Azarie est le fils de Cymaque Daumaltais, un bourgeois devenu désargenté à la suite d'une crise économique locale, et Céline Daumaltais, la femme de condition moyenne qu'il avait épousé par intérêt. Son grand-père, Jepthé Daumaltais, était un Sage de la tribu d'Olrun, mais son fils Cymaque n'a jamais trouvé de temps à consacrer au clan et à l'apprentissage de la magie, qu'il délaissait pour se consacrer à une réussite professionnelle qui ne viendrait jamais. Jephté Daumaltais entreprit donc, à la naissance de son petit fils Azarie, de faire oeuvre d'enseignement de façon plus efficace, et y parvint: l'enfant intégra la tribu d'Olrun en même temps que ses pairs, s'accommodant fort bien de l'apprentissage de l'occulte.

Azarie avait environ la vingtaine, cet âge fougueux où l'on croit que tous les rêves sont possibles, au moment où Alicia de Sarrebourg provoqua le schisme qui scinda en deux l'antique clan de sorcières. Tête brûlée et engagé dans cette cause, il la suivit sans hésiter. Sans doute aussi parce qu'il avait toujours éprouvé pour cette femme une profonde attirance, autant physique que psychologique... Malheureusement pour lui, son amour demeura à sens unique et ne fut jamais remarqué de la Meneuse, qu'Azarie se contenta d'adorer de loin.

Cinq ans plus tard, il se maria sous la pression familiale, à une roturière banale qui prit le nom de Marianne Daumaltais. Azarie n'éprouva jamais plus pour elle, que de l'affection. Elle était fade, maigre et pâle, avec de grands yeux humides et aucune force de caractère. Quelques années plus tard, elle mourut en couches, mettant au monde un enfant mort-né. Les parents et le grand-père d'Azarie étaient morts de vieillesse entretemps.

Le commerce de son père ayant conduit à la ruine de celui-ci, Azarie s'était choisi une orientation professionnelle différente; il avait à présent fini sa formation de longue date, et travaillait comme ouvrier-chaudronnier dans un petit atelier de sidérurgie locale. Un emploi éprouvant aux conditions rudes, pour lequel il n'éprouvait pas d'intérêt, mais il fallait bien gagner sa vie... Il vivait hors de Forbach, à Sarreguemines, une ville à proximité, cette dérogation lui ayant été consentie par Alicia grâce à son dévouement au Lys Noir. Car Azarie continuait en parallèle, son ascension au sein du clan.

De nombreuses années plus tard, il tomba avec surprise sur Apoline Delucy, une jeunette du Lys Noir de vingt ans son aînée, qui lui livra une histoire mélodramatique et compliquée en vertu de laquelle elle recherchait sa mère inconnue. "Je la connais, ta mère", faillit répondre Azarie -ce qui était vrai. Au lieu de ça, la donzelle lui fit une proposition totalement imprévisible: elle voulait changer de vie, s'échapper, ils n'avaient qu'à se marier, ainsi il lui donnerait la liberté dont elle avait besoin, en échange de quoi elle lui cèderait ses économies, résultat d'une vie de labeur à l'auberge. Azarie accepta ce mariage pécuniaire par appât du gain; mais cet argent bien entendu, ne le rendit pas riche, les sommes n'étaient pas astronomiques et il devait à présent assumer financièrement une épouse... ainsi qu'une enfant, Tempérance, qui naquit quelques temps plus tard.
Leur couple ne fonctionnait pas, évidemment. Ils s'étaient mariés sans amour et parvenaient difficilement à concilier leurs intérêts divergents. Apoline décida de fuir ce mode de vie qui ne lui convenait pas non plus, et rentra finalement à l'auberge de Forbach; Azarie demeura à Sarreguemines. Leur relation ambigüe s'articulait principalement autour de Tempérance, qui grandissait doucement.

Un matin, Azarie apprit le décès d'Alicia. Il se rendit aussitôt à Forbach; les rumeurs disaient que son propre fils, lui avait ôté la vie en même temps qu'Amaël. Bien que ce béguin à sens unique, lui semblât dater de temps immémoriaux, une frustration surprenante avait envahi Azarie, qui depuis, nourrit un profond ressentiment contre Adal, coupable de traîtrise, exilé du Lys Noir et reconverti en olrunien. A la suite du décès d'Alicia Maestriani, Azarie se rallia au camp d'Antoine Vaudremont, qui était dans la même tranche d'âge que lui, qu'il connaissait de longue date et dont il était favorable à l'enseignement. Il n'hésita pas à afficher sa suspicion et sa perplexité vis-à-vis de ce Noâz Loewenstein, sorti de nulle part et bien décidé à embrasser l'héritage d'une mère, dont nul ne savait si elle l'était vraiment. Autant dire qu'il ne s'opposa pas le moins du monde à la destitution de ce morveux, l'encourageant même.

Ces évènements ont contribué à sa montée en grade et le voila à présent Prêtre du Lys Noir. Il fait désormais de fréquents allers et retours entre Forbach et Sarreguemines, pour remplir son devoir envers le clan.