeune homme la regarda, paniqué. Elle lut la frayeur dans ses yeux.

- Il faut pourtant les arrêter ou ils vont massacrer tout ce qui sera à leur portée !!

Mattea le savait parfaitement, mais elle ne pouvait se permettre de laisser l'affolement la gagner. Il fallait commencer par envoyer des inquisiteurs au bon endroit et dévier leur course. D'une voix ferme, elle répondit :

- Alors allons nous occuper des sorcières ! Des vraies, celles qui se trouvent sur le parvis de l'Eglise !

En fait, elle ne s'incluait pas spécialement dans le lot, mais elle voulait diriger les inquisiteurs vers le Parvis. Comprenant aussitôt au regard scandalisé du moine qu'il ne l'entendait pas de cette oreille, Mattea allait lui expliquer ce qu'il en était mais elle fut coupée :

- Non ! Les hommes de mains sont ici ! Et ce sont des innocents qu'ils massacrent ! Arrêtons-les, pour qu'ils puissent ensuite les arrêter !

- Mais nous...

À nouveau, le jeune homme ne la laissa pas terminer.

- "Vois les impies bander leur arc, ils ajustent leur flèche à la corde pour viser dans l'ombre les cœurs droits : si les fondations sont ruinées, que peut le juste ?"

Au milieu des cris qui fusaient de part en part, Mattea se permit un sourire. Qui était ce petit moine qui osait lui faire la leçon sur les écrits sacrés en pleine confusion ? En un geste de la tête, elle répondit :

- Sauver l'innocent.

Elle vit le jeune moine hocher la tête, puis tenter encore de crier mais sa voix se perdit dans les cris. Elle secoua ses boucles rousses... il était trop innocent, celui-là... mais c'était visiblement le seul à être en mesure de pouvoir l'aider.

- Crier ne sert à rien, il faudra les arrêter nous-mêmes.
- Il faut trouver Touchedieu ! Lui saura les raisonner !

Effectivement, c'était la seule solution qu'elle voyait. Mattea courut aux côtés du moine, réfléchissant au plus urgent. Trouver Touchedieu... et puis quoi ? Le vieux pervers les écouterait-il ? Fermement décidée à l'obliger à leur obéir, Mattea suivait le moine, plus jeune et plus alerte qu'elle, jusqu'à rattraper un premier groupe d'inquisiteurs. Le jeune homme leur cria sans attendre :

- Arrêtez ! Ce sont des villageois !

Mattea vit l'air dubitatif de l'inquisiteur, sans doute le chef du groupuscule. Pourtant, Ethan et Mattea appartenaient clairement aux ordres, ils ne pouvaient être des complices des sorcières. Pestant contre la bêtise humaine, elle ordonna d'une voix sans réplique :

- Tu vas maintenant au Parvis, c'est là que ce sont les sorcières. C'est un ordre de Louis Institoris.

L'inquisiteur n'hésita plus et partit en courant dans la direction opposée, suivi par d'autres. Mattea et le moine reprirent leur course en quête de Touchedieu. Où était passé le vieux ? Petit à petit, les inquisiteurs refluaient en vagues vers le Parvis. Parfait... Restait Touchedieu, le plus violent, comme toujours. Touchedieu et tous ses hommes. Comment allaient-ils faire ? Ce fut à ce moment-là que la chevelure blanche de Sigmund entra dans le champ de vision de Mattea. Sigmund ! Elle l'avait complètement oublié, celui-là ! Ils étaient forcés de faire équipe ensemble et Mattea détestait ça, mais il fallait reconnaître qu'il tombait à point. Sans ressentir le moindre regret quant au fait qu'elle n'avait pas pris la peine de lui dire qu'elle allait Muguet sans lui, Mattea le regarda un instant, puis s'exclama :

- Il faut trouver Touchedieu ! Il faut qu'il aille au Parvis, avec ses hommes.

Au moins, Sigmund pouvait se rendre utile : il leur indiqua la position de Touchedieu et les accompagna. Quand la grande silhouette de l'inquisiteur leur apparut, Mattea voulut empêcher le jeune moine de lui parler comme aux autres inquisiteurs, connaissant le caractère rebelle du vieux, mais elle n'en eut pas le temps.

- Touchedieu ! Rappelez vos hommes, il y a erreur ! Ce sont des simples villageois, qui n'ont rien fait !

Un grand éclat de rire moqueur répondit au moine. Mattea et Sigmund échangèrent un regard peu surpris. Il fallait le raisonner, et le plus vite serait le mieux. Tant pis si ça passait par une phase musclée. Surprise de trouver un écho si facile et compréhensif en Sigmund, Mattea s'avança à son tour vers Touchedieu, qui fit face à Sigmund sans sourciller.

- Vous êtes tellement sénile que vous ne reconnaissez plus les sorcières ? Il n'y en a pas une ici : l'Oracle nous a dupés. Les véritables sorcières sont au Parvis.

Touchedieu la regarda comme si elle était folle. Furieuse qu'il ne bouge pas, Mattea continua :

- Rappelez vos hommes.

À côté d'elle, le jeune homme s'était lancé dans un discours sur le mal de s'attaquer aux innocents. Sigmund entra dans la phase musclée avec Touchedieu, mais finalement, Mattea lança, persuadée que c'était le meilleur moyen de le faire partir aussi :

- Restez ici comme le dindon de la farce que vous êtes. Moi, je vais chasser la vraie sorcière.

Et elle tourna les talons. Il ne restait que Touchedieu et ses hommes : Sigmund et le jeune homme se chargeraient de l'obliger à rejoindre le Parvis s'il persistait. Les villageois ne couraient plus de réel danger, puisque les hommes de Touchedieu s'étaient rapprochés en voyant le combat entre Sigmund et leur chef. Elle avait accompli avec le moine la tâche qu'elle s'était fixée. Elle avait donné pour le bien commun, maintenant, elle pouvait se tourner vers ses propres objectifs.

Mattea repartit en courant vers le Parvis. Elle avait des sorcières à attraper. Parce qu'elle avait un voile à faire lever.
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