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 Manoir Edelgard

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Constance Edelgard
Oblivius
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Manoir Edelgard - Page 3 Vide
MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeSam 11 Oct 2008 - 23:28

Elle n'avait eu le temps de rien : ni d'émettre une objection, ni de donner son simple avis, pas même de répondre quoi que ce fut. Il lui donnait du « Constance » et effleurait le tissus qui recouvrait sa cuisse, mais se faisait hautain et prenait les devants. Le voilà qui partait, la laissant « aux bons soins de Bernard ». Avait-elle eu l'intention de partir en balade dans toute la ville avec Bernard ? Avait-elle couru dans les escaliers afin de rattraper Bernard ? Avait-elle provoqué Bernard ?
Non !

Constance était furieuse. La silhouette de l'Inquisiteur disparaissait déjà derrière la porte de la petite boutique du Tailleur, qu'elle demeurait là, assise dans la voiture, croisant les bras sur sa poitrine comme une enfant mécontente, et qu'elle grognait des injures que le fameux Bernard faisait mine de ne pas entendre, tant cela était choquant.

La Duchesse ne lui suivrait pas. Et elle n'irait pas non plus à l'Eglise, seul prétexte pour qu'ils prolongent leur entrevue, lui qui ne parlait que d'écourter les peu de fois où ils se trouvaient réunis. Et cette sœur qu'il devait choyer... Constance pesta de nouveau, resserra le col de son bustier et prit soin d'enrouler correctement l'étole de tissus autour de son cou, de sorte qu'aucune parcelle de peau ne puisse désormais être vue. Il n'aurait ni sourire, ni provocation cette fois, la Duchesse était mécontente des tournures que prenaient cette affaire.

Il osait la délaisser ainsi ?

Elle se demandait ce qui la retenait de ne pas ordonner à Bernard de rentrer sur le champ... Sans doute la perspective de se montrer odieuse, voire d'avoir à répondre de ses actes devant son époux, Dieu et pire : Christian, lorsqu'il aurait eu à faire toute la route à pied.

Elle soupira : qu'il était long ! La jalousie la rongeait ; voilà qu'il cherchait un présent pour sa sœur durant des heures ! Constance resta immobile sur cette banquette sans émettre d'autres sons que de soudains murmures peu gracieux, pestant qu'il ne soit pas encore de retour, et s'impatientant chaque seconde un peu plus.

Enfin, lorsqu'elle le vit revenir, elle tourna la tête avec dédain. La Duchesse n'était plus d'humeur à jouer les jeunes femmes audacieuses et vives qui semblaient avoir un certain effet sur l'Inquisiteur, elle lui offrit un profil au menton relevé, et ses bras croisés sur sa poitrine n'auguraient qu'une attitude glaciale et amère.

« Vous voilà déjà ? » Souffla-t-elle entre ses dents.
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Christian Stue
Oblivius
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Manoir Edelgard - Page 3 Vide
MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeSam 11 Oct 2008 - 23:51

Le choix d’une toilette pour une dame est une question des plus délicates et il fallut reconnaître que Monsieur Stue fut agréablement surpris d’obtenir l’aide d’un vendeur un peu trop affable mais averti. Combien de temps resta-t-il dans la boutique à contempler étoffes, tissus et autres coquetteries qui plaisent aux femmes ? Une éternité selon certains !
La satisfaction se dessinant sur son visage, il ressortit de l’échoppe le sourire aux lèvres. Bon client, il portait sous le bras deux paquets de belle taille. Encore enchanté d’entrevoir le bonheur qu’aurait la benjamine, il s’avançait à grandes enjambées de la voiture qui n’avait bougé d’un pouce durant ses longues minutes d’absence. Ne se doutant de rien, il prit place dans le carrosse, s’installant sur la banquette où elle se trouvait, tout près d’elle.

« Madame Edelgard, je vous remercie pour ce petit tour en ville. Ma jeune sœur vous en sera gré, je puis vous l’assurer, peut-être même deviendrez vous amies, qui sait ? Elle a le projet de venir séjourner quelques jours à Forbach. »

Puis découvrant un peu plus l’humeur de la duchesse, il ajouta avec plus de réserves, agrémenté d’un soupçon de politesse.

« Mais ne vous inquiétez pas, je la ferai loger à l’auberge en ville. Comment s’est déroulée votre visite à l’église ? »Un étouffement se fit entendre à l’avant de la voiture, un bruit sourd annonciateur d’une moquerie ou du danger qui guettait l’inquisiteur. Etait-ce Bernard ? Se permettrait-il ce genre d’impolitesses ?! Non et puis quoi encore ?! S’éclaircissant la gorge, le bel ange reprit avec un peu moins d’assurance.

« Etes vous contrariée, madame ? Quelque chose s’est-il produit ? »
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeDim 12 Oct 2008 - 0:09

C'en était trop. Non content de prétendre qu'elle pourrait devenir l'amie de sa cadette, voilà que Christian demandait allègrement si tout s'était passé à merveille au sujet de sa Confession à l'Eglise. La fureur lui faisait mal aux dents, mais peut être était-ce simplement de trop serrer les mâchoires qui rendait son visage crispé et endolori ? La Duchesse dut largement se contenir pour ne pas lui lancer au visage que, non, elle n'était pas allée à l'Eglise, qu'elle l'avait attendu ici durant de longues minutes !

Mais elle réussit à ne rien paraître, du moins, ne rien dire car son visage était figé dans une expression gelée et tirée par l'amertume. De cette terrible face qui la faisait vieillir de dix ans en quelques secondes, lui donnant des allures de mégères.

Elle prit une inspiration discrète pour pouvoir lui répondre d'une voix neutre :

« Fort bien, je vous remercie, l'Eglise est toujours un lieu d'apaisement pour les âmes. »


Mais déjà, il semblait comprendre que tout n'était pas si exact dans ses paroles, il parut douter de la véracité des mots qu'avaient prononcés Constance, et le soubresaut de Bernard à son discours ne fit que le conforter. Si bien que l'Inquisiteur crut bon de s'inquiéter de l'humeur de la jeune femme. Celle-ci, naturellement, mit un temps certain avant d'apporter sa réponse : il lui fallait respirer plus calmement, pour éviter de trop montrer son mécontentement, et pouvoir maîtriser ses émotions pour paraître froide, ce qu'elle avait du mal à faire...

« Il ne s'est rien produit, Monsieur. »
Affirma-t-elle avec talent. Rien du tout d'ailleurs, c'était hélas vrai.

« Si vous le voulez, Bernard vous conduira où bon vous semble. Aubergiste, Cordonnier, Tisseur, Confiseur, Joaillier pour votre Sœur... Cependant, il me déposera avant tout au Manoir. »

Elle avait changé du tout au tout. Elle qui savait se montrer si touchante, si canaille avec l'Homme de Dieu, désormais, attestait d'une odieuse façon de lui répondre, d'une méprisante mélodie dans sa voix, et d'un regard qui n'était posé que sur le décor par la fenêtre. A aucun moment, même lorsqu'elle lui parla, elle ne croisa son regard, l'ignorant de ses prunelles noisettes avec une impolitesse audacieuse. Peu importait que cela soit indigne d'une Duchesse, Constance n'était plus d'humeur à se faire mener par le bout du nez.
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeDim 12 Oct 2008 - 13:00

Souvent femme varie. Cet adage n’est-il pas d’une vérité affligeante ? De toute évidence, il faut en convenir. Stupéfait de la voir se métamorphoser du tout au tout, Monsieur Stue ne céda pas aux caprices de cette duchesse qui n’était rien de plus qu’une enfant au corps de femme. Elle désirait rentrer, soit elle partirait et sans lui ! Qui serait le plus fort à ce jeu de froideur ?! Le tempérament de l’homme se refroidissait de ses dernières découvertes et comme pour couper court à la conversation, il appuya ses dires en ajoutant avec la neutralité la plus parfaite, art du paraître dans lequel il excellait !

« Bien, Madame, vous avez parfaitement raison. Vous n’auriez pas du m’attendre, je m’en voudrai de vous retarder pour ce retour dans votre demeure. Je continuerai à pieds. Ne vous inquiétez pas, je trouverai le chemin sur le retour et s’il fait trop froid ou que les fantômes surgissent, nuls doutes que je me réfugierai à l’auberge de Forbach. »

Qui s’y frotte, s’y pique ! Ces mots étaient enrobés de la plus parfaite cordialité, agrémenté de quelques pics bien placés. Se levant de la banquette, il récupéra dans un geste de possession, les paquets déposés sur l’assise avant de s’engouffrer au dehors du carrosse pour subir la morsure du froid. Saluant d’un signe de tête Bernard, l’homme se dirigerait d’ors et déjà vers l’auberge du coin, prévoyant visiblement de ne pas rentrer ni dans l’après-midi et encore moins dans la soirée…Le suivrait-elle du regard dans sa marche jusqu'au coin de la rue où prenait place l'une des petites auberges de la ville de Forbach ? Viendrait-elle à sa suite ? Ferait-elle la fière ? La capricieuse ? L'odieuse ? La taquine ?
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeDim 12 Oct 2008 - 15:53

Il s'enfuyait encore, n'ayant visiblement rien à lui répondre de plus que cet éternelle froideur, affreuse attitude qu'il avait adopté depuis trop de temps. Constance le vit refermer la porte de la calèche, s'éloigner de la voiture et elle s'élança jusqu'à la petite fenêtre pour le voir marcher à pas vifs vers l'Auberge. Bernard pourtant ne donnait aucun ordre à ses chevaux, et la Duchesse n'irait pas jusqu'à rattraper l'Inquisiteur.

