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Mort(e)
| Sujet: Comte à Comte Jeu 16 Sep 2010 - 21:03 | |
| Le regard de sa mère… il était si triste ce regard. Il était si déçu. Amaël aussi l’était, triste et déçu, mais il serait quasi tautologique de le dire. Amaël était le regard de sa mère. Il en était né, il y mourrait et il s’y était toujours épanoui. Mais jamais Amaël n’avait pu lire la déception. Était-il décevant ? Avait-il attristé sa mère ? L’avait-il trahie ? Le jeune comte sentait en son cœur une douleur térébrante : l’angoisse du doute. Les Dieux auraient-ils oser gratifier la Terre de son existence pour en punir la Comtesse, leur plus grande œuvre humaine ? Non c’était impossible ! Il fallait se battre ! Mais les paroles de sa mère n’avaient été que celles de la désespérance... Il n’y avait plus d’espoir… Cette situation était insupportable !
Amaël sauta de son siège en remettant ses gants de cuir, sans saluer la jeune noble qui lui parlait depuis plusieurs minutes sans qu’il n’en écoute rien. Il se dirigea immédiatement vers les écuries à grands pas faisant voler sa cape pourprée. Il jeta cette dernière avec vigueur dans la figure du palefrenier et monta son cheval sans plus de cérémonie. La bête espéra aller l’amble mais à coups de cris et de fouet Amaël parvint à lui faire comprendre l’empressement de la situation. Il devait à tout prix retrouver Lorenzo Maestriani pour lui parler et le contraindre à abdiquer. Ce dernier avait du se rendre aux exploitations vinicoles pour s’assurer de l’état des vendanges. Le cheval tanné arriva bien vite devant les vignes au milieu desquelles Lorenzo se tenait droit et fier malgré le poids des années, accompagné de trois gardes encapés.
La monture d’Amaël avança altière droit vers Lorenzo sans prendre garde aux bacs remplis de raisin qui obstruaient la ligne droite que le petit comte s’était fixé jusqu’à l’homme de toute sa haine. Arrivé face au Coni Amaël fit un signe impérieux aux gardes pour qu’ils s’éloignent. Sans succès. Son autorité n’était apparemment pas encore au niveau de celle de Lorenzo. Ils apprendraient à le respecter ! Qu’importe, pour l’heure c’était Lorenzo le sujet noircissant le plan d’extensions de son empire. « Monsieur Lorenzo Maestriani,
Je vous demande promptement de bien vouloir vous entretenir avec moi de façon plus… intime… Si je puis dire… Bien que la polysémie connotative de ce mot ne me répugne en vérité… Bref, pourrions-nous parler en privé ? »Les gardes s’éloignèrent sur ordre du Conti et Amaël sourit, satisfait comme s’il s’était agi de son propre commandement. Il redressa fièrement la tête et se racla la gorge. « Sachez, Monsieur, que je ne suis pas satisfait. Vous savez pertinemment qu’à l’heure où nous parlons je devrais avoir repris la direction de ce comté au nom de mon géniteur. Vos stratagèmes sont ridicules, puérils et ultimement vains. Je vous prie Monsieur de bien vouloir me restituer vos pouvoirs ou bien je me verrais dans l’obligation d’user de contacts suffisamment hauts placer pour vous démettre de vos fonctions voire même – en cas de résistance superflue – ruiner votre réputation. Et ne doutez point que j’en fusse capable ! »Amaël n’avait strictement aucun contact, ni haut ni bas, il n’avait jamais éprouvé l’envie de se mélanger au grand monde ni au petit, il n’avait pas d’amis, pas d’ennemis, pas de vie sociale en un mot. Mais il avait toujours vu sa mère faire ce genre de menaces. Biensûr elle le disait mieux, avec moins de violence et plus de sous-entendus, mais à la grâce absolue nul n’est tenu… |
| | | Mort(e)
| Sujet: Re: Comte à Comte Sam 18 Sep 2010 - 18:55 | |
| Les vendanges étaient un point important de la fin de l’été et du début de l’automne de chaque année. Il fallait qu’elles se passent au mieux, le vin qui en découlait étant très prisé et réalisant une grande partie des finances de la ville qui s’exportait très bien avec ce produit. La grande majorité de ces commandes était bien entendu expédiée vers Paris, pour le roi lui-même, et une autre partait vers l’Italie, depuis que le Pape avait, dit-on, appréciait ce vin que lui avait fait parvenir Lorenzo. Le reste était généralement consommé sur place lors de soirée ou de grandes fêtes, d’ailleurs on ne comptait plus les bouteilles et les tonneaux qui étaient stockés dans les caves vinicoles du Château de Frauenberg. Elle contenait d’ailleurs des crus des années précédentes, qu’on ne sortait que pour les grandes, les très grandes occasions. Comme notamment le jour où Lorenzo épousa Alicia de Loewenstein. Ce jour-là le vin avait coulé à flot, et la fête, à la hauteur de ce qu’elle devait être, avait été un bel exemple de ravissement et de réjouissance. Le Comte lui-même avait été surpris de voir que la France pouvait également être capable des fêtes les plus somptueuses, l’Italie étant, cela va sans dire, bien plus douée dans ce domaine de réputation. Rien n’avait été laissé au détail, et tout était parfait. La tenue du Conti avait été créée par Louisa Zimmerman, dont les talents avaient dépassés les attentes de l’administrateur. Même son propre couturier avait été surpris par tant de virtuosité. Quant à la robe d’Alicia, elle était également son fruit, étant donné qu’il s’agissait également de l’enjeu de leur marché. Son pari gagné, elle jouissait à présent de l’appui de Lorenzo lui-même ainsi que du marché le plus profitable à Forbach.
