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 Avant que l'aube

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Noâz Loewenstein
Fugitif
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Noâz Loewenstein


Avant que l'aube Vide
MessageSujet: Avant que l'aube   Avant que l'aube Icon_minitimeJeu 1 Mar 2012 - 20:09

« Tu m’as toujours manqué.
J’ai toujours su, en moi, qu’un être me manquait. Je n’ai jamais abandonné, en ton nom, l’espoir de te rencontrer. Tu es beau, plus encore que tes frères. Tu es fort, plus encore que ton père. Tu es grand, et quel honneur, plus encore que... »


L’explosion coupa le souffle de l’ange sombre qui, fragile comme une bulle, laissa son corps effilé éclater en volutes de fumée noires. Le visage de pierre qui surplombait jusque là le corps ailé fut projeté loin dans la bruyère. Noâz voulait l’entendre terminer son éloge. Elle devait finir sa phrase ! Elle devait l’admirer ! Le rassurer, le cajoler, l’aimer ! Où était-elle ?!! Là-bas ! Vite ! Une autre explosion brisa le masque marbré dont la bouche restée intacte fut projetée aux pieds de Noâz. Le jeune homme aux yeux rougis se pencha lentement pour attraper la pièce labiale et le porta à son oreille.

- Allez-y mère. Finissez votre discours. Consacrez-moi ! Adoubez-moi !! J’ai tout fait, tout, tel que vous l’auriez aimé. J’ai écouté la pulsation lente et sombre de mon sang. J’ai voilé mon cœur d’un linceul de cruauté. J’ai répandu la mort, oui, pardon, mais au nom du Bien. Tel qu’il en fut en votre temps. Allez-y mère, parlez, baisez mon oreille de votre fierté.

Une troisième explosion projeta enfin Noâz en arrière avec une violence telle qu’il rouvrit ses yeux sur le plafond de sa chambre. Il ne dormait plus mais les explosions étaient toujours là, toujours aussi fortes. Noâz se leva et se dirigea vers sa fenêtre, persuadé qu’elle était ouverte. Il ne se précipita pas car il savait qu’aucun canon ne tirait aucun boulet. Il avait conscience de son stigmate et de ses effets. Il se doutait que les explosions n’en étaient pas. Il comptait alors fermer la fenêtre et tenter de se rendormir, tristement persuadé de ne pas refaire le même rêve… La fenêtre était fermée. Au travers des vitres, il observa dans la cours de graviers, en bas, le palefrenier et une servante qui s’amusaient au creux de la nuit à jeter des cailloux sur d’autres cailloux.

L’Amour rendait stupide, mais à ce point… Voilà bien un souci que le Meneur était intimement persuadé de ne pas avoir à endurer. Jamais il ne laisserait sa passion le conquérir. Pour Noâz, le batifolage et autres badinages sentimentaux n’étaient bons qu’aux paysans désireux d’oublier leur pauvre condition. C’est ainsi que Monsieur et Madame Duverger, ses parents adoptifs, pouvaient être amoureux. Il s’agissait de la contrepartie de leur misérable vie. Mais il ne fallait pas y penser ! Cette vie, les Duverger, c’était de l’histoire ancienne…

Noâz regarda encore quelques instant les amoureux jeter leurs pierres dans la marre invisible de l’inanité. Il fronça les sourcils. La fenêtre était fermée et il entendait les percussions minérales incroyablement fortes. Certaines nuits, la marque de l’Ange était impitoyable. Le palefrenier leva les yeux et remarqua Noâz à la fenêtre. Il retira son chapeau et lui sourit mais inquiété par l’expression glaciale du jeune Comte, il préféra fuir avec sa gueuse. Noâz de son côté entendit des claquements de cymbales venues du couloir. Il reconnaissait désormais le bruit de ces talons-là. Avant qu’un insupportable tambourinement à la porte ne vienne le trépaner, Noâz se précipita dessus et l’ouvrit vivement, faisant sursauter Elena à qui il n’adressa qu’une ombre de sourire avant de lui plaquer un doigt sur la bouche. Il la fit entrer doucement dans ses appartements et lui expliqua en chuchotant :


« Elena, je vous prie de m’excuser, je suis en douleurs à cause de la malédiction. Particulièrement ce soir. Alors par pitié, n’allumons pas plus de deux chandelles et parlons à voix feutrées, voulez-vous ? »
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Elena Mirova
Aguerri(e)
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Elena Mirova


Avant que l'aube Vide
MessageSujet: Re: Avant que l'aube   Avant que l'aube Icon_minitimeLun 5 Mar 2012 - 14:42