Elle avait sa fierté, et la haine que lui soufflait ses caprices, le voir aussi opaque à son changement d'humeur ne la poussait qu'à enrager bien plus encore. Il était indifférent, préférait l'Auberge au Manoir. Soit ! La Duchesse ne courrait pas derrière lui en espérant lui décrocher un rougissement ! Il la voulait loin d'elle, il serait exhaussé.

Elle gronda un ordre à Bernard qui essuya ses tempêtes pleines de jalousies, et le fiacre se remit en route, alors qu'elle suivait simplement du regard le Représentant de l'Eglise, par la petite fenêtre de la voiture, les mains collées contre la paroi recouverte de tissus duveteux. Elle craignait qu'il ne rentre pas jusqu'au lendemain, pire encore, qu'il trouve à l'Auberge meilleure compagnie que la sienne... Les remords n'étaient pas loin, mais la Duchesse ne pouvait se permettre de courir après un homme, alors qu'elle ne le faisait pas pour son époux.

« Accélère, Bernard ! » Lança-t-elle d'une voix nette, alors qu'elle revenait se caler contre la banquette, s'enfonçant dans son siège en portant une moue boudeuse sur le visage. Convaincue qu'il était en tord plus qu'elle, Constance bougonnait quelques horribles phrases, des souhaits de vengeance qui n'iraient pas loin... Déjà, alors que la route se faisait chaotique, signe qu'elle approchait du Manoir, elle soupirait.

Il aurait tellement plus agréable de poursuivre leur visite de Forbach, de courir le long des allées alors que le froid aurait cherché à les mordre et qu'ils se seraient réfugié à l'Auberge pour prendre un chocolat chaud... Le Diable emporte l'Inquisiteur ! Et qu'il dorme où bon lui semble ! La Duchesse enfouit son visage dans ses mains, alors que la voiture stoppait devant l'entrée.

Bernard ouvrit la porte, l'aida à sortir, et elle balbutia quelques mots envers le cochet. Quelques minutes après, le fiacre Edelgard était posté devant l'Auberge, et la jeune Lison pénétrait dans l'établissement, cherchant des yeux l'Homme de Dieu. Une fois trouvé, elle bredouilla quelques mots, intimidée comme elle l'était toujours.

- Ma Maîtresse m'envoie vous chercher, Monsieur Stue. »

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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeDim 12 Oct 2008 - 18:08

L’auberge de Forbach se faisait d’une rusticité sans nom, le bois sombre et les pierres s’y mélangeaient pour donner à l’endroit authenticité et intimité. Au centre du rez-de-chaussée, une cheminée des plus imposantes, foyer qui brûlait nuit et jour pour affronter le froid, son bel amour. Au dessus de l’âtre des décorations, jugées sans goût par Monsieur Stue, s’amassaient, cela allait du fusil de chasse au dernier trophée en date à savoir la tête fière d’un cerf. Voilà que l’inquisiteur mettait les pieds dans ce qui serait sans doute sa nouvelle demeure, son arrivée accompagna le lourd grincement de la porte et s’ensuivirent quelques messes basses.
S’installant à l’une des tables proche d’une fenêtre, le bel ange commanda un chocolat chaud qu’il sirota tout en observant les ruelles désertes de Forbach, on aurait dit une ville fantôme, une chimère de bourgade qui apparaissait dans un décor de buée. Mais bientôt, sa contemplation fut interrompue par l’entrée d’un nouvel arrivant, la petite Lison. Elle accourut vers lui, pourvue de son zèle habituelle pour satisfaire aux désirs de la duchesse.
Ses yeux s’écarquillèrent, manifestation de sa surprise et de son étonnement, il s’exclama même d’un « Lison ?! Mais…que faites vous ici ?! ». La soubrette s’expliqua, alors qu’il l’invitait à s’installer ce qu’elle fit à contrecœur de peur d’être par la suite réprimandée.

« Monsieur Stue, je…je vous assure, je ne veux pas d’un chocolat chaud.. ! Je… Il vaudrait mieux rentrer maintenant, je…Madame Edelgard avait l’air… je…je veux dire, rentrons s’il vous plaît. »

« Soit. »

Flatté d’être précieux aux yeux de la vamp mais désireux de la blesser quelque peu, il l’avait fait attendre en obligeant la jeune soubrette à avaler un chocolat chaud, jouant de son charisme pour arriver à ses fins. Il n’arriva à la demeure des Edelgard qu’en début d’après-midi et ne donna pas signe de vie de sa personne, il s’était enfermé dans sa chambre.
Dans quel but ? Les domestiques murmuraient qu’il travaillait. A la vérité, l’homme écrivait une lettre à sa sœur, la priant de repousser un éventuel voyage à la ville de Forbach et l’informant qu’il serait de retour pour quelques jours d’ici peu. Pas un mot ne fut mentionné sur son séjour chez les Edelgard, et surtout pas sur Constance ; en effet, le garçon redoutait que ses lettres ne furent lues par les domestiques, par le duc ou pire par la vamp…
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeLun 13 Oct 2008 - 22:33

Elle était à le fenêtre lorsque la voiture était revenue, avec à son bord, Bernard et Lison, qui avaient exécuté ses ordres avec brio, puis Christian, qui cependant n'avait pas réellement été très satisfaisant pour sa part. Ils avaient du retard, elle avait patienté devant cette fenêtre durant des heures. Les servantes étaient venues lui demander si tout allait bien, et elles étaient reparties avec dans les oreilles les injures de la Duchesse... Elle ne voulait voir personne, pas même le vieil Arthur, qui lui apportait une collation.

Enfin, lorsqu'elle les avait vu revenir, elle se senti soulagée : enfin, il avait accepté de suivre la jeune Lison, et il allait monté les marches pour venir lui demander pourquoi elle l'avait fait demandé. Elle n'avait pas encore réussi à définir une stratégie pour la suite : lorsqu'il serait devant elle, Constance se montrait-elle de miel afin de lui faire oublier ses sautes d'humeur, ou lui réserverait-elle un dédain qui grondait encore en elle, pour voir sa réaction ?

A bien y réfléchir, elle ignorait ce qu'il convenait de faire désormais. Mais s'il était revenu, n'était-ce pas une victoire pour elle ? Elle eut un sourire, qui s'éternisa... Elle attendait les pas dans le couloir, puis le bruit de sa frappe contre le bois de la porte de sa chambre. Elle attendait ceci pour cesser de sourire et se concentrer sur sa réaction. Mais rien ne vint. Elle entendit bien des bruits, mais rien qui venait vers elle, personne ne s'arrêta devant sa porte pour l'appeler.

Constance fronça les sourcils et effaça de son visage l'expression impatiente qu'elle gardait, pour imposer à ses lèvres une grimace. Elle songea alors qu'il viendrait bientôt la rejoindre... Qu'il laissait quelques instants pour ne pas paraître trop obéissant. Elle lui laissa une heure...

En fin de soirée, Lison pénétra dans sa chambre pour lui apporter son repas. Elle n'était pas descendue, et la jeune servante lui apprit que Christian n'était pas descendu prendre son dîner non plus. D'ailleurs, du Duc avait pris le sien dans son Bureau, et les mets préparés étaient donc froids. Mais Lison apportait une énorme tartine de pain sur lequel trônait un épais beurre et du sucre. Constance eut un sourire devant cette attention : c'était sans doute la Gouvernante qui y avait pensé, elle savait que chaque petite fille sait se laisser tenter par une tartine au sucre.

En croquant dans le pain sucré, les idées de la Duchesse furent adoucies, comme par un étrange miracle. Sans finir sa gourmandise, la jeune femme se saisit du plateau que tenait Lison, la congédia et quelques secondes plus tard, elle était à la porte de l'Inquisiteur, un plateau dans une main, un chandelier posé sur le cercle de métal l'éclairait faiblement.

« Monsieur Stue... Vous devez avoir faim, je vous apporte une douceur. »
Souffla-t-elle en prenant soin de rendre sa voix ni trop mielleuse, ni trop froide. Elle ne souhaitait pas avouer ses fautes en une seule phrase, ni lui indiquer qu'elle était toujours fâchée.
Comme il ne répondait d'abord pas, Constance crut qu'il dormait déjà. Toquant à la porte doucement, de trois petits coups légers, elle réitéra son appel.

« Christian... ? Dormez-vous ? »
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeMar 14 Oct 2008 - 18:53

Qu’avait-il fait de son après-midi ? A quoi avait-il passé tout son temps ? Ou plutôt à qui avait-il dédié ces moments ? A qui ? Sinon à sa très chère sœur, Agnès. Ne l’avait-il pas, après tout, abandonné à son sort dans la demeure familiale, n’était-il pas normal qu’il donne de ses nouvelles ? Quelques pages noircies de son écriture s’étalaient à présent sur le bureau de la petite chambrette alors qu’on frappait à la porte, le sortant de sa rêverie, l’extirpant de ce monde de souvenirs. Ce ne fut que les appels répétés de la duchesse qui eurent complètement raison de cette nostalgie inopportune.
Sa voix marqua la surprise et l’étonnement, il répondit aussitôt à la maîtresse de la demeure.