Mais tout avait beaucoup déteint depuis ce jour-là. Car si la conquête d’Alicia avait été une guerre passionnante et enivrante, une fois le mariage officialisé, plus rien n’était comme avant. La passion qui les avait animés avait disparu, autant du côté de la Comtesse que du sien… Une fois de plus, la même histoire se répétait. Lorenzo aimait séduire, aimait plaire, mais une fois que l’objet de la conquête était conquis, il n’y avait plus d’intérêt, plus de passion, plus rien. Il fallait passer à la suite. Il avait peut-être fait une erreur ce jour-là, mais qu’importait, de toute façon cela ne changeait pas grand-chose au final, et, au moins, il disposait maintenant d’un héritier qui jouirait de la suite, en Italie. Les Maestriani ne s’éteindraient pas. Tout était déjà arrangé : précepteurs, professeurs, maître d’armes, nourrices… Ce petit homme allait avoir un Comté à gérer, et il lui faudrait être prêt. Et maintenant que le « problème » de la Nicosie était réglé, Lorenzo s’était consacré pleinement à Forbach. Veillant à ses intérêts comme la prunelle de ses yeux. Il ne fut pas difficile de convaincre les bonnes personnes concernant la succession des deux jumeaux d’Alicia. L’aîné, Amaël, était un jeune homme stupide et prétentieux, un imbécile dont l’égo n’avait d’égal que l’attention que lui portait sa mère. Mais qu’importait, il n’était plus un problème dorénavant, c’était tout ce qui comptait.
Aussi lorsque le « fils prodigue » vint à sa rencontre dans les vignes, Lorenzo ne fut pas impressionné le moins du monde. La seule chose dont ce gamin était capable était de saccager des bacs de raisins déjà remplis. Le Comte soupira légèrement lorsque la monture de cet incapable s’immobilisa. De toute sa superbe, il intima aux gardes encapés de Lorenzo de s’écarter, ce qu’ils ne firent point bien entendu, ne répondant qu’aux ordres du Conti. Amusé, Lorenzo écouta le jeune arrogant lui demander quelques minutes en privé, au milieu des vignes. Soit… Même s’il savait ce qui allait être le sujet et la réponse à ce sujet. D’un geste vif et clair de sa main droite, il intima à ses gardes de s’éloigner. Sans un mot, ils obéirent promptement. Et enfin, le petit sot s’imagina libre de pouvoir proférer des menaces sans fondements. Pour un peu, il en aurait éclaté de rire, mais il devait admettre qu’il était plus proche de la pitié au final. « - C’est tout ? Tu as traversé toute la ville, interrompu mes affaires juste pour un caprice ? Décidément, grandir dans l’amour de ta mère a fait de toi un garçon bien présomptueux. » Même sur son cheval, Amaël n’était pas de taille face au Comte. « - Mais je suis magnanime, et je vais te dispenser une leçon que ta mère aurait du t’apprendre depuis longtemps. Ne menace jamais quelqu’un sans en avoir les moyens, et, sur le jeu des contacts, à supposer que tu en ais, ce dont je doute, tu es loin d’avoir l’avantage. Pour les menaces convaincantes, tu es bien moins entrainé que ta mère, et je crains que cela ne soit suffisant pour me faire revenir sur ma position. Au contraire, si tu tiens à ta mère, je te suggère de ne pas faire l’imbécile, de vous deux, je ne sais pas qui survivrai à la perte de l’autre… »Il regarda le jeune homme sans ciller. « - En parlant de ta mère, que je sais que tu aimes beaucoup, j’ai appris que ton cadet, Adal, lui vouait un amour proche de l’inceste. On m’a raconté le nombre de tableaux qu’il peint d’elle, sans compter les déclarations enflammées qu’il fait dans ses lettres. N’as-tu point peur de perdre son cœur ? Se serait dramatique n’est-ce pas ? » |
| | | Mort(e)
| Sujet: Re: Comte à Comte Sam 2 Oct 2010 - 12:39 | |
| Amaël était agacé. C’était toujours la même chose : il faisait ce que sa mère faisait toujours récoltant grand succès mais lui ne récoltait rien. Vexé, il ne put cacher une moue dédaigneuse. Ce soit disant grand homme était d’une arrogance à peine croyable. Paré de ses beaux habits et de ses gardes il se pensait à la tête du très saint empire franco-germanique. Il était du devoir d’Amaël de libérer Forbach de ce hideux personnage. Il se sentait soudain animé d’une mission mystique. Si Saint Michel avait terrassé le dragon, le brave Loewenstein pourrait entraver l’empereur des ténèbres !