Les pas de la jeune femme dans les restes de neige près du Manoir étaient lents. Médusée par la beauté de la nuit, elle resta encore un peu la tête dans les étoiles et le cœur en enfer. Les yeux rivés sur la grandeur étoilée, elle faisait le moins de bruit possible, guidant sa jument à la lange. Sous ses pieds la terre, les quelques graviers et la couche souillée par la boue souffraient à peine de son poids. On ne voyait que les fers de son cheval laisser les marques de son long passage. De sa bouche filait des nuages délicats de buée. La froideur de cette nuit là était autant dans l'atmosphère que dans son âme. Elle ne devait pas faillir devant son Meneur. Car telle était sa destination : le château de Frauenberg. Et elle y aurait été bien volontiers à reculons si elle avait été couarde. Mais elle ne l'était pas. Fière comme un piquet, elle laissait juste quelques secondes s'égrainer avant sa sentence. Une fois sortie de l'enceinte de ses terres elle grimpa sur sa monture et chevaucha à vive allure vers les pierres plus froides et plus haute que jamais de la demeure de son ancienne et son nouveau Meneur. C'était le cycle de la vie. Ainsi devait-il être. Une fois qu'on avait fait son office, on partait pour d'autres contrées, laissant la place aux autres, pour que tous puissent avoir leurs chances et leurs heures de gloire.

Mais ces heures de gloire n'était pas pour tous. Pas pour la cadette des Mirova. Elle n'avait pas sa place dans les noms dont on se souviendrait plus tard. Son attachement à la noblesse ne tenait qu'à un fil et ne la protégerait pas éternellement. Il suffisait de voir ce qui arrivait à Europe. Elle avait échoué quelque part et payait le prix. Quand Elena songeait à son passé dans la tribu du Lys, qu'avait-elle apporté mise à part des échecs? Rien. Elle avait été plus passive face à des événements importants plutôt qu'utile. Quoi qu'on lui dise, elle restait persuadée de son inactivité face aux morts d'Amaël et Alicia. Et pis encore, elle avait échoué pour récupérer le grimoire de Lorenzo Maestriani, grimoire qui pourrait rendre la vie à nouveau plus simple pour nombreux Forbachois et pour certains de ses compagnons de tribu. Mais même là, elle c'était prise un mur. Ce mur c'était Viviane Valdemar. Prêtresse de la tribu d'Olrun, femme aux cheveux de feu et au charisme écrasant. Les connaissances de cette vieille pie l'avait mise à terre en blessant son second et apprenti. Il voulait se rendre. Elle ne pouvait vaincre seule. Elle avait abandonné les armes. La vérité de cette affaire c'est qu'elle n'avait sûrement pas les compétences suffisantes pour se sortir d'affaire de ce genre. Elle était bonne à rester en arrière non?

Elle regarda une derrière fois la lune qui nageait dans un nuage sombre. Elle aurait être comme la lune. Briller au moins pour quelqu'un, mais en vain elle restait le nuage qui faisait obstruction. Ses pas la guidèrent sans mal à travers les couloirs de la demeure et elle arriva devant la chambre de son Meneur. Elle prit une inspiration décidée et redressa le chef avant de lever la main vers la porte pour y frapper. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque la porte s'ouvrit devant elle sans qu'elle n'est émis le moindre son. Ses talons étaient-ils si bruyant et ses pensées si fortes qu'elle n'avait pas été aussi discrète qu'elle l'escomptait? Elle ne chercha pas la réponse, plus préoccupée par le visage gravé par l'épuisement que lui offrait Noâz. Cette souffrance qu'on lisait dans son regard la frappa, lui donnant un coup dans les côtes. A tel point qu'elle ne s'aperçut pas qu'il avait plaqué un doigt sur ses lèvres. Il l'a fit entré sans un bruit et avant que Noâz ne parle elle comprit immédiatement. La marque de l'ange l'affaiblissait encore plus ce soir qu'auparavant. Le voir souffrir n'était pas quelque chose de facile. Elle aurait donné un peu de son corps pour lui offrir un peu de répit, qu'il lui donne un peu de cette douleur pour qu'il respire quelques instants.

Noâz chuchota, alors qu'Elena avait les joues en feu. C'était probablement le contraste entre la fraîcheur de la nuit et la douceur des appartements du jeune homme qui lui donnait cette sensation. Cela lui tournait presque la tête. A moins que ce fut autre chose? Il demandait à n'avoir pas plus de deux chandelles et une voix la plus faible possible. Elle le supplia de s’asseoir et alluma les bougies le plus loin possible de son Meneur pour qu'il soit le moins possible agressé par les douces flammes qui naissaient sur les mèches. Elle s'assit sur la chaise face à cette table ou elle c'était retrouvé quelques fois. Le souvenir de sa première venue ici la traversait chaque fois et la secouait, mais elle avait appris à faire avec. Pourtant l'ambiance de ce soir devait la déconcertée, elle ressentit à nouveau autant de gêne que lorsqu'elle avait ouvert les yeux sur Noâz à la fin de son envoûtement. Emprisonnée par la panique, elle se libéra en s'exprimant sur les sujets qui avaient requis sa présence ici.

"Je ferais court pour ne pas vous déranger plus qu'il ne le faut."


Elle avait fait déjà un rapport rapide de l'échec du vol du Grimoire, mais elle le détaillerait oralement, pour éviter à son Meneur de souffrir de la lecture. Elle lui expliqua de la façon la plus concise qu'elle fut leur échec, ou plutôt son échec.