« Je…J’arrive ! »

Et, se précipitant vers la porte, il en oublia les lettres à découvert qu’il venait d’écrire. La porte glissa rapidement, dans un grincement sinistre, la tête du jeune homme apparut dans l’entrebâillement puis la totalité de sa silhouette. Il faisait sombre et les faibles bougies qui étaient disposées ne suffisaient pas à les éclairer totalement, cela contribuait à conférer à leur entretien une intimité sans nom.

« Oh Madame Edelgard, je.. Non, non, je ne dormais pas, je…voulez vous entrer un moment ? Il se fait tard, je ne voudrai vous retenir mais entrez un moment, je vous en prie. Attendez…Laissez moi porter cela ! »

L’inquisiteur attrapa le plateau pourvu d’énormes tartines beurrées et sucrées et invita sa visiteuse du soir à pénétrer dans son antre. Refermant la porte sur son entrée, la surprise étant passée et ses esprits se rassemblant, il fut épouvanté du désordre qu’il présentait à la duchesse. Déposant le plateau sur le lit, il s’appliqua à faire un tas informe de la lettre destinée à sa sœur avant d’offrir en guise d’excuse un sourire à Constance. Plus désireux de détourner le sujet de cet affairement, il s’exclama.

« Madame, je… je suis comblé de voir que vous vous êtes déplacée pour un simple serviteur de l’Eglise comme moi. Qui suis-je donc pour mériter pareil traitement ? Dans tout les cas, je vous remercie de vos attentions. Je suis votre obligé. »

La lumière était faible, son aura se propageait avec difficulté dans la pièce, jetant son voile réconfortant sur le visage des deux jeunes gens. La flamme tournoyait, dansait, hypnotisait les occupants de la chambre.

« Avez-vous, monsieur le duc ? Je ne l’ai pas croisé depuis quelques jours. Comment se porte-t-il ? Pensez vous qu’il pourra me recevoir demain ? J’ai à m’entretenir de quelques affaires importantes en sa compagnie. »


Il expulsa un soupir, synonyme de pardon, et ajouta alors….

« Je suis là à vous parler de ceci… Pardonnez moi, laissez moi goûter à ces tartines… »

Et déjà, se dirigeant pour aller s’asseoir sur le bord du lit, il en croquait une. La faisant disparaître et s’étonnant de la composition simpliste d’un tel mélange.
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeMar 14 Oct 2008 - 22:50

Les nombreuses feuilles teintées de l'encre de l'Inquisiteur n'avaient pas échappées à l'oeil de Constance, qui, en pénétrant dans la chambre du jeune homme, avait immédiatement parcouru l'ensemble de la pièce afin d'observer ce qu'il avait pu faire durant plusieurs heures, toute l'après midi. S'interrogeant déjà sur le destinataire de ces longues écritures -elle avait visualisé l'enveloppe-, la Duchesse crut voir alors un prénom, pendant que Christian rangeait à la hâte ces courriers, comme s'il avait quelque chose à cacher...

Agnès... Elle avait lu ce prénom... Etait-ce un proche, une parente... Une amante ? Elle sembla blêmir et eut un éclair rongea sa pupille. Cependant, dès que le Représentant de Dieu sur Terre parla, et surtout qu'il parut égal à celui qu'elle appréciait tant, déjà, Constance répondit à ses sourires. Ne songeant plus aux lettres -du moins pour le moment-, elle vint s'installer en face de l'homme qui mordait déjà dans la tartine qu'elle avait apporté. Comme il semblait satisfait de cette collation, elle s'amusa :

« Être notre invité au Manoir n'est-elle pas une raison suffisante pour que je vienne à vous à une heure tardive pour éviter que vous n'ayez faim jusqu'au demain ? »

Elle plissa les yeux, et l'espace d'une conversation, on put penser que rien n'avait opposer les deux jeunes gens quelques heures au paravent. Alors qu'il évoquait l'absence continuelle de son époux, Constance dut cependant se montrer plus sérieuse, bien qu'elle n'affichait pas une mine aussi déçue que ce que ses mots prétendaient.

« Hélas, le Duc est très occupé depuis plusieurs mois. Enfin, je dis hélas, mais cela servira à toute la population de Forbach, s'il réussit à percer le mystère de ces lieux, n'est-ce pas ? Vous devriez frapper à la porte de son Bureau, il y est enfermé nuit et jour.»

Elle cherchait sans doute à faire parler l'Inquisiteur sur les raisons de sa venue, les véritables raisons, elle s'entendait. Pas l'officielle note qui indiquait que, comme souvent, le Duc Edelgard remerciait l'Eglise de ses bienfaits en logeant un jeune Homme de Foi gracieusement... Néanmoins, rapidement, elle changea de sujet, volontairement cette fois, puisqu'elle craignait qu'une telle discussion ne les opposent encore, se doutant qu'il ne voudrait rien lui révéler de ses réelles affaires, comme le faisait le Duc depuis qu'ils étaient mariés.

« Pardonnez ma curiosité, mais... Qui est Agnès ? » Demanda-t-elle alors, pendant que dans son oeil, ce même éclair luisait. Celui qui indiquait une jalousie, Christian saurait-il le voir ?

Constance ne semblait pas honteuse d'avoir à poser des questions sur les indiscrétions qu'elle s'était permise de lire, malgré qu'elle soit déçue de n'avoir pu tout visualiser. Aucune gêne sur son visage, comme si toutes ses réponses lui étaient dues, ou qu'elle eut le droit de poser toutes les questions qui lui passaient pas la tête. A réellement observer l'Inquisiteur, elle sentait gronder en elle une flamme qui lui interdisait d'écrire à quiconque, à n'importe qu'elle femme, fut-ce-t-elle sa mère. Comme une appartenance qu'elle lui avait imposé, un devoir qu'il avait à observer consciencieusement.

La jeune femme croisa le regard de Christian, sans qu'elle ne cille, et l'examen de ce visage la rendait de plus en plus convaincue qu'elle détesterait cette Agnès, même s'il s'agissait de la Mère Supérieure. Un prénom de femme était une rivale, un mot tendre une injure s'il ne lui était destiné. Comme si elle avait intimement conscience que l'Inquisiteur, désormais, lui devait l'exclusivité... Et sans oser songer au pourquoi de ces convictions.
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeJeu 16 Oct 2008 - 21:22

Comment aurait-on pu qualifié cette entrevue ? Un rendez-vous ? Il aurait fallu qu’ils soient amants. Une discussion ? Que nenni, après tout, n’étaient-ils pas attirés l’un vers l’autre comme deux papillons vers la flamme ? Une faveur ? Mais alors, qui rendait la politesse à qui ?!

« N’auriez vous pas pu confier cette tâche à Lison ou à l’un des domestiques, madame ? »

Le ton employé n’était nullement le reproche mais plutôt la flatterie, remerciement tacite de sa présence dans la chambrette. Elle était là, magnifiée sous ce nouveau jour ; ses traits se faisaient plus gracieux, mieux ciselés, son regard plus vivant, pétillant même à la lueur des bougies. Si bien que le pauvre homme n’avait dieu que pour elle, il ne se gênait pas pour détailler son visage avec le même zèle que lorsqu’il avait fait son portrait, buvait ses paroles et acquiesçait à ses dires. La duchesse, à vrai dire, le sortit de sa contemplation lorsqu’elle évoqua le nom d’Agnès. Rougissant, non pas par l’évocation de ce nom, mais par le fait de l’avoir autant dévisagé, il bredouilla faiblement…

« Il…Il s’agit de ma sœur bien aimée. C’est une jeune fille, que dis-je, une jeune femme maintenant. Elle est …très attachée à moi, elle peut même se montrer jalouse ! Ah, ah ! C’est plutôt drôle, non ? Mais vous la rencontrerez sûrement, elle a pour projet de venir sous peu à Forbach. J'ose croire que vous deviendrez bonnes amies.»

Et ponctuant ses dires d’un léger rire, il se leva de son assise pour aller tout près de l’unique fenêtre donnant sur les jardins, l’invitant à le suivre du regard, il murmura subitement, ne croisant plus le regard de la belle Constance.

« Vous m’êtes précieuse…Constance… »

Avait-il seulement prononcé ces mots ? N’était-ce pas tout simplement une vue de l’esprit ?

« Vous n’avez pas froid ? »

Et, sans attendre sa réponse, se servant de ce prétexte, l’inquisiteur passa avec insistance sa veste autour des épaules de la maîtresse des lieux et l’attira à lui pour qu’elle s’appuie sur son flanc, tout en profitant de cette voûte étoilée…
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeJeu 16 Oct 2008 - 23:16

Avait-elle bien entendu ce que l'Inquisiteur avait soufflé ? Après tout, elle pouvait en douter ; Constance avait été très perturbée par les derniers mots qui avaient précédés, ceux évoquant la soeur « bien aimée » qu'était Agnès, bientôt en visite dans la ville d'après ce qu'il annonçait. Vouloir en faire son amie était peut être l'un de ces espoirs fous qu'avaient les hommes lorsqu'il présentait l'amante à la mariée... Comme s'il espérait qu'elles soient immédiatement confidentes, que leurs rires soient communicatifs, et qu'elles ne se quittent plus tant elles s'entendent à merveille. Songeait-il réellement que Constance Edelgard pourrait trouver quiconque portait jupons et bustier sympathique, alors que cette personne était plus proche de lui qu'elle ?