Et puis, comment pouvait-il être si sûr qu’Amaël n’avait pas de contacts hauts placés ? Pire, comment pouvait-il avancer avec aplomb avoir de meilleurs contacts que lui ? C’était bien lui le présomptueux ! Le plus difficile à avaler pour le jeune homme fut l’allégation le rabaissant en comparaison à sa mère. Certes il savait difficile de lui arriver à la cheville, mais comment pourrait-il prétendre l’aimer, la protéger et l’honorer comme un homme digne de ce nom s’il n’avait pas au moins son niveau d’intelligence et de force… Amaël énervé tirait compulsivement sur les doigts de son gant droit en se mordant la lèvre.
La menace faite à sa mère acheva de répugner Amaël. Il contracta naturellement tous ses muscles et tira involontairement la bride de son cheval qui fit une ruade manquant de désarçonner le cavalier novice. L’air de rien Amaël darda le regard amusé du Conti. Cet homme sans honneur aurait été prêt à faire assassiner sa propre femme ! La situation était bien pire qu’il ne l’avait pensé. Elle était gave et urgente. Une abomination pareille à la tête d’un comté ne pouvait qu’être néfaste pour ses habitants.
La suggestion de l’amour incestueux d’Adal pour leur mère résonna comme une provocation puérile aux oreilles rougies par le colère d’Amaël. Pourtant déjà le doute naissait contre gré et conscience du jeune noble. Adal avait toujours eu un regard étrange, presque pervers sur sa mère et sa relation avec Amaël. Il faisait mine d’aimer sa mère comme n’importe qui, redoublant les attentions charmantes. Amaël y avait toujours vu des tentatives pathétiquement désespérées pour s’octroyer un regard maternel sans comprendre que l’amour absolu que vivaient Alicia et Amaël éliminait toute possibilité de liens affectifs périphériques.
Amaël n’en pouvait plus. Soit il était manipulé par Lorenzo soit il était éclairé par lui – ce qui serait pire encore !« Cher Conti, le sujet n’était pas là ! Ne déviez pas ! Et puis je ne vous permets pas de vous mêler ainsi de ma vie am… familiale ! Ni de menacer la Comtesse ! Ni de me traiter de présomptueux ! Le présomptueux c’est vous ! Vous n’êtes pas encore monarque absolu que je sache… Vous souffrez d’un sérieux complexe de Dieu mon ami. C’est d’autant plus ridicule que vous n’avez manifestement aucun honneur. M’est avis que vous êtes un pleutre inqualifiable, et je pèse mes mots ! »Amaël affichait un sourire narquois appuyé par l’arc hautain de ses sourcils. |
| | | Mort(e)
| Sujet: Re: Comte à Comte Sam 2 Oct 2010 - 19:50 | |
| Comment pouvait-il savoir ? Lorenzo Maestriani était surement l’homme le plus au fait de tout ce qu’il se passait dans sa ville et son Comté. L’argent payait tout. Il payait les hommes, et l’information. N’importe qui en mesure de se payer des hommes compétents était au fait de tout ce qu’il y avait à savoir, ou presque. Et l’argent, Lorenzo l’avait. Quant aux hommes capables, il suffisait de savoir où chercher. Ainsi il n’avait pas été difficile d’être au fait de la popularité d’Amaël, des ses éventuelles relations – inexistantes -, de sa relation avec sa mère, etc… Qui plus est, le Conti avait voyagé, lui, et connaissait pas mal de personnes dans d’autres villes, d’autres pays. Alors ce n’était pas un jeunot qui trainait encore dans le jupe de sa mère qui allait lui faire peur. Non… Amaël avait beau se croire beau et intouchable du haut de son cheval, il y avait beaucoup trop de paramètres qui lui échappaient déjà. S’en rendait-il seulement compte ? Lorenzo en doutait. Amaël semblait le genre de garçon à se convaincre lui-même de l’existence d’une illusion, à l’entretenir envers et contre tout ce qui le ramenait vers la réalité. Pauvre jeune homme… Finalement, c’était presque désolant, même si cela amusait beaucoup Lorenzo.
