Mort(e)
| Sujet: Début d'une vie clandestine Mer 18 Nov 2009 - 20:34 | |
| [précédemment : La collégiale - Les voies du Seigneur] Joan n'avait fait que courir. Comme Alicia lui avait dit, elle n'avait pas regardé derrière elle. Probablement par instinct de survie, elle avait atteint facilement la porte de sortie et avait pu échapper aux inquisiteurs. Mais maintenant, ils connaissaient son visage. Elle n'était plus seulement une criminelle, mais aussi une sorcière, et cela, plus que tout, jouait contre elle. Pendant une fraction de seconde, la rouquine se souvint de sa mère. Oui, c'était un moment plutôt étrange pour penser à cette femme aigrie et peu maternelle. Joan se souvint plus particulièrement du jour où elle était partie se faire bonne soeur dans un couvent situé dans le nord. Joan devait la suivre dans cette perspective d'avenir peu reluisante pour elle qui n'avait pas la vocation et qui ne voulait pas abandonner sa chère nourrice. La jeune apprentie, ne put, à ce moment-là, s'empêcher de penser que si elle avait suivi sa mère ce jour-là, sa vie ne serait pas en danger aujourd'hui. Mais elle ne pouvait pas non-plus imaginer sa vie sans les leçons qu'elle avait reçu de sa nourrice, Catherine, celle qui l'avait initiée à la sorcellerie. Elle avait trouvé sa voie dans ce nouveau culte, et les différences entre la Tribu d'Olrun et celle du Lys Noir étaient si peu énormes, que Joan ne cru pas trahir la mémoire de Catherine.
Avant d'ordonner à la jeune femme rousse de s'enfuir, la comtesse avait glissé un bout de papier dans sa main. Du moment qu'elle était arrivée au dehors, Joan l'avait déplié, et à la lumière d'une torche, elle avait pu lire un moyen d'atteindre les sous-sols du Château de Frauenberg, là, où semble-t-il, elle serait en sécurité. Mais elle avait dû faire vite pour ne pas qu'on la repère. Il faisait déjà noir dehors, cela rendrait les choses plus faciles, mais Joan n'avait plus de châle ni de bonnet pour couvrir sa tête flamboyante, sans parler de ses chaussure qui avaient volé dans la collégiale. Pieds nus, elle avait dû, au pas de course rejoindre la forêt, là où elle pu enfin ralentir, puisque personne probablement ne s'y trouvait à cette heure. À partir de là, elle trouva un passage secret qui devait la mener dans les sous-sols. La jeune femme eut un petit pincement au coeur en songeant au fait que tout près se trouvait la clairière, endroit de rencontre des sorcières d'Olrun. Elle lui fit ses adieux, avant de s'engouffrer dans le passage dont l'emplacement exact doit demeurer un secret.
Là, Joan eut encore à marcher quelques kilomètres dans un dédale de corridors de pierre irréguliers qui allaient dans tous les sens. Alicia avait pensé à tout. Le bout de papier, et puis une torche au commencement du passage qui lui permis de suivre les indications fournies afin d'éviter de se perdre. Ses pieds avaient commencé à lui faire mal, puis s'étaient engourdis à cause de la froideur des pierres. Elle avait sans contre-dit une mine épouvantable. Les cheveux en bataille, sa robe de gouvernante gris foncé, la plus belle qu'elle n'avait jamais eut, était déchirée en plusieurs endroits, et tâchée de terre et de sang. Joan ne croyait jamais trouver la fin de ce tunnel quand elle vit enfin la lumière.
Voilà où elle se trouvait à présent. Une salle impressionnante se dessinait sous ses yeux. Jamais on aurait pensé à un sous-sol de cette façon. Les poutres s'entrecroisaient tant que l'on se demandait comment le plafond était soutenu. L'éclairage plongeait l'endroit dans une ambiance bien plus que magique, compte tenu qu'on se trouvait dans un repère de sorcières. Mais le plus étonnant était cette fontaine au milieu de la place. Une fontaine dans un sous-sol! Elle laissait tinter un léger bruit d'eau qui dégringole dans l'écho de la pièce. Sur le bout de papier, la dernière indication parlait d'une chambre préparée à l'attention de Joan. En voyant le lit richement paré, la rouquine faillit pleurer tant elle en rêvait depuis des semaines. Elle était toute habillée, crasseuse, mais n'obéissant qu'à son épuisement, elle s'écroula sur la matelas moelleux. |
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