Pourtant, lorsqu'il chuchota ces quelques mots, sous couvert d'un souffle, la Duchesse entendit pleinement les sons. S'en émouvant en espérant ne pas paraître égale aux couleurs que prenaient souvent le Représentant de Dieu, elle accéda rapidement à sa demande tacite, venant le rejoindre auprès de la fenêtre, d'où la vue sur les jardins était splendide. L'éloignement des bougies les avait enrouler dans une pénombre étrange et lorsqu'il s'inquiéta de sa santé, Constance ne put que répondre, sans lui laisser le temps de terminer ses mots.

« Vous m'êtes vous aussi estimable, Christian, et je serais peinée si vous deviez réellement quitter le Manoir. » Elle marqua une pause, où elle observa durant de longues secondes les pelouses et les haies devenues anthracites et luisantes sous la lune et les étoiles. Déjà, elle se trouvait contre l'Inquisiteur, qui l'avait enjôlée de sa veste pour qu'elle n'ait pas froid.

Attention délicate, elle n'en demeura pas longuement gelée, et le manteau n'y fut pour rien. Il y avait la nuit, il y avait les ténèbres et il y avait cette proximité avec le jeune homme, tous ces ingrédients la rendant fiévreuse. Comme résignée à profiter de cet instant sans en emporter un autre trop rapidement, Constance eut un petit sourire, où sa malice naturelle apparut enfin.

« Comment pourrais-je avoir froid, avec tant d'attention, et vous si près ? » Pour appuyer ses dires, Constance mima un frisson gelé, qui à vrai dire était comédie, et qui n'échapperait pas à l'Inquisiteur, puisqu'elle souriait abondamment.

« Et vous, Christian, n'avez-vous pas froid désormais que vous êtes défait de votre veste ? »
Souffla-t-elle, en plissant les yeux, avec une once d'audace... la Duchesse appréciait d'avoir devant elle, que dis-je, contre elle, cet homme-là plutôt que celui qu'elle avait eue à rencontrer le matin même, ou la veille, et qui était si froid.

C'était le jour et la nuit...
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeSam 18 Oct 2008 - 14:43

Le jour et la nuit, deux faces d’une même pièce, d’un même tout, si contradictoires et pourtant si semblables, toutes deux illuminées par un astre flamboyant. Au fond, qui était-il ? Un inquisiteur froid à l’allure hautaine ? Un gentil garçon un peu bêta ? Qui se cachait derrière ce regard noir et vif, ces mèches ténébreuses qui se plaisaient parfois à tournicoter, ce manteau de chair, était-ce un ange, un démon ?
Audacieuse et piquante comme à son habitude, la duchesse se plaisait en compagnie du beau jeune homme et il le lui rendit bien par ces quelques mots…

« Restez près de moi et je n’aurai pas froid… »

Le rouge aux joues, la main chancelante, il avait enserré la taille de la belle d’un bras et l’avait attiré un peu plus à lui. Il s’agissait du second élan de courage dont il faisait preuve en une seule soirée ! N’était-ce pas un jour à marquer d’une croix blanche ? Et, n’avait-il pas raison de par ses dires ? N’avait-il pas un peu plus chaud à la tenir ainsi, la belle presque emmitouflée dans son flanc ? Que pensait-elle de ce geste des plus impolies ? De cette main d’habitude si froide qui se plaisait à laisser planer une once de douceur et de chaleur sur le tissu pourpre de sa robe, qui s’hasardait à faillir, prise par de légers tremblements de par une effronterie trop vive !? Que pensait-elle de ce bras qui s’était saisi d’elle comme une proie faible et fragile, serf d’un genre nouveau ? Préférant rejeter son regard au loin vers un point imaginaire, il n’était plus attentif de par sa vue aux mimiques de la belle mais tout son corps était en alerte, sur le qui-vive.
Prévoyant une autre boutade sur ses tremblements, sur la musique tonitruante de son cœur, il préféra retirer cette main qui passa comme une caresse sur sa hanche gauche. Bredouillant quelques mots, il ajouta…

« La nuit est claire…Les étoiles sont nombreuses, il est plaisant…de…d’observer le ciel par des soirs comme celui-ci. Mais…mais il se fait tard, je n’ai plus toute ma tête en cette soirée, je…allez vous coucher, ma bonne Constance, vous devez être fatiguée… »
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeSam 18 Oct 2008 - 15:41

La chamade qui avait gagné l'Inquisiteur n'avait en effet en rien échappé à la Duchesse, qui s'était amusée, intérieurement, à sentir contre elle les frémissements qui parcouraient le bras du jeune homme, tout comme elle sentait ce corps contre le sien qui était loin d'être gelé. Elle devait avouer qu'elle n'avait pas froid non plus : au contraire. Ce bras qui l'avait amené à lui, comme happée, sans qu'elle n'ait à s'opposer à cette attraction, l'avait surprise : Christian se faisait audacieux, et malgré les joues rouges qui étaient toujours un amusement attendrissant, il semblait ne plus craindre sa timidité habituelle...

Cependant, rapidement, il sembla revenir à cette attitude qui prenait le dessus le plus souvent, l'empêchant de poursuivre ainsi. Elle n'aurait pas souhaité le voir changer du tout au tout, mais rester si proche durant quelques instants aurait été plus agréable que ce replis stratégique dont il avait fait preuve. Désormais, il se contenter de bredouiller... Sa pudeur avait refait surface, Constance s'en trouva déçue, et ne souhaita pas d'avantage le laisser recommencer à reprendre son costume froid. Car à coup sûr, pour se protéger, il irait bientôt la congédier et se replongerait dans son personnage d'Inquisiteur hautain et glacial.

« Souhaitez-vous réellement que je m'en aille ? » Souffla-t-elle avec un soupire en se décollant du jeune homme, comme si elle obéissait sans broncher à ses demandes.

« Si c'est votre désir, je l'accepte, Christian. J'ose espérer que vous réussirez à passer plus de dix minutes en ma compagnie, demain. »

Elle fit demi tour, effleura la main du Représentant de l'Eglise, volontairement c'était certain, pour peut être le faire trancher sur son choix. Ce jeu de chat et de souris était plaisante, égayant une existence fade. Mais avec les inconstances de Christian, Constance se demandait réellement si autre chose qu'un pas en avant et un pas en arrière était constructif... Ce qui l'avait amusée depuis quelques jours commençait à la lasser. Il était touchant, elle se sentait émue lorsqu'il était proche d'elle, elle ne niait pas son envie farouche de l'ennuyer chaque fois un peu plus... Comme le souhait de connaître ses limites...

Constance le salua d'un signe de tête sans échanger de regards avec l'Inquisiteur, fit quelques pas dans la chambrée en se focalisant sur la porte, et, lorsqu'elle se trouva sur le point de quitter l'endroit, se tourna de nouveau, comme s'il lui était déplaisant de sortir.

« Je vous souhaite la bonne nuit. »
Fit-elle enfin.
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeSam 18 Oct 2008 - 16:35

Tu veux ou tu veux pas ? Jeu d’amants auquel ils se plaisaient tant. Un pas en arrière, deux pas en avant. Le duo arrivait toujours à cette même sensation. C’était si excitant mais aussi si lassant.
N’était-ce pas la source de tous leurs récents maux ? Ne devaient-ils pas s’expliquer clairement l’un et l’autre pour une fois et arrêter tout ceci ? Mais déjà une nouvelle équation prenait place, la duchesse ajoutait des inconnues, en simulant un départ précipité dû à la volonté de l’inquisiteur. Bouche bée de la voir se dérober si vite à son regard, clignant des yeux à répétition pour rassembler ses esprits, que désirait-il au fond ? Jouer cette même scène encore et encore, inlassablement jusqu’à la fin des temps ? Fuir devant la maîtresse des lieux ? Etre désagréable en sa compagnie ? L’éviter ? Aucune de ces solutions ne lui convenaient et alors qu’elle s’apprêtait à quitter la pièce, il détermina une autre approche de ce tortueux problème, il gagna rapidement la distance qui les séparait, la rattrapant.
Posant sa main sur cette menotte délicieusement féminine qui s’était emparée de la poignée de la porte, il était derrière elle. Son souffle rythmait le mouvement de quelques mèches folâtres au niveau de la nuque de la jeune femme, sa présence se faisait sentir, sa main se détacha à contrecoeur de celle plus fine de sa compagne et alors qu’il aurait du s’écarter, dire quelques mots pour expliquer sa conduite, ou encore s’excuser de cette impulsivité. Ses bras, véritables couleuvres, s’enroulèrent autour de la taille fine et gracile de la maîtresse des lieux, étau humain, il s’agissait d’un nouveau lasso dont les mains formaient le cadenas principal, ses doigts s’entremêlaient en une boucle de nœuds qu’il aurait été difficile de briser. Pouvait-elle sentir dans son dos, la poitrine du jeune homme se soulever et se comprimer par intermittences, son souffle délicat et haletant sur sa nuque, ses mains tremblantes au niveau de sa taille ? Sentait-elle les nuances de son parfum, saisissait-elle son trouble, comprenait-elle ses émotions, enfin partageait-elle ses sentiments ?