"Lorsque nous somme arrivés à l'Eglise, nous avons attendu la sortie des sorcières d'Olrun pour les piéger par surprise et récupérer le grimoire. Mais elles étaient plus nombreuses que prévu et parmi elle il y avait Viviane. Elle à tenté un envoûtement sur ma personne et Luc l'à évité in extremis en se ruant sur moi. Mais cela lui a valu une sévère blessure qu'il le rendit inconscient. Seule je n'aurais pu vaincre les dernières et faire face à la prêtresse. Sur cela, les inquisiteurs se sont réveillés et nous avons fuit de notre côté en même temps que les autres d'Olrun. J'ai soigné Luc comme j'ai pu avant de rentrer tard dans la nuit au Manoir pour éviter qu'on soi vu."

Elle regardait le sol, respectueuse et consciente de sa faute. Elle aurait du établir un plan plus élaborer pour éviter cet échec. Et son erreur la plus grosse était d'avoir réagit à la remarque de Viviane. Elle s'arrêta ici laissant le silence ravir les oreilles de son interlocuteur. Elle avait parlé le plus bas qu'elle avait pu, mais même pendant son discours elle avait laissé quelques pauses pour que Noâz n'est pas la sensation de mourir d'un tel discours. Déjà que les nouvelles étaient mauvaises, si en plus elle lui faisait subir une souffrance physique supplémentaire elle gagnait le prix de l'Aguerrie la plus incompétente de la tribu.

Elle releva les yeux juste une fois, pour tenter de lire dans les yeux de Noâz sa réaction. Mais elle ne fut que prise au piège, assaillie par ses souvenirs. Encore une fois l'image de Noâz la surplombant s'imposa à elle et son cœur s'emballa de la gêne qu'occasionnait cette proximité indécente. Elle déglutit et pria en son for intérieur qu'il n'entendent pas ses battements et ne puissent pas percevoir la rougeur de ses joues.
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Noâz Loewenstein
Fugitif
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Noâz Loewenstein


Avant que l'aube Vide
MessageSujet: Re: Avant que l'aube   Avant que l'aube Icon_minitimeDim 24 Juin 2012 - 23:40

Noâz avait le regard perdu quelque part entre les yeux et les lèvres d’Elena. Ses yeux semblaient l’éviter, comme une gêne que le tremblement subtile de ses lèvres confirmait. Il s’imaginait à la place de la jeune femme et ne pouvait que la plaindre. Elle n’était qu’Aguerrie et son Meneur lui demandait la Lune et les étoiles. Mais la vérité était que Noâz n’avait confiance en personne, et même Elena était soupçonnée d’accointances avec Antoine qui voulait manifestement sa fin… Mais malgré tout cela elle restait le plus probable sincère soutien du Meneur et il l’envoyait ainsi combattre en son nom à l’heure où il se sentait si faible. Il lui était redevable. Il en était conscient. Il aurait voulu la consoler, il aurait voulu la rassurer, il aurait surtout voulu s’excuser. Mais il n’avait pas appris ni expérimenté les mots et les gestes de la tendresse et de l’affectivité. Aussi restait-il désarmé face à tant de fragilité et son regard brillant d’une pointe de désespoir ne savait plus quoi regarder dans ce visage parfait.

La fatigue aussi était intense à présent. Aucune nuit n’était paisible lorsqu’on était sensible au moindre grattement de souris. Même les mots d’Elena, pourtant si paisibles et si bas, résonnaient dans sa tête comme les grondements d’un tambour vibrant. Il se releva péniblement dans son fauteuil et déglutit en se servant sur la table basse un verre de ce fameux rhum qui avait autrefois rendu Elena malade à en vomir sur sa chemise.


« Pouvez-vous éteindre cette bougie, ici, Elena, elle me brûle les yeux.

Je suis désolé, je n’ai rien d’autre à vous proposer que ce rhum qui s’avère de plus en plus être compagnon de mes douleurs.

Rassurez-vous ma chère amie, sans même l’avoir rencontrée ne serait-ce qu’une fois et rien qu’en croyant les dires de mon institutrice, Willelmina, la sorcière Viviane est une des plus grandes forces ésotériques de Forbach… Peut-être la seconde après Europe et donc peut-être aussi puissante voire plus que moi-même… La faute est mienne, je n’aurais jamais du vous envoyer seuls combattre ces furies.

Mais pourquoi diable Luc vous a-t-il suivi ? Vous demandant de choisir un secours si nécessaire je pensais davantage à des sorcières de votre grade ou supérieurs. Non pas que Luc me déplaise… Enfin… Je veux dire par là que voir Antoine Vaudremont blessé plutôt que Monsieur de Rohan eut été moins triste… Non pas que je souhaite du mal à Antoine, mais vous savez il est… plus vieux. »


Echec rhétorique absolu. La fatigue embuait son esprit de manière tout à fait ridicule. Il venait quasiment d’avouer son mépris d’Antoine et de Luc dans une même explication. Il se surprit même à être gêné de l’implication de Luc dans cette histoire… Tout ceci devenait étrange. Il regardait toujours Elena et un sentiment chaud et désagréable le parcourut en l’imaginait combattre au côté de cet autre jeune homme tout à fait insignifiant. Il fallait qu’il se repose…

« Oubliez tout ça Elena, je vous accablerais presque de mes propres fautes, je suis mauvais penseur ce soir.