Avec beaucoup de minutie, il apprécia les différentes réactions du garçon à ses paroles. Comme il s’en doutait, celui-là ne tenait pas les discours venimeux. A la moindre petite morsure, il parfait en croisade contre l’animal responsable. Mais les armes, Lorenzo n’en avait pas peur, et Amaël était loin d’avoir l’ombre d’une chance face à lui. Un duel ? Quelle idée saugrenue. Même si le garçon n’avait aucune chance en duel, Amaël comprendrait très rapidement qu’on n’importune pas le Conti de Nicosie de cette façon. Il existait tellement de manière de tuer un homme, que le plus difficile, lorsque l’on décidait de tuer quelqu’un, était de savoir comment on allait le tuer. Car Amaël serait sans doute la cible la plus facile à éliminer si cela s’avérait nécessaire. Toutefois, ce n’était pas encore le cas. Ce garçon avait simplement besoin d’une bonne fessée, une chose qu’il n’avait jamais du recevoir de sa mère, même lors de bêtises caractérisées. Qu’importe. S’il persistait, il l’aurait, et cela ne lui ferait sans doute pas vraiment plaisir.
Il savait que la petite phrase au sujet d’Adal commençait à faire son petit effet. Et il avait déjà une petite idée sur la suite des évènements, oh oui. Une petite preuve inventée de toute pièce serait idéale pour montrer la « vérité » aux yeux remplis de haine du petit Amaël. Il ne serait surement pas difficile de lui faire croire une énormité pareille, l’amour à quelque chose d’extrêmement fâcheux pour celui qui aime : la jalousie. Et nul doute qu’Amaël en était lui aussi une victime, son regard rempli de haine, contre Lorenzo, le prouvait, mais ce dernier commençait déjà à détourner ce flux vers une autre personne. Ce qui serait extrêmement plus profitable.
La tirade du jeune Comte fit sourire Lorenzo. Le petit perdait déjà pied dans le grand bain. Son lapsus était encore plus flagrant que tout le reste, mais Lorenzo fit semblant de ne pas le remarquer. A l’allégation de pleutre, il ne put s’empêcher de rire. Quel imbécile ! « - Pleutre ? Et tu pèses tes mots ? Dis plutôt que tu n’en as déjà plus en réserve petit. Mais fait attention à ce que tu dis. »Il fixa Amaël d’un regard noir profond, comme celui de ses nuages que l’on aperçoit lors du « calme » avant la tempête, des nuages qui menacent de tout engloutir. « - Tu parles d’honneur mais tu ne sais même pas de quoi il s’agit. Tu viens, monté sur ton grand cheval, armé d’une arrogance qui frise l’inconscience, et c’est moi qui souffre d’un complexe de Dieu ? Qui de nous deux croit être le monarque absolu en ces lieux ? »Il marqua une petite pause, sans quitter le garçon du regard. « - Le jour où tu sauras ce qu’est l’honneur, ce qu’est le courage, peut-être alors ce jour pourrais-je accepter que tu me traites de pleutre. Mais je pense que ce jour est loin d’être arrivé, alors, fait moi plaisir, petit gamin présomptueux, retourne dans les jupes de ta mère, et continue ton existence de petit enfant gâté. Tu n’apprécierais pas que je m’occupe moi-même de te faire descendre de ton petit nuage doré, je le sais. » |
| | | Mort(e)
| Sujet: Re: Comte à Comte Dim 7 Nov 2010 - 1:10 | |
| Les yeux du Conti reflétaient la noirceur d’un ciel prêt à exploser. Les insultes pleuvaient et Amaël se sentait tout à coup englouti. Soin honneur était noyé dans l’opprobre, son cœur imprégné de haine, il perdait pieds. Il s’acharnait pourtant à donner l’impression de l’inverse, certain d’exprimer un flegme impérial. Il ne se rendait comme bien souvent pas compte que la couleur rosée de ses joues qui pourrait être imputée au froid qu’il ne faisait pas encore et ses yeux injectés d’une buée qui pourrait être due au vent qui ne soufflait guère plus trahissaient son manque d’assurance.