« …Restez….restez encore un peu, Constance… Je ne veux pas que vous partiez »

Ces quelques mots avaient été soufflés au niveau de l’oreille de la jeune femme, il n’avait été prononcé que pour elle, à peine plus légers qu’un soupir, ils étaient murmures.

« Restez si vous me supportez enc…encore… »

Heureusement que de sa position, la duchesse ne pouvait voir le visage du garçon qui avait viré au pivoine. Sa discrétion naturelle, sa pudeur, son orgueil étaient malmenés et il se sentait idiot de prononcer de tels mots.
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeSam 18 Oct 2008 - 21:48

S'il y avait bien eu une réaction de l'Inquisiteur qui avait surpris au plus haut point la Duchesse, ce fut bien celle-ci. Certes, elle avait intimement espéré qu'il vienne courir jusqu'à son ombre, sur ses talons, qu'il lui avoue qu'il ne souhaitait pas réellement qu'elle parte, peut être qu'il tente de la toucher sans oser le faire...

Mais qu'il l'enlace ainsi, se collant à elle jusqu'à une proximité qu'ils n'avaient pas encore eu, et cette respiration haletante qui n'avait rien à voir avec la distance parcourue entre la fenêtre et la porte... Constance était troublée. Sa propre poitrine se soulevait avec plus de dispersion, comme affolée, malgré qu'elle ne tremble pas autant que le jeune homme.

Une sorte de sourde victoire l'avait assaillie, de même qu'une chaleur qui ne devait rien aux chandeliers si lointains. Cette main contre la sienne disparut mais elle sentait parfaitement les bras désormais autour de sa taille, notes de ténèbres que la chemise de l'Inquisiteur sur le carmin de sa toilette. Alors que les secondes passaient comme des heures, l'excitation d'avoir rencontré une limite de plus, d'avoir sauté une barrière supplémentaire apporta une nouvelle donne, terriblement moins affriolante.

La Conscience. Car avoir l'Homme d'Eglise dans son dos, en attente d'une réaction de sa part, qui viendrait sans doute rapidement, et qui serait sans doute bien plaisante pour les deux jeunes gens, amenait plusieurs questions dont elle redoutait d'avoir les réponses. Que se passerait-il ensuite et surtout, surtout... avait-elle le droit de l'encourager ainsi, voire de l'inciter plus encore à rester si près d'elle ?

Pourtant, malgré ces questions qui tenaient toute sa destinée, la Duchesse ne tarda pas à glisser ses paumes contre le dos des mains de l'Inquisiteur, venant jusqu'à introduire ses doigts sous le tissus des manches de l'homme, en frôlant la peau de ses avant bras. Sa peau était chaude, mais elle l'abandonna pour se tourner, lui faire face enfin, avec tous les risques que cela insinuait. La Morale lui glaçait l'échine, mais les bras de Christian étaient de bons remèdes...

« Je vous supporterai volontiers..»
Souffla-t-elle, son front dangereusement proche des lèvres de l'Inquisiteur, jamais elle n'avait été aussi proche des limites, saurait-elle s'arrêter à temps ? Désormais, elle voyait clairement de ses orbes noisettes le rouge au joue du jeune homme, le rendant encore plus attendrissant... Malgré que dans cet instant, il ne soit plus ce gentilhomme si timide, mais qu'il prenne une dimension bien plus virile.

« ... Si je ne vous importune pas à mon tour. »
Le souffle du Représentant de Dieu était contre sa peau, au niveau de ses yeux, comme elle se montrait plus petite que lui. Une question revenait sans cesse à son esprit, interrogation qu'elle chassait, mais qui gagnait du terrain... Si bien qu'elle ne s'entendit plus parler...

« L'Eglise me permettra-t-elle un baiser ? » Parler était un grand mot, elle avait chuchoté, murmuré, un simple souffle qui, malheureusement, avait été audible de par leur si douce proximité. Elle se rendit compte de ses mots, ceux-ci lui ayant échappés, elle songea les avoir pensé et ses lèvres avaient bougé malgré elle.

Ce fut son tour de changer de couleur, mais au Rouge Inquisitorial, la Duchesse y préféra un teint blême, d'une pâleur extrême qui la fit paraître comme défunte. Prenant peur de telles paroles, ce fut elle qui défit la chaîne des bras de l'homme, et le repoussa plus brusquement qu'elle ne l'aurait souhaité, comme paniquée. Les mèches s'échappèrent de leur lien et elle se trouva comme affolée, s'éloignant le plus possible de Christian comme s'il était un aimant trop attractif. Elle ne sut que dire, et ne put que répéter de déments « Pardonnez-moi, Pardonnez-moi... » confus, comme si elle se trouvait horrifiée de ses propres paroles.
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeJeu 23 Oct 2008 - 22:26

Marqué du sceau de l’incompréhension et de la déception, quelle devait être sa réaction ? L’inquisiteur voyait s’envoler sous ses yeux, ses rêves les plus fous, la promesse d’un amour impossible, l’échec d’une attraction inévitable ; lui, l’homme d’église, qui s’était avancé lors de l’appel de cette sirène, qui avait commencé la difficile épreuve de tendre ses lèvres, de fermer ses yeux et de savourer l’instant, ne pouvait-il pas ressentir un désastreux sentiment de frustration et de dépit en lui-même? Quelque chose en lui s’était cassé, là, subitement, Christian s’était figé, stoppé dans l’inlassable course du temps, immobile, inerte.
La duchesse avait brisé tout ceci de façon nette quoique confuse et imprécise, elle l’avait fait de manière involontaire en lui livrant un double tableau, l’un physique de part sa figure blême, ses traits féminins contractés par l’émotion, cette fièvre, cette agitation qu’elle connaissait à présent, elle l’avait même repoussé ! Et puis, comment devait-il prendre sa réaction ? Leurs entrevues, leurs discussions, leurs mots…Ces petits gestes, ces petits touts, ces petits riens. N’était-ce au final qu’un jeu qu’il ne fallait pas briser, un dangereux équilibre qui menaçait de céder au moindre choc ? Si l’on poussait plus loin les sous-entendus, n’y avait-il donc rien, rien à part l’excitation du jeu ? Devait-il se sentir trahi ou se reprocher sa propre bêtise insufflée par son cœur ? L’honneur de la maîtresse des lieux était sauf, le sien aussi, Dieu merci ! Ils n’avaient pas commis l’irréparable ! Cela aurait été folie que de s’avancer sur ce chemin improbable, il se devait de la remercier.
Encore sonné des derniers événements, Monsieur Stue finit par reprendre ses esprits, il chercha en premier lieu à se saisir des deux mains de Madame Edelgard à la manière d’un ami, d’un confident, d’un amant, mais retint son geste dans son élan, stoppant son initiative de peur de lui causer quelques fièvres malignes. Ses perles noires brillaient du bel éclat de l’amertume et de la déception qu’engendre un refus, scintillantes comme deux étoiles, il restait digne dans sa défaite et offrait même un sourire conciliant à la jeune femme, l’un de ses sourires que l’on sait forcer, une esquisse triste dans le but de la rassurer et de lui donner confiance. Beau diable que voilà, n’était-il pas encore plus attractif à ne pas montrer ses émotions, à garder un semblant de dignité. Enfin, il s’adressa en ses termes à Constance sur le ton de l’intimité.

« Madame Edelgard, il n’y a rien à pardonner, je me suis laissé aller à des caprices et c’est à moi d’excuser ma conduite. Je crois finalement que vous aviez raison, je ne peux rester plus de dix minutes en la seule compagnie de votre personne. Il se fait tard… Je suis fatigué, je vous remercie pour les tartines, c’était une charmante attention. Nous nous croiserons sûrement demain, je…vous souhaite la bonne nuit, Madame. »

Et, d’un pas mesuré, il se dirigea tel un fantôme jusqu’au plateau contenant les tartines et le lui tendit délicatement.

« Je n’ai pas très faim, peut-être feront-elles envie à quelqu’un ? Je peux les porter aux domestiques, si vous le désirez cela ne me dérange pas ? »

Cette fois, le ténébreux enquêteur ne soutint pas son regard, il était dans la position qu’était la sienne, servile mais pas trop, poli sans artifices, discret et sobre. Et ramenant le plateau à lui, d’une main leste il attrapa la liasse de papiers s’amassant sur son bureau et ajouta…

« Cela me permettra de faire poster mes lettres. »
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeJeu 23 Oct 2008 - 22:59

La panique avait cessé, dès lors que Christian se fut montré plus calme... Il sembla que le voir réagir avec autant de sagesse et de flegme, suffisamment pour qu'il apparaisse comme compréhensif et courtois, empêche Constance de plus encore sombrer dans cette folle palpitation effrayée, terrorisée par la scène précédente. Mais alors qu'il avait parut vouloir s'approcher d'elle, déjà, il se paraît des atours sobres de ce masque vertueux et plus froid. Et la Duchesse ne sentit plus son visage reprendre des couleurs...