Si ça ne vous dérange pas, j’aimerais poursuivre cette conversation sur l’oreiller. Enfin, non, oui, je veux dire allonger, enfin non, oui, moi, pas vous, enfin, sauf si vous êtes fatiguée, mais…

Pouvez-vous m’aider à rejoindre mon lit ? »


La situation empirait à vue d’œil. Noâz souhaitait à présent ardemment qu’Elena s’en aille. Qu’elle quitte cette pièce avant qu’il ne déblatère d’autres inepties. Noâz se sentait pris au piège avec Elena dans sa chambre. Il se sentait comme pris dans la main aux doigts haves du Destin qui se refermait sur lui et la jeune femme. Comme si une partition devait se jouer absolument entre eux. Mais le jeune homme ne connaissait pas son solfège et il était hors de question que la jeune femme ne le découvre. L’honneur dont se souciait Noâz n’était même pas son honneur d’homme, mais son honneur de Dirigeant. De quoi aurait l’air un Meneur qui ne savait pas utiliser sa flûte ! Elle devait partir.

Elena l’aida donc à s’allonger très doucement – pour éviter les bruits de frottements que le stigmate traduisait en grincements stridents – et Noâz la remercia d’une politesse congédiente. Mais avant que la jeune femme ne s’en aille, il retint sa main, tremblant de tout son coeur, sans un mot à lui adresser pour s’expliquer. Elle ne devait pas partir.


« Pouvez-vous m’aider à ôter ma chemise avant que je m’endorme ? Je ne voudrais pas la froisser. »

La dissonance de l'orchestre entrain de s'accorder laissait place au premier mouvement, les cordes en avant.
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Elena Mirova
Aguerri(e)
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Elena Mirova


Avant que l'aube Vide
MessageSujet: Re: Avant que l'aube   Avant que l'aube Icon_minitimeLun 25 Juin 2012 - 21:58

La symphonie d'un cœur en panique devait ressemblé au moment ou les percussions entre en scène. Puissance et sonore. Voilà à quoi ressemblait à présent le rythme cardiaque de notre jeune amie. Alors qu'elle s'attendait à entendre des remontrances sévères, Noâz se trouva bien incapable de lui reprocher trop. Il se releva maladivement de là où il était assis, laissant un rictus de souffrance teindre son visage et se servit un verre de cet odieux breuvage. L'odeur de celui-ci lui donna la nausée. Décidément, non, elle ne pouvait pas échapper à cet évènement. Sans cesse, et de plus en plus souvent elle sentait cette sensation qui lui montait aux veines. Comme si on lui injectait en permanence des humeurs lui donnant des bouffées de chaleurs et un malaise évident. Elle fut heureuse de ne plus avoir à prononcer plus que quelques mots, autrement elle aurait balbutier. Elle avait réussit à se décrocher des yeux de Noâz, mais lui continuait de la regarder à travers ce voile de douleur qui lui arrachait probablement la cornée.

Il lui proposa du rhum après avoir demandé à ce qu'on supprime une autre bougie. Si cela continuait c'est elle qui ne verrait plus rien. Cependant elle s’exécuta avec cette façon infaillible de recevoir les ordres. Il ordonna, elle agissait. Quoi que ce fut. Elle ne réfléchissait plus, elle savait qu'il était plus sage qu'elle. Pinçant la bougie avec rapidité, elle évita la brûlure et une fumée trop importante. Sa façon de se mouvoir était muée par une grâce et une éducation visibles. Alors qu'elle s'asseyait de nouveau à sa place, le fils d'Alicia parla de l'affaire pour laquelle elle était venue. Il ne lui en voulait donc pas? Il ne la considérait pas comme responsable? Il lui trouvait des circonstances atténuantes?

Elle n'aurait pas attendu cette réaction. Était-ce la faiblesse de son Meneur qui prenait le dessus? Elle eut bien vite sa réponse quand il livra à elle ces paroles sur Luc et Antoine. Il aurait préféré que ce soit Antoine qui se fasse tailler en pièces? Il ne le portait pas dans son cœur mais cette façon de dire qu'il était plus vieux. Il était tout de même garant d'un certain équilibre jusque là, non? Elle ne pipa mot, préférant le silence à une quelconque opinion de sa part. Il n'avait cure de ce que ce discours pour lui évoquer.

Interloquée mais restant de marbre, il finit par balayer le sujet d'un revers de main. Sa fatigue était telle qu'il lui suppliait presque, avec ces faibles mots pour qu'il soit allongé. Alors que le début de ses paroles avaient été prononcées, il s'embrouilla de façon touchante. Sa fatigue le montrait sous un autre jour. Il était maladroit et avait craint qu'elle comprenne mal ses intentions. Peut-être que leur passé commun rendait cette maladresse un peu plus visible. Elle n'eut pas le cœur à sourire devant ce nouveau visage et se précipita auprès de son Meneur.