Amaël désespérait à entrevoir une minime réaction de Lorenzo indiquant un point de faiblesse. Rien, cet homme était un roc. C’était tout à fait surnaturel. Rien ne dépassait en son apparence. Sa fine barbe était maîtrisée, le col de son manteau était droit et impeccable, même la terre qui maculait légèrement la pointe de ses bottes semblait irradier d’une perfection impensable. Car cet homme était lumineux. Sa grandeur et sa beauté n’étaient pas celle du Soleil. S’échappait de lui une nitescence lunaire aussi pure et cruelle que l’hiver. Son cœur était froid. Son honneur était perché sur un mont si haut qu’il semblait impossible d’y attenter.
Pourtant Amaël ne pouvait simplement accepter les attaques destructrices de son beau-père. Il ne gravirait pas la montagne de son ego, il gonflerait plutôt la sienne jusqu’à pouvoir sauter de son apex au mont Maestriani, avec l’élégance de l’aigle et la puissance du Lion. Il terrasserait l’invincible, ridiculiserait l’irréductible et punirait l’incorrigible. Il brandirait au bout d’une pique la tête sanglante de son ennemi. La terre entière au-dessous de lui l’acclamerait et de la masse informe et miniature des êtres humains, il reconnaitrait le visage distingué d’Alicia. Il taperait négligemment du pied et la montagne abritant jadis le tyrannique Lorenzo s’écroulerait comme une pyramide de sable vaniteux au vent et à l’eau. Ainsi Amaël pourrait retrouver la Comtesse et ensemble il recréerait un monde meilleur.
L’ambition pouvait sembler fantaisiste, mais la volonté d’Amaël était sans faille lorsqu’il s’agissait de sa mère. Amaël se reprit et darda Lorenzo d’un regard qu’il aurait voulu dévastateur. Malheureusement celui-ci ne mourut pas immédiatement foudroyé. Presque déçu Amaël se dit qu’il valait mieux employer la modeste méthode du langage parlé.
« Arrêtez donc de me qualifier de petit ! Du haut de mon cheval je vois bien les cheveux gris trônant au sommet de votre crâne. Vous dites petit car dire jeune sous-entendrait trop bien votre âge avancé. La vie vous a probablement bien déçu pour que vous soyez pareillement aigri. Peut-être jalousez-vous l’amour de ma mère, mais pensiez-vous vraiment qu’elle allait vous donner plus que son corps ? Vos si nombreuses conquêtes ne font que trahir un manque cruel de sentiments. Mais la Belle ne peut aimer la Bête que dans les contes cher comte. Vous êtes fini où je commence et vous tremblez dedans. »La dernière salve que cracha Lorenzo Maestriani transperça Amaël d’effroi. Lorenzo terminait de lui retirer tout honneur en injures acerbes. Le jeune homme se voyait martyrisé, crucifié sur la croix de la honte, le Stabat Mater Dolorosa faisait vibrer les cordes de son cœur assassiné. N’en pouvant plus de colère et de dégoût Amaël redressa l’échine et pour la toute première fois eut une expression de menace crédible. D’un geste brusque, violent, dédaigneux, il jeta son gant à la figure de Lorenzo. Son cheval s’approcha de l’homme qui devait avoir déjà tout compris. Il profita de cette proximité pour regarder Lorenzo avec encore plus de supériorité.« Venez donc me faire montre de votre courage et m’apprendre l’honneur au commencement de l'an prochain, icelieu, armé de votre épée. »Sans attendre que Lorenzo ramasse le gant en signe d’acceptation Amaël fouetta sa monture sèchement et fila vers le château. Il ne doutait alors pas que son acte eut été raisonné et raisonnable mais espérait que Lorenzo relèverait le duel sans invoquer l’interdiction cardinale ou en parler à la Comtesse. Il était plus que temps de faire bouger les choses et les fesses du sicilien du lit de sa mère en première instance…
Dernière édition par Amaël Loewenstein le Dim 7 Nov 2010 - 12:35, édité 1 fois |