Dans sa tête, tournaient en boucle quelques mots qu'elle espérait ne pas avoir dit en même temps que le chuchotement qui avait brisé leur étreinte, des pensées injurieuses envers son époux, envers l'Eglise et envers Dieu lui même... Des songes trop honteux pour une jeune femme, et bien pire encore pour une femme mariée. Ses joues étaient telles celles d'un cadavre, et elle passa sa paume contre son front dans un geste précieux mais machinal, comme pour vérifier que sa peau se ne décomposait pas.

« J'ai... Je... J'ai pêché... »

Déjà, le plateau lui était tendu, il la congédiait... N'avait-il point raison en tous points ? Quel galanterie que de se réserver les tords de leur situation périlleuse, alors qu'elle avait chaque fois forcé l'Inquisiteur à plus de dangerosité malicieuse ? Constance ressentait l'amère piqûre de la culpabilité, et ne put réprimer des frissons terrifiés. Si bien qu'en réaction tout à fait absurde, elle ébranla l'équilibre, donna un coup de bras dans ce plateau tendu, faisant voler tartines, beurre et sucres, venant maculer les tapis soyeux des Edelgard. Mais elle n'en avait cure, déjà, Constance était à terre, agenouillée, cette joue laiteuse de frayeur contre le genoux du jeune homme, l'implorant comme une mendiante :

« Christian, confessez-moi ! »

Elle suffoqua et enserra de ses deux bras les genoux de l'homme, manquant de le faire tomber à son tour.

« Entendez-moi en confession, vous êtes Homme d'Eglise, si je vous dis tout, serais-je pardonnée ? Me pardonnera-t-Il ? »


L'idée qu'elle puisse, par ses pensées et ses mots, sombrer dans les feux infernaux la rendait fiévreuse, elle imaginait déjà son époux mis au courant de cet affront, la reniant... Elle songeait aux Religieux, à l'humiliation, aux regards des Bonnes Gens, au déshonneur, aux doigts tendus vers elle... A l'excommunication... Et, tremblante, elle serrait de toutes ses forces, comme un forcené, les jambes de l'Inquisiteur, sur qui elle laissait reposer ses espoirs salvateurs.
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeSam 25 Oct 2008 - 16:57

Quelle ne fut pas sa surprise alors qu’elle faisait valser d’un revers de main le plateau et qu’elle se précipitait à ses pieds, encerclant de ses bras menues et faibles ses jambes pour apposer sa face prise de démence au niveau de ses genoux. Pour marquer cet événement inhabituel, cette crise de folie pieuse, les flammes des bougies vacillèrent, frémirent de ce nouveau rebondissement. En d’autres temps et en d’autres lieux, la réaction du bel inquisiteur se serait montrée différente. Comment réagir face à cette femme pour laquelle il s’était épris ? Que faire alors que la belle duchesse le suppliait de la confesser ? N’était-elle pas encore plus attirante ainsi, complètement sous sa coupe, sous son emprise, livré à ses mots ? Ses perles d’ébène exprimaient l’incompréhension, sa bouche légèrement rosée s’était entrouverte et son corps était communicatif de légers tremblements. Christian chercha à se libérer de cet étau de chair, en vain. Il n’aurait pu faire un pas sans se retrouver à terre, vaincu dans ce champ de tartines beurrées et sucrées. Désireux de la calmer, d’apaiser ses souffrances, de lui prodiguer quelques soins de l’esprit, il entreprit le douloureux périple de la relever pour qu’elle se dresse en face de lui. Alors qu’il aurait voulu que le son de sa voix se fasse assuré, son ton feutré, son panache retrouvé, il en fut tout autre…

« Ma…Madame Edelgard, je vous en prie, relevez vous ! …Je… Constance, relevez vous, cessez tout ceci.. »

Les menottes de l’homme cherchèrent à agripper les flancs de la belle pour lui imposer sa volonté, caressant par inadvertance des morceaux de cette belle personne et le tissu de sa robe. Un échec de plus et alors qu’il poursuivait son effort avec la maîtresse des lieux, l’enlaçant d’une bien étrange façon ; parade des plus surprenantes, ce qui devait se passer, arriva et ils tombèrent tout deux à même le lit. C’était encore à son tour de se trouver au dessus de sa personne, à croire qu’il prenait le malin plaisir à se retrouver sous elle et à la faire chuter. Les lois du magnétisme sont infinement complexes mais étaient-ils comme deux aimants, tantôt se repoussant, tantôt s’attirant ?
Cherchant à faire taire la course de son cœur, il inspira profondément à plusieurs reprises comme une jeune fille souffrant d’asthme. Le visage de Constance lui faisait ainsi face, ses petits yeux noisette, ses lèvres létales et délicates, la finesse de son nez, et les formes de ce corps féminin épousaient celles de son partenaire masculin.

« Madame… Madame Edelgard, je ne suis pas à même de vous confesser. Je…Je ne suis pas prêtre, levez vous s’il vous plaît… Levez vous s’il vous plait. Je suis un homme de Dieu mais… »

Vif émoi dans lequel elle le mettait, il ne savait plus où donner de la tête et ils auraient pu paraître aussi fous l’un que l’autre. Il poursuivit le fil fébrile de son discours.

« Je…je veux bien entendre votre confession mais ne serait-il pas plus sage de la faire à un autre que moi ? Je… Quoique que vous ayez fait, Dieu est amour et vous pardonnera si vous le souhaitez sincèrement… »

Croyait-il vraiment à ses dires ? Fâcheuse question, en cet instant, il voulait la rassurer…
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeSam 25 Oct 2008 - 18:02

Il ne fallut pas plus de quelques secondes pour que la folie pieuse de Constance ne s'évanouisse, au profit d'une émotion nettement plus ardente. La voici désormais sous l'emprise d'un cœur qui battait si fort que ses tempes résonnaient des tambours de ce bel organe, et elle se trouvait si proche de Christian, qu'elle avait presque l'impression d'entendre le cœur de l'Inquisiteur lui répondre. Douloureuse atmosphère que celle qui se créait, entre les deux jeunes gens, comme un pas entrainait chaque fois une catastrophe supplémentaire, et chaque mot était source d'une nouvelle émotion.

Mais les actes, Dieu, qu'ils sont plus parlants. La Duchesse ne pouvait nier observer, d'un oeil encore aveuglé des péripéties passées, le visage du jeune homme, et déjà souffrir de cette chaleur que produisait leurs deux corps réunis. Chercha-t-elle à se défaire immédiatement de cette étreinte hasardeuse, ou mit-elle un temps fou avant d'ordonner à ses bras de faire quelques mouvements ? Il lui sembla juste qu'elle prit le temps de se calmer, malgré que de minute en minute, rien en elle ne parut devenir serein. C'était comme une surprise que l'on espérait secrètement, sachant qu'on ne l'aurait pas, mais l'espérant tout de même d'un espoir fou, et qui soudainement, prend le dessus.

L'Inquisiteur la troublait, mais Constance demeurait forte des jeux qu'ils avaient entrepris, si bien que paraissant halletante, elle n'en fut pas moins capable de s'exprimer comme elle le souhaitait, d'une voix éraillée par la chute et les prières d'avant, loin de ressembler à une jeune demoiselle émue par la proximité d'un homme, loin de rougir, mais tout de même frémissante et blême. Elle songeait qu'elle avait dépassé cette limite, tout à l'heure, qu'elle avait peut être évité le pire en reprenant conscience des dangers de ses actes et de ses pensées, et désormais, envolées des Confessions, envolée la Raison, envolée la Culpabilité. Ses mains glissèrent le long des flancs de l'Inquisiteur, prétextant sans doute, de vouloir le relever...

« Je consens à me relever, Christian, mais vous voilà une barrière que je ne saurais soulever... »

Avec une pointe de malice, Constance avait ouvert la bouche, et elle appréciait désormais, l'expédition de ses paumes contre les vêtements du Représentant de l'Eglise. C'était-elle fait une raison, estimant que Dieu lui même s'amusait à les tenter ? Une question lui vint à l'esprit, comme une provocation...

« Songez-vous qu'il faille repousser sans cesse les tentations au risque d'en devenir fou et de succomber au Malin, plutôt que s'autoriser quelques déviances pour rester sain d'esprit ? »

Et, repensant à la confession, Constance eut à faire de nouveau aux sentiments moins agréables de Culpabilité et de Crainte de l'Enfer ; Elle était sincère, et ne cherchait pas réellement à provoquer Christian, désormais, bien qu'elle affectionne tout autant cette position si évocatrice, appréciant cette proximité inespérée, et ne donnant suite à ses mouvements de rejet, en les transformant en de simples caresses, passant pour quelques tentatives de se relever...

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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeSam 25 Oct 2008 - 22:11

Souvent femme varie. Cet odieux proverbe manifestant l’inconstance du beau sexe prenait des allures de vérité en la présence de la duchesse. Constance passait d’un visage à un autre, sa panoplie de masques s’étoffait au fur et à mesure du temps et de leurs entrevues. Quelle nouvelle figure allait-elle lui imposer ?
Oh, ce cher Monsieur Stue n’était pas non plus avare de défauts, sûrement dû à la présence de quelques fibres féminines dans sa personne, il passait du chaud au froid, du froid au chaud.
Mais, parfois, un froid extrême peut brûler davantage que la plus chaude des flammes.
Les menottes délicieusement attentionnées de la maîtresse des lieux flattaient les flancs de cet homme ténébreux et malgré l’engourdissement provoqué par ce simulacre de rejet, l’inquisiteur se redressa avec prestance pour s’asseoir sur le bord du lit. L’aidant à faire de même, l’enquêteur en profita pour capturer la main de cette femme pendant quelques minutes avant de la relâcher comme si de rien n’était. Peut-être ne voulait-il pas rompre le doux et chaud contact de la jeune femme ? Ne l’avait-elle pas brossé dans le sens du poil ?