Alors qu'il s’emmêlait les pinceaux, Elena s'approcha et osa poser son index sur ses lèvres.


"Chut."

Avec l'instinct d'une mère avec son enfant, elle savait déjà qu'il aurait besoin de son aide pour se coucher et c'est pourquoi elle acquiesça avant qu'il termine sa demande d'aide. Avec une minutie et une lenteur extrême la jeune femme accomplit sa tâche. La seule chose qu'elle réussissait pour le moment. Elle lui portait son soutient et l'aida à se glisser sur les draps sans que Noâz n'ait la sensation de se faire scier les oreilles. Après un temps qu'elle ne saurait estimer, il fut là, allonger sur ce lit. Une dernière fois encore elle eut cette sensation d'être à la place du Meneur sur ce même lit et elle se voyait encore ouvrir les yeux sur lui. C'était indécent de se remémorer cet instant. Elle fixa le stigmate quelques secondes, les poings serrés. C'était injuste qu'il souffre de cette abomination, il était le seul à qui il n'aurait pas fallu que cela arrive.

Il l'a remercia et sachant qu'elle n'avait plus rien à faire, elle fit une courte révérence polie d'un simple geste de la tête. Alors qu'elle s'engageait à tourner les talons quelque chose lui retenait le bras. Elle se tourna à nouveau vers Noâz et laissa tombé son regard sur cette main qui l'empêchait de partir. Plait-il?


"Quelque chose ne va pas, Messire?"

La réponse ne se fit pas trop attendre mais son effet fut pourtant radical.

« Pouvez-vous m’aider à ôter ma chemise avant que je m’endorme ? Je ne voudrais pas la froisser. »

Elle repassa dans son esprit cette phrase. Plusieurs fois. Pour être sûre de ce qu'elle avait entendu. Le... déshabiller? A son tour, elle déglutit. Il mettait ces nerfs à rude épreuve assurément et elle inspira avant de répondre.


"Comme... il vous plaira." hésita t'elle.

Elle s'attela donc à cette toute nouvelle tâche et retira chaque bouton avec le plus de délicatesse qu'elle put tout en veillant à ne pas frotter le tissu. Concentrée, elle ne prit pas garde à son souffle qui était devenu plus lent et plus long. Elle prenait de longues expirations, comme si elle allait tirer une flèche. Une mèche de ses cheveux vient à tomber devant ses yeux lui barrant une partie de sa vision. Elle s'empressa de la remettre dans l'ordre. Mais alors qu'elle dévoilait peu à peu le corps musclé et mature malgré le jeune âge de son porteur, la rebelle mèche repartit à l'attaque et glissa à nouveau. Bloquée dans sa position elle se décida à déboutonner et tant pis pour cette fichue mèche. Une fois qu'elle eut finit, il lui fallait retirer la chemise.

Avant que son esprit fasse cette constatation, elle resta interdite pendant un instant, sur ce qui s'offrait devant elle. Imaginez un corps parfait, robuste et musclé, exhibant la moindre de ces formes sous la lumière d'une faible bougie. Heureusement qu'elle n'y voyait pas mieux. Malheureusement son rythme cardiaque devait trouver ces visions suffisamment embarrassante pour continuer la délicieuse chamade désordonnée qu'il offrait. Elle reprit sa respiration et aida encore une fois son Meneur à se redresser. Le geste qu'elle fit la raidit instinctivement : elle le prit dans ses bras pour le relever et resta collée contre lui lorsqu'elle se saisit d'un autre oreiller pour le garder en position assise le temps de retirer le vêtement. Leur poitrine ainsi en contact transféraient à l'un et l'autre les battements fous. Sauf qu'Elena ne bénéficiait pas du stigmate et des informations qu'il offrait.

Le redressé dura une éternité et quand elle se redressa enfin, brisant la chaste étreinte qui était la leur, elle sentit le sang monté à son visage et rougit instantanément. A nouveau cette sensation de vertiges l'emprisonna. Elle saisit les pans de la chemise et un électrochoc la stoppa dans son mouvement lorsqu'elle toucha la peau de Noâz. Elle inspira profondément et continua de progresser dans son entreprise. Il lui fallut un long moment encore pour le déshabiller. Chaque fois qu'elle touchait sa peau, elle avait l'impression de sentir une décharge d'électricité la parcourir. C'était perturbant et cela la ralentissait dans sa tâche. Le tissu filait facilement sur la peau, il fallait donc l'empêcher d'être en contact avec celle-ci. Elena apposait donc entre la peau et le tissu ses doigts et un espace suffisant pour que sa propre peau ne soit pas en contact avec celle de Noâz.

Le temps passait et elle venait enfin d'achever son travail. Elle alla poser la chemise sur une chaise plus loin et profita de ce cours instant pour se remettre de cette situation pour le moins étrange. Une femme de son rang ne devait pas voir ces choses là à moins qu'il ne fut déjà son époux. Cette idée lui donna une bouffée de chaleur qui monta jusque ces oreilles. Elle retourna auprès de son protégé et l'aida à se reposer au fond du lit. A nouveau elle se colla à lui quand elle du pousser l'oreiller. Les mouvements étaient lents pour ne pas provoquer de son trop violent. Elle se posta à son côté.