| | | Mort(e)
| Sujet: Re: Comte à Comte Dim 7 Nov 2010 - 2:33 | |
| Rien ne pouvait ébranler Lorenzo et surtout pas un misérable enfant gâté qui se croyait supérieur et souffrait d’un complexe Œdipien surdéveloppé. Amaël n’avait l’étoffe de rien du tout, si ce n’est d’un misérable arrogant qui n’utilisait son statut que pour plaire, rien de plus. Bien entendu Lorenzo usait lui aussi de son titre, mais au moins il savait le porter également et ne se contentait pas d’être porté par lui. Pour ce qu’il en avait vu, son frère Adal, bien que rejeté par sa mère, valait au moins cent fois son aîné, il était d’ailleurs étonnant qu’Alicia ne l’ait pas remarqué. Si d’ailleurs il avait été dans son intérêt d’en faire quoique ce soit, Lorenzo ne s’en était pas privé, mais dans ses plans, il n’y avait de place pour personne d’autre que lui. Quiconque viendrait interférer serait remis à sa place, ou mieux encore, définitivement écarté, qu’il s’agisse d’Amaël ou de n’importe qui d’autre. Il était d’ailleurs très amusant de voir ce petit homme essayer de se débattre avec son assurance. Le pauvre petit fils à maman se noyait car il avait plongé dans le grand bain sans mettre ses protections. Malheureusement pour lui, les requins étaient beaucoup plus méchants, davantage encore qu’il était loin de sa mère, si protectrice. Le Conti l’aurait bien mangé tout cru, mais cela aurait été un plaisir superflu et légèrement déplacé. Après tout, les rumeurs n’étaient pas appréciables, même pour lui, qui pouvait s’en débarrasser rapidement. Mais qu’importe, Amaël n’était qu’un moucheron qu’il écarterait bien vite.
Les paroles du jeune noble firent rire Lorenzo. Un véritable rire, presque démoniaque. La répartie du jeune homme était risible, un vulgaire baroud d’honneur, et encore… Pouvait-on appeler vraiment cela un unique honneur… Il se calma doucement et le fixa d’un regard des plus noirs. Sa voix s’était faite encore plus dure qu’elle ne l’avait été : « - Ecoute moi bien petit. Car de jeune, tu n’as que l’impétuosité, le reste en toi n’est qu’une arrogance, un esprit, et un jugement digne d’un enfant à peine sevré. Tu veux jouer dans la cour des grands, c’est louable, mais tu n’en as pas l’étoffe. Tu ne vaux même pas une once de ce que vaut ta mère, car si tu possèdes son amour, tu n’as hérité de rien d’autre d’elle. Je n’ai que faire de son amour, je n’en ai jamais eu besoin. Comme tu le dis si justement, j’ai eu son corps, et c’était tout ce dont j’avais besoin. Sache, en plus, qu’elle n’a pas résisté avant de se donner à moi. Ta mère ne vaut pas mieux que ces filles de compagnie que l’on trouve dans les auberges, et encore, celles-là demandent de l’argent. »Il fixa davantage Amaël. « - Tu n’es rien de plus qu’un insignifiant petit ver, même du haut de ton cheval et de ta jeunesse tu n’apprends rien… Ton frère est bien plus à même d’hériter de ta mère et de ce Comté. Peut-être pourrais-tu apprendre de lui l’honneur et le courage. »Enfin, il avait réussi à frapper là où cela faisait mal. Et le gant jeté en défi le fit sourire plus qu’autre chose. Ainsi donc le petit Amaël demandait un duel à l’épée ? Soit ce serait amusant. Et tandis qu’il s’éloignait à cheval, sans même savoir s’il relevait son défi ou non, Lorenzo ramassa le gant et fit un signe à ses gardes qui le rejoignirent promptement. Il leur donna quelques indications concernant les vignes, reprenant comme si de rien n’était.
* Ne pense pas avoir un avantage petit Amaël, tu risques de tomber de très haut… *
Sur ses pensées, il s’en retourna à son travail, un imperceptible sourire aux lèvres… |
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| Sujet: Re: Comte à Comte | |
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