« Je crois que…qu’il arrive à tout le monde de faire des erreurs de temps en temps. »


Il avait déporté son attention sur le parquet et les tapisseries recouvertes de beurre et de sucre avant de croiser de nouveau le regard de cette capricieuse. Avait-elle noté que la figure de ce jeune lion s’était approchée de la sienne, tout en fixant ses lèvres ? Oui, sa bouche pulpeuse à souhait. Désirait-il un baiser ? Plusieurs même ? Pourtant au dernier moment, seul un soupir s’échappa des lèvres de Christian et il se leva pour couper court à cette pesante intimité qui s’était installée.
Puis cherchant à reprendre le fil des événements, le lion, tout en lui tournant le dos, s’exclama :

« Que…que vouliez vous confesser ? »
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeDim 26 Oct 2008 - 20:42

Elle avait tant crut en ce regard, vibrant et intense, fixement posé sur ses propres lèvres, ce regard sombre et pétillant pourtant de mille constellations désirables, deux perles qui admiraient la bouche de la Duchesse dans un instant suspendu et hors du temps… Elle aurait presque clos ses paupières, sentant venir à elle le souffle du jeune homme, s’imaginant déjà quel goût l’Inquisiteur pourrait avoir, quelle sensation elle pourrait découvrir au contact de leurs bouches… Constance allait fermer les yeux en attendant ce baiser prometteur, tant persuadée qu’il viendrait désormais, assurément, en oubliant les hurlements terrifiés de la Foi, enfouie, et de sa Raison, bâillonnée … Mais rien. Pas de baiser, pas d’effleurement même, ni de souffle mélangés. Elle ne put apprécier qu’un soupir, comme résigné et douloureux, que déjà Christian se redressait pour la libérer de son poids qu’elle supportait avec attrait.

Il s’était installé dans une position assise, la laissant libre de se relever à son tour, l’y aidant dans un geste courtois, et il semblait déjà à la Duchesse qu’elle venait de rater, encore une fois, une sorte de plaisir qui ne lui serait jamais accordé. Les deux Raisons des jeunes gens, aiguisées et fortes, réussissaient toujours à dissuader leur cœur et leurs envies, au dernier instant avant la chute… La Capricieuse Constance se demandait si, réellement, si cette Conscience pourrait à jamais lui voler ces instants tant chéris, dangereux et fatals, certes, mais tant espérés.

Car elle ne se cachait plus la vérité, désormais : Elle souhaitant rester près de Christian, l’Inquisiteur l’intriguait et l’attirait, devait-elle réprimer ses volontés ? Certainement… C’est pourquoi elle sembla, comme lui, soupirer de n’avoir pas eu la force d’assassiner sa Bonne Conscience, et sachant pertinemment qu’il devait avoir raison, en stoppant ainsi une situation bien périlleuse, la Duchesse s’assit à son côté saisit la main du Représentant Ecclésiastique, comme il avait lâché la sienne trop tôt, trop vite à son goût, et sous couvert d’une Confession, la serra contre elle.

« Ignorez-vous réellement les méfaits que j’accomplis, Christian ? Il me semble que ma conduite fut des plus déshonorantes, pour mon nom et pour mon Epoux, depuis que vous avez franchis les grilles du Manoir. Comme je n’ai cessée d’être intriguée par votre personne, comme je vous ai donné toujours la réplique de façon bien impolie, et comme je vous ai offert parfois, des situations que n’auraient dues être. »


Elle baissa les yeux. Sincère, Constance l’était, bien qu’on doute toujours de sa capacité à dire la vérité, tant elle savait mentir. Et bien qu’elle ne paraisse pas énormément véridique, l’Inquisiteur ne pouvait ignorer la pression qu’elle imposait à sa main, comme gage de sa sincérité.

« Rappelez-vous comme je vous ai permis de nouer les rubans de ma toilette, pensez-vous qu’il s’agisse d’une attitude admirable, pour une femme ? Je vous confesse avoir apprécié cet instant, et j’en suis désolée. Pourtant, vous avez chaque jour cherché à vous soustraire de ma présence, comme vous sachiez quelle tentation je représentais, et j’attisais volontairement. »

Elle sentait en elle, la coupable sensation des assassins, et l’admirable ardeur des amoureux. Comme une bataille acharnée, tantôt l’une prenait le dessus, et tantôt l’autre abdiquait… Et donnait à sa fois des modulations à la fois plaintive et gênée, comme des ondulations convaincue et fougueuse. Se remémorer cet instant passé durant lequel l’Inquisiteur avait été si proche d’elle, nouant les fins cordons qui retenait sa tenue, la rendait à la fois ardente et responsable du pire des pêchés. La confession reprit…

« Dieu me pardonnera-t-il d’être attiré par un autre homme que mon mari ? »

Finit-elle par avouer, presque rougissante, malgré que son regard, revenu sur le visage de Christian, l’admire avec un regard flamboyant, en déclaration fougueuse qui semblait sans peur, sans reproche et sans limite. De cette conviction digne des femmes, de l’affirmation qu’elles auront, toujours, le pouvoir de gouverner les cœurs malgré leur position si basse dans la société…
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeDim 26 Oct 2008 - 22:48

Monsieur Stue avait retrouvé sa place aux côtés de la duchesse, ils étaient, tout deux, assis sur le bord du lit. La maîtresse des lieux avait capturé sa main dans la sienne et la serrait contre sa personne. C’est ainsi que la confession débuta…

"Ne dites plus un mot, Madame Edelgard, je vous en prie..."

Ces deux noisettes vinrent à la rencontre des orbes opaques du garçon, pouvait-il prendre le pouls de la capricieuse, sentir la détresse dans laquelle elle se plongeait ? Les mots défilèrent, déchirèrent le silence, s’élancèrent dans les cieux. Le grand final ne tarda pas, la bouche rosée et appétissante de l’inquisiteur s’entrouvrit dans un plissement subtil, son teint se fit plus vif et emporté pour revêtir une robe écarlate. Devait-il oser ?

Et voila, le clou du spectacle commence. Effleurant tout d'abord sa lèvre supérieur, Monsieur Stue revint à l'attaque tout aussi calmement, cette fois-ci prenant sa lèvre inférieure entre les deux siennes, humectant au passage cette peau si jolie et délectable, sa main droite grimpant délicatement jusqu'à son cou. Cette peau si douce, si tendre, si appétissante ... Comme le glaçage d'un gâteau qu'on hésite à entamer tellement il est joli mais qui donne tellement envie de le croquer ... Se reculant d'à peine quelques centimètres, comme pour se rendre compte de ce qu’il venait de faire, il laissa sa respiration s’emballer, sa main toujours présente dans le cou de cette femme si envoûtante.
A la vérité, il ne put se séparer bien longtemps de ses lèvres… Laissant encore une fois sa bouche frôler la sienne, ces langues se happant doucement mutuellement, jouant sans se lasser... Il désirait prolonger cet unique et premier baiser qui se poursuivait dans un roulis coulis insensé, et, incessant de langues, et, bouches. C’était une étreinte tendre, mais où la fougue n’était pas absente, loin de là !
Pour pouvoir mieux incliner la figure de sa partenaire à sa convenance, sa main droite se perdait en frôlements brûlants sur sa gorge, faisant rouler chaque once de peau sous le passage de ces doigts ; quant à la gauche, elle était aux prises avec les bras de madame Edelgard. L’avait-elle conquis par ce baiser ? N’était-ce pas sa propre initiative ? Troublé, confus, envoûté, Christian rassemblait ses propres pensées dispersées au bon gré de Constance. Avait-il été tendre ? Vite, il fallait retirer ses mains de ce corps si gourmand pour ne pas être tenté d’aller plus loin ! Qu’était ce que cet écho pesant et ahurissant, son propre cœur ? Son cœur de glace ? Impossible ! Cette femme soufflerait-elle le chaud ou le froid à présent sur son être, régnerait-elle avec prestance et charisme, et lui prêterait-il milles et une grâces ? Se dressant quelque peu brusquement, Monsieur Stue s’arrêta subrepticement, détournant le regard… Il avoua avec une honte et une gêne visible alors qu’un grand trouble l’agitait..

« Je ne sais pas ce qui m’a pris…Je..je me suis emporté, je n’aurai pas dû… Je ne désire plus paraître devant vous, puis-je vous demander de partir, madame Edelgard ?
Je prendrai congé dès demain matin du manoir, j’irai loger en ville. »


Et, oubliant la fougue et la passion des derniers instants, il ne lui imposa plus qu’un mur froid, glacial par sa présence, mais encore tout asticoté de ce qui venait de se tramer.
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeLun 27 Oct 2008 - 0:19

Oh, quel instant éternel il se passa ensuite. Comme elle n'avait pu envisagé qu'il se montre aussi audacieux, et comme elle avait espéré pourtant qu'il le soit. Elle qui le songeait l'ancre profondément solide au sol, ramenant toujours ce qu'il y avait de raisonnable pour les empêcher de faire bien des affreuses choses. Et comme Constance crut s'évanouir, chaque fois que Christian revenait apposer ses lèvres contre les siennes. Qu'elles furent douces, ces minutes passées, et intenses à vivre. Quelle eut chaud, quelle fièvre la gagnait chaque seconde plus encore, si bien que Constance découvrit la déchirure de ce détachement soudain comme un bris de verre.

Quel horrible sentiment, que celui de le voir s'éloigner, que trouver ses lèvres si lointaines, elles qui n'étaient plaisantes que lovées contre les siennes. Mais alors qu'elle s'approchait déjà, goulue, pour réclamer de nouveau un baiser, comme on ne sait résister à l'attrait d'une gourmandise acidulée, comme on ne peut boire qu'une gorgée d'un vin sucré, l'Inquisiteur se lève, prend la parole et réclame le départ imminent.

La gorge asséchée de leur échange et de cette fièvre, la Duchesse se sentit frémir: il semblait plus sérieux que jamais, et cette froideur dont il faisait preuve habituellement lorsqu'il disait ces mots, tant répétés, la rendirent blême de nouveau. Ses joues laiteuses tremblèrent alors qu'elle parlait, se levant d'un bond pour le contredire avec une voix vive d'émotion :

« Oh, Christian, allez-vous me laisser désormais que vous m'avez voler tant ... tant de... délice. »

Elle se sentit rougir comme une jeune fille et, reprenant bien vite le dessus, et son caractère capricieux s'imposant de nouveau, Constance fit une moue déçue, et parut sur le point d'exploser d'un instant à l'autre des injures grandioses dont elle savait faire exercice. Mais pourtant encore changeante, au dernier instant où elle ruminait quelques mots indescriptibles, la jeune femme se transforma en l'implorante demoiselle qu'elle avait jadis était, alors qu'elle le suppliait.

« J'ai conscience que tout ceci n'était qu'un égarement. Il serait imprudent d'espérer quoi que ce fut d'autre qu'une simple parenthèse, Christian, et je comprends que ... que vous souhaitiez ne plus être tenté de m'approcher, pour notre salut à tous deux. Dieu nous pardonnera, je l'espère, d'avoir oser enfreindre quelques lois morales, j'irai dès demain faire ce qu'il faut pour expier ma faute, à l'Eglise. Prenez congés dès vos affaires empaquetées, mais je vous conjure de me communiquer le lieu où vous logerez. »


Elle acquiesça soudain, comme pour appuyer ses dires. Voici qu'elle avait succombé aux appels de sa Conscience, et qu'elle récitait un discours qui la choquait elle même, mais qui était certainement le meilleur à adopter. Avoir l'Inquisiteur sous son toit était une constante tentation, une envie la poussant à sans cesse le voir ou le provoquer. Fallait-il grandir cette fois, et ne plus jouer à l'enfant, en le laissant quitter le Manoir, pour ne le revoir que rarement ?

Peut être était-ce mieux ainsi, en ne le voyant que de rares occasions, ou dans un lieu public, Constance n'aurait plus à esquisser ces sourires audacieux, et n'aurait plus à se montrer si ambitieuse devant lui.
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Christian Stue
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeLun 27 Oct 2008 - 19:46

Ses pupilles opaques, dévoreuses de lumière, noir corbeau, ne s’étaient pas portées sur cette duchesse aimante depuis l’incident, rivées sur la nuit, elles ne venaient qu’à peine de se déloger pour répondre, soutenir, combattre, un regard plus clair, charmant, et vivant. Tremblant de ces dernières résolutions qu’ils avaient prises, le silence s’éternisa dans la petite chambrette. Ce n’est qu’après un long moment que Christian consentit à laisser s’échapper quelques mots de cette bouche si tentante. Paroles vibrantes que voilà !

« Madame Edelgard, je ne sais s’il serait judicieux que je vous communique le lieu de ma retraite. Nous devrions cesser tout rapport, vous le savez, et . . . nous devrions faire cela dès maintenant. »

Victime d’une agitation visible, d’une de ces pénibles maladies des nerfs, son discours ne se prolongea point. Soutenir le regard noisette de la maîtresse des lieux lui était un exercice pénible, les yeux sont-ils le reflet de l’âme ? Une fenêtre ouverte sur nos pensées les plus inavouables ? Qui sait ? Que lirait-elle dans ces puits sombres, devinerait-elle ses doutes, verrait-elle ses faiblesses ? Quant à elle, Constance Edelgard, la duchesse lui offrait l’une de ses nombreuses figures changeantes quoique adorables.
Le bel inquisiteur préféra couper court à cet échange et rompit le contact visuel de peur de se laisser aller à quelques faiblesses propres aux femmes. Pourtant, son cœur battait à tout rompre, sa respiration se faisait haletante ; alors que sa gorge restait nouée, il aurait voulu ajouter des paroles plus éloquentes, trouver des mots plus justes mais pourtant rien ne sortit.
Encore tout honteux de son comportement odieux et irrespectueux, cet homme hautain trahissait ses réelles envies par l’effleurement léger de son index sur sa bouche, tentative d’investigation pour retrouver le souvenir de ce goût sucré ?
Puis se reprenant il s’avança d’un pas décidé en direction de la capricieuse. Ses propos devinrent murmures, le ton de l’intimité était proféré, il était tremblant, son souffle se faisait haletant…

« Madame Edelgard… Constance… Si seulement, les choses étaient différentes…Si seulement…»

Et avec une nouvelle appréhension, les lèvres de l’homme s’imprimèrent sur le front de la belle, dévalant les pentes de son visage, elles appliquèrent de nouveau leurs attentions sur sa joue droite, gagnant du terrain sur le coin de ses lèvres pour se déposer avec chasteté, dans de petites applications successives sur la bouche létale et gourmande de Constance. Les menottes de l’inquisiteur avaient pris possession de la gorge gracile de la duchesse, collier de chair ciselant à merveille les traits de celle-ci. Et ne pouvant se passer bien longtemps du contact de cette bouche, comme par manque d’oxygène, les lèvres masculines revenaient avec la hâte du désespoir…
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Constance Edelgard
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MessageSujet: Re: Manoir Edelgard   Manoir Edelgard - Page 3 Icon_minitimeSam 1 Nov 2008 - 14:05

Constance avait pourtant cru que l'Inquisiteur aurait recouvré la Raison, lui d'habitude si enclin à briser les uniques instants où ils défaillaient tous deux. Mais cette fois, comme si aucune force n'était en mesure de les porter à plus de quelques centimètres l'un de l'autre. Et ce contact qui électrisait ses sens, qu'elle ne cherchait pas à défaire, qu'elle attisait par sa fougue... La Duchesse frémissait de ne savoir l'arrêter, incitant le Représentant de l'Eglise à ne jamais cesser.

Ses bras s'étaient enroulées autour de la taille du jeune homme, comme l'enfermant avec une force toute relative mais inconditionnée. Constance en aurait oublié l'heure tardive, le Manoir Edelgard et tous ces détails qui rendaient leur entrevue si interdite, si excitante... Jusqu'à ce qu'elle entende d'autres sons, autres que les battements de leurs deux cœurs à l'unisson, ou le souffle chaud de Christian sur sa peau, autre que le bruit de leurs pas confus lorsqu'ils s'étreignaient.

Les sons se rapprochèrent, la Duchesse songea qu'en serrant plus fort encore l'Inquisiteur, ils se dissiperaient et la nuit leur serait accordée. Quelques heures suffiraient, le temps s'arrêtait lorsqu'elle confondait ses lèvres à celle du beau ténébreux, pourquoi se priver d'une parenthèse... Ne fallait-il pas, succomber à une mince perversion, de peur de ne devenir fou par la frustration ?

Des pas... Des pas approchaient. Une décharge violente parcourut son échine, Constance décolla sa bouche de celle de Christian, plaqua son index contre ses lèvres et imposa le silence à son amant. La respiration haletante, mélange de cette ardeur dévorante et de la terreur que procurait cette situation, elle ordonna dans un souffle.

« Faites vos bagages. » Aussitôt, elle colla son oreille contre la porte, et reconnut sans mal le pas de la petite Lison. Soulagée, Constance craignait réellement que son époux ne veuille lui souhaiter la bonne nuit et ne se soit déplacé jusqu'à sa chambre... Mais Lison était un moindre mal. Elle permettrait à Constance de mettre au point une solution qui puisse paraître crédible pour que Christian quitte le Manoir, comme il le souhaitait...

L'instant si magique était clos, et elle maudissait Lison pour cette intrusion diabolique, pestant intérieurement contre elle, encore une fois. Déjà, elle entendit la porte de sa chambre grincer, signe que la Domestique y pénètre, sans doute la cherchant... C'est à cet instant que Constance sentit son rythme cardiaque s'accélérer : elle haussa la voix, un timbre dur et outré, alors qu'elle dévorait des yeux l'Inquisiteur.

« C'est assez, Monsieur ! Je ne veux plus voir ! »Hurla-t-elle, si bien qu'en quelques secondes, la Duchesse avait tendu les lèvres, avait volé un baiser à Christian, lui avait soufflé un « Allez à l'Auberge » à la volée, et avait quitté les lieux précipitamment, ces deux billes noisettes pleines d'étoiles, et un sourire aux lèvres...
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