"Voulez-vous que je reste pour vous veiller messire?"

Elle l'aurait fait. Mais lorsque ces yeux retraçaient les courbes délicates, elle se sentit bien incapable de le veiller sans avoir des pensées malséantes. Pourtant au fond d'elle même, elle aurait aimé le regarder dormir toute la nuit. Être là quand un bruit qu'elle n'aurait même pas perçue serait venu le réveiller. Elle aurait aimé le servir cette nuit, pour alléger quelque peu son fardeau.


"Je serais ravie de vous regardez... je veux dire de vous surveillez. Enfin bien évidemment vous n'êtes pas mauvais garçon mais je... Enfin si je puis vous être utile, je veux faire mon possible pour vous..."


Elle respira se disant qu'il n'y avait pas de confusions possibles. Mais elle pensa que sa dernière phrase était probablement trop équivoque et rajoute prestement :

"... pour vous aider, bien sûr."

*Bien sûr! Pauvre sotte.*

Perdue entre le torse ciselé de son Meneur et son visage, ces yeux faisaient un incessant trajet de va et vient, s'attardant sur un muscle, puis ses lèvres, puis elle croisa son regard avant de repartir dans sa course folle.
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Noâz Loewenstein
Fugitif
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Noâz Loewenstein


Avant que l'aube Vide
MessageSujet: Re: Avant que l'aube   Avant que l'aube Icon_minitimeLun 17 Sep 2012 - 1:54

Lorsqu’Elena posa son doigt sur la bouche de Noâz sursauta. Ce contact était peut-être le plus intimement sensuel jamais vécu par Noâz. Un frisson lui parcourut l’abdomen. Le stigmate lui permettait de sentir chaque délicat relief de l’empreinte digitale sur ses lèvres que l’alcool avait rendues brûlantes et sensibles. C’était un labyrinthe qui le perdait. Ce simple doigt qui le touchait dans tous les sens du terme, c’était suffisant à remettre en doute toutes ses certitudes. Noâz sentit une réaction physique fulgurante et déplacée.
Il fallait trouver un moyen de se calmer. Il hésita un instant à projeter en son esprit une image de sa mère adoptive nue mais se rétracta, trop de respect. Mina ? Mauvaise idée. Europe peut-être ? Il avait peur d’en rester traumatisé de réalisme. Il se remémora alors simplement le visage des sœurs Silberholz croisées maintes fois en ville, inutile de plus, tout rentra en ordre.

Elena s’attela au déshabillage du Comte à moitié conscient seulement de combien sa demande était déplacée. C’est lorsqu’il sentit le souffle long et profond d’Elena qu’il comprit combien il lui en demandait. C’était un souffle de concentration, de contrôle, pas d’agacement, peut-être un peu de peur. Noâz analysait chaque expiration pour y décrypter un sentiment plus précis. Toute sa concentration portée sur les faits et gestes d’Elena, il était immobile. Le souffle rythmait la scène, c’était une brise aimable, presque amoureuse.
Soudain le délicat frottement d’une mèche de cheveux tombant manqua de le faire sursauter mais ne manqua pas d’empirer ses réactions instinctives. Une goutte de sueur se mit à perler le long de son front, il avait froid tout à coup.

Lorsqu’Elena se pencha sur lui leur contact le réchauffa. Le contraste lui arracha un soupire entre soulagement et stupeur. Il sentait son cœur battre aussi vite que le sien. Plus que de constater combien Elena était émue, il constatait son propre emballement. Il sentait son cœur pousser coup à coup vers celui d’Elena et inversement.
La jeune femme se lança ensuite dans un numéro d’équilibrisme tactile inouï. Elle parvenait à lui retirer sa chemise sans toucher sa peau. La chaleur irradiant de ses mains venaient pourtant caresser le torse du Meneur qui ne tenait plus… Elle lui parla à mi-mots. Il resta silencieux un long moment. Enfin le calme. Il n’entendait que la bougie flamber comme un brasier hurlant.


Me veiller ?
Euh… je ne voudrais pas abuser de vous Elena… Enfin pas dans le sens où... Je saurais me tenir, je crois... Bien qu'en fait... Vous en avez déjà assez fait.
Je préfèrerais vous libérer.


La bougie était devenue trop de lumière à ce stade de fatigue.

Seulement, Elena, si je puis me permettre, avant de partir…

Leurs regards se croisèrent. Noâz aperçut alors tant de nuances de couleur et de formes dans les yeux de cette femme qu’il eut un vertige. Elena, en un réflexe, lui attrapa la tête pour l’empêcher de vaciller davantage.

Je vous ordonne de m’embrasser.

[Excuse-moi ma C'ro, c'est pas de ton niveau là, mais j'ai guère le temps de plus Sad ]
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Elena Mirova
Aguerri(e)
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Elena Mirova


Avant que l'aube Vide
MessageSujet: Re: Avant que l'aube   Avant que l'aube Icon_minitimeLun 17 Sep 2012 - 12:44

[chai pas grave chui contente que tu m'ais répondu :p et puis ya le nouveau chapitre]

Plus la chose est pressante et moins le temps passe vite. Et ce qui pressait Elena c'était de partir. Elle se serait damnée pour quitter immédiatement les lieux. Noâz la troublait. Bien plus que n'importe quel homme n'aurait pu le faire. Et cette sensation qui lui piquait les doigts, la rendait tendue, elle ne l'aimait pas. Elle ne la connaissait pas. Et comme chacun sait, ce que l'on ne connaît pas nous effraie. Son corps était enserré par une bouffée de gêne et sa gorge s'asséchait. Pourvu qu'il la laisse partir sur le champ, sinon elle se verrait dans l'obligation de prendre ses jambes à son cou, comme une vulgaire lâche. Avait-elle seulement le choix? Tout échappait à son contrôle et le comportement de chacun des protagonistes devenait pathétique. Déroutée, elle puisait dans ses toutes dernières réserves pour se tenir droite, face à son Meneur.

Enfin il brisa le silence et lui laissait le droit de partir. Elle en avait déjà assez fait. C'est ce qu'il ajoutait et elle acquiesça mentalement à ce fait. Oui, elle en avait peut-être un peu trop fait même. Leurs discours étaient incohérents et mal pensés, comme s'il ne connaissait rien à l'art de la parole. Ils désapprenaient tout, embourbés dans leur maladresse ridicule et il était vraiment temps que cette conversation se termine. Elena voulait partir, toute son âme l'aurait volontiers hurler. Et alors qu'elle allait enfin être exaucée, Noâz ajouta un seul et unique mot qui remit tout en cause. "Seulement"... Souhaitait-il la tester? Après tout est-ce que tout ceci était une comédie? Noâz voulait jouer avec les nerfs d'Elena pour savoir si elle serait capable de lui obéir comme un bon chien fidèle? Cette idée lui permis un répit et la vexa. N'avait-elle pas prouvé sa dévotion entière à la cause? Elle avait suivit aveuglément les ordres du Meneur sans broncher. Elle n'avait pas penser émettre un quelconque avis. Cela ne lui était même pas venu à l'esprit. Sa loyauté l'en empêchait.

Alors pourquoi la tester? C'était un test? Les repères se faisait de plus en plus rare et dans l'obscurité de cette chambre, tout devenait plus compliqué. Elle perdait son acuité à comprendre son environnement. Elle soutenait à présent le regard de Noâz, attendant le fin mot de l'histoire. Elle avait besoin de savoir si il la testait ou non. Avait-il seulement confiance en elle? Pour la première fois la question lui effleura l'esprit et elle s'interrogea alors que Noâz manqua de tomber dans les pommes. Elle le rattrapa de justesse par réflexe.


"Noâz! Tout va bien?"

Elle parla plus haut qu'elle ne voulu, inquiète. Elle balaya cette histoire de confiance tout en cherchant à aider son Meneur à se redresser. Et la phrase finale tomba.

L'embrasser? Mais enfin que lui prenait-il? Non seulement ce qu'il demandait était indécent et inconvenant mais en plus il en faisait un ordre. Elle devait savoir ce qu'il souhaitait vraiment.


"Est-ce pour me tester Messire? Si c'est le cas, sachez que c'est fort déplaisant."

Elle redressa le Comte et le replaça confortablement dans son lit. Sa gêne c'était muée en une certaine colère. Elle ne comprenait pas. L'instant d'avant il s’emmêlait dans ses propres mots et à présent il lui ordonnait une chose qu'on n'offrait pas sur demande. Elena avait toujours été libre. Au regret de nombreux prétendants, elle restait farouche et ne se laisserait pas attraper comme une de ces vulgaires poules richissimes.

"Je crois que j'en ai terminer ici Messire."

Elle se tourna enfin pour quitter des yeux son chef et marcha vers la bougie pour l'éteindre.


"Tachez de dormir. Vous êtes plus exténué que vous ne le pensez."


Elle quitta la pièce. Enfin. Le chemin jusque celle-ci fut délivrant. Elle passa le pas de la porte et la referma avant de s'adosser contre elle. Elle resta ainsi quelques minutes. Son cœur n'avait pas cessé sa folle course et chaque battement se propageait dans la porte, en onde. Elle expira lentement et regarda ses doigts encore tremblant. Il avait dépassé les limites. Elle réenclencha la poignée pour pénétrer à nouveau l'appartement qu'elle avait mis tant de mal à quitté et se ravisa en la refermant.

Même si c'était pour la tester, lui dirait-il vraiment? Elle ne saurait jamais la vérité maintenant que le doute c'était immiscé. Elle finit par partir du chateau sur son cheval. Elle parcourut à très vive allure le chemin qui la conduisait jusqu'à la lisière de la forêt et pénétra dans l'enceinte du Manoir. Sautant de la scelle, elle regarda à nouveau le ciel, qui n'avait pas changé. Elle était d'une toute autre humeur qu'avant de partir. Elle naviguait entre incompréhension et déception. Elle ne savait pas ce qui c'était passé dans la tête de son Meneur. C'était une sorte de correction pour tester sa loyauté et savoir si elle n'avait pas délibérément raté chacune de ces missions peut-être. Mais quelque soit la raison de ce comportement, elle se sentait trahie.

Elle n'aurait pu croire à une sincère demande. C'était bien improbable et surtout mal fait. Elle passa quelques heures dans la bibliothèque à écrire des lettres. Elle ne pouvait s'empêcher de repenser à ce soir. Vraiment, non, elle ne comprenait plus qu'elle devait être sa position. Il lui faudrait éclaircir cela un jour. Elle se contenterait de continuer de suivre les ordres pour l'instant. Elle avait cru pouvoir faire de lui un ami, mais que vaut un ami qui n'a pas confiance, un ami qui tente de commander vos sentiments?

La nuit fut agitée, mais elle finirait par oublier cet instant de faiblesse. Elle finit par concevoir que le stigmate brouillait les sens de son Meneur et qu'il avait tenté de voir jusqu'où son autorité sur Elena irait. Elle ne dépassait pas la barrière des sentiments amoureux. Car les sentiments amoureux étaient des biens précieux qu'Elena enfermait jalousement derrière un masque de noblesse sans reproche.
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MessageSujet: Re: Avant que l'aube   Avant que l'aube Icon_minitimeDim 11 Nov 2012 - 19:46

Sa propre demande laissa Noâz un instant perplexe, les yeux perdus. « Je vous ordonne »… ma subordonnée sur qui j’ai autorité, « de m’embrasser »… femme qui sur mon cœur a désormais tous droits et tous pouvoirs. Avait-il essayé de faire croire en une passion raisonnée ou en une raison passionnée ? Le paradoxe insoluble ne mit pas que son esprit épuisé à l’envers. Elena ne comprit pas, et c’était bien normal. Elle en fut désarçonnée au point de préférer partir sans demander son reste. Noâz se releva péniblement dans son lit avec une expression désolée :

« Elena… »

Mais elle était déjà derrière la porte qui se refermait sans appel… mais peut-être pas sans rappel ? Noâz, dont la sensibilité de son ouïe dépassait amplement le seuil de douleur et d’audibilité à la fois, entendit bien qu’Elena n’était pas partie. Il entendit même son dos se coller contre la porte et le son du léger frottement lui hérissa chaque poil du bras qu’il avait tendu bêtement en direction d’Elena pour la retenir sans force ni conviction.

« Elena, je ne voulais pas… »

Chuchota-t-il. Mais elle ne pouvait entendre comme lui le moindre souffle. Noâz entendait sa respiration haletante et perdue. Il entendait encore les battements de ce cœur dont il aurait pu battre toute la partition.

« Je ne sais pas… »

Qu’est-ce qu’il ne savait pas ? Le jeune Meneur ne savait rien… rien des femmes et rien de l’amour. Car si effectivement les deux jeunes gens dans cette situation de promiscuité et de désir frustré désapprenaient tout, il fallait bien préciser que Noâz ne pouvait désapprendre l’essentiel de ce qu’impliquait cette tension. Il ne l’avait jamais appris. Les sentiments, la chair, il ne l’avait jamais expérimenté et se sentait face à Elena plus qu’insignifiant et nu. Ce que son ordre maladroit impliquait était qu’il était incapable de formuler l’essence de son désir par un chemin détourné et romantique. Il s’était alors réfugié dans la seule formulation impétueuse qu’il connaissait : l’ordre. Sous cette forme insolite, le Meneur avait dévoilé son cœur à Elena qui l’avait refusé avec juste ce qu’il fallait de politesse. Il l’avait choquée. Elle fuyait. Et pourtant…

Noâz entendit la poignée à nouveau actionnée. Elle revenait.


« Elena, reviens je t'en prie… »

Mais sa plainte, Elena ne l’entendit pas, et probablement n’en aurait-elle eu cure. Elle s’en alla, pour de bon.

Noâz resta éveillé toute la nuit. Le corps sans force. L’esprit épuisé. Le cœur déchiré. Elle ne voulait pas de lui. Il s’était ridiculisé. Au moins tous les questionnements étaient définitivement clos. Elena ne serait à jamais qu’une sœur du Lys Noir, fidèle à sa tribu et à son Meneur, ça Noâz n’en doutait pas, mais pas fidèle à lui qu’elle verrait toujours comme un rustre sauvage. Noâz tira un trait dans son esprit, partant du bas de son cœur jusqu’en haut de son espoir.

Le lendemain, il envoya une missive à Elena :


Citation :
« Mademoiselle Mirova,

Merci de votre attention et de votre patience. Je vous prie d’excuser mon comportement irritant, le stigmate m’aura probablement poussé plus à bout que jamais imaginé. Je ferai dorénavant appel à des mains plus adaptées que les nobles vôtres pour s’occuper de mes affaires. J’ai suffisamment abusé de votre temps et de votre dévouement.

Cordialement,

Au revoir.

Amaël Loewenstein